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  • il y a 7 heures
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Mardi 9 décembre 2025, le comédien et écrivain Lorànt Deutsch. Il publie "Métronome illustré" et "À toute berzingue, tome 3", les deux aux éditions Michel Lafon.

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Transcription
00:00Bonjour Laurent Deutsch. Bonjour Elodie.
00:02Vous êtes ce compteur-né, d'abord découvert en tant qu'acteur, ado, notamment dans le ciel Les oiseaux et ta mère de Jamel Ben Salah,
00:08ou encore Les ripoux 3 et 3-0, avant de vous fondre dans un registre dramatique très incarné au théâtre notamment.
00:14Je pense d'ailleurs à ce que vous avez joué aux côtés de Jean-Piat.
00:18Ce qui nous anime, ce qui vous anime vous, vous fait vibrer depuis votre plus tendre enfance, et presque en secret reste l'histoire.
00:24Vous avez d'ailleurs beaucoup surpris quand vous avez publié Métronome, l'histoire de France au rythme du métro parisien, c'était en 2009.
00:30Ça passe très très vite. Il y a eu Hexagone également en 2013.
00:33Et même si certaines critiques émanant d'historiens sont acerbes, force est de constater que vous avez donné envie à beaucoup de lecteurs ou spectateurs d'émissions dans lesquelles vous apparaissez,
00:41de s'intéresser à certains pans de notre belle histoire de France, ou même au métro parisien, aux petites histoires qui ont fait la grande histoire.
00:49Aujourd'hui, vous publiez Métronome illustré avec la complicité d'Emmanuel Socol et Emmanuel Eman, et les illustrations de Mathieu Persan, mais aussi à toute Berzingue, tome 3.
00:57Les deux chez Michel Laffont. Les deux nous prennent par la main.
01:00Je crois que c'est votre force, Laurent Dechet, de nous emmener avec vous, tout au long de vos découvertes, finalement, et nous transmettre que vous avez envie de nous transmettre.
01:09Oui, parce que j'aime à dire que j'écris les livres avec mes pieds, moi. C'est-à-dire que c'est à partir de mes... Oui, oui, il faut la tenir, cette citation, parce qu'elle peut se retourner contre vous.
01:19Elle peut revenir comme un boomerang. Non, mais c'est vrai, j'écris à partir de mes observations. Je me balade dans la rue et tout d'un coup, il y a un monument, il y a un nom de rue,
01:27il y a un immeuble qui m'interpelle, qui me surprend, et évidemment, il a une histoire, puisque tout est histoire. Et en remontant le fil de l'histoire, je pars à la rencontre de nos ancêtres à tous,
01:37de nos aïeux qui ont fait ce jardin merveilleux qui est la France, ou même ailleurs, quand j'ai la chance de m'expatrier plus loin.
01:44Mais la major partie de mon temps, je suis en France, donc je vis des histoires grâce, justement, et d'abord, à partir de ma curiosité et de mes observations, à partir de la surface.
01:53J'écris d'abord à partir de la surface, contrairement aux historiens qui, bien souvent, eux, creusent, partent chercher dans les musées, dans les archives, dans les livres, dans les textes.
02:03Ils font déjà une démarche, ils vont déjà à la conquête de... Moi, je la reçois par effraction, elle me tombe dessus.
02:08Et c'est peut-être pour ça que ça fonctionne bien, c'est que ce qui m'est tombé dessus, ça tombe aussi sur tout le monde, puisque c'est notre quotidien, c'est tout simplement notre réalité.
02:15C'est marrant parce que, dès le départ, il y a effectivement les érudits, ceux qui ne sont jamais vraiment pour qu'on puisse vulgariser, entre guillemets, ou transmettre des choses qui vous sont tombées un peu dessus.
02:27Vous vous êtes rendu compte, à ce moment-là, et c'est ça qui est intéressant, que le champ de bataille, finalement, que l'histoire était un champ de bataille.
02:33C'est exactement ça.
02:34Que chacun choisissait son côté.
02:35Oui, pour reprendre l'expression, je crois que c'est Bourdieu, et on l'entend beaucoup chez certains historiens, l'histoire est un combat, quoi.
02:41Et pas moi. Moi, l'histoire est un divertissement.
02:44Et alors, je suis peut-être le ravi de la crèche, je suis peut-être naïf, mais moi, l'histoire doit non seulement être rassembleuse,
02:49mais avant tout, elle doit être la garante et porteuse à la fois d'un beau message, mais surtout de quelque chose qui va nous enrichir.
02:57Ça va nous renforcer. Ça va renforcer notre quotidien. Ça va renforcer l'ordinaire, quoi.
03:01Ça va nous permettre de vivre dans une réalité augmentée.
03:04C'est mon privilège. C'est peut-être un peu ma naïveté. Il y en a qui, ça ne plaît pas trop parce que c'est vrai.
03:09Et je l'ai découvert. Je suis un peu tombé de mon nuage quand je me suis rendu compte que certains aspects de l'histoire,
03:17certains faits historiques sont des marqueurs qui appartiennent à certaines chapelles et qui sont justement des espèces de témoins
03:24où quand vous n'en parlez pas ou vous en parlez peu ou vous en parlez trop, ça veut dire quelque chose.
03:28Et ensuite, on va vous amener vers de l'idéologie ou vers une orientation.
03:32Moi, et je le répète à chaque fois, je n'ai pas d'orientation.
03:36Ma seule ambition, c'est grâce à l'histoire de passer une belle journée et de comprendre deux fois plus cette réalité qui est la mienne, mon présent.
03:44L'histoire, c'est pas genre c'était mieux avant.
03:46Ceux qui aiment l'histoire, ils ne sont pas pour le repli ou pour le voyage en arrière.
03:49Non, ceux qui aiment l'histoire comme moi, c'est justement parce qu'ils aiment leur réalité.
03:52Et grâce à l'histoire, ils la savourent deux fois plus.
03:54À quel moment l'histoire vous a pris par la main alors, Laurent ?
03:57Avec Eddie Mitchell.
03:58Quand j'avais 12 ans, je regardais la dernière séance le mardi soir à la télé.
04:01Et c'était donc ces grandes épopées hollywoodiennes un peu romancées, bien sûr.
04:05On voyait les Dix Commandements, on voyait Yvanoé, les Vikings avec Kirk Douglas, les Westerns aussi.
04:11Et c'était de superbes histoires et surtout de très beaux scénarios à revivre le lendemain avec mes soldats de plomb, mes petits jouets, etc.
04:17Et un jour, ma maman m'a dit, mais attends pas le mardi pour t'inventer de nouvelles histoires, de nouvelles péripéties pour tes jouets et pour tes jeux d'enfants.
04:25Mets-toi dans les livres d'histoire.
04:26Donc, elle m'a offert un livre d'Alain Decaux.
04:28Et d'Alain Decaux, je suis passé à Victor Hugo, je suis passé à Eugène Su pour découvrir Paris et Balzac.
04:33Donc, ça a été d'abord par la littérature et ensuite les historiens pour renforcer le propos, pour me spécialiser davantage.
04:41Ce qui est étonnant d'ailleurs, c'est que dans les deux ouvrages que vous nous proposez, vous sillonnez à la fois d'un côté la France, toutes les villes.
04:47Vous rendez finalement, entre guillemets, à César ce qui lui appartient et je voudrais qu'on parle de ça.
04:52Parce que Métronome Illustré arrive quand même 15 ans après le premier tome.
04:56Jamais, j'imagine, que vous n'auriez pu imaginer que le destin de cet ouvrage et à quel point il deviendrait un ouvrage aussi important.
05:04Il a clairement changé ma vie.
05:05Voilà, qu'est-ce qui a changé pendant ces films ?
05:06J'étais acteur, on me proposait des scénarios pour jouer dedans et après on m'a proposé des scénarios pour les lire.
05:12J'ai un souvenir de Jean Dujardin qui préparait un film à l'époque sur Jean Cavalier, qui était un camisard dans les Cévennes.
05:18Et il m'a dit, je prépare un film là-dessus, j'aimerais bien que tu lises le scénario.
05:21Et je lui dis, oui, alors il y a un rôle pour moi.
05:24Je me sentais encore un peu acteur à l'époque.
05:26Il me dit, non, non, non, non, c'est pas pour jouer dedans, c'est pour me dire ce que t'en penses.
05:29Et là, tout d'un coup, je me dis, ah mince, le regard des gens est en train de changer.
05:34Et moi-même, en plus, mon activité était à cause, ou grâce à Métronome, elle s'est transformée.
05:41Je me suis, je suis passé à autre chose.
05:43Je ne le regrette pas du tout.
05:45Parce que du coup, en plus, c'est vrai, avec à toute berzingue, ma passion pour la réalité et ce qui m'entoure,
05:51je la développe aux six coins de l'hexagone.
05:55Et à chaque fois, je pars dans des terres inconnues, je me prends pour un marin, je me sens comme Ulysse.
05:59Ça fait sept ans que j'ai commencé cette aventure à toute berzingue,
06:02celle de raconter l'histoire de France en courant, un peu à la manière de Métronome.
06:06Et je ne suis pas lassé parce qu'à chaque fois, c'est des territoires nouveaux, c'est des visages nouveaux,
06:10c'est des musées, c'est des gens, c'est des blogueurs, c'est des gens qui tiennent des gazettes,
06:15qui ont des blogs sur Internet.
06:17C'est aussi beaucoup de pierres, des monuments, des choses que je n'avais jamais vues et que je découvre.
06:22Il y a des mystères incroyables.
06:23La France est truffée de richesses.
06:24Comme je le dis, c'est un jardin incroyable avec plein de fleurs.
06:27Et je passe les sentir, je butine de fleur en fleur depuis sept ans.
06:30Et c'est un voyage très coloré et pour moi essentiel.
06:34Et je me sens utile aussi grâce à ça, plus que par mon métier d'acteur.
06:38Je me suis demandé après quoi vous courriez, Laurent, parce que vous êtes toujours par Mons et par Vaud,
06:42toujours à droite et à gauche.
06:44Vous avez toujours ce besoin et cette soif d'apprendre.
06:46Vous avez fait de la philosophie.
06:47Le principe de la philosophie, c'est que plus on apprend, moins on sait.
06:53Comment vous vivez ça ?
06:54Je suis complètement en accord avec moi.
06:56J'ai même une petite équation.
06:57Je me suis amusé à faire une équation qui est que pour moi,
07:00le point d'interrogation est supérieur au point final.
07:04C'est le sens de la vie.
07:05Point d'interrogation supérieur à point final.
07:08Pas de point final, pas de résolution, pas de certitude.
07:10Ça, ça s'appelle vieillir.
07:12Ça s'appelle renoncer.
07:13Ça s'appelle s'enfermer.
07:15Ça s'appelle se crisper.
07:16Ça s'appelle être paresseux.
07:17Se poser des questions, rester en éveil, garder ses yeux d'enfant.
07:21C'est le sens de la vie.
07:22C'est ce qui nous maintient en vie, dynamique, en mouvement,
07:25puisque la vie est une onde, elle est un mouvement.
07:26Elle n'est jamais un point final.
07:27Elle n'est jamais un point arrêté.
07:28C'est cette magnifique ondulation du point d'interrogation.
07:31C'est ça le sens de la vie.
07:32Et il y a un poète qui nous a quittés récemment, qui s'appelait Christian Bobin,
07:35qui a écrit cette phrase magnifique, que j'aimerais faire mienne pour mon épitaphe,
07:38qui est « Il n'y a pas d'autre raison de vivre
07:41que de suivre de tous ses yeux et de toute son enfance
07:44cette vie sublime qui nous contemple et qui nous ignore. »
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