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  • il y a 5 mois
Le Syndicat de la magistrature (SM, classé à gauche), attaqué par le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, a dénoncé vendredi «une instrumentalisation politique indigne d'un membre du gouvernement», et appelé Gérald Darmanin «à défendre la liberté d'expression» et sa «légitimité» de syndicat. Face à cela, Arnaud Benedetti, politologue, estime que «la réforme de la justice sera vraisemblablement une question lors de la prochaine présidentielle».

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Transcription
00:00Oui, alors, si vous voulez, le syndicat de la magistrature existe depuis les années 70.
00:04Il a toujours eu manifestement, de toute façon, un combat politique à mener.
00:09En 1981, il a appelé à voter pour François Mitterrand, il ne faut pas l'oublier.
00:12Donc aujourd'hui, il appelle à voter pour le nouveau Front populaire pour faire barrage au Rassemblement national.
00:17J'allais dire, rien de nouveau sous le soleil, malheureusement, du syndicat de la magistrature,
00:21qui est en effet un syndicat qui met en avant des options politiques et des options idéologiques.
00:27En fait, il y a deux sujets.
00:29D'abord, la question de la syndicalisation des magistrats, qui pourrait se poser, en l'occurrence, d'une manière ou d'une autre.
00:34Est-ce que, comme les militaires, ils ne devraient pas être...
00:36Est-ce qu'on peut se poser cette question ?
00:38Et déjà, certains se la posent, en l'occurrence.
00:40Ce n'est pas une question qui doit être taboue en la matière.
00:44Après, c'est la question, si vous voulez, dans le rapport de politique aux juges,
00:48les politiques ont leur propre part de responsabilité depuis un certain nombre d'années.
00:52Si on reprend l'affaire, par exemple, de l'exécution provisoire,
00:55puisque ça a été quand même le grand sujet de la semaine,
00:58qui frappe Marine Le Pen d'inéligibilité immédiatement,
01:02il faut quand même rappeler que ce sont les politiques qui ont voté ce texte en la matière.
01:06Si vous voulez, qu'est-ce qui s'est passé ?
01:08En fait, dans les années 80-90, vous avez toute une vague d'affaires qui touche le milieu politique,
01:15et où l'opinion publique va finalement soutenir les assauts des juges
01:19pour moraliser tout simplement le financement de la vie politique.
01:22Et à ce moment-là, à partir des années 90, finalement,
01:24le pouvoir politique sent que sous la pression de l'opinion et des médias,
01:27il faut, d'une certaine manière, disons, desserrer l'étau de l'autorité judiciaire
01:33et lui permettre de disposer de son indépendance.
01:35Sauf qu'ils ont mis le curseur beaucoup trop loin.
01:37Ils sont allés beaucoup trop loin, et aujourd'hui, d'une certaine manière,
01:40en effet, on est dans un système où, si vous voulez,
01:43le rapport de force dans l'équilibre des pouvoirs est très déséquilibré
01:47et autorise les juges à prendre des décisions, finalement,
01:50qui ont un impact direct sur notre vie démocratique et sur notre vie politique.
01:53Alors, vous avez vu, c'est un sujet un peu différent de celui qu'a traité Jules,
01:56c'est-à-dire le laxisme, prétendu ou non, j'en sais rien,
01:59des juges sur un certain nombre d'affaires.
02:02Mais en tout cas, ce qui est sûr, c'est que ce qu'on constate,
02:05c'est qu'il y a un malaise avec la justice en France.
02:07Toutes les études d'opinion le démontrent.
02:09Les Français n'ont pas confiance dans leur justice
02:11pour des raisons très hétérogènes et très hétéroclites.
02:14C'est que, finalement, ce que l'on est en train de vivre aujourd'hui
02:17renforce ce malaise.
02:19En tout cas, moi, il me semble que c'est une question essentielle.
02:21Et la question de la réforme de la justice sera vraisemblablement
02:25une question lors de la prochaine présidentielle.

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