Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 5 semaines
Correspondant en France du “Corriere della Sera” depuis quinze ans, Stefano Montefiori était en terrasse à Paris le soir du 13 novembre 2015. Il raconte son souvenir des attentats : ses réflexes de journaliste sur place, cette longue nuit à écrire pour sa rédaction en Italie et son émotion en tant qu’habitant de la capitale.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Le 13 novembre, j'étais assis en terrasse, j'étais plus ou moins dans le dixième arrondissement.
00:05On me prenait un verre et j'ai su de ceux qui étaient en train d'arriver.
00:10J'ai commencé tout de suite à travailler pour écrire les articles qui allaient être publiés sur le journal.
00:15Et sur le moment, je me rappelle avoir été assez concentré sur l'aspect professionnel,
00:21mais c'est évident aussi qu'il y avait des retombées personnelles assez importantes,
00:26parce que je partage la vie parisienne comme les autres.
00:29Donc, c'était quelque chose d'horrible.
00:36Je suis arrivé à Paris en 2010 en tant que correspondant du Correre della Sera,
00:41qui est le quotidien italien plus ancien.
00:43Donc, le 13 novembre 2015, c'était déjà à cinq ans que j'habitais Paris avec ma famille, avec deux enfants.
00:50Et voilà, on était content de vivre à Paris. On se considère comme des Parisiens.
00:54La soirée du 13 novembre était déjà un peu spécial, un peu particulière,
01:00parce que je venais de sortir de la maison d'André Kruxman, qui était disparu deux jours avant.
01:07André Kruxman était un collaborateur de longue date du Correre, depuis les années 70.
01:11J'ai été allé saluer sa famille et donc j'ai été allé avec ma femme et quand on est sortis, on était déjà assez émus.
01:20Dans mes souvenirs, c'est lié vraiment à cet événement-là et le fait qu'on allait prendre un verre pour souffler un peu.
01:27J'étais plus ou moins dans le dixième arrondissement. On prenait un verre et j'ai su de ceux qui étaient en train d'arriver grâce au téléphone, les notifications.
01:36Tout de suite, on ne savait pas que le Bataclan était concerné, je crois, mais on savait qu'il y avait des fusillades dans des restaurants, dans le deuxième arrondissement surtout.
01:47Donc c'est évident que c'était quelque chose d'énorme. En plus, on savait aussi qu'il y avait des explosions au Stade de France.
01:55Donc on a compris tout de suite que c'était une soirée particulière, que c'était quelque chose d'énorme qui était en train de se produire.
02:02C'était assez bizarre parce que je pense avoir été parmi les premiers en terrasse à le savoir.
02:08Et je voyais autour de moi un certain calme assez surréaliste parce que les gens ne savaient pas.
02:15Alors on a pensé qu'est-ce qu'on fait. J'ai pensé évidemment tout de suite aux enfants où ils étaient.
02:22On appelait à la maison. Je me rappelle peut-être que je suis allé parler au monsieur du café pour le prévenir.
02:30Je suis allé lui dire qu'il y avait quelque chose d'énorme qui était en train de se passer, pas trop loin de l'endroit où nous étions.
02:37Et après, on est parti, on est allé à la maison.
02:41Et j'ai commencé tout de suite à travailler pour écrire les articles qui allaient être publiés sur les journaux du lendemain.
02:48Dans ces cas-là, comme dans tous les journaux du monde, mais le Corriere particulièrement tient à donner une couverture avec beaucoup d'espace, beaucoup de pages.
02:56J'ai parlé avec la rédaction. C'est un peu bizarre parce que moi, j'étais censé savoir quelque chose de plus parce que j'étais à Paris.
03:03Mais finalement, ce n'était pas évident, même si je n'étais pas trop loin de l'endroit où il y avait les attentats.
03:09Et donc, j'ai essayé de me renseigner. J'ai passé quelques coups de fil. J'ai essayé de voir sur les réseaux sociaux.
03:15Après, c'est difficile parce qu'il y avait déjà énormément de faux salaires.
03:18Je me rappelle qu'on parlait des gens tués à l'intérieur des voitures avec énormément de coups de mitraillette à l'intérieur des voitures.
03:27C'était complètement faux. Comme si c'était nécessaire de rajouter des choses dramatiques.
03:32Après, comme c'était déjà tard, le réflexe a été de ne pas aller au Bataclan et encore avant, sous le lieu des attentats.
03:39Parce que j'imaginais que de toute façon, ce n'était pas joignable.
03:42Et surtout, je pensais que j'aurais dû tout de suite écrire beaucoup de papiers.
03:47Parce que la dernière édition du Corriere, à l'époque, ça bouclait à deux heures.
03:52Il y avait la prise des otages au Bataclan.
03:55Il fallait à un certain moment boucler les articles sans connaître vraiment le développement des faits.
04:01Et donc, ça, c'était un peu la difficulté technique journalistique.
04:05Donc, je crois que ça terminait d'un point de vue professionnel à deux heures, deux heures trente.
04:11Mais après, évidemment, les news continuaient.
04:14Donc, je ne crois pas avoir beaucoup ce truc-là.
04:18Comme beaucoup de monde, d'ailleurs.
04:20Et sur le moment, je me rappelle avoir été assez concentré sur l'aspect professionnel.
04:26Mais c'est évident aussi qu'il y avait des retombées personnelles assez importantes.
04:31Parce que je partage la vie parisienne comme les autres.
04:34Donc, c'était quelque chose d'horrible.
04:37Et en plus, vraiment, pour les journalistes, souvent, on oublie qu'on est concerné.
04:44Même d'un point de vue humain.
04:46Donc, ça n'a pas été facile.
04:49Merci.
04:50Sous-titrage Société Radio-Canada
04:56Merci.
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations