00:00Les anciens disent que toute parole est parole.
00:03Mais la parole n'est belle que dans la bouche de ceux qui savent d'une forme, fond, sens et vie.
00:11Les anciens disent aussi que le taureau qui s'échappe se rattrape.
00:15Mais la parole qui s'échappe ne se rattrape guère, la parole échappe et peut conduire à la guerre.
00:20La parole en lui-même est celle qui est claire, qui enseigne et qui conseille.
00:26Ce n'est pas les anciens, c'est moi-même.
00:29Je m'appelle Awassa, je suis un artiste, conteur, comédien bouddhinabe et consultant
00:58chargé de prolifier les communications.
01:01J'ai fait mon bac en Côte d'Ivoire, je suis arrivé au Bouddhina ici, je me suis inscrit dans une université publique,
01:07l'université Thomas Sankara, d'où je suis sorti avec une licence en droits privés.
01:13D'abord il faut dire que moi, de base, je suis un amuseur public.
01:19J'aime faire rigoler mes amis et tout ça.
01:22Et c'est quand j'étais inscrit à l'université, avec mes amis, je racontais des blagues comme ça
01:27et je faisais rire mes camarades.
01:31Et c'est eux qui me disaient que je suis comédien, voilà, qu'est-ce que tu veux dire, je ne suis pas comédien.
01:37Et ça m'a donné en fait une idée.
01:40Et en 2019, j'ai créé mon groupe de web comédien, qui s'appelait à l'époque Les Deux Cafés Comédiques.
01:49Et on a commencé à tourner des vidéos comme ça, on a même eu un réalisateur qui vit désormais à Bijan.
01:55On a eu des vidéos même qui ont franchi la barre de 200 000 vues et tout ça.
01:59Et ça a été comme ça, avec l'équipe et tout ça, tout ça.
02:03Et puis après, on a été confronté à des difficultés comme vous-même, vous savez que dans le milieu c'est pas facile.
02:10Il y a notre réalisateur qui a perdu son père, qui est rentré en Côte d'Ivoire et il n'est plus revenu.
02:17Donc ça a cassé en fait le moral de l'équipe.
02:21Et moi j'ai acheté une caméra pour faire revenir en fait le maman de l'équipe.
02:27Mais ce n'était pas facile parce que chacun était de l'autre côté et tout ça.
02:31Donc voilà, c'était comme ça.
02:34Et puis il y a mon grand frère aussi qui est dans le domaine depuis.
02:39Et moi quand j'étais en Côte d'Ivoire, on s'appelait et tout ça, qui s'appelle KPG.
02:51Kaïto, dans mon village il y a deux lois.
02:55La première loi dit qu'il est strictement interdit d'appeler le prénom de qui que ce soit au cimetière.
03:01Parce que si on vous appelle par votre prénom, le lendemain vous allez mourir.
03:06Il organisait comme ça un concours de comptes réinventés.
03:10Et moi je lui ai envoyé un texte où j'ai dit à grand frère moi je veux participer à ce concours-là.
03:14Et puis il m'a dit que si ça me dit je peux venir participer.
03:17Et c'est comme ça que je commence à connaître en fait.
03:22Je connaissais les comptes.
03:24Parce que quand on était petit on nous racontait des histoires.
03:27Notre papa nous racontait des histoires, la maman.
03:29Chaque soir on nous racontait des histoires comme ça.
03:32Mais je ne savais pas que compter comme ça pouvait être un métier en fait.
03:38Moi mon frère je pensais que c'était un comédien comme ça.
03:42Il ne savait pas que compter c'était un métier.
03:45Donc je participe au concours de comptes réinventés.
03:48Je pense que je suis sorti.
03:53Je ne sais pas mais je pense que je n'ai pas été à la hauteur.
03:58Parce que c'était ma première fois de m'arrêter devant un public.
04:04Après ce concours-là, je passais du temps avec lui.
04:09Il nous donnait des cours sur les comptes.
04:12Il nous a appris à raconter des histoires.
04:15Et quand il avait des spectacles, il nous permettait de faire les premières parties.
04:19Donc moi ça m'a forgé.
04:21Et ça m'a donné encore la force de connaître encore les comptes.
04:27Quels sont les éléments qui composent un compte et tout ça.
04:31Donc c'est à partir de là que je commence à rentrer dans la peau d'un compteur.
04:42Il y a très très longtemps.
04:44Je m'inspire du bon et du mauvais.
04:47Si je vois un comportement, un bon comportement,
04:50je peux m'inspirer de ça pour écrire une histoire pour la raconter.
04:55Si je vois un mauvais comportement,
04:58je peux m'inspirer de ça pour écrire une histoire et la raconter.
05:03Maintenant, je raconte mes histoires en français.
05:08Maintenant, je raconte mes histoires en fonction du public qui est en face de moi.
05:15Si ce sont des enfants, je trouve des histoires traditionnelles comme ça pour les raconter.
05:24Mais je crée beaucoup.
05:26Je fais des comptes de création.
05:28Et les comptes de création, c'est plus pour les grandes personnes.
05:33Donc au-delà du voisinage,
05:37au-delà du voisinage,
05:39quelque part, le vivre ensemble n'est pas l'affaire de quelque part, de nulle part.
05:43Je suis celui-là qui cherche toujours à m'améliorer.
05:49Donc ça m'amène à écouter beaucoup de compteurs.
05:54Notamment, il y a une grande compteuse qui est notre grand-mère,
05:59qui s'appelle Amoine, qui est en Côte d'Ivoire.
06:03Elle, je l'écoutais beaucoup.
06:05Quand je commençais, je l'écoutais beaucoup.
06:07Je voyais ce qu'elle faisait avec les enfants et ça m'a beaucoup influencé.
06:12Et aussi, mon grand-frère qui m'a beaucoup influencé aussi par sa manière de créer ses projets artistiques.
06:23Lui m'a beaucoup influencé aussi.
06:26Et j'écoute aussi des compteurs qui sont aussi légales.
06:33J'écoute plein de compteurs pour me permettre de me perfectionner davantage.
06:41Je m'inspire de ce que je vois.
06:43Là, actuellement, par exemple, je suis en train de travailler sur mon tout premier spectacle
06:49qui va durer une durée de 1h30.
06:53Et je me suis inspiré de la situation actuelle du pays pour sortir cette création-là.
07:01J'ai déjà fini l'étape de l'écriture
07:03et actuellement, je suis en train de voir avec le métier d'enseigne des sonographes
07:08pour structurer encore ce projet artistique-là.
07:13Sinon, moi, mon inspiration, je n'ai pas...
07:16Non, je m'inspire de ce qu'il y a autour de moi, de ce que je vois.
07:21Je travaille beaucoup aussi avec les enfants dans les écoles, dans les espaces culturels.
07:27Si le public est en face de moi, c'est les enfants,
07:31il y a des thématiques que j'utilise pour permettre aux enfants de comprendre ce que je veux dire.
07:39Et les thématiques, je peux les citer.
07:43Le bien, le mal, il faut faire ça, il ne faut pas faire ça.
07:47Parce que la base même du compte, c'est la transmission, c'est l'éducation.
07:53Donc, je choisis des thèmes comme ça.
07:56Souvent aussi, on nous recommande, les promoteurs qui nous contactent aussi nous recommandent,
08:00ils nous donnent des thèmes.
08:02Mais nous, on a déjà nos comptes et quand on nous demande, est-ce que vous pouvez...
08:07Nous, on a déjà tout ça.
08:09Même si on nous demande de créer une histoire tout à l'heure pour la raconter,
08:14on nous donne un thème.
08:16En ce moment, on va commencer à écrire, on a déjà des comptes qui sont là et voilà.
08:22Alors, je vais vous raconter une toute petite histoire.
08:25C'est l'histoire de la gomme et du créneau.
08:29Un jour, la gomme en avait marre de rester toujours chez elle.
08:33Et la gomme voulait se faire des amis.
08:35Alors, la gomme s'est fait son abri voyage et a commencé à marcher, marcher, marcher.
08:42Et, c'est son chemin, la gomme appelait soi le créneau.
08:46Et la gomme était joyeuse et tellement contente de voir enfin un ami.
08:50Et la gomme qui a dit, bonjour mon ami, le créneau et le créneau qui s'est retrouvé comme ça,
08:56qui a dit à la gomme, qui est ton ami ?
08:58Est-ce que quand tu me regardes, je ressemble à ton ami ?
09:02Petite ministre gomme.
09:05Et la gomme dit, mais pourquoi tu ne m'aimes pas ?
09:11Mon public cible, c'est tout le monde.
09:15Mon public cible, c'est tout le monde de façon générale.
09:19Maintenant, l'enfant c'est l'avenir.
09:30Et qui dit conte, il parle de l'enfant.
09:33Parce que si on voit bien le conte, avant nos grands-mères racontaient,
09:39autour du feu, nos grands-mères racontaient les histoires aux enfants.
09:43Pour éduquer les enfants, transmettre ces valeurs-là aux enfants.
09:48Mais aujourd'hui, le conte a évolué.
09:51Et avant, ce n'était pas évident de voir en fait un jeune comme ça,
09:54qui va s'asseoir, qui va dire que non, je suis un conteur.
09:57On va lui demander c'est quoi un conteur et tout ça.
09:59Parce qu'on voyait que c'était des grands-mères qui racontaient les histoires.
10:02Mais aujourd'hui, le conte est devenu un métier où on voit des jeunes qui deviennent des conteurs.
10:11On voit des jeunes filles, on voit des personnes comme ça qui sont des conteurs.
10:16Donc ça veut dire que le conte a quitté le village, même s'il est toujours au village.
10:21Et aujourd'hui le conte est arrivé en ville.
10:24Donc quand je dis que mon public cible, c'est tout le monde de façon générale.
10:28D'abord, je travaille aussi plus avec les enfants, les jeunes publics.
10:33Je travaille avec les jeunes de mon âge.
10:38Parce que moi je suis jeune aussi.
10:39C'est pour ça que vous n'allez pas me voir porter un boubou comme ça en train de raconter des histoires.
10:47Si on me dit que je vais rentrer par exemple dans une boîte de nuit pour raconter une histoire,
10:51je vais raconter cette histoire-là.
10:53Et je vais m'inspirer de ce que je vois dans la boîte pour raconter des histoires et savoir rentrer.
11:01Et je peux raconter aussi des histoires à des personnes âgées.
11:07Donc moi, de façon générale, je raconte des histoires pour tout le monde.
11:11Même si je raconte des histoires pour les enfants,
11:14s'il y a des grandes personnes qui sont là, ils vont trouver des éléments qui eux les intéressent.
11:20Un adulte assis, voire plus loin qu'un jeune.
11:23Un adulte assis, voire plus loin qu'un jeune.
11:26Des histoires.
11:28Et il y a Coco qui dit à sa mère,
11:30« Alors écoute maman, de toutes les façons, moi je vais m'aventurer dans la savane.
11:34Je vais quitter ici parce que je m'étouffe. »
11:37Et sa mère qui lui dit encore,
11:40« Écoute Coco, tu n'as pas à me parler comme ça parce que je suis ta mère.
11:44Ne t'aventure pas dans la savane. Dans la savane, il y a des animaux dangereux.
11:48Dans la savane, il y a des lions.
11:52Dans la savane, il y a des guépards.
11:54Dans la savane, il y a des serpents.
11:57Il n'y a pas encore des loups.
12:00Il n'y a pas encore des panthères.
12:04Des cobras.
12:06Nous les jeunes fronteurs, on a besoin de soutien.
12:10Parce que ce n'est pas facile.
12:13On a besoin de soutien de nos dévancés.
12:16On a besoin de soutien de nos dévancés.
12:19Si on nous soutient,
12:22dans le temps, je pense que nous, les jeunes, on peut créer encore plus.
12:26Moi, ça fait depuis trois ans que je prépare mon spectacle et je n'ai pas encore fini.
12:31Ça veut dire que ça demande en fait des moyens.
12:36Il faut mobiliser les gens, il faut payer les gens et tout ça.
12:41Je n'ai même pas de partenaire.
12:44C'est ma structure qui porte le projet.
12:47Je n'ai pas de partenaire.
12:49Donc, j'avance comme je peux.
12:52Et ça, ce sont les difficultés que nous, on rencontre.
12:58Sinon, si on dit par exemple qu'il y a un spectacle de contes,
13:03les gens veulent écouter le conte.
13:07Je ne peux pas dire qu'ils ne respectent pas le conte,
13:11mais je vais dire en fait que,
13:14de la manière qu'ils voient le rappeur qui vient faire son show,
13:17c'est comme ça qu'on est venu nous voir venir.
13:21Parce que nous, avant de venir raconter, il faut crier,
13:24il faut écrire des répétitions et tout ça.
13:27Donc, c'est un gros travail d'abord avant de monter sur scène.
13:31Mais je me dis qu'il n'y a pas trop d'élévation pour les conteurs.
13:38On ne soutient pas trop les conteurs.
13:41Mais je pense que ça va venir.
13:45Nous, c'est notre défi aussi comme ça.
13:49Malgré les difficultés, on doit toujours bosser, bosser.
13:53Et les gens finissent par comprendre le travail que nous faisons.
13:58Et à ce moment-là, je pense qu'ils vont respecter,
14:01ils n'auront même pas le choix.
14:03Il ne faudrait pas qu'on fasse de la pépère.
14:05Il ne faudrait pas qu'on fasse de la pépère.
14:07Si on veut, par exemple, sortir un spectacle de contes,
14:10il faut qu'on fasse de telle sorte que ça soit vraiment du jour,
14:13comme disent les rappeurs.
14:16Quand c'est comme ça, quand les gens voient le travail qui est derrière,
14:19même si on a besoin de toi pour un spectacle,
14:22le cassez, ça va se discuter.
14:24Et aussi, il faut aussi, ça c'est une suggestion,
14:27que le promoteur arrive à se faire valoriser.
14:35Moi, par exemple, j'ai décidé de bosser avec mon équipe,
14:39deux musiciens, quand on a besoin de moi.
14:42Je suis avec ces deux musiciens-là.
14:45Et si on a besoin de moi, il y a une barrière que j'ai mise.
14:49Si le promoteur n'a pas ce travail, je ne peux pas aller.
14:53Donc, je pense que ça aussi, c'est des petits éléments
14:56que nous, le promoteur, on peut mettre en place
14:59pour permettre au promoteur de respecter encore notre travail.
15:06Alors, je vais vous raconter une toute petite histoire.
15:08C'est l'histoire de la gomme et du créneau.
15:12Un jour, la gomme en avait marre de rester toujours saisie.
15:16Et la gomme voulait se faire des amis.
15:18Alors, la gomme s'est fait son charcuterie
15:22et a commencé à marcher, marcher, marcher.
15:25Et chez elle, la gomme a appelé son ami.
15:29Et la gomme était joyeuse, tellement contente de voir l'ami.
15:33Et la gomme a dit, « Bonjour, mon ami, le créneau, le créneau. »
15:37C'est un retour comme ça qu'elle a dit à la gomme,
15:40« Qui est ton ami ? Est-ce que quand tu me regardes,
15:43je ressemble à ton ado ? »
15:45Petite gomme, petite gomme.
15:49Et la gomme dit, « Mais, pourquoi tu ne m'aimes pas ? »
15:53Et le créneau dit, « Je ne t'aime pas parce que tu effaces ce que j'écris. »
15:57Et la gomme a dit au créneau,
16:00« Effacez les erreurs et viens t'écrire ce qui est juste. »
16:04Moi, c'est mon rôle en tant que gomme d'effacer les erreurs.
16:08Et il y avait le créneau qui continuait de dire,
16:10« Est-ce que tu sais comment moi, je gagne mon inspiration pour écrire,
16:14et toi, tu ne fais qu'effacer, tu ne fais qu'effacer.
16:17J'aime ma petite minuscule gomme. »
16:20Et la gomme a dit au créneau encore,
16:24« Cher ami, effacez les erreurs, reviens t'écrire ce qui est juste. »
16:30Et le créneau est resté si intense.
16:34Le créneau a passé quelques moments de silence,
16:37et après le créneau a commencé à observer la gomme.
16:41Et la gomme observe aussi le créneau.
16:43Et après le créneau a dit à la gomme,
16:45« Je vois que tu diminues chaque jour quand tu effaces. »
16:49Et le créneau a dit,
16:51« Effectivement, je diminue chaque jour quand j'efface les erreurs,
16:55parce que je sacrifie une partie de moi pour effacer tes erreurs. »
17:00Le créneau est resté encore silencieux.
17:04Chez nous, à Naurio, on dit,
17:06« Gomme d'effacer les erreurs. »
17:08Le créneau est resté silencieux.
17:11Et après, le créneau a commencé à s'observer lui-même.
17:14Et le créneau a regardé sa tête, sa poitrine, ses pieds, et tout.
17:18Et le créneau a dit à la gomme,
17:21« Et je constate aussi que moi, je diminue quand je crie. »
17:26Et la gomme a souri.
17:29Et la gomme a regardé le créneau et a demandé au créneau,
17:35« Tu me détestes toujours ? »
17:38Et le créneau a dit à la gomme,
17:40« Je ne peux te détester si nos sacrifices nous ont tués. »
17:45Alors, je voudrais, à travers ce conte,
17:50dire dans ma vie,
17:54si vous ne pouvez pas être une gomme
18:00pour effacer les erreurs des autres,
18:05soyez un créneau pour écrire le bonheur.
18:12Et que la paix et la stabilité
18:16gagnent à jamais notre ciel.
18:19Merci beaucoup.