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"Je ne dors plus" : Viré pour avoir distribué des repas invendus aux SDF, il témoigne
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il y a 5 mois
Avec Sabri, employé licencié (son prénom a été modifié)
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##C_EST_A_LA_UNE-2025-04-15##
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Transcription
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00:00
Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:03
Nous sommes avec Sabri, prénom changé, bien évidemment vous le comprenez.
00:07
Bonjour Sabri.
00:09
Bonjour.
00:10
Merci d'être avec nous.
00:12
Sabri, ça fait combien de temps que vous travailliez à l'aéroport Marseille-Provence ?
00:18
Pratiquement 30 ans.
00:20
Pratiquement 30 ans ?
00:21
Mais vous travaillez pour un sous-traitant de l'aéroport ?
00:27
SSP, c'est le sous-traitant on va dire.
00:30
C'est une entreprise qui fait quoi ?
00:33
En fait, c'est de la restauration spécialisée dans les aéroports ou dans les gares.
00:39
Ils sont arrivés, ils ont récupéré la concession en 2017.
00:43
Voilà, la concession de toutes les...
00:46
Ce qu'on voit quand on est à l'aéroport, de toutes les enseignes.
00:51
C'est ça ?
00:52
Exactement.
00:53
Bon, bon.
00:54
Donc, toutes les enseignes, des enseignes très connues.
00:57
Starbucks, par exemple.
01:00
Mais il y en a d'autres, il y en a d'autres.
01:02
Tiens, citez-les-moi.
01:05
Vous avez Prêt à Manger, vous avez Food, vous aviez...
01:09
Il fut un temps, on avait Burger King.
01:12
On a Ricard.
01:13
Je ne sais pas si vous l'avez vu, on va dire, il est aux arrivées du Terminal 1.
01:18
Ils exploitent encore Échappé-Provence.
01:21
Ils ont plein de grandes enseignes.
01:24
Oui, plein de grandes anciennes.
01:26
Bon, très bien.
01:28
Vous travaillez depuis près de 30 ans pour ce sous-traitant.
01:32
Et depuis un moment maintenant, vous, à la fin de la journée...
01:39
C'est bien à la fin de la journée, ça brille ?
01:42
À la fin de la journée, à la fermeture des points de vente, exactement.
01:45
Que faisiez-vous à la fermeture des points de vente ?
01:47
La plupart des chefs de service, on va dire, des points de vente me connaissaient.
01:53
Ils savaient que j'avais une grande âme.
01:54
Moi, j'ai toujours essayé de lutter contre le gaspillage
01:57
parce que j'estime que quand même, il y a des personnes qui sont en situation,
02:01
on va dire, financière ou morale ou physique, on va dire, assez précaire et assez délicate.
02:08
Pour ne pas jeter, ils m'appelaient et me demandaient, en fait,
02:13
si je pouvais venir récupérer leurs invendus, on va dire,
02:16
qui étaient encore mangeables pendant deux jours ou trois jours.
02:21
Et pour moi, ça me tenait vraiment à cœur à ce que ça n'aille pas à la poubelle.
02:25
Donc, moi...
02:26
Donc, vous récupériez les invendus, les sandwichs...
02:30
Enfin, il n'y a pas que des sandwichs, d'ailleurs.
02:31
Alors, ce qui allait être jeté, qu'est-ce qu'il y avait d'autre ?
02:35
Il y a des plats, il y a des desserts, on va dire,
02:38
vraiment des choses très très bonnes à manger, encore à être consommé.
02:42
Oui.
02:42
Et moi, pour moi, ça me tenait vraiment à cœur à ce que ça n'aille pas à la poubelle.
02:48
Bon, et ça, vous récupériez et vous distribuez ces invendus à qui ?
02:55
Je commençais dans un premier temps, on va dire, par les SDF, parce qu'il y en a pas mal.
03:00
Il y a une recrudescence, surtout en ce moment, on va dire, de personnes,
03:04
on va dire, en situation sans-abri, ni financière, c'est-à-dire des personnes,
03:10
on va dire, en grande difficulté, vraiment en grande difficulté.
03:13
À quoi on est confronté, on va dire, tous les jours et tout le monde les voit.
03:18
Est-ce que la direction de l'entreprise sous-traitante qui vous employez
03:22
savait que vous faisiez cela ?
03:24
Mais bien entendu.
03:26
Mais bien entendu, je vous dis que cette pratique, en fait,
03:29
et je me tuais à le dire, et j'insiste, elle a été coutumière.
03:33
Comment vous voulez qu'en fait, il soit dans l'ignorance ?
03:37
Ça fait pratiquement 30 ans que je suis là-bas que je le fais,
03:39
à la vue de tout le monde, devant les vidéos de surveillance.
03:43
Je suis serein, mais comment vous voulez qu'il soit dans l'ignorance ?
03:46
C'est pas possible, ça tient pas debout.
03:48
Notamment, on va dire, le directeur des opérations, lui en premier,
03:52
lui en premier, qui dit qu'il n'était pas au courant.
03:56
C'est pas possible, c'est pas possible.
03:57
Alors c'est, oui, c'est pas possible.
04:00
Vous n'avez jamais fait d'argent ?
04:02
Vous n'avez jamais demandé en contrepartie de cette nourriture distribuée un peu d'argent ?
04:09
Non, non, non, non, non.
04:11
Et vous avez tout le monde qui peut la tester.
04:14
Non, non, non, ça serait dégueulasse.
04:15
Vraiment dégueulasse.
04:16
Mais je comprends ça.
04:18
La marchandise qui devait aller à la poubelle.
04:20
Comment vous voulez que je soutire, on va dire, un centime ?
04:23
Moi, j'ai fait ça, on va dire, avec cœur.
04:28
Je marche, ça coûte cœur, moi, là-bas.
04:30
Sabri, vous avez été licencié, ainsi qu'un sous-directeur, un chef de service et un manager,
04:36
qui ont également été licenciés.
04:38
Que dit l'entreprise dans un communiqué ?
04:41
L'entreprise dit, je la cite,
04:43
« Nous nous sommes engagés depuis plusieurs années en faveur du don alimentaire et de la lutte contre le gaspillage.
04:48
Cet engagement repose sur des règles de transparence qui garantissent l'équité et le respect des normes d'hygiène.
04:54
Il est de notre entière responsabilité de veiller à ce qu'en aucun cas les dons alimentaires
04:59
ne soient distribués de manière informelle, non encadrée et opaque.
05:03
C'est dans cette exigence de responsabilité que nous avons souhaité mettre fin au plus vite à ces pratiques.
05:09
Que répondez-vous ?
05:10
C'est de l'intox.
05:12
Ils ne se sont jamais engagés pour des dons alimentaires, c'est faux.
05:16
Et de toute façon, on va dire, quand ils vous parlent des normes d'hygiène,
05:20
les articles doivent aller à la poubelle.
05:22
Qu'auriez-vous fait, vous, à ma place ?
05:24
Vous aurez préféré les jeter à la poubelle ou les donner ?
05:27
Oui, c'est vrai.
05:28
Et d'autant en plus qu'on va dire que les articles sont encore mangeables.
05:31
C'est de l'intox, c'est du mensonge.
05:34
Et ils disent qu'ils sont dans l'ignorance, c'est pas possible, je vous le redis.
05:37
Comment ça fait pratiquement trois décennies que je le fais,
05:40
ou qu'on le fait, tous les points de vente de l'aéroport le fait.
05:43
C'est des pratiques, on va dire, que dans tous les aéroports font.
05:46
Alors dans ces cas-là, vous savez quoi ?
05:48
Il faut qu'ils virent tout l'aéroport.
05:50
Il faut qu'ils virent tout l'aéroport.
05:52
Parce qu'on va dire, en fin de service, tout le monde donne.
05:54
Dans tous les aéroports, la pratique est la même.
06:01
Elle est connue.
06:02
Elle est connue.
06:02
Elle est connue.
06:04
Et les personnes qu'on va dire ont un cœur, préfèrent les donner,
06:08
je vais même vous citer, on va dire, aux collègues de travail,
06:12
parce que pas tout le monde a accès au SDF.
06:14
Nous, on est en zone publique.
06:16
Donc nous, on est confrontés à eux.
06:18
Nous, c'est les premières personnes qu'on voit.
06:20
Oui, je suis fier, je le dis, je suis fier, je suis fier, fier, fier de mes actions.
06:25
Si c'était à faire, je le referais.
06:27
Je le referais parce que c'était personne, on va dire que pratiquement tout le monde ignore.
06:33
Ils ont fin toute la journée, ils ont soif.
06:36
Ils viennent, ils nous demandent à boire et à manger.
06:39
Qu'auriez-vous fait à ma place ?
06:41
Vous avez été licencié, vous allez vous battre au prud'homme, j'imagine.
06:48
Pas qu'au prud'homme.
06:49
Pas qu'au prud'homme, croyez-moi.
06:51
On veut laver notre honneur.
06:52
On veut laver notre honneur.
06:54
D'autant plus qu'on a eu, on va dire, le directeur adjoint, on va dire, des opérations
06:58
qui, pour moi et pour mes confrères, ont été traumatisés, on va dire, de l'entretien.
07:05
Moi, jusqu'à maintenant, je ne dors pas.
07:07
Je ne dors pas.
07:09
Je suis sous antidépresseur.
07:10
Je suis obligé de prendre des cachets pour dormir.
07:13
Je ne fais même pas 30 minutes, on va dire, de sommeil par jour.
07:17
Je suis traumatisé, moi.
07:19
Je suis traumatisé de l'entretien et, on va dire, de l'attitude qu'a eue la société.
07:23
Elle a été inhumaine.
07:25
Vraiment inhumaine.
07:25
Merci, Sabri, pour votre témoignage.
07:30
Merci.
07:30
Ce matin, sur l'antenne de Sud Radio, et vous allez réagir, évidemment, 0826 300 300.
07:39
Qu'en pensez-vous ?
07:40
Est-ce que vous auriez fait comme Sabri ?
07:42
Ou est-ce que vous auriez fait comme la direction de cette entreprise sous-traitante de l'aéroport de Marseille ?
07:48
Vous nous le dites.
07:49
Allez-y sur Sud Radio.
07:50
On peut intervenir.
07:51
On peut témoigner.
07:52
C'est heure 19.
07:52
Rappel des titres de l'actualité.
07:54
Laurie Leclerc.
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