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  • il y a 4 jours
Transcription
00:00Bonjour à tous, très belle salle, merci beaucoup d'être venus si nombreux nous écouter parler
00:09des rentrées. Je vais vous présenter deux titres comme chaque année, donc un roman français et
00:16un roman étranger. Donc nous essayons de ne pas trop encombrer cette rentrée et j'ai le grand
00:24plaisir ce matin d'être accompagné de Ramsès Keffi qui va vous présenter son premier roman.
00:31Ramsès est journaliste, il a travaillé des années à Libération, à 21, à rue 89 et il a pris plusieurs
00:41mois, même une année, on peut dire, sabbatique pour écrire ce roman qui est une véritable réussite.
00:50Je vous pose en deux mots le cadre et puis surtout je lui laisserai la parole. Ce roman se situe dans
01:00une cité ouvrière de banlieue de Paris et on suit une famille, un père, une mère et un fils. Le fils
01:11vit encore chez ses parents, il est à près de 40 ans et sa vie s'écoule comme ça sans beaucoup de
01:18qu'il se passe grand chose. Et le roman commence par un coup de tonnerre. Le père arrive un soir,
01:27à minuit, là où Salman, le fils, rencontre ses amis et il dit viens vite, ta mère a disparu. Et là,
01:34le roman est lancé. Pourquoi la mère est partie ? Où est-elle partie ? Le fils et le père vont vraiment
01:42réagir très différemment l'un et l'autre. Et là, il y a une série de choses qui vont se passer qui sont
01:48extrêmement intéressantes et émouvantes. Voilà, je vais donc passer la parole à Ramsès qui va vous
01:56expliquer un peu pourquoi il a écrit ce livre.
02:00D'abord, bonjour à tous. Merci d'être là. Écoutez, il y a un personnage qui est un peu
02:08abstrait dans le livre et qui est cette cité ouvrière qui ressemble beaucoup à l'endroit
02:14où j'ai grandi, en fait, qui est une cité ouvrière un peu inclassable. On ne sait pas trop ce que c'est.
02:20On ne sait pas trop si c'est de la banlieue, de la ruralité. C'est un mélange des deux.
02:23C'est un peu métis, en fait. Et mystérieusement, dans ce quartier où j'ai grandi, il y avait des rondins de bois.
02:31Les petits immeubles, il y en avait beaucoup, étaient entourés de rondins de bois. Et c'était un peu nos salons.
02:38C'était là où les gens s'asseyaient, en fait, pour raconter des histoires, papoter, pour raconter la vie du quartier.
02:46Et en fait, chaque parcelle de rondins de bois avait sa signification. Et à côté de chez moi, c'était les rondins de bois des compteurs.
02:58Donc, c'était des personnes qui savaient raconter, qui savaient très, très bien raconter les histoires avec un sens du récit assez exceptionnel.
03:06Et en fait, dès que moi, je les voyais par la fenêtre, je savais qu'il y avait des... Je descendais et je me disais, bon, il va y avoir des histoires.
03:16Et ces compteurs-là étaient des romanciers, mais à l'oral, des romanciers horaux, en fait, avec un immense sens du détail, beaucoup d'humour, beaucoup de tendresse aussi.
03:29Et il y avait deux types de compteurs. Il y avait les compteurs qui sont capables de tout transformer en épopée,
03:34c'est-à-dire qu'ils vont prendre un train pour Paris et on a l'impression qu'ils sont allés sur la lune.
03:38Et vous avez les compteurs un peu journalistes qui font un peu la... Comment dire ? La chronique du quartier, avec les petites rumeurs, les petits poutes.
03:48C'était un peu, voilà, le voici du quartier.
03:54Et moi, c'est grâce à ces compteurs-là que je suis venu à l'écriture, en fait.
03:57Je suis devenu journaliste... Je n'ai pas sorti de scoop, donc si vous tapez mon nom, je n'ai fait tomber personne.
04:07Mais je suis venu à ce métier pour raconter des histoires, en fait, écouter et raconter des histoires.
04:11Et c'est grâce à ces rondins de bois, en quelque sorte, que je suis arrivé à l'écriture.
04:16Et dans ces histoires-là, qui étaient racontées par ces compteurs-là,
04:23que ce soit les compteurs journalistes ou les compteurs science-fiction,
04:28il y avait un point commun, il y avait un personnage qui revenait souvent.
04:33C'était le personnage de la maman.
04:35Les mamans, chez nous, étaient les héroïnes.
04:37C'était les super-héroïnes.
04:41Donc elles revenaient tout le temps, au gré des digressions, au gré des récits.
04:47Elles étaient tout le temps là, parce qu'elles étaient partout.
04:50Elles étaient omniprésentes pour nous.
04:52On parle beaucoup des papas ouvriers, le sacrifice des papas ouvriers, du romal, etc.
04:58Mais chez nous, c'était les mamans.
05:00Vraiment, dès que des compteurs parlaient, ou dès qu'on avait une discussion,
05:08on se demandait comment on allait rendre fiers à nos mamans,
05:11comment on allait les rendre riches.
05:13Dès qu'il y en a un qui trouvait un bon boulot, il disait
05:15« Je vais ramener ma mère manger dans un bon restaurant,
05:18je vais lui acheter une voiture, je vais lui payer le permis,
05:21je vais la ramener à Punta Cana. »
05:23Et donc, elles étaient vraiment omniprésentes.
05:26Et il s'est passé quelque chose dans le quartier.
05:29J'avais un ami qui faisait partie de ces compteurs.
05:32C'était un compteur très précoce, parce qu'il était très jeune,
05:34et il était déjà très fort pour raconter les histoires.
05:36Il était un peu mythomane, mais on aimait ces histoires.
05:41Et un jour, en fait, on allait au ciné, on devait avoir 15 ans, 16 ans,
05:45on devait aller au ciné, et donc je vais le chercher, Samir.
05:48Et je lui dis « Il faut y aller, c'est à 11 heures, le film va commencer. »
05:53Et il me regarde, il me dit « Aujourd'hui, je ne pourrais pas y aller. »
05:59Et il me dit « Pourquoi ? »
06:01Il me dit « Ma maman est partie, ma mère est partie. »
06:04Je me dis « C'est bon, encore une histoire fantastique. »
06:07Et en fait, c'était une histoire vraie.
06:09C'était presque le seul jour où il avait dit la vérité.
06:16Donc je pense que ça a aussi infusé dans mon envie de raconter la fuite d'une maman
06:22et de rendre hommage aux mamans dans ce roman.
06:26Voilà. Merci.
06:34Voilà, c'est un roman de 200 pages, mais il se passe tellement de choses dans ces 200 pages.
06:41Il y a une histoire d'amour, il y a une histoire évidemment entre mère, fils, père, fils, père, mère, etc.
06:48Il y a les origines aussi, c'est un roman sur les origines, c'est très important.
06:52Il y a des choses assez profondes qui sont remuées dedans.
06:59Voilà, il y a évidemment, comme a dit Ramsès, « La vie du quartier », c'est assez bluffant.
07:05J'ai rarement vu un livre aussi court avec autant de choses, autant de pistes, autant de personnages.
07:10C'est vraiment superbe. Vraiment, lisez-le.
07:15Et puis l'écriture est belle aussi, une écriture fluide, très imagée, plein de métaphores.
07:24Il est en train de rougir à côté de moi, mais c'est vraiment magnifique.
07:30Le deuxième livre dont je vais vous parler, c'est Joyce Maynard, que vous connaissez bien.
07:36Je ne vais pas vous la présenter. C'est le douzième ou treizième livre d'elle que nous publions.
07:43Vous vous souvenez qu'il y a quatre ans, nous avons publié « Où vivaient les gens heureux »,
07:49qui est le livre de Joyce qui a le mieux marché.
07:52On a eu le Grand Prix de la littérature américaine, le Prix de l'héroïne Madame Figaro, etc.
07:57C'est un livre qui s'était vraiment considérablement vendu.
08:00Et par la suite, les lectrices et les lecteurs n'ont pas cessé de dire à Joyce « Et alors ? Et la suite ? Qu'est-ce qui va se passer ? »
08:10D'Eléanor et toute sa famille, tous ses enfants, etc.
08:14Eh bien, elle a écrit la suite.
08:15Eh bien, voilà la suite.
08:17C'est ce livre tout aussi beau que « Les gens heureux » qui s'intitule « Par où entre la lumière ? »
08:25Alors, je tiens à préciser tout de suite que le livre se lit vraiment indépendamment du premier.
08:31C'est-à-dire que pour ceux qui n'ont pas lu le premier, il y a pas mal de petits flashbacks qui sont faits par Joyce au début.
08:42Donc, du coup, on comprend exactement tous les contextes.
08:47Donc, il n'est pas nécessaire d'avoir lu le premier pour tout comprendre de celui-ci.
08:51Et alors, on retrouve cette femme, Eléanor, pour ceux d'entre vous qui s'en souviennent, dont on avait suivi la vie sur quatre décennies.
09:03Eh bien, là, on la retrouve.
09:07Elle a des petites soixantaines à peu près.
09:10Et c'est toujours aussi compliqué avec ses enfants, notamment avec sa fille Ursula, son fils Al.
09:19Et elle vit avec Toby, son fils de 30 ans, qui a été très lourdement handicapé.
09:26On en parlait dans le premier volume.
09:29Et elle vit avec Toby.
09:30Alors, dans cette famille, disons, qui a un peu de mal à avancer, on voit cette figure de Toby, justement, qui émerge et qui est absolument magnifique.
09:43C'est le titre, Par où entre la lumière ?
09:45Vous connaissez le dicton, Heureux les fêlés, ils laissent rentrer la lumière.
09:50Mais Toby est un peu handicapé.
09:51Et il est justement tellement, comme beaucoup de personnes handicapées, très attachante dans ses sentiments, qui apporte beaucoup d'émotions, qui apporte beaucoup de sincérité, de vérité.
10:04Et ce personnage illumine le roman.
10:07Il se passe beaucoup de choses autour de lui.
10:09Bien sûr, Eléanor aussi continue à vivre sa propre vie, notamment une vie sentimentale.
10:16Voilà, on voit les autres enfants aussi.
10:19On les croise.
10:20Donc, c'est le grand roman familial qui continue avec, sur quelques décennies, avec des grands événements de l'histoire américaine en arrière-plan, notamment l'assaut du Capitole par les troupes de Trump il y a quatre ans.
10:37Donc, vous avez beaucoup de choses comme ça qui se font.
10:40Et Joyce Mellar est très, très douée, comme vous le savez, pour raconter des histoires.
10:45Ce roman fait 500 pages, mais les chapitres font deux, trois pages chacun.
10:52Et on ne lâche pas ce livre.
10:55Ça fonctionne comme les bonnes séries, vous voyez.
10:57C'est très addictif et il y a des sortes de cliffhangers à la fin de chaque chapitre.
11:02On se demande qu'est-ce qui va se passer.
11:03Donc, elle nous porte.
11:05Et c'est un livre vraiment, vraiment, extrêmement efficace.
11:08Et je crois que tous les lecteurs de Joyce vont se régaler.
11:14Voilà.
11:15Merci beaucoup et bonne journée.
11:17Merci Philippe.
11:18Merci.
11:19Merci.