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  • il y a 11 mois

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00:00Europe 1 Essay News, 9h-9h30, l'heure des pros, Eliott Deval.
00:11Bonjour à tous, ravi de vous retrouver sur Europe 1 jusqu'à 9h30 et Essay News jusqu'à 11h.
00:17A la une de l'heure des pros ce matin, c'est une crèche à 1 000 euros par jour.
00:21Le maire de Boquer préfère payer l'amende journalière plutôt que de retirer sa crèche,
00:25comme l'exige le tribunal administratif de Nîmes, saisi par la LDH, ligue biberonnée aux subventions publiques.
00:32Le maire de Boquer a sollicité sa population par un vote citoyen pour ou contre la crèche dans la mairie.
00:39Il a recueilli 98,58% de oui.
00:43A Boquer, une crèche provençale fait partie du patrimoine.
00:46Ses centons sont intimement liés aux traditions.
00:50La LDH n'a-t-elle pas de sujet plus urgent, plus grave pour protéger et défendre la laïcité ?
00:57Il y a dans cette affaire un mélange d'absurde, de grotesque et de lâcheté.
01:01J'attends toujours de savoir ce que pense la LDH quand son vice-président, Arie Halimi,
01:06relaie les insultes d'un auditeur de France Inter contre le ministre Manuel Valls, comparé à un étron.
01:13Dans une tribune, le sénateur Stéphane Leraudulier rappelle que la laïcité n'est pas l'effacement des racines culturelles.
01:19Il serait 35 sénateurs à envisager une proposition de loi pour défendre ces crèches et modifier la loi de 1905.
01:26Le maire de Boquer ne tremble pas. Il a d'ailleurs lancé un appel aux dons pour la crèche de 2025.
01:31Interrogée par France 3, une habitante de Boquer a eu la réaction qui résume tout.
01:36Je la cite.
01:37J'ai l'avis qu'enfin nous soyons consultés pour ce qui n'est pas un petit détail, parce que nous sommes tous touchés.
01:42C'est 1000 euros d'amende par jour, mais si on la garde, on saura où vont nos impôts.
01:47Voilà ce qu'a dit cette habitante de Boquer et si elle nous entend, si elle nous écoute sur Europe 1,
01:52elle est la bienvenue pour en parler de cette fameuse crèche.
01:55Le point sur l'information, c'est avec Mickaël Dorian. Bonjour Mickaël.
01:599h, 9h30, l'heure des pros sur CNews et Europe 1.
02:08Bonjour Elliot, bonjour à tous.
02:11Une pharmacie d'ivrie sur Seine, dans le Val-de-Marne, cambriolée par deux Algériens,
02:16frappés d'une obligation de quitter le territoire français.
02:19Ils ont été interpellés, puis relâchés.
02:21Ils n'ont pas été placés en centre de rétention administrative, faute de place.
02:25Les deux auteurs étaient pourtant déjà connus pour des faits similaires.
02:28Trois personnes sont mortes et quatre autres blessées après un accident de car dans le nord de la Norvège.
02:34Le véhicule qui transportait 58 passagers a terminé sa route dans un lac.
02:38De nombreux passagers de l'autocar sont des ressortissants étrangers, précise la police.
02:42Une enquête est en cours pour comprendre les circonstances de ce drame.
02:46Et puis un chargeur unique pour tous les appareils électroniques.
02:49Cette nouvelle norme entre en vigueur demain.
02:52Smartphones, tablettes, écouteurs, tous ces appareils neufs,
02:55devront désormais être alimentés par un seul et même chargeur de type USB-C.
02:59Outre le côté pratique, cette directive européenne vise à réduire le gaspillage et la multiplication des câbles.
03:05Et pour le plus grand plaisir de Philippe Bilger.
03:08Cher Philippe, vous êtes un homme numérique.
03:12Vous êtes sur TikTok. Vous plaisantez ou quoi ?
03:15Vous avez un compte TikTok par exemple.
03:17Mais je n'utilise pas un millième de ce que les réseaux sociaux pourraient permettre.
03:22Mais vous êtes sur Twitter. Vous êtes sur TikTok.
03:25Est-ce que vous êtes sur Instagram également ?
03:27Non.
03:28Vous ne faites pas de photos de vacances à la plage.
03:31Il y a une forme de vanité à croire qu'on attend votre pensée.
03:37Je vous suis attentivement sur TikTok par exemple.
03:41Mais vous n'êtes pas nombreux, mon cher.
03:44Il y a du monde qui vous suit.
03:46Je ne vous ai pas souhaité joyeux Noël.
03:48J'ai compris qu'implicitement vous l'avez.
03:52Philippe Bilger, c'est un plaisir.
03:55Quand vous êtes sur le plateau, vous êtes mon rayon de soleil.
03:58Mon Dieu, c'est la première fois qu'on me dit ça.
04:01On m'a dit qu'il y a un peu de pluie.
04:04Philippe Bilger, il faudrait peut-être amener le GIGN pour déloger cette crèche à Bocaire.
04:09J'ai beaucoup aimé votre édito, Eliott.
04:14Quand il y a un « mais », c'est qu'il y a un problème.
04:17Une laïcité pure et dure, évidemment, interdit qu'on place cette crèche.
04:25On considère que c'est une manifestation religieuse,
04:31alors que vous l'avez très bien dit, c'est culturel.
04:34Mais imaginons même qu'une conception de la laïcité pure et dure soit acceptable.
04:44Moi, je considère que les maires ont le droit d'introduire des pratiques de rupture
04:50contre des laïcités qui sont profondément choquantes.
04:55Et moi, je soutiens à fond ce maire de Bocaire.
04:58Mais on en parlera.
04:59Il y en a eu d'autres, comme ça, Béziers.
05:01On en parlera ce matin, évidemment, parce qu'il y a quelque chose de grotesque
05:06dans cette croisade de la LDH.
05:08Il y a peut-être autre chose à faire.
05:10Il y a d'autres combats.
05:11Mais c'est un courage à géométrie variable.
05:16J'aimerais savoir si la LDH lutte aussi fermement, par exemple,
05:20contre l'islam politique.
05:23Qu'est-ce qu'il y a, Gauthier Lebrun ?
05:24Je ne vous ai même pas dit bonjour.
05:25Bonjour, Eliott. Je vous salue.
05:27La plus grande hypocrisie de la LDH, c'est que les mêmes ont critiqué Gabriel Attal
05:33quand il voulait interdire les abayas et les camis à l'école.
05:36Ils étaient pour les abayas et les camis à l'école.
05:39Et la même LDH part en croisade tout l'hiver contre les crèches
05:43à Beaucair, à Perpignan, à Béziers.
05:45Donc là, si vous voulez, ce n'est même pas un deux poids, deux mesures.
05:47On est tellement à géométrie variable.
05:49Vous avez raison.
05:50Des tartuffes.
05:51Des tartuffes qui étaient présentes.
05:52Cachez ces crèches que je ne saurais voir.
05:53Saint-Sauline, ils étaient présents, visiblement.
05:55Ils avaient fait une grande conférence de presse pour expliquer tout ce qui s'était passé.
05:58Mais ils ont diffamé les forces de l'ordre à Saint-Sauline.
06:01Cette conférence, elle était drôle.
06:03Elle était là aussi grotesque, parce qu'ils font une grande conférence
06:06où ils vont pour expliquer après des mois de réflexion,
06:09d'enquête contre enquête sur ce qui s'était passé.
06:11Puis à un moment, il y a un journaliste qui va interpeller la LDH
06:15en disant « Mais vous étiez où au moment des tensions ?
06:17Vous étiez vraiment au cœur ? »
06:18« Ah ben non, non, non, on était à 400 mètres, parce que c'était beaucoup trop dangereux. »
06:21Mais ça, c'est une question de philosophie là-dedans et de courage.
06:25Je salue Sabrina Medjéber, je salue Chloé Morin
06:28et je remercie Béatrice Brugère.
06:30Merci d'être avec nous.
06:31Vous êtes magistrate.
06:32Vous êtes secrétaire générale du syndicat Unité Magistrat FO.
06:35Et vous étiez l'invité de la grande interview de Gauthier Lebret.
06:39Cet entretien, et je le dis à tous les deux, est absolument passionnant.
06:42Il est tellement passionnant que c'était un peu frustrant,
06:44parce qu'on aurait aimé avoir encore plus de questions à vous poser, plus de temps.
06:49Peut-être parce que les Français, c'est une des priorités,
06:52ils sont en attente de sécurité, ils sont en attente d'une justice plus ferme.
06:56On a un nouveau garde d'essau, vous avez un nouveau garde d'essau.
07:00Et la première question qu'on se pose,
07:02ce n'est pas tant sur la personne, ni même sur ce qu'il peut proposer,
07:06mais c'est sur la justice.
07:08De quoi souffre la justice aujourd'hui, Béatrice ?
07:10D'abord, je voulais savoir si moi aussi, j'étais votre rayon de soleil.
07:15Sinon, je refuse de parler.
07:19Écoutez, la justice souffre de plusieurs maux.
07:23Ce qui est sûr et ce qui est plutôt encourageant,
07:26c'est qu'on sent un ministre qui n'est pas dans le tabou.
07:30C'est-à-dire qu'il est volontariste, mais dans le bon sens du terme.
07:34Il veut affronter les sujets tels quels.
07:39Après, la justice est compliquée, c'est très long, on le sait,
07:43c'est parfois trop lent aussi.
07:45Mais on a, j'allais dire, 20 ans de politique pénale à reconstruire.
07:51C'est-à-dire qu'on a eu une politique pénale
07:54qui s'est beaucoup adaptée aux moyens.
07:57Et on le voit, puisque vous l'avez traité tout à l'heure
07:59sur cette histoire des deux jeunes qui étaient sous au QTF,
08:03qui étaient multi-réitérants, la réponse a été de dire
08:06qu'on n'a pas de place, donc on libère.
08:08Et en fait, on est arrivé aujourd'hui à un système
08:11où ce sont les moyens, c'est-à-dire la jauge,
08:14qui déterminent la politique pénale.
08:16Ça, c'est pas possible, on ne peut pas continuer comme ça.
08:18Mais il n'y a pas qu'une question de moyens,
08:20il y a aussi une question d'idéologie.
08:22C'est-à-dire que ça fait aussi depuis Christiane Taubira,
08:26Nicole Belloubet, où on a, en France, en tout cas,
08:31un courant très fort anti-prison.
08:34Et ce courant très fort anti-prison,
08:36même si on n'est pas pour la prison à tout prix,
08:38parce que la prison, c'est une peine comme une autre,
08:41et elle n'est pas faite pour tout le monde,
08:43est devenue quelque chose qui ne permet plus d'avoir
08:47une vision précise de ce que doit être la prison.
08:50On a perdu de vue quasiment même le sens de la sanction.
08:54Alors, ce n'est pas vrai pour les assises,
08:56et je dis ça parce que j'ai ici Philippe Bigère,
08:59qui est un héros, au deux sens du terme,
09:02des cours d'assises.
09:04Et en cours d'assises, c'est un autre monde,
09:07on a du temps, on a le temps d'aller en profondeur,
09:10on a le temps de juger correctement,
09:12les victimes sont entendues, ce qui est très important,
09:14parce que la place des victimes aussi,
09:16souvent, n'est pas celle-là.
09:18Et on a en général quand même des sanctions
09:22à la hauteur des enjeux,
09:24puisque ce sont des faits très graves,
09:26et on l'a vu d'ailleurs avec l'affaire Pellicot,
09:28les sanctions, moi je trouve, ont été
09:30de très bonnes sanctions, quoi qu'on en dise,
09:32et plutôt des sanctions tout à fait honorables.
09:36Le reste, c'est complètement différent.
09:38Le reste, c'est un peu de l'abattage.
09:40On a la comparaison immédiate qui est l'inverse,
09:42ça va très très vite, ça va même parfois trop vite.
09:45Donc, en fait, la justice doit retrouver le bon tempo,
09:48le bon timing,
09:50et surtout ne plus être dépendante, d'une part,
09:52de la jauge, c'est-à-dire des moyens,
09:54des moyens de jugement,
09:56et ça, je peux vous donner 2-3 chiffres
09:58qui vont peut-être vous faire peur,
10:00et ne plus être dépendante d'une idéologie.
10:02C'est les deux mots pour l'instant auxquels
10:04on est confrontés.
10:06Aujourd'hui, je regardais les derniers chiffres
10:08de ce qu'on appelle la CPH.
10:10La CPH, c'est quand on se compare au niveau européen.
10:12On a un effondrement, je le disais ce matin,
10:14du taux d'élucidation.
10:16Déjà, on a un problème sur le versus police.
10:18On a presque 3 millions
10:20de procédures qui sont en stock
10:22dans les commissariats et gendarmeries
10:24qui ne sont pas traitées, parce qu'on a un déficit
10:26du côté de la police judiciaire.
10:28Excusez-moi, pourquoi ce déficit ?
10:30Parce qu'on a une procédure, d'abord,
10:32qui est parfois très complexe.
10:34La police judiciaire a l'impression
10:36de ne plus faire de l'enquête, mais faire
10:38beaucoup d'administratif.
10:40On a des nullités qui, parfois, font tomber
10:42les procédures, donc il faut revoir
10:44déjà ce système-là.
10:46Le problème des nullités, le problème de la complexité
10:48et remettre
10:50beaucoup de policiers pour faire de la
10:52police judiciaire, et donc des enquêtes.
10:54Il faut peut-être aussi simplifier la manière dont on fait
10:56des enquêtes. Moi, par exemple, je suis assez favorable
10:58pour le plaidé coupable.
11:00À tous les stades, j'allais dire,
11:02y compris aux criminels. Donc ça, ça va beaucoup
11:04plus vite pour les mineurs.
11:06Accélérer la procédure.
11:08Après, on a un problème de jugement.
11:10Aujourd'hui, et tous les magistrats le disent,
11:12et c'est assez inquiétant, on ne juge que
11:14les détenus.
11:16C'est-à-dire que les autres sont renvoyés au calende
11:18grec. Donc les temps de délai
11:20de jugement sont absolument
11:22incroyables. Donc on a une problématique
11:24aussi de jugement.
11:26Et ça, ça se voit
11:28puisque, devant nos juridictions,
11:30nous ne jugeons que 12% des affaires.
11:3276% des affaires
11:34sont des alternatives
11:36aux poursuites. Donc on a du mal à juger.
11:38Puis après, on a un problème de peine,
11:40de sanction. On a 76%
11:42d'alternatives
11:44à l'incarcération.
11:46Et sur les peines de prison qui sont
11:48prononcées, 40% sont
11:50immédiatement aménagées.
11:52Donc en fait, on a un problème de lisibilité,
11:54de visibilité, d'efficacité
11:56qui, à la fin de l'histoire,
11:58pose un problème aussi de justice
12:00et d'inégalité des citoyens
12:02devant la justice. Pourquoi là,
12:04on va en détention ? Pourquoi là, on ne va pas
12:06en détention ? Parce que souvent, c'est une question
12:08de moyens. C'est une question de place
12:10de juger. C'est une question de place en détention.
12:12Vous avez aujourd'hui l'administration
12:14pénitentiaire qui envoie aux
12:16audiences, qui est nouveau et après je m'arrête,
12:18des tableaux de bord aux magistrats
12:20pour dire, attention, ici,
12:22notre prison est
12:24pleine, merci de pas mettre
12:26en détention. Donc la pression, elle est
12:28de tous côtés. Donc on réfléchit en tableau Excel
12:30plutôt que de réfléchir de manière
12:32concrète et
12:34de répondre par la justice.
12:36Tout ce que vous dites est absolument passionnant. Moi, je retiens deux choses.
12:38Vous avez parlé d'un courant anti-prison.
12:40Depuis de nombreuses
12:42années, Mme Taubira était
12:44garde des Sceaux de 2012 à 2016, si je ne m'abuse.
12:46Donc depuis en fait
12:482012, depuis plus d'une décennie,
12:50vous avez ce courant-là.
12:52Concrètement, comment ça se
12:54répercute sur le terrain, dans votre
12:56activité, ce courant ? Ça me fait peur
12:58quand vous dites courant anti-prison.
13:00Qu'est-ce que ça veut dire ? Et c'est peut-être aussi pour ça qu'il y a
13:02un creuset qui se creuse
13:04entre les
13:06Français et la justice.
13:088 Français sur 10 considèrent qu'elle
13:10est laxiste aujourd'hui. Je pense qu'intellectuellement,
13:12on a très peu investi le champ
13:14des sanctions. C'est-à-dire qu'on
13:16a dit que la prison, ce n'est pas bien, c'est
13:18criminogène, ça ne sert à rien pour les courtes
13:20peines. C'est tout le
13:22discours. Alors pas pour les peines longues,
13:24je mets de côté
13:26encore une fois les cours d'assises, ce n'est pas du tout
13:28la même logique. Mais tout ce qui est courte peine,
13:30depuis
13:32Foucault, mais surtout depuis Christiane Taubira,
13:34on a asséné,
13:36sans prouver, que les courtes peines
13:38ne servaient à rien. Pourquoi ? Parce que
13:40l'on pense qu'aller
13:42en prison, c'est d'abord...
13:44Non, c'est d'abord faire de la réinsertion.
13:46C'est d'abord faire de la réinsertion.
13:48Et donc pour faire de la réinsertion, il faut
13:50du temps. Donc les courtes peines ne le
13:52permettent pas. Donc on a dit que les courtes
13:54peines, ça ne sert à rien parce qu'on n'a pas le temps de réinsérer.
13:56Sauf que, on n'a pas
13:58fait non plus d'études qui montrent
14:00que ce que l'on met en place en termes de réinsertion
14:02fonctionne. Mais on a
14:04décrété que les courtes peines ne fonctionnaient
14:06pas. Donc, à partir de là,
14:08on a eu un mécanisme
14:10qui fait qu'on a
14:12augmenté le temps de
14:14détention. On est passé de 5 mois
14:16de moyenne de détention
14:18à pratiquement 11 mois. Ce qui fait
14:20qu'aujourd'hui, on reste très longtemps en détention,
14:22même si on incarcère peu. Et du coup,
14:24ça fait augmenter le taux
14:26de surpopulation carcérale.
14:28Donc c'est toute une question de réglage
14:30et de politique pénale. Après, on nous a dit
14:32mais il y a d'autres peines qui sont intéressantes.
14:34Le travail d'intérêt général,
14:36ou alors il faut faire des peines de substitution.
14:38Vous allez avoir bientôt un rapport de la Cour
14:40des comptes qui va démontrer
14:42qu'en fait, le travail d'intérêt général ne fonctionne pas si
14:44bien et le bras électronique ne remplace
14:46pas, c'est de la prison
14:48à la maison qui ne coûte pas cher,
14:50ne remplace pas la détention.
14:52La détention, ce n'est pas la seule peine.
14:54Mais on n'a pas investi les prisons
14:56pour en faire un temps utile
14:58et un lieu de détention qui soit
15:00différencié selon les profils. Il faut
15:02des établissements extrêmement sécurisés,
15:04il faut des établissements
15:06pour soigner les gens, car nous avons
15:08beaucoup d'addictions, on a beaucoup de problèmes psychiatriques
15:10et il faut peut-être des établissements
15:12comme le modèle des Pays-Bas pour des
15:14ultra-courtes peines, c'est-à-dire où on reste
15:16très peu de temps, où c'est juste une sanction,
15:18ce qu'on appelle un choc carcéral. Nous,
15:20on parle de 7 à 14 jours.
15:22Ça, c'est 400 places. On a calculé pour
15:2410 000 peines prononcées, donc c'est rien.
15:26Ça n'existe pas parce
15:28qu'on a dit que les courtes peines, ça ne sert à rien.
15:30Il faut changer le modèle.
15:32Cette philosophie-là, elle est en train de changer du côté
15:34de Place Vendôme,
15:36puisque c'est là aussi un des objectifs
15:38de Gérald Darmanin. Mais même Barnier l'avait
15:40dit, rappelez-vous son discours
15:42de politique pénale, il avait
15:44dit qu'il faut peut-être revenir à des courtes peines.
15:46Je voudrais qu'on revienne à un cas concret, et c'est vous
15:48qui l'avez abordé, l'affaire d'Ivry-sur-Seine.
15:50Cette affaire, elle est
15:52folle. Elle est tellement folle
15:54qu'on a peine à croire ce qui se
15:56passe du côté d'Ivry-sur-Seine avec cette pharmacie
15:58qui a été
16:00vandalisée. Deux hommes
16:02ont forcé l'entrée d'une pharmacie à Ivry-sur-Seine
16:04dans le Val-de-Marne. Ça s'est passé dans la nuit
16:06du 24 au 25 décembre. A coup de pioche,
16:08ils ont pillé médicaments et liquidités.
16:10Ils sont pris en flagrant délit,
16:12selon les sources
16:14de police. C'est votre réveil, Clément Morin.
16:16Les deux individus ont été relâchés
16:18moins de 24 heures après leur arrestation
16:20par la police, alors qu'ils étaient
16:22sous OQTF, suscitant
16:24incompréhension et colère. Donc voyez le sujet
16:26de Tony Pitaro, et on en parle juste après,
16:28parce que là, on est dans un cas très concret.
16:30Vous avez une femme pharmacienne
16:32qui se dit victime, justement,
16:34de ces deux individus,
16:36qui, 24 heures plus tard, alors qu'ils sont étrangers
16:38sous OQTF, se sont libérés.
16:40Et aujourd'hui, ils sont dans la nature.
16:44Aux alentours de 4 heures du matin,
16:46dans la nuit du 24 au 25 décembre,
16:48deux individus s'introduisent
16:50dans cette pharmacie livrée sur scène,
16:52à l'aide de pioches et de tournevis.
16:54Très vite, grâce à une alarme,
16:56la BAC intervient et interpelle les deux hommes.
16:58Ils m'ont volé la caisse. Dans un premier temps,
17:00je pensais que c'était que la caisse.
17:02J'ai pas vu d'autre chose, mais c'est la police
17:04qui m'apprend qu'il y a eu des vols de Doliprane,
17:06de Shampoing, d'Atel.
17:08Le lendemain, la pharmacienne apprend que
17:10les deux individus ont été relâchés.
17:12Il y a une mesure d'éloignement,
17:14sur le secteur,
17:16et qu'on les libérait
17:18en moins de 24 heures de garde à vue
17:20pour faute de place
17:22en centre de retention.
17:24On m'a appelé ce matin en me disant
17:26que les deux
17:28personnes inquiétées
17:30ont été libérées
17:32et qu'ils sont
17:34en situation irrégulière
17:36et qu'ils sont sous occultère.
17:38Une situation dénoncée par cette professionnelle.
17:40Ce que je trouve déplorable,
17:42c'est qu'en moins de 24 heures,
17:44qu'on puisse cambrioler une pharmacie
17:46et qu'on puisse libérer
17:48ces personnes-là
17:50en toute impunité.
17:52Malgré le choc, cette pharmacienne
17:54veut continuer d'exercer son métier
17:56et a déjà rouvert son officine.
17:58Et donc là, on est
18:00sur un cas pratique.
18:02Evidemment, ce sont des sources policières,
18:04c'est le témoignage d'une pharmacienne.
18:06Bon, et
18:08si vous voulez, il y a toutes les
18:10grandes difficultés qu'aujourd'hui on a
18:12pour rendre justice à ces personnes
18:14qui sont victimes.
18:16Le cas que vous avez pris est un cas,
18:18j'allais dire... Un cas d'école.
18:20Oui, un cas assez courant.
18:22C'est ce que j'appelle la jauge.
18:24C'est nos capacités qui déterminent
18:26la politique pénale.
18:28On arrive à des situations totalement aberrantes
18:30qui sont choquantes.
18:32D'ailleurs, je peux comprendre qu'on puisse être choqués,
18:34puisque là, on a une interpellation
18:36des auteurs. On ne peut pas dire
18:38qu'on ne les a pas trouvés.
18:40Ils ont commis un délit relativement important
18:42et grave. Ils n'ont pas
18:44de conditions,
18:46de garanties, puisqu'ils sont
18:48un peu dans la nature et ils sont
18:50étrangers. Donc on voit bien
18:52qu'on arrive au bout du système sur lequel
18:54il faut absolument réfléchir pour trouver des solutions
18:56rapides.
18:58Alors, une des solutions qui n'a pas
19:00été mise en place, c'était évidemment de construire
19:02des places. Vous le savez, depuis le début
19:04du quinquennat, on est très très loin
19:06de ce que l'on avait
19:0815 000 places de prison.
19:10Mais là,
19:12ce sont des places de cras.
19:14Mais c'est la même problématique. Il faut savoir
19:16qu'aujourd'hui, dans les cras, pourquoi il n'y a plus de places
19:18dans les cras ? Parce que 50%,
19:20pratiquement près de 50%,
19:22des centres de rétention administrative
19:24sont avec des gens qui sont
19:26condamnés, c'est-à-dire qu'ils sortent
19:28de prison et qu'ils n'ont
19:30pas encore été expulsés.
19:32Et comme ils n'ont pas encore été expulsés, ils sont
19:34mis dans les centres de rétention administrative.
19:36Or, ce n'est pas fait pour ça, un centre de rétention administrative.
19:38Donc vous voyez, c'est le serpent qui se
19:40mord la queue. Donc il faut réfléchir en amont.
19:42C'est l'affaire Philippine. Il faut
19:44que quand les gens sont détenus,
19:46on anticipe
19:48tout de suite
19:50leur expulsion.
19:52Et on peut faire aussi des libérations expulsions
19:54qui sont possibles avec les juges
19:56d'application des peines et le parquet.
19:58Mais il faut qu'on anticipe
20:00les expulsions pour qu'ils n'aillent pas
20:02directement dans les cras.
20:04Vous êtes revenu sur l'affaire Philippine.
20:06Certains responsables politiques
20:08ne voulaient pas
20:10aller sur ce terrain de la question migratoire.
20:12Des limites
20:14dans l'expulsion des délinquants
20:16étrangers. Vous dites
20:18que c'est pire que ça.
20:20Il s'en prenait à ceux qui osaient en parler.
20:22La maire de Paris dénonçait
20:24les affiches qui rappelaient simplement factuellement
20:26que Philippine a été assassinée
20:28par un OQTF. Si vous parliez du
20:30fait que l'assassin était
20:32sous OQTF, vous étiez
20:34xénophobe. Vous étiez d'extrême droite.
20:36Aussitôt. Donc c'est pire que ça.
20:38Non seulement on n'en parle pas,
20:40mais on criminalise ceux qui en parlent
20:42et ceux qui expliquent qu'il y a juste un problème
20:44d'application des obligations de quitter le territoire
20:46dans ce pays. Revenons à ce cas
20:48très pratique. Et vraiment,
20:50on a du mal à y croire tellement
20:52c'est gros, Philippe Bilger.
20:54Je rappelle que la substitue, selon Amaury Bucaud,
20:56journaliste à Valeurs Actuelles,
20:58la substitue du procureur a décidé de classer l'affaire
21:00la seule mesure punitive prononcée,
21:02par contradiction de paraître sur la commune d'Ivry-sur-Seine,
21:04les raisons de cette décision, la faible valeur
21:06estimée des biens volés, médicaments, pansements
21:08et environ 1 000 euros en liquide,
21:10et la possibilité pour la victime de récupérer une partie
21:12des objets saisis. Quant au dégâts matériels,
21:14ils seraient couverts par l'assurance.
21:16Faute de place en centre de rétention,
21:18aucune mesure administrative
21:20contraignante n'a été prise. Les deux hommes
21:22ont donc été relâchés dès le lendemain.
21:26Prenez votre respiration.
21:28Non, parce que j'ai beaucoup,
21:30non c'est excessif,
21:32j'ai écouté avec beaucoup d'intérêt
21:34ce qu'a dit Béatrice Brugère
21:36et pour l'essentiel
21:38je suis d'accord avec elle.
21:40Notamment dans
21:42la dénonciation des deux
21:44plaies fondamentales,
21:46la jauge, et nous en avons
21:48un exemple avec le
21:50reportage qu'on vient d'avoir,
21:52et l'idéologie.
21:54C'est tout de même
21:56invraisemblable, je suis
21:58à des sauts aujourd'hui. Lorsque
22:00je constate qu'une décision
22:02aussi absurde,
22:04aussi aberrante a été rendue,
22:06ma première curiosité
22:08c'est de demander ce qui s'est passé.
22:10De rendre des comptes.
22:12Mais on ne peut pas vous répondre
22:14attendez, vous plaisantez, l'indépendance de la justice...
22:16Ah non, mais ça n'a rien à voir,
22:18je vérifie simplement
22:20comment s'est déroulé un processus
22:22aberrant, et qui en est
22:24directement responsable,
22:26et après j'en tire des conclusions.
22:28Mais là où j'ai trouvé
22:30tout ce qu'a dit Béatrice
22:32globalement très
22:34pertinent, là où je
22:36me distinguerais, mais très
22:38modestement, comment critiquer
22:40le syndicalisme judiciaire,
22:42c'est le fait
22:44que, d'abord
22:46depuis 40 ans,
22:48j'entends dire que la magistrature
22:50souffre. Elle ne cesse pas
22:52de souffrir. Elle dit
22:54qu'elle souffre. Mais,
22:56deuxième élément, je ne
22:58suis pas persuadé que
23:00ce qui est mis en oeuvre pour
23:02régler les problèmes, à supposer
23:04qu'ils soient, qu'ils
23:06fassent l'objet d'une
23:08élucidation pertinente.
23:10Il y a
23:12deux bouts de la chaîne.
23:14Il faut un grand garde-sceau,
23:16et j'espère que cette fois-ci
23:18on l'a avec Gérald Darmanin
23:20qui va traiter la justice
23:22en la traitant
23:24comme Beauvau.
23:26Qu'est-ce que vous voulez dire à Béatrice ?
23:28Le deuxième élément,
23:30j'attache plus d'importance
23:32me semble-t-il qu'elle ne
23:34le fait, à des possibilités
23:36de métamorphose
23:38de la justice à partir
23:40du moment où on a des
23:42magistrats qui sont capables
23:44de considérer que la justice
23:46d'abord est un grand métier
23:48et ensuite qu'ils ont la
23:50possibilité eux-mêmes
23:52de changer à chaque seconde
23:54le visage de la justice.
23:56Je suis très inquiet devant
23:58les réformes de toute nature
24:00parce qu'elles n'aboutissent jamais.
24:02Moi ce que je retiens dans tout ce que vous venez de dire, c'est que
24:04vous avez les mêmes inquiétudes pour
24:06la justice que Béatrice Brugère.
24:08La jauge et l'idéologie.
24:10Absolument.
24:12Béatrice Brugère, vous avez entendu,
24:14chose promise, chose due, il est 9h23
24:16et on avait dit qu'on se quittait
24:18à 9h25, donc je vous salue.
24:20Votre rayon de soleil s'en va.
24:26Europe 1, c'est maintenant
24:28la passation, non pas la passation de pouvoir,
24:30la passation d'antenne.
24:32On n'est pas encore dans un ministère.
24:34C'était la semaine des passations de pouvoir.
24:36Vous n'avez toujours pas eu
24:38le pull ? Non, toujours pas.
24:40On ne m'a pas livré le pull d'Inde.
24:42Bonjour.
24:44Bonjour, Eliott Deval.
24:46Je prends note,
24:48je prends commande.
24:50C'est un rayon de soleil qu'on va avoir également dans ce studio
24:52ce matin, dans le club de Noël, puisque nous recevons
24:54la miss préférée des Français
24:56et ce, depuis plus de 20 ans,
24:58Elodie Gossuin.
25:00Elodie Gossuin, on la salue.
25:02Je vous souhaite
25:04une excellente matinée sur
25:06Europe 1. Merci, bonne émission.
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