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00:00Bon, Chantal Henry, alors Tanzano, thérapie chez Fayard, bonjour.
00:05Bonjour.
00:06Et merci vraiment d'être avec nous, parce que ce livre, je ne sais pas le but exact de ce livre,
00:11mais si le but de ce livre, c'est d'abord de faire du bien,
00:15et d'avoir envie, en refermant ce livre, de partir pour la Tanzanie, vous avez réussi.
00:22Parce que je n'ai qu'une envie, c'est d'aller passer mes vacances.
00:25D'abord, j'adore dire le mot Zanzibar, c'est assez bête sans doute,
00:29mais j'ai envie de dire, j'ai envie de passer, ou part-tu en bas, je pars pour Zanzibar.
00:35J'adore, je trouve que j'ai une jubilation à dire ce mot Zanzibar.
00:41Que signifie ce titre, Tanzano, thérapie, Chantal Henry ?
00:46Alors, ce titre, c'est mes éditrices qui l'ont trouvé, au début je leur ai dit que ça me paraissait un peu moche en fait,
00:52elles l'ont très mal pris, mais parce qu'elles trouvaient que ce titre incarnait en fait ce qu'il y avait dans ce livre.
00:59Alors, peut-être parce qu'elles estiment que c'est aussi un livre qui fait du bien.
01:03Alors, pour un psychiatre, c'est plutôt sympathique qu'on dise, qu'on m'ait dit, les retours en fait,
01:10c'était de me dire que ce livre faisait du bien.
01:15Alors, je ne sais pas s'il incite à partir en Tanzanie, mais en tous les cas, on peut aussi voyager de son salon en lisant le livre.
01:23Alors, vous êtes professeur à l'université Paris-Cité, vous êtes, on l'a compris, psychiatre à l'hôpital Saint-Anne,
01:29et vous êtes affilié à l'institut Pasteur.
01:32Le motif premier du voyage avait été de fuir, fuir le pessimisme ambiant fait de catastrophes climatiques,
01:38de pénuries de l'essentiel et de surabondance de l'inutile,
01:42de millions d'invisibles malmenés par la mondialisation, de conflits un peu partout sur le globe,
01:46et récemment, celui aux portes de l'Europe qui nous rendait la guerre tangible.
01:51C'est au début du livre, et c'est vrai qu'on a tous envie, cette tentation, de partir précisément pour fuir cette morosité.
01:59Vous êtes partie combien de temps ?
02:02Pas très longtemps, finalement, un petit peu moins de trois semaines, ce qui est déjà un très beau voyage, bien évidemment,
02:07mais dès que j'ai fait un pas de côté, que j'ai été en Tanzanie,
02:12j'ai ressenti un bien-être assez étonnant, dans un milieu qui est quand même très peu familier,
02:18et on peut avoir peur de se retrouver au milieu de la brousse, au milieu des bêtes dites sauvages,
02:25et de manière très paradoxale...
02:28Vous êtes protégée quand même ?
02:29Oui, bien sûr.
02:29Vous ne dormez pas comme ça au milieu des lions ou des guépards ?
02:33Non, mais quand on est à Paris...
02:33Il y a une organisation, vous êtes qui, nous sommes d'accord.
02:36Bien évidemment, mais quand on est à Paris, on se dit,
02:39oulala, mais est-ce que je ne vais pas être effrayée dans ce milieu que je ne connais pas ?
02:42Et vous l'avez été ?
02:44Quand j'étais à Paris, je me posais beaucoup de questions, oui, bien sûr.
02:47Et quand vous êtes arrivée sur place ?
02:48Et alors, de manière justement très paradoxale,
02:50je me suis sentie vraiment très rapidement dans un état d'apaisement, de sérénité.
02:55J'y étais avec ma fille, qui est adulte.
02:58Clémence.
02:58Clémence, voilà.
03:00Vous dites d'ailleurs que vous l'avez élevée seule, toujours et tout le temps,
03:03et que vous avez toujours été avec elle.
03:04Oui, voilà.
03:06Et que c'était l'occasion, peut-être, d'une sorte de voyage ?
03:09Oui, et puis je pense que c'est toujours important, avec les enfants,
03:12quel que soit l'âge, de partager des moments d'émerveillement, d'apaisement.
03:16Voilà, c'était le cas.
03:17Je lui avais fait cette promesse, quoi.
03:18Un jour, on irait voir des animaux sauvages.
03:23Quel enfant n'a pas rêvé d'aller dans le domaine du roi lion ?
03:27Je suis d'accord.
03:27Alors, généralement, nous, on va à Thoiry, parce que c'est à 20 kilomètres de Paris.
03:30Mais on s'y barre, c'est bon.
03:33Et puis, je suis une mère qui élève sa fille, seule depuis de nombreuses années.
03:36Notre relation est la source de mon plus grand bonheur.
03:38C'est très beau, d'ailleurs, ce que vous écrivez, teinté, évidemment, de son lot d'inquiétudes.
03:42Bien sûr, là-bas, ce qu'on a des enfants, c'est qu'on est inquiets.
03:45Samedi soir, on appelait nos enfants, dans Paris, pour savoir où ils étaient.
03:49J'imagine que nous avons la même vie.
03:52Pour une fois, au cœur de l'Afrique, avec Clémence à mes côtés,
03:54j'entendais bien me libérer de mes chaînes, mais même trois semaines.
03:58Ça revient régulièrement, cette volonté.
04:00Alors, c'est drôle, en plus, parce que vous êtes psy.
04:03Donc, on pourrait imaginer que tout ce travail, vous le connaissez, vous l'avez déjà fait,
04:07et vous dites, non, finalement, je pars là-bas et je me libère de mes chaînes.
04:11Oui, mais parce que je suis un peu accro au travail aussi.
04:14Je suis une mère avant tout, mais je suis psychiatre, avec de multiples casquettes,
04:18et dont j'ai un emploi du temps très bien rempli.
04:20Et je me suis rendue compte que le pas de côté que j'ai pu faire en allant en Tanzanie,
04:25j'étais incapable de le faire quand j'étais ici,
04:28parce que c'est quand même aussi un voyage introspectif.
04:32Et j'étais partie, c'est le premier voyage que je fais sans mon ordinateur.
04:36C'était peut-être...
04:37Volontairement ?
04:38Oui, bien sûr, bien sûr.
04:39Mais vous aviez un téléphone portable, quand même, vous pouviez...
04:42Oui, quand même.
04:43Chantal Henry, avec nous, Tanzano Thérapie, c'est chez Fayard,
04:47avec une très belle couverture.
04:49Il y a quelque chose de tout à fait étonnant que vous écrivez.
04:52Je recommande à ceux et à celles qui ont perdu la foi
04:54de partir à la rencontre des bêtes.
04:58Mais par rapport à ton expérience, j'avais un énorme avantage,
05:01celui de partager ce moment indicible et rare avec ma fille.
05:07Mais quel est le rapport, justement, entre la foi et les bêtes ?
05:12Alors ça, c'est tesson, en fait, puisque je fais une pseudo-conversation.
05:17Je me suis octroyée à un compagnon de voyage fantasmé.
05:20Il est toujours avec vous.
05:22Et j'aurais dû préciser, d'ailleurs, que vous lisez, effectivement,
05:24Sylvain Tesson, son livre et son expérience.
05:27Voilà.
05:27Et donc, pour un psychiatre, c'est plus facile.
05:30Les mots me viennent plus facilement au cours d'une conversation.
05:33Et donc, c'était plus facile pour moi.
05:34Et donc, c'est Sylvain Tesson qui cite un de ses collaborateurs,
05:39enfin, de ses guides,
05:41qui l'a entraîné sur les traces de la panthère des neiges.
05:46Et donc, le père de ce munier lui avait indiqué que, voilà,
05:52le fait de voir des bêtes, de lui, les photographes,
05:56c'était quelque chose de tellement exceptionnel
05:59que ça ramenait à un état spirituel, quoi.
06:03C'est dit spirituel.
06:04Vous parlez, alors, des animaux sauvages, les crocodiles.
06:06Alors, les crocodiles, ça fait peur, quand même.
06:09Oui, ils vont mieux rester à distance.
06:11Ben oui, je vous le concède.
06:13Les crocodiles ont une particularité biologique intrigante.
06:15Leur processus de différenciation sexuelle
06:18n'est pas dicté par leur chromosome,
06:21mais par des facteurs environnementaux.
06:23L'argumentation de la température entraîne généralement
06:26une surreprésentation des femelles.
06:29Vous vous rendez compte, Olivier Guénet,
06:31que c'est des humains qui étaient soumis à cela ?
06:33Le processus de différenciation sexuelle
06:37n'est pas dicté par les chromosomes,
06:39mais par des facteurs environnementaux.
06:42Tout à fait étonnant.
06:44C'est les seuls animaux comme ça ?
06:45Non, il y en a quelques-uns, en fait,
06:47mais en tous les cas, celui-là est particulièrement marquant.
06:52Et donc, en fonction de la température,
06:55les oeufs, en fait, qui vont être à plus ou moins haute température,
06:59vont plutôt produire des femelles que des mâles.
07:02Alors, ce qui est tout à fait étonnant sur un crocodile,
07:04parce que moi, je suis allé dans une réserve de crocodiles...
07:06Vous êtes spécialiste des crocodiles ?
07:08Non, mais j'attends ça !
07:09Et j'ai été allé, je crois que c'était à Gerba,
07:13d'ailleurs, une réserve de crocodiles.
07:15C'est qu'un crocodile, lorsqu'il n'est,
07:16mais c'est minuscule.
07:17C'est moins de 10 centimètres.
07:20Mais oui, c'est tout petit.
07:21C'est absolument prodigieux.
07:23Alors, vraiment, le livre est formidable,
07:25parce que le livre, d'abord, il y a des échanges,
07:28il y a une variation de ton,
07:30parfois c'est très intello,
07:31parfois c'est très tendre,
07:34parfois, évidemment, vous observez cette nature,
07:37c'est gigantesque,
07:38il y a également vos pensées, vos états d'âme,
07:40donc je trouve que ça se lit comme une sorte de journal de bord,
07:42il y a beaucoup de plaisir à lire le livre.
07:45Et à un moment, vous écrivez,
07:47c'était mon premier entre quatre yeux avec un lion.
07:49Alors là, moi, j'ai pensé, évidemment,
07:50à l'itinéraire d'un enfant gâté,
07:51où c'est lorsque Belmondo va voir un lion,
07:55et Anconina essaye de faire la même chose.
07:57C'était mon premier entre quatre yeux avec un lion,
07:59et j'allais au cours de ce séjour
08:00éprouver plusieurs fois cette sensation,
08:02l'humilité.
08:04Son regard nous renvoyait à notre statut d'humain,
08:08je réalisais que, d'un bon,
08:10elle pouvait être sur nous,
08:11et je ne donnais alors pas cher de notre peau.
08:14Et ça rejoint un peu, effectivement,
08:16la foi dans ces cas-là.
08:18C'est-à-dire qu'on se sent,
08:18lorsqu'on est tout seul devant l'immensité,
08:21c'est vrai, parfois, en mer,
08:22ça peut être au sommet d'une montagne,
08:25ça peut être avec des animaux.
08:28Vous parlez d'humilité,
08:29je comprends ce que vous voulez dire.
08:31Oui, parce qu'effectivement,
08:32d'un bon, réellement,
08:34elle pouvait,
08:36c'était une lionne, en l'occurrence,
08:38sauter dans la voiture,
08:39la voiture est très ouverte, quand même.
08:41Mais en fait,
08:43tuer à un coup,
08:44et je ne le valais pas,
08:46c'est ce que je dis,
08:47c'est-à-dire qu'elle n'avait rien à faire de moi,
08:48elle est sur son territoire,
08:50elle était tout à fait sereine,
08:51et donc, voilà,
08:52je la prenais en photo,
08:53elle se laissait faire,
08:54et elle n'avait pas besoin,
08:56visiblement,
08:58je ne ressemble pas à une gazelle,
08:59donc, voilà,
09:00je pouvais l'observer sereinement,
09:03et donc,
09:03je ne le valais pas bien,
09:04cette agressivité.
09:06Voilà,
09:06elle n'avait aucune raison
09:08d'être agressive avec moi.
09:09Ah oui,
09:10mais ça,
09:10on le sait après,
09:11hein ?
09:11Bon,
09:13chez l'humain,
09:14il a été démontré que l'empathie
09:15est en partie liée
09:16à des facteurs génétiques,
09:17et que les femmes sont plus empathiques
09:19que les hommes.
09:19Désolée,
09:20ouais,
09:20oui,
09:21ça se confirme.
09:23Non,
09:23mais moi,
09:24je trouve que c'est bien,
09:25parce que c'est une excuse.
09:26En fait,
09:27moi,
09:27quand on me dira,
09:27tu manques d'empathie,
09:28je dis,
09:28ah,
09:28pas de ma faute.
09:30Je suis pour rien.
09:31Je suis pour rien du tout.
09:32On peut espérer progresser.
09:34C'est pas moi qui ai décidé.
09:36Il est 12h45,
09:37Chantal Henry est avec nous,
09:39Tanzano,
09:40thérapie,
09:42j'ai envie d'aller...
09:42Vous nous payez le voyage ou pas ?
09:43On y va, non ?
09:44Mais,
09:44alors,
09:45je ne vais pas vous raconter ma vie,
09:46mais j'aime bien de temps en temps,
09:48mais mon amoureuse,
09:49elle veut partir en Tanzanie.
09:51Elle veut partir.
09:52Allez-y, allez !
09:53Mais je vous assure,
09:54l'année dernière,
09:54et on a terminé à Noirmoutier,
09:56c'est pas la même chose.
09:57Il y a moins de crocodiles.
09:58Il y a moins de crocodiles.
10:00Mais elle veut partir en Tanzanie.
10:02Mais allez-y,
10:03mais oui,
10:04mais je...
10:04Ah,
10:05j'ai pas envie.
10:05Mais si,
10:06je vous connais.
10:06Mais bien sûr que si,
10:07mais c'est pas simple à organiser.
10:09C'était pas simple,
10:10parce que...
10:10Bon,
10:11je vais organiser ça pour vous,
10:12vous inquiétez pas.
10:12Il est 12h46.
10:13A tout de suite.
10:14Et c'est passionnant de le lire,
10:17évidemment,
10:18vous êtes parti là-bas,
10:20vous êtes professeur à l'université de Paris,
10:22vous êtes psychiatre,
10:22et puis vous êtes parti avec votre fille
10:24pour découvrir,
10:25vous libérer des chaînes,
10:26fuir la vie ici,
10:29et sa rudesse.
10:31Alors,
10:31vous parlez des Maasai également,
10:33et ça,
10:33c'est très intéressant,
10:34les Maasai.
10:35Alors,
10:36les Maasai,
10:37d'abord,
10:37ils sont très beaux,
10:39quand vous les voyez comme ça,
10:40dans la savane,
10:41avec leur toge rouge,
10:43mais surtout,
10:43c'est que j'ai rencontré
10:44une grand-mère Maasai,
10:46puisque je m'interrogeais
10:47sur le pourquoi
10:49de rester,
10:51vivre dans ces conditions,
10:52quand même,
10:52très ancestrales,
10:53au milieu des parcs,
10:54c'est-à-dire que les Maasai
10:56ne peuvent rester dans les parcs nationaux
10:59qui protègent les animaux
11:00qu'à cette condition,
11:02qu'ils vivent dans des conditions
11:04donc très ancestrales,
11:07et j'ai eu la chance
11:09de la rencontrer
11:10dans sa hutte,
11:11où elle vit sans eau,
11:12sans électricité,
11:13pour essayer de comprendre,
11:15est-ce qu'elle préférait pas partir
11:16pour une autre vie
11:17plus confortable,
11:18et il faut lire le livre
11:20pour savoir
11:20quelle était sa réponse.
11:21Mais est-ce qu'elle la connaît,
11:22cette autre vie ?
11:24Le gouvernement tanzanien
11:27propose aux Maasai
11:29de pouvoir être relogés
11:31dans un habitant,
11:35en fait,
11:37actuel,
11:38et la plupart des gens âgés
11:41veulent rester,
11:42en fait,
11:43vivre dans ces luttes,
11:44alors que c'est un coup terrible,
11:45c'est qu'il y a une mort infantile importante,
11:48les conditions d'hygiène
11:51sont quand même limitées,
11:54il n'y a pas d'eau,
11:55elles doivent aller chercher,
11:56les femmes vont chercher de l'eau
11:57à la rivière
11:59ou dans des flaques,
12:00la vie est très très rude
12:01pour les Maasai.
12:02Les femmes Maasai
12:03sont les esclaves des hommes
12:04et de cette terre ingrate
12:06qu'on a d'enfanté
12:07dans la douleur,
12:08dans des conditions sanitaires déplorables,
12:10beaucoup n'y survivent pas
12:11et leurs enfants bas âge
12:12fait un lourd tribut
12:13à ce mode de survie,
12:15écrivez-vous.
12:16Et ça, c'est...
12:17Il y a quelque chose...
12:18C'est pour ça que ce livre
12:19et ce récit
12:20est tout à fait étonnant
12:21parce qu'il y a des choses
12:22très très différentes.
12:23Par exemple,
12:24vous rencontrez Emmanuel Béard.
12:25Oui.
12:26C'est anecdotique,
12:28mais en fait,
12:29je l'ai rencontré,
12:30donc ça fait partie
12:31du récit.
12:31C'est pour ça que vous en parlez.
12:33Mais surtout parce que
12:34j'ai rencontré son fils
12:36qui avait une expérience
12:36très particulière,
12:38en fait,
12:38qui a passé du temps
12:41avec une tribu primitive.
12:43Voilà.
12:43Mais Emmanuel Béard
12:45était de passage, oui.
12:46Je renvoie à votre livre,
12:47Chantal Henry,
12:48Tanzano Thérapie,
12:49c'est chez Fayard
12:51et vraiment,
12:52c'est un livre que vous lirez
12:52avec beaucoup de plaisir.
12:54C'est très bien écrit
12:55et puis,
12:56c'est,
12:56comme vous dites,
12:57parfois anecdotique,
12:58parfois profond,
12:59parfois drôle,
13:00parfois émouvant
13:00et c'est aussi
13:04un récit de plaisir.
13:06Donc,
13:07ça nous fait
13:08à l'aube des vacances.
13:10Je ne doute pas
13:10qu'on ait envie
13:11de lire cela
13:12sur la plage.
13:13Et là,
13:13c'est vrai,
13:14c'est très bien.
13:15Je ne sais pas
13:15que vous ne dites
13:16ou c'est l'aube des vacances,
13:17mais là,
13:18c'est l'aube des vacances.