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  • 06/01/2025

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00:00Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le responsable d'Europe en studio.
00:05Bonjour Julien Pichonnet.
00:11Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:13Mais dites-moi, quel est cet indicateur ?
00:15Il est l'heure d'aller se coucher Dimitri.
00:17C'était l'indicatif de la fin des programmes que la première direction d'Europe n°1
00:21avait commandé à Maurice Jarre et à Raymond Lefebvre,
00:25grand chef d'orchestre et compositeur plus tard de musique de film.
00:28Il a composé notamment la musique du gendarme de Saint-Tropez dans un tout autre genre.
00:32Et ils avaient composé un chef-d'oeuvre carrément.
00:34On leur avait demandé un petit indicatif et ils ont fait cette musique magnifique
00:37qui clôturait chaque jour à 23h des programmes d'Europe n°1
00:41puisqu'il n'y avait pas de programme la nuit au début.
00:43Voilà, c'est ce qu'on entendait à la radio le 1er janvier 1955 au soir
00:47après cette première journée de diffusion de cette nouvelle radio
00:51qui se met à émettre dans toute la France.
00:53C'est une station qui va changer la radio française.
00:56Les Français, franchement, n'avaient jamais entendu ça.
00:58On leur avait jamais parlé comme ça.
01:00Et cette radio, évidemment, c'est Europe n°1 qui va devenir Europe 1.
01:04Vous avez travaillé comme un fou, Julien, ces derniers mois
01:06pour raconter aux auditeurs d'Europe 1 cette aventure dans un nouveau podcast
01:09qui s'appelle l'incroyable histoire d'Europe 1.
01:12Le premier épisode est disponible depuis ce matin.
01:15En résumé, Julien Pichenay, il y a un avant et il y a un après
01:19la naissance d'Europe 1 dans l'histoire de la radio française.
01:21Oui, dans l'histoire de la radio et même dans l'histoire des médias déjà tout simplement
01:24parce qu'effectivement, sur Europe n°1, on parlait normalement comme dans la vie.
01:28Alors, vous allez me dire, oui, c'est normal, c'est le cas aujourd'hui partout.
01:31Mais non, à l'époque, ce n'était pas le cas parce qu'il y avait des speakers.
01:34C'étaient des speakers qui annonçaient les informations, les nouvelles sur les autres radios.
01:39Donc, ce n'étaient pas des journalistes.
01:41Ce n'étaient pas les journalistes eux-mêmes qui avaient écrit les nouvelles, les papiers.
01:44Avec ce ton très compassé, c'est ça.
01:46Avec un ton extrêmement empoulé, ankylosé, même un petit peu vieillot déjà,
01:50même en 1955.
01:52Parce qu'Europe n°1 a tout changé, a apporté une décontraction totalement inédite et nouvelle.
01:59Et à l'époque, ce n'était pas évident de bouleverser les codes.
02:02On était quand même bien ancrés dans nos habitudes.
02:05Alors, qui a inventé Europe 1 ?
02:07Eh bien, c'est un homme assez mystérieux qui s'appelle Charles Michelson
02:10qui a un parcours assez étrange.
02:12Il a 54 ans quand il est né.
02:14C'est un juif roumain qui avait été emprisonné pendant la guerre sous le régime de Vichy.
02:19Il s'est évadé, il est allé aux Etats-Unis, il est revenu en France.
02:21Il a été indemnisé après Vichy.
02:23C'est le créateur de Télé-Montecarlo.
02:25Exactement, et puis il voulait au départ créer une télévision Europe n°1.
02:29On aurait dû être à la télévision, Dimitri peut-être aujourd'hui, s'il avait réussi son projet.
02:33Et puis la radio, c'était le projet n°2.
02:35Mais il s'est rendu compte finalement que c'était plus viable de se lancer dans une nouvelle radio.
02:39Et lancer une radio en 1954-1955, c'est fou.
02:44Parce que le paysage radiophonique à l'époque, il est rikiki, il faut le dire.
02:47Il y a la radio d'Etat, il y a Radio Luxembourg, et puis c'est tout.
02:50Il n'y a rien d'autre.
02:51Et en télé, il n'y a qu'une seule chaîne.
02:53Et il n'y a qu'un pour cent des Français qui ont la télévision à l'époque.
02:56Donc c'est vraiment un paysage radiophonique et tout petit.
02:58C'est la presse écrite qui est toute puissante à l'époque.
03:00Et il y croit, il se dit que c'est l'avenir.
03:02Et Europe 1 va commencer à émettre depuis l'Allemagne.
03:04C'est un peu bizarre.
03:05Oui, alors il fallait que l'émetteur soit à l'étranger, hors du territoire français, pour échapper au contrôle.
03:11On pouvait émettre en France.
03:13Oui, mais depuis l'étranger.
03:15D'où le nom de Radio Périphérique.
03:16Exactement, c'est pour ça qu'on appelle ça Radio Périphérique.
03:19Et c'est pour ça aussi qu'Europe 1 s'appelle Europe 1.
03:21Parce qu'il y avait une dimension européenne.
03:23L'émetteur était en Sars, près de Sars-Brouc, juste derrière les frontières françaises.
03:28Parce qu'il n'était pas possible de placer cet émetteur, par exemple, à Paris.
03:31Parce que c'est l'État qui contrôlait, qui avait le monopole.
03:33Alors, le 1er janvier 55, c'est le début d'émission d'Europe 1.
03:37Comment ça se passe, les débuts ?
03:39C'est très chaotique.
03:40Vous avez dit qu'on n'a pas entendu l'indicatif de Moris Jard dès le 1er janvier.
03:43Alors, ça varie selon les sources, mais ça a duré une demi-heure, le 1er janvier 55.
03:47C'est pour ça que l'anniversaire, c'est le 1er janvier, c'est le 3 janvier, c'est le 5 janvier.
03:51C'est tout le mois de janvier.
03:52Ça commence à 6h30, mais à 7h, c'est fini déjà.
03:54Parce qu'il y a des coups de téléphone.
03:56Parce que ce n'était pas évident de trouver sa place sur les ondes.
03:59Et on brouillait l'émetteur phare de l'aéroport de Genève,
04:04qui a donc téléphoné à Europe 1 en disant
04:06« Arrêtez tout de suite, les avions ne peuvent plus atterrir, ne peuvent plus décoller. »
04:08Donc évidemment, ça a créé des problèmes.
04:09Il a fallu arrêter au bout d'une demi-heure seulement,
04:11les programmes d'Europe n°1.
04:13Le temps de passer à un disque, de dire bonjour,
04:15que vous l'avez repassé tout à l'heure, et puis c'était fini.
04:17Et on est revenu deux jours après.
04:20Si cette histoire vous intéresse, vous qui nous écoutez,
04:22vous allez écouter l'incroyable histoire d'Europe 1,
04:25le podcast de Julien Pichenay, parce qu'il y a vraiment tous les détails.
04:27Mais il y a quelque chose qui est très intéressant.
04:29Vous racontez, Julien, qu'Europe 1, c'est la fusion de trois innovations.
04:34Le transistor, le nagra et le microcyan.
04:37Ça veut dire quoi ?
04:38Le microcyan, c'est le disque qui est importé des États-Unis.
04:43Effectivement, les vieux 78 tours sont remplacés par les 45 tours.
04:46On vend énormément de disques, ce qui va mettre la puce à l'oreille des premiers dirigeants.
04:50Tiens, ici, on passait de la musique, beaucoup de musique.
04:52Il n'y avait pas de musique à la radio ?
04:54De la musique classique, des aires d'opéra, etc.
04:58Mais il n'y avait pas Gilbert Bécaud et les dernières nouveautés, si vous voulez.
05:04Europe 1 va miser là-dessus, sur ces chansons écoutées par les jeunes.
05:08Le nagra, du polonais enregistrera, ça veut dire enregistrera.
05:12C'était des petits magnétophones portatifs
05:14qui permettaient aux journalistes de sortir plus facilement sur le terrain.
05:18C'est le matériel de reportage, le nagra.
05:20Voilà, qu'on connaît aujourd'hui.
05:21Mais avant, pour sortir sur le terrain, ça paraît totalement banal aujourd'hui.
05:24Dimitri, vous m'envoyez aujourd'hui un reportage n'importe où dans Paris,
05:27je vais y aller tranquillement.
05:28Mais en 1954, si j'avais dû faire ça, j'aurais dû me trimballer 40 kilos de matériel.
05:34Donc c'était compliqué, si vous voulez.
05:35Puis en plus, il fallait rester près du camion émetteur.
05:37Donc ce n'était pas possible.
05:38Donc ça, ça va tout bouleverser.
05:39Et Europe 1 était la première radio à miser sur l'utilité et l'importance du nagra.
05:44Ils en ont acheté plein à l'époque.
05:45Et ils envoyaient tous les reporters partout.
05:47Et Europe 1 va aussi inventer Anissa Haddadi, il faut le dire.
05:51Les meneurs de jeu, évidemment.
05:53C'est ce qu'on appelle les meneurs, les meneuses de jeu.
05:55Tout à fait, qui ont un rôle très particulier.
05:57C'est quoi les meneuses de jeu ? Racontez-nous Julien.
05:59Il fallait vraiment parler aux auditeurs, être plus près de leurs préoccupations,
06:04les tenir par la main, s'asseoir.
06:06C'était l'image qui était donnée à l'époque.
06:08On s'assoit sur le canapé des auditeurs et on leur parle à l'oreille.
06:11Et on le disait, les speakers, vous nous avez parlé,
06:14ceux à qui on donnait les dépêches et qui lisaient pour le compte des journalistes les informations,
06:18c'était la lune.
06:19C'était quelque chose de très froid.
06:21C'était assez glacial.
06:22Et en face, il y avait les soleils, les meneurs, les meneuses de jeu.
06:25Il fallait surtout parler normalement, être très très loin.
06:29On revient à ça de ce ton qu'on passait employé par les autres radios.
06:33On va apprendre aussi en vous écoutant que Léon Zitrone va être recalé au casting
06:38qui va inaugurer la station Europe 1 le 1er janvier 55.
06:41Ça fait partie des petites anecdotes.
06:43Toutes ces petites anecdotes, je les ai piochées dans les biographies des personnes intéressées.
06:47Les premiers castings pour Europe 1 à la fin de l'année 54 ont été très difficiles
06:52parce que personne n'avait jamais parlé dans un micro ou presque.
06:54Il fallait trouver des journalistes qui s'acclimatent rapidement à ce nouvel outil.
07:00Ce n'était pas évident parce que ce n'était pas dans les habitudes de parler
07:03comme on le fait en ce moment, Dimitri, sur un ton décontracté.
07:06Donc Léon Zitrone, ça n'allait pas le ton qu'il avait employé.
07:09On lui a dit merci, au revoir, mais après il a bien rebondi je crois.
07:11Vous le faites très bien de parler, vos auditeurs d'Europe 1, Julien Pichenay en tout cas.
07:14Et vraiment, je vous invite à écouter cette incroyable histoire d'Europe 1
07:18que vous signez en podcast Europe 1.
07:20Premier épisode qui sort aujourd'hui, c'est en trois parties.
07:24Et c'est passionnant.
07:25C'est une vraie plongée dans la société de l'époque que vous nous racontez, Julien Pichenay.
07:29On a des images qui viennent avec l'histoire, l'incroyable histoire d'Europe 1.
07:32C'est célébrer aussi l'identité d'Europe 1, cette radio libre qui cherchait déjà à l'époque
07:37d'être libre et à ne pas être assujetti au contrôle de l'État.
07:41C'était le but aussi d'Europe numéro 1 à l'époque.
07:43Donc c'est très important de revenir à ses origines aujourd'hui
07:45parce qu'on constate qu'on y est 70 ans.
07:47La radio libre, ça me rappelle.
07:49Merci beaucoup Julien Pichenay.
07:51C'est à découvrir sur votre appli Europe 1, sur vos plateformes de podcast.
07:54L'incroyable histoire d'Europe 1.
07:55Merci beaucoup Julien Pichenay.

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