Regardez L'invité de Yves Calvi du 02 juin 2025.
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00:00Yves Calvi, Aude Vernuccio, RTL Soir, jusqu'à 20h.
00:04Il est 18h19, bonsoir Quentin Ruffat.
00:06Bonsoir Yves Calvi.
00:07Vous êtes porte-parole de Chine, ce géant de l'ultra fast fashion.
00:11Autrement dit, cette mode que vos détracteurs dénoncent comme ultra éphémère, jetable et expédié à prix cassé depuis la Chine.
00:17Tout est juste ?
00:18Nous sommes avant tout un groupe qui a mis en place un modèle économique assez novateur, assez nouveau, qui disrupte l'industrie textile.
00:27C'est un modèle de production à la demande.
00:30C'est-à-dire que nous produisons uniquement ce que nos clients veulent acheter.
00:35C'est à rebours de ce que fait l'industrie textile normalement, puisque l'industrie textile propose des collections.
00:41Il y a une approche assez verticale des choses.
00:42Je fais ma collection, j'imagine que ça va plaire, j'ai du stock, j'ai des invendus.
00:48Nous, au contraire, on propose à nos clients, à nos millions de clients en France, des références qui répondent à leurs aspirations et à leurs besoins.
00:55Chaque nouvelle référence est produite uniquement entre 100 et 200 exemplaires.
00:59En fonction de la demande, si demande il y a, nous activons nos fournisseurs pour répondre à cette demande sensiblement à l'article prêt.
01:06Si ça ne fonctionne pas, nous ne produisons plus.
01:08Alors, dit comme ça, j'ai envie de vous dire qu'on ne peut être que d'accord.
01:11Mais au moment où nous parlons, une proposition de loi visant à réduire l'impact environnemental de l'industrie textile est examinée au Sénat.
01:17Un vote est prévu le 10 juin et votre plateforme est clairement visée par ce texte.
01:21Vous comprenez pourquoi ?
01:22L'enjeu environnemental de l'industrie textile est primordial.
01:2610% des émissions à effet de serre proviennent de cette industrie.
01:30Il est urgent qu'il y ait une action collective sur l'impact environnemental de cette industrie.
01:35Mais ça ne fonctionne que si cette action est collective.
01:38On ne peut pas cibler uniquement une enseigne,
01:41qui selon une étude de l'IFM, de l'Institut français de la mode, représente uniquement 7% des ventes en termes de textiles et d'allumement des français.
01:50Ce qui est énorme. Ça a l'air faible en pourcentage, mais votre influence aujourd'hui dans cet univers est très importante.
01:56Nous sommes, en termes de volume, nous sommes la cinquième marque en France.
02:03Réduire l'impact environnemental, oui, mais à condition que ce soit collectif.
02:07Nous avons aujourd'hui des millions de français qui viennent chez nous, car nous proposons une mode abordable, une mode accessible.
02:13Travaillons ensemble, ayons une action collective, ayons une action d'ensemble avec l'industrie pour réduire cet impact.
02:19Mais est-ce que vous ne parlez pas justement d'action, je dirais, généralisée, parce que vous savez qu'elle ne sera jamais possible
02:25et que les gens de la profession ne se mettront pas d'accord ?
02:28Ce qui est une façon pour vous d'échapper, bien entendu, à ces contraintes ?
02:30Absolument pas. Nous, ce que nous proposons, c'est de mettre en place, c'est premièrement effectivement d'élargir cette proposition de loi à l'ensemble des acteurs
02:36et surtout de mettre en place une feuille de route pour une industrie textile durable d'ici 2030.
02:42Cette feuille de route, elle permettrait de responsabiliser l'ensemble de l'industrie plutôt que de taxer les consommateurs,
02:46comme c'est le cas dans la proposition de loi actuellement.
02:49Pourquoi l'industrie ne se mettrait pas d'accord sur un ensemble d'engagements qui seraient relativement simples,
02:55et on pourra en parler si vous voulez, afin de réduire cet impact environnemental ?
02:57Travaillons ensemble !
02:58Parmi les mesures qui la composent, j'évoque bien entendu le travail de nos sénateurs,
03:04il y a l'instauration d'un système de bonus-malus indexé sur l'éco-score des vêtements
03:08et l'interdiction de la publicité pour les acteurs de la mode rapide.
03:12Qu'est-ce que ça changerait pour vous, concrètement ?
03:13C'est, à notre sens, c'est une taxe régressive et qui n'est absolument pas incitative aux bonnes pratiques.
03:19Justement, pourquoi vouloir taxer le consommateur quand on peut responsabiliser l'industrie ?
03:24Qu'est-ce que ça va changer ?
03:24Parce qu'on a peut-être envie de sauver la planète.
03:26Pourquoi ne responsabilisons pas l'industrie pour sauver la planète ?
03:29Pourquoi ne faisons pas en sorte que ce soit les marques qui changent plutôt que de taxer le consommateur ?
03:33On vous accuse, je le rappelle, d'avoir fait pression sur les parlementaires en envoyant ce que vous appelez un rapport indépendant.
03:39Vous y expliquez que les effets de cette loi seraient, je cite, et d'ailleurs vous venez de l'exprimer,
03:42contre-productifs pour les consommateurs.
03:44Que voulez-vous dire ?
03:46D'abord, est-ce que vous faites de l'influence qui, pour moi, n'est pas un terme choquant en tant que tel ?
03:51Nous représentons les intérêts de millions de Français.
03:54C'est quelque chose que nous faisons.
03:55Nous nous inscrivons dans les règles.
03:57Vous représentez d'abord les intérêts de fast fashion.
04:00Je représente les intérêts de...
04:02Et de votre entreprise.
04:03...des millions de Français qui achètent chez nous et qui vont être, à cause de cette loi, si elle est votée telle qu'elle,
04:08impactés sur leur pouvoir d'achat.
04:10Les Français, pour 60% des Français, le budget maximum pour l'achat de vêtements neufs par an,
04:14Yves Calvi, c'est 200 euros.
04:16200 euros par an.
04:16On leur ajoute une taxe, selon l'IFOP, on leur ajoute une taxe de 10 euros par vêtements vendus d'ici 2030.
04:24Ça va impacter leur pouvoir d'achat.
04:26Je reviens à votre question sur, effectivement, la représentation d'intérêts.
04:29Oui.
04:29J'ouvre aujourd'hui, je lis la presse comme tout le monde.
04:33Et je vois que l'ensemble de nos ministres en charge de cette proposition de loi,
04:36l'ensemble des sénateurs, des rapporteurs, des parlementaires reçoivent l'ensemble de l'industrie textile.
04:41Et que petit à petit, plus aucune de ces marques, plus aucune de ces enseignes ne fait partie de cette proposition de loi.
04:46Nous sommes aujourd'hui les seuls ciblés.
04:48Alors, encore une fois, nous ce que nous proposons, ce n'est pas que cette loi n'existe pas,
04:52c'est qu'il y ait une action collective et qu'elle concerne tout le monde.
04:54Et je vous propose d'écouter le président de la Fédération Française du prêt-à-porter féminin, Yann Rivaud-Allan.
04:59Ce matin, c'était sur notre antenne.
05:01Une société de bout en bout qui, à la fois, vole nos produits,
05:04à travers tous les procès en contrefaçon qu'on a pu avoir,
05:07qui détruit notre santé et qui exploite les personnes tout en détruisant la planète.
05:11Je ne suis pas sûr qu'on a pris l'envers, en fait, de tous les dangers qu'il peut y avoir avec cette société
05:16et comment, point par point, dans toute notre économie, on est en train de se faire détruire.
05:21C'est donc bien de vous dont il parle.
05:22Que répondez-vous ce soir au président de la Fédération Française du prêt-à-porter féminin ?
05:27Il dit beaucoup de choses dans sa prise de parole.
05:30Parlons d'abord de la sécurité des produits.
05:32En 2024, nous avons réalisé plus de 2 millions de tests produits.
05:36Nous réinvestissons 13 millions d'euros en 2025 pour renforcer ces process et ces tests de qualité produit.
05:44Donc c'était nécessaire ?
05:45Donc c'était nécessaire.
05:46Il est toujours nécessaire de travailler à la qualité de ces produits comme l'ensemble de l'industrie textile.
05:49Je vous rappelle que la majorité des entreprises françaises de mode se fournissent en Chine également.
05:55Donc faire attention et renforcer nos process de sécurité, c'est ce que nous faisons.
05:59Nous voulons augmenter de 25% nos tests produits d'ici 2025 avec cet investissement de 13 millions d'euros.
06:04Certaines ONG évoquent 75 heures de travail hebdomadaire dans vos ateliers.
06:08Que répondez-vous ?
06:09Nous avons aujourd'hui 7000 fournisseurs.
06:12Je rappelle que nous ne sommes pas propriétaires de nos usines.
06:157000 fournisseurs en Chine.
06:16La majorité de notre production, la majorité de nos fournisseurs sont en Chine.
06:20Aujourd'hui, vous voulez travailler avec Chine.
06:23Vous signez un code de conduite interne qui a été fait par Chine, que vous pouvez retrouver, qui est public,
06:28pour faire en sorte que l'ensemble des travailleurs de nos fournisseurs soit aligné sur les réglementations de l'Organisation Internationale du Travail.
06:37Mais est-ce que ce procès est faux ? Est-ce que vous pouvez dire ce soir sur RTL que c'est faux ?
06:41Nous n'avons pas aujourd'hui de prestataires qui font travailler des gens 75 heures par semaine ?
06:47J'étais en Chine...
06:48Dans nos ateliers ?
06:49J'étais en Chine récemment et j'ai pu aller à la rencontre de nos fournisseurs.
06:55J'ai pu voir à quoi ressemblaient ces ateliers.
06:59Et je vous assure que le code de conduite sur lequel nous travaillons avec eux,
07:02qui a trois points de tolérance zéro, trois points de tolérance zéro, c'est le travail forcé,
07:07c'est le travail d'enfant et c'est le refus de se soumettre à un audit externe.
07:11Pourquoi ce refus de se soumettre à un audit externe ?
07:1395% de nos fournisseurs en 2024 ont été audités par des auditeurs externes, comme Bureau Veritas.
07:19Une toute dernière question.
07:20Est-il vrai que vous brûlez ou détruisez les vêtements qui vous sont renvoyés par vos clients ?
07:25Nous avons un taux de...
07:26Si c'est le cas, j'ai envie de vous dire, ils n'ont à ce point aucune valeur.
07:29Premièrement, nos vêtements ont de la valeur.
07:30Encore une fois, je pense que nous permettons aux Français de pouvoir s'habiller.
07:35Nous avons un taux de retour qui est bien inférieur à la moyenne.
07:38Ces retours sont renvoyés en Pologne, sur l'une de nos usines, ce qu'on appelle vulgairement en anglais des warehouse.
07:45Et ils sont brûlés ?
07:46Ils ne sont absolument pas brûlés.
07:47On travaille d'ici 2030 pour avoir 31% de nos vêtements qui sont faits avec du polyester recyclé.
07:54Et 90% de nos vêtements qui sont renvoyés sont revendus derrière.
07:57Merci Quentin Ruffa, directeur de la communication et porte-parole du géant chinois de l'ultra fast fashion Chine.
08:03Dans un instant, journal de 18h30, puis la météo de notre semaine avec vous Louis Baudin.