Paul Kircher pour "Leurs enfants après eux"

Télérama

Le film est en salles depuis le 4 décembre.

Transcript

00:00Comme Anthony, bien sûr, moi je me rends compte que parfois j'essaie d'être comme lui

00:04parce que celui-ci, cette personne-là que je connais, elle est classe.

00:07Ou alors comme lui parce qu'elle est drôle.

00:08Ou alors comme lui parce que j'aime...

00:10Et en fait, le plus intéressant c'est ce que tu deviens toi.

00:14Et je pense que c'est ce qui se passe dans le film.

00:17Oh, on y va ?

00:25Viens, on va prendre un bain.

00:27Oui, oui, grave.

00:28Hé !

00:30On va à une soirée ce soir chez un pote à Drambois.

00:33Il y a une piscine si ça vous dit.

00:36Moi c'est Steph en fait.

00:41Je pense que c'est un garçon qu'on trouve au début à 14 ans

00:45et son monde est seulement en fait construit par ses rêves,

00:52les films qu'il a vus, les musiques qu'il entend,

00:54ce qu'on lui raconte un peu entre poils.

00:57Et puis aussi ce que lui raconte son père et sa mère.

01:00Mais sinon, c'est vrai que c'est un âge où t'es un peu coupé du monde

01:03dans le sens où t'as aucune responsabilité, t'as pas de travail.

01:06Et donc, il a un monde intérieur énorme et des rêves un peu illimités.

01:12Parce que c'est vrai qu'à 14 ans, du coup, moi je pensais beaucoup

01:15aux films dont m'avait parlé Dovique Zoran qui était « Kids » de Larry Clark.

01:22Pour ce côté un peu...

01:24Ces ados qui sont déconnectés en fait, qui se croient un peu dans un film en fait.

01:28Moi j'ai la sensation qu'à cet âge-là, dans « Leurs enfants après eux »,

01:31à 14 ans, Anthony et son cousin, ils se croient vraiment dans un film.

01:35Et c'est ça qui peut donner des situations un peu marrantes

01:37que parfois même j'associe à des scènes de bande dessinée comme « Titeuf »

01:41ou comme celle du jeune acteur de Riyad Satouf.

01:44Et ensuite, c'est vrai que quand il grandit,

01:46il y a quelque chose de beaucoup plus...

01:48Il y a quelque chose d'intéressant,

01:50et ensuite, c'est vrai que quand il grandit,

01:52il y a quelque chose de beaucoup plus ancré.

01:54Parce que d'un coup, il se confronte à une réalité,

01:58parce qu'il a des responsabilités, il a un travail.

02:00Et là, moi je pensais beaucoup plus au film « Un Français » avec Alban Lenoir.

02:06Parce que c'est un film aussi qui se passe sur beaucoup d'années.

02:09Et ça, ce film m'a beaucoup marqué.

02:11J'y ai beaucoup pensé pendant le tournage,

02:13parce que tu trouves le personnage à 20 ans,

02:15et puis tu vois un personnage aussi qui change radicalement.

02:21Mais c'est vrai qu'il y a quelque chose dans « Un Français » aussi,

02:24que moi j'ai retrouvé dans ce film aussi,

02:27quand le personnage grandit.

02:29Parce qu'il y a une sorte de couleur chaude,

02:33à la fois dans un sujet très violent,

02:35il y a une couleur chaude de l'été,

02:37et quelque chose un peu de...

02:40entre guillemets,

02:42« cool » et « chaud » dans une atmosphère violente.

03:10Au début du film, son cousin, son père,

03:24et une meuf qu'il connaît à peine,

03:27tout le monde le traite de pédé.

03:29Tout le monde lui dit « Fais pas le pédé, fais pas le pédé ».

03:33Et en fait, c'est cette figure masculine qu'on lui demande d'être,

03:36du mec qui est fort et tout,

03:38et on lutte comme ça au long du film,

03:40entre ce qu'il est, le petit garçon,

03:44et à la fois cette figure du mec qui doit avoir à conduire cette moto,

03:49qui doit tenir un pistolet,

03:51parce que dans sa tête, c'est ces mecs qui plaisent aux filles,

03:56qui réussissent,

03:57et du coup c'est pour ça qu'ensuite il va s'inscrire à l'armée plus tard,

04:01et puis j'ai le sentiment qu'à la fin du film,

04:07il se libère de ça et il tourne la page, en tout cas il avance.

04:10La violence qui existe entre, par exemple, le personnage d'Anthony et d'Hassin,

04:40c'est une violence qui est comme le reflet de leur propre conflit intérieur.

04:45C'est des personnages qui se ressemblent tellement,

04:47et qui se croisent à certains moments dans le film,

04:50et quand tu les vois en conflit, tous les deux,

04:54tu as l'impression que c'est leur conflit intérieur qui est représenté,

04:58parce que justement entre cette image de l'homme qu'ils sont en train de devenir,

05:04ils sont tous les deux en train de se chercher.

05:06Quand on parle de déterminisme social,

05:08c'est aussi l'héritage qu'ils reçoivent de leurs parents,

05:13et il est beaucoup question de ça dans le film.

05:15Donc ils sont tous les deux, Anthony et Hassin,

05:18des personnages en lutte avec l'héritage du père qu'ils reçoivent,

05:23et qui met une pression en fait, et à la fois ce qu'ils deviennent.

05:36L'HÉRITAGE DU PÈRE

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