Après 40 ans de lutte, le PKK dépose les armes en Turquie : et maintenant ?

Courrier international

Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en guerre contre l’État turc depuis plus de 40 ans, a annoncé son auto-dissolution, lundi 12 mai.  La guérilla sanglante qu’il a déclenché lorsqu’il a pris les armes en 1984 a fait plus de 40 000 morts et des centaines de milliers de déplacés.  Mais qu’est-ce que le PKK ? Et que va changer sa dissolution pour les Kurdes de Turquie ?  Explications en vidéo.

Transcript

00:00Le PKK a annoncé son auto-dissolution lundi 12 mai.

00:03Il était en guerre contre la Turquie depuis plus de 40 ans.

00:07Mais qu'est-ce que sa dissolution va changer ?

00:09Et le PKK, c'est quoi ?

00:11Eh bien, c'est l'histoire d'un combat pour un peuple qui se retrouve sans territoire

00:16après l'effondrement de l'Empire Ottoman et la Première Guerre Mondiale, les Kurdes.

00:20En 1923, les Alliés prévoient une partition du Moyen-Orient

00:24sans prendre en compte le droit des Kurdes à disposer d'une terre.

00:27La région historique du Kurdistan est alors diluée au sein de quatre nouveaux États,

00:32la Turquie, l'Iran, l'Irak et la Syrie.

00:35Et les Kurdes deviennent minoritaires dans chacun de ces pays.

00:38En Turquie, où ils sont majoritairement installés, explique The Guardian,

00:42les droits des Kurdes ont été si violemment bafoués que pendant des dizaines d'années,

00:46l'État a tout simplement nié l'existence même de ce groupe ethnique.

00:51Le Parti des travailleurs du Kurdistan naît de cette persécution en 1978.

00:56Sa doctrine ? Un mélange de socialisme révolutionnaire, de marxisme-léninisme

01:01et d'un profond nationalisme kurde.

01:04Six ans plus tard, le mouvement prend les armes

01:06et depuis, il est considéré comme une organisation terroriste par la Turquie,

01:10les États-Unis et l'Union Européenne.

01:12Son objectif ? L'indépendance du Kurdistan.

01:15Un rêve déçu vite remplacé par un combat pour la reconnaissance et la défense de leurs droits.

01:20Dans les années 90, après la Première Guerre du Golfe,

01:22cette guérilla s'intensifie face à la rigidité de la politique turque.

01:26Aujourd'hui, plus de 40 ans après le début des combats,

01:29le bilan s'élève à plus de 40 000 morts et des centaines de milliers de déplacés.

01:34Son leader et fondateur, c'est Abdullah Ujalan, 76 ans.

01:37Al Jazeera le décrit comme un leader autoritaire

01:39qui a œuvré à écraser ses compatriotes rivaux

01:42et à monopolisé la lutte pour la libération des Kurdes.

01:45Mais il est pour autant respecté, pour son charisme

01:47et pour son statut d'unique défenseur des droits des Kurdes.

01:51Aujourd'hui et depuis qu'il a 50 ans,

01:53il est emprisonné sur une île près d'Istanbul

01:56pour avoir mené cette rébellion séparatiste contre l'État turc.

02:00C'est lui, contre toute attente,

02:02qui a appelé à la dissolution du PKK en février depuis sa prison.

02:05Et son appel a été entendu.

02:07Lundi 12 mai, un congrès du parti l'a adopté.

02:10Dans un communiqué relayé par les médias du monde entier,

02:13le groupe écrit

02:14« Le PKK a accompli sa mission historique

02:16en brisant la politique de déni et d'annulation de notre peuple

02:19et en amenant la question kurde

02:21à un niveau où elle peut être résolue par une lutte démocratique. »

02:24Et maintenant, l'annonce de la dissolution donne espoir.

02:28Mais la presse régionale reste prudente.

02:30Le PKK devrait se dissoudre, certes.

02:33Mais qu'en est-il des autres factions alliées au Moyen-Orient ?

02:36L'appel du parti ne les mentionne pas explicitement.

02:39Note le site syrien, Enab Baladi.

02:41Et c'est ce que réclame l'État turc, la dissolution des autres factions.

02:44Aussi, la question du sort des prisonniers opposants politiques comme combattants se pose.

02:50Seront-ils amnistiés ou condamnés à l'exil ?

02:52Et quand sera-t-il du sort des Kurdes ?

02:54Leurs droits seront-ils garantis par la Constitution ?

02:57En Turquie, l'opposition doute des promesses du président Recep Tayyip Erdogan,

03:01rapporte le quotidien turc Ulyet.

03:03Plusieurs fois par le passé, il a promis une résolution du conflit

03:07par des négociations qui garantiraient les droits de cette minorité ethnique

03:10la plus importante de Turquie.

03:12Pour l'instant, c'est un dépôt des armes sans contrepartie officielle.

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