Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 12/05/2025

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:0011h13, ravi de débuter la semaine avec vous.
00:02L'an dernier, les services de police et de gendarmerie nationale
00:04ont enregistré 122 600 victimes de violences sexuelles,
00:09en hausse de 7% par rapport à 2023.
00:12La prise en charge des victimes est déterminante pour leur reconstruction.
00:15Doriane Boulmier, responsable du pôle victime de l'Adaviers de Lyon,
00:19l'association d'aide aux victimes, répond ce matin à vos questions.
00:22Bonjour Doriane Boulmier.
00:24Bonjour messieurs.
00:24On parlait il y a un instant justement de cette augmentation des violences sexuelles.
00:30Quatre affaires de viol sont jugées ces deux prochaines semaines
00:33devant la cour d'assises de notre département.
00:36Est-ce que ça veut dire que comme au niveau national,
00:38il y a une augmentation de ce genre de crime dans notre département ?
00:42Alors une augmentation de ce genre de crime,
00:44je pense qu'il y a toujours eu autant d'infractions à caractère sexuel malheureusement commises.
00:48En revanche, en 2024, on enregistre 122 600 victimes d'infractions à caractère sexuel.
00:54On peut donc constater qu'il y a une hausse de 7% par rapport à 2023.
00:59Ce qui veut donc dire que certainement la parole se libère pour diverses raisons.
01:04Il y a une meilleure communication, une meilleure détection
01:06et également des campagnes de sensibilisation,
01:09de sensibilisation à la lutte contre les violences à caractère sexuel.
01:13Je pense notamment aux mineurs.
01:15On a des campagnes de publicité, enfin des spots télévisés qui sont diffusés aux heures de repas par exemple,
01:22qui font notamment mention de l'inceste, etc.
01:25Et je pense effectivement aussi que le mouvement MeToo a aidé à la libération de la parole.
01:32On a aussi des personnels de police, de gendarmerie mieux formés ?
01:36Tout à fait.
01:38Il faut savoir que de plus en plus de professionnels ont accès à des modules de formation,
01:42comme c'est le cas notamment pour des violences conjugales.
01:45C'est la même chose pour la prise en charge, l'accueil, la détection des victimes d'infractions à caractère sexuel.
01:51Il faut savoir que les forces de l'ordre, que ce soit au sein du commissariat de police
01:54ou au sein de la gendarmerie, bénéficient d'unités spécialisées
01:58et donc d'enquêteurs qui ont accès à des formations très particulières
02:02pour la prise en charge de ces victimes, mais aussi de ces victimes mineures
02:06puisque les enquêteurs vont pouvoir disposer de salles spécialisées
02:10et pourront également appliquer des protocoles très particuliers adaptés
02:13en fonction de l'âge de la victime qui se présente à eux.
02:17D'ailleurs, ce sont des enquêteurs ou plus régulièrement des enquêtrices dans ce genre d'affaires ?
02:22Alors, je n'ai pas les chiffres. Est-ce qu'il y a plus de femmes, plus d'hommes ?
02:25En tout cas, les hommes sont mieux formés et mieux à même d'accueillir cette parole-là ?
02:30Tout à fait. Que ce soit des enquêteurs hommes ou femmes,
02:34ces derniers sont spécialement formés, donc il n'y a pas de difficulté.
02:37Après, la difficulté peut effectivement se trouver dans le fait que
02:40la plupart des victimes d'infractions à caractère sexuel sont des femmes.
02:45Donc, certaines femmes peuvent avoir des réticences
02:48à se rendre au sein d'un commissariat de police ou d'une gendarmerie
02:52et d'être accueillies finalement, prises en charge par un homme.
02:55C'est une difficulté que l'on constate dans le cadre de notre accompagnement.
02:59Il y en a certaines qui vous contactent avant de contacter la police.
03:03Ça arrive, ça ?
03:04Ça arrive, en effet, puisque certaines victimes ont déjà engagé une démarche
03:10auprès d'un psychologue, auprès d'un psychiatre, psychothérapeute.
03:13Et donc, c'est grâce à cette prise en charge
03:15qu'elles sont amenées à contacter une association des deux victimes
03:18et obtenir finalement des informations sur un éventuel dépôt de plainte,
03:24comment cela se déroule, quelles sont les éventuelles suites, etc.
03:27Et c'est là où notre prise en charge est utile et importante.
03:31Vous écoutez ici au Cerf, il est 8h16, notre invitée ce matin,
03:34Doriane Boulmier, responsable du pôle victime de la Daviers dans Lyon.
03:37La Daviers qui peut intervenir à tout moment,
03:41on le disait parfois avant les policiers ou les gendarmes,
03:45pour orienter les victimes ?
03:47Tout à fait.
03:48Notre accompagnement est destiné à toute personne victime
03:50et aussi particulièrement aux personnes victimes de violences,
03:54d'infractions à caractère sexuel,
03:55et ce, à n'importe quel stade de la procédure,
03:57avant dépôt de plainte,
03:59pendant la phase d'enquête ou d'instruction.
04:01Également, dans la phase d'audience du procès,
04:04on va pouvoir les préparer à la manière dont se déroule un procès,
04:09les orienter, faire le lien avec un avocat, par exemple.
04:11On va pouvoir proposer un accompagnement,
04:13par le biais, par exemple, de nos bénévoles,
04:16mais nous serons également présents aussi
04:18dans la phase de recouvrement des dommages et intérêts.
04:20Je tiens également à préciser que nos juristes
04:23sont aussi chargés, par le parquet,
04:26par le procureur de la République,
04:27de notifier les classements sans suite
04:29de certaines procédures
04:30qui, malheureusement, ne déboucheront pas sur un procès.
04:35Donc, accompagnement juridique,
04:37accompagnement psychologique, en tout cas,
04:39vers des cellules,
04:40à même d'aider ces femmes, ces victimes,
04:43puisqu'il y a aussi parfois des hommes, des enfants.
04:46Tout à fait.
04:47Il faut savoir qu'au sein de notre association,
04:49nous ne proposons pas uniquement
04:51un accompagnement juridique,
04:53mais également psychologique,
04:55puisque depuis 2022,
04:57l'association dispose de 13 psychologues répartis
05:00dans l'ensemble du département,
05:01ce qui nous permet de proposer une orientation
05:03et une première prise en charge
05:05pour certaines à ce moment-là.
05:09et voilà.
05:10Une prise en charge psychologique
05:11qui peut durer très très longtemps.
05:12Tout à l'heure, on entendait sur ICI au CERF
05:15le témoignage d'une jeune femme
05:17qui a mis 13 ans avant de retrouver
05:19un certain équilibre,
05:21même après le procès de son violeur.
05:24Tout à fait.
05:25Il faut savoir que ce sont des personnes
05:27qui sont blessées dans leur chair
05:29et on ne se répare pas comme ça.
05:31On ne se reconstruit pas comme ça.
05:32Ça demande parfois beaucoup de temps,
05:35plusieurs années de prise en charge,
05:36d'accompagnement.
05:37Et il faut savoir également
05:38que le procès ne fait pas tout.
05:40Les victimes ne peuvent pas,
05:42une fois le procès passé,
05:43se dire,
05:44ben voilà, ça y est, tout est terminé.
05:45Non, il y a encore un gros travail
05:46à faire derrière.
05:48Et il faut savoir aussi
05:48que beaucoup de victimes
05:49n'ont pas cette chance
05:50d'accéder à un procès.
05:51Et quand bien même
05:52elles accèderaient à un procès,
05:54elles n'ont pas forcément réponse
05:55à toutes les questions.
05:56Au cours d'un procès,
05:57on ne peut pas poser toutes les questions.
05:58On n'a pas des réponses non plus
05:59à toutes ces questions.
06:01Et c'est aussi pour ça
06:02que dans Lyon,
06:03la DAVIRS
06:04et le service pénitentiaire
06:05d'insertion et de probation
06:06ont développé la mesure
06:08de justice restaurative
06:09qui permet du coup
06:10aux victimes
06:11comme aux auteurs d'infractions
06:13de se retrouver
06:14dans un espace de dialogue sécurisé
06:15pour pouvoir évoquer
06:16les répercussions
06:17de ce qu'elles ont pu.
06:19Vous dites,
06:19toutes les victimes
06:20n'ont pas la chance
06:21forcément d'avoir accès
06:24à un procès.
06:25Pourquoi ?
06:25Tout à fait.
06:26Il faut savoir que
06:27dès lors que vous déposez plainte,
06:29il y a une phase d'enquête.
06:31Enquête qui va aboutir
06:33à une orientation pénale.
06:35Qu'est-ce que va décider
06:36le procureur de la République
06:37à l'issue de l'enquête ?
06:38Le procureur de la République,
06:40en fonction de ce qui résultera
06:42de ces éléments,
06:43de cette procédure,
06:44pourra se dire
06:45« Moi, je n'ai pas suffisamment
06:47d'éléments
06:47pour caractériser l'infraction.
06:49Je n'ai pas suffisamment
06:50de témoignages. »
06:51De preuves.
06:52De preuves, pardon.
06:53Mais les preuves,
06:54ça passe aussi
06:55par les témoignages.
06:56Je n'ai pas un auteur
06:58qui reconnaît les faits.
06:59Et même si j'ai une expertise
07:00psychologique qui tente
07:01à dire « Oui, l'état de la victime
07:03est la conséquence aujourd'hui
07:04de ce qu'elle a pu subir
07:05dans le passé,
07:06c'est très compliqué. »
07:07Donc parfois,
07:08dans ces procédures-là,
07:09on se retrouve
07:09« C'est la parole
07:12de l'un contre l'autre
07:13et on n'a pas forcément
07:14d'expertise gynécologique. »
07:16Donc, on aboutit
07:17à un classement sans suite.
07:18Et plus on met de temps
07:20à porter plainte
07:21après ces violences,
07:24plus c'est compliqué, non ?
07:26Alors, c'est toujours compliqué.
07:28Après, il y a aussi
07:29des règles de prescription.
07:31C'est vrai que la loi aussi,
07:33grâce à ces évolutions,
07:35tente à mieux protéger
07:36les victimes d'infraction.
07:36Donc, on a l'allongement
07:37des délais de prescription,
07:38on a une redéfinition du viol,
07:40on a la majorité sexuelle
07:42qui a été définie, etc.
07:43Donc, à tout moment,
07:46si vous voulez,
07:47la victime peut quand même
07:47déposer plainte.
07:48Quand bien même
07:49ça serait prescrit,
07:49il faut qu'elle puisse
07:50faire cette démarche-là.
07:52Voilà.
07:53Merci, Doriane Boulmier.
07:54Je rappelle que vous êtes
07:54responsable du pôle victime
07:56de l'Adavirse dans Lyon.
07:58Merci et bonne journée.
07:59Merci.
08:00Sous-titrage Société Radio-Canada

Recommandations