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  • 09/02/2025

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Transcription
00:00Europe 1 Midi Weekend, l'Enaïc Monnier.
00:02Il est un peu plus d'une heure moins le quart sur Europe 1 et nous abordons la deuxième partie d'Europe 1 Midi Weekend
00:07avec cette prise de parole attendue, celle du Président de la République
00:11dans un contexte de forte turbulence.
00:14Le chef de l'État qui n'a donné aucune interview en 2025 sera interrogé ce soir à 20h30 dans un 20h
00:21sur le thème de l'intelligence artificielle.
00:23Voilà sur quoi il va s'exprimer.
00:25Il a d'ailleurs posté une vidéo ce matin sur ses réseaux sociaux.
00:29Nous sommes à la veille de l'ouverture d'un grand sommet sur l'IA à Paris au Grand Palais.
00:35Et pour nous en parler, Gilles Babinet, coprésident du Conseil National du Numérique.
00:39Bonjour. Bonjour.
00:41Alors, il faut y aller à fond sur l'IA.
00:43C'est ce qu'expliquait Emmanuel Macron.
00:44Y aller à fond, oui, mais y aller à temps, c'est une autre question.
00:47Est-ce que la France n'a pas été un peu longue à la détente sur le sujet ?
00:52Oui, en général, les pays européens ont été plutôt long à la détente.
00:56C'est-à-dire que ce que je dis assez souvent, c'est que les Américains se sont mis sur les sujets de la révolution des systèmes d'information
01:03quasiment dans les années 70.
01:06Et l'Europe a commencé à prendre ça au sérieux plutôt il y a 15-20 ans.
01:11Donc c'est une différence temporelle que l'on paye aujourd'hui.
01:14C'est-à-dire que nous, on s'y est mis à peu près au moment où les GAFA étaient déjà bien installés outre-Atlantique ?
01:19Exactement.
01:21On n'a absolument pas pris la bonne mesure de ce qui était en train de se passer.
01:24On est resté sur des technologies propriétaires, comme le Minitel par exemple.
01:29Et donc on a pris beaucoup de retard.
01:31Alors la santé économique de la France n'est pas à son meilleur niveau.
01:34Est-ce que, Gilles Babinet, ça a pu freiner aussi les investissements dans tout ce qui est du domaine de l'intelligence artificielle ?
01:40Oui, il y a des différences structurelles très très fortes quand on observe l'économie des Etats-Unis et celle de la France.
01:47Un facteur qui a probablement pas mal joué, c'est la structure du système de retraite.
01:53Vous n'êtes pas sans savoir qu'aux Etats-Unis, il est par capitalisation.
01:57Et par conséquent, il investit beaucoup dans l'innovation.
02:00Alors que nous, il est par répartition.
02:03Évidemment, c'est tout un tas de raisons historiques qui nous ont valu ça.
02:08Mais qui fait qu'aujourd'hui, c'est difficile de financer l'innovation.
02:11Alors, on parle des Etats-Unis. Vous parliez, Gilles Babinet, des Etats-Unis.
02:15J'ai l'impression que les pays du Golfe et la Chine ne sont pas en reste quand il s'agit également de développer l'IA ?
02:21Oui, pour des raisons différentes.
02:24La Chine a une logique extrêmement productiviste.
02:27Et donc, elle s'est beaucoup intéressée à ces technologies depuis les 20-25 dernières années.
02:34Il y a eu un moment extraordinaire.
02:36C'est le moment où le champion chinois du jeu de go s'est fait battre.
02:41Et une prise de conscience qui a abouti au grand discours de Xi Jinping en 2017 et au grand plan pour l'intelligence artificielle doté de 105 milliards de dollars.
02:50Et puis, les pays du Golfe, c'est une logique assez différente.
02:52Ils savent très bien que le pétrole va toucher à sa fin un jour.
02:57Et ils cherchent des domaines de substitution.
03:00Ils voient l'intelligence artificielle comme un secteur absolument prioritaire.
03:04Et ils investissent vraiment lourdement dedans.
03:06Et alors, est-ce qu'il n'y a pas aussi le problème ?
03:09On a interrogé un petit peu les auditeurs d'Europe 1 ce matin sur leur avis sur l'intelligence artificielle.
03:15On sent une espèce de frilosité, de crainte.
03:18Est-ce que c'est typiquement français, ça aussi ?
03:20Non, et c'est assez surprenant.
03:22Il y a eu des sondages qui ont été faits aux Etats-Unis qui montrent que l'inquiétude des Américains à l'égard de l'intelligence artificielle est supérieure que celle des Français.
03:32Elle est légèrement supérieure.
03:34Et donc, oui, les nations qui ont eu une très très forte désindustrialisation, la France et les Etats-Unis en particulier, sont probablement un peu plus rétifs.
03:42Parce que finalement, la perception, c'est que les révolutions technologiques ne sont pas forcément favorables aux gens qui ne sont pas forcément des cols blancs.
03:54Et donc, il faut s'en méfier.
03:56Alors, quels sont les enjeux, si on veut résumer un petit peu pour la France de ce sommet sur l'intelligence artificielle, Gilles Babinet ?
04:04Qu'est-ce qu'on joue, nous ?
04:06Alors, nous, d'abord, on joue le fait de communiquer, comme vous le faites actuellement sur votre antenne, à l'égard des enjeux de l'IA et de faire en sorte qu'on ait une culture collective qui se crée.
04:17C'est très important. Le Conseil national numérique où je travaille développe également les CIA dans cette dynamique.
04:23C'est aussi le fait de, finalement, faire des grands accords internationaux et bilatéraux et européens, de faire des annonces importantes à cet égard.
04:35Je pense qu'il y a un troisième facteur qui joue beaucoup, c'est, finalement, quand vous mettez pendant trois jours un écosystème, vous le resserrez, vous faites en sorte que tout le monde se rende compte,
04:45il y a des choses tout à fait inattendues qui naissent, des partenariats qui se créent.
04:50Et je crois que, finalement, ces trois facteurs liés justifient que l'on fasse ce grand sommet, qui, pour ma part, je pense que sera, si je peux prendre un petit risque, probablement un succès.
05:03Merci beaucoup Gilles Babinet, co-président du Conseil national du numérique. On vous lit également avec votre dernier ouvrage Green IA, l'intelligence artificielle au service du climat.
05:14C'est sorti en 2024 chez Odile Jacob.

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