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Jérémie Fruchart, principal adjoint du collège Gérard Philippe
ici Hérault
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07/11/2024
Catégorie
🗞
News
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00:00
C'est aujourd'hui la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire.
00:05
L'invité qui fait l'actu à 7h45 Anne.
00:07
C'est le principal adjoint du collège Gérard Philippe à Montpellier
00:10
qui est aussi formateur sur les questions de harcèlement scolaire.
00:13
Bonjour Jérémy Fruchard.
00:14
Bonjour à vous.
00:15
Qu'est-ce que vous avez mis vous déjà concrètement dans votre établissement
00:19
en place pour lutter contre le harcèlement ?
00:21
Le programme de lutte contre le harcèlement à l'intérieur de mon établissement
00:24
on a commencé à le mettre en place il y a trois ans.
00:26
Nous on a une équipe ressource qui la première année
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la prise en charge des situations de harcèlement était composée de 5 personnes.
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Aujourd'hui 12 personnes.
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Des adultes ?
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Ce sont des enseignants, des AESH,
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donc les personnes qui sont à côté des élèves en situation de handicap pour les accompagner.
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Des AED, donc des surveillants.
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On a également aussi pu installer une équipe d'ambassadeurs,
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donc d'élèves qui ont une mission d'accompagnement par rapport aux élèves qui sont harcelés
00:56
et des missions de prévention.
00:58
Au départ ils étaient une dizaine, aujourd'hui ils sont 27.
01:00
Et puis après il y a eu un certain nombre de formations
01:03
concernant par exemple les compétences psychosociales,
01:05
c'est-à-dire la gestion des émotions de la part de nos élèves
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et leur apprendre à mieux gérer les émotions et mieux gérer les interactions sociales
01:12
qui ont été mises en place par un certain nombre d'enseignants.
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Trois ans que c'est en place dans l'établissement,
01:17
vous avez déjà des retours,
01:19
vous voyez les effets de ce qui a été mis en place ?
01:22
Oui, très clairement.
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La première année on avait des familles essentiellement qui venaient nous voir,
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des parents qui venaient nous voir en nous disant
01:31
« ça fait trois mois, quatre mois que mon enfant subit ces choses-là,
01:34
au départ on ne voulait pas vous déranger ».
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Aujourd'hui c'est les élèves eux-mêmes qui viennent nous voir
01:40
et ils viennent nous voir souvent accompagnés soit d'un élève ambassadeur,
01:43
soit d'un de ses camarades qui était tout simplement alerté par ce qu'il a constaté.
01:48
Et là ils nous disent « ça fait une semaine, deux semaines, trois semaines ».
01:52
C'est-à-dire qu'on est passé de trois mois d'enquêtement
01:54
d'une situation de harcèlement à trois semaines.
01:57
Les élèves attendent moins avant de venir parler à un adulte ?
02:00
Clairement, il y a une forme de libération de la parole des élèves,
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c'est l'objectif de ce programme.
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C'est de faire en sorte que les élèves aient des adultes de confiance
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dans les établissements, qu'ils les aient identifiés,
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qu'ils sachent que leur parole va être prise en compte
02:13
et qu'il y a des actions qui vont être mises en œuvre
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pour mettre fin aux situations de harcèlement.
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Combien d'élèves vous avez déjà au collège Gérard Philippe ?
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480 élèves à peu près.
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Et des situations de harcèlement,
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ou en tout cas des élèves qui viennent vous voir pour en parler,
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c'est tous les combien, c'est quelle fréquence ?
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Alors, dans mon bureau, j'en ai deux à trois par semaine.
02:33
Ah oui, c'est énorme quand même !
02:34
Oui, c'est non négligeable.
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Après, il y a aussi des élèves qui vont voir les membres de mon équipe bien-être,
02:43
l'équipe ressource, donc des douze adultes dont je parlais tout à l'heure.
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Et en moyenne, on traite une cinquantaine d'affaires de harcèlement sur l'année.
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Parce que parmi ceux qui viennent vous voir,
02:53
il y a des situations qui finalement ne sont pas du harcèlement
02:56
et qui se règlent assez rapidement ?
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Oui, et puis parce que de toute façon,
03:00
il faut qu'on soit à l'écoute du mal-être qui vient nous confier,
03:03
que ce soit dans mon bureau ou auprès des membres de l'équipe bien-être.
03:05
Et en effet, certaines sont du harcèlement, certaines n'en sont pas.
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De toute façon, il faut qu'on soit en mesure d'y apporter une réponse.
03:10
Alors justement, vous, vous êtes formateur,
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vous vous adressez à vos collègues,
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j'imagine que vous recevez aussi des parents.
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Le harcèlement finalement,
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à partir de quel moment on doit s'en préoccuper
03:20
quand on est parent ou quand on est prof ?
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Quelle est la frontière entre c'est une chamaillerie entre élèves
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et ça va passer dès demain ?
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Ou il faut prendre cette situation au sérieux
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et aller plus loin sur l'affaire ?
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Moi, je pense qu'il faut prendre toujours la situation au sérieux.
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C'est-à-dire que le discours que moi je tiens aux parents
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en tant que chef d'établissement à la rentrée,
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c'est mieux vaut être alerté trop tôt pour pas grand-chose
03:41
que trop tard pour quelque chose qui est déjà conquisté.
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Donc c'est aussi ça l'esprit du programme de lutte contre le harcèlement.
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C'est que les enfants et les adultes, c'est-à-dire les parents,
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puissent identifier un certain nombre de personnes ressources
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à l'intérieur de l'établissement
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et puissent confier les difficultés que leur enfant rencontre,
03:57
quelles qu'elles soient.
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Parce que même ce qui peut nous paraître à nous
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des micro-violences ou des gamineries, entre guillemets,
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sont des éléments extrêmement violents parfois pour les élèves.
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Un ado, il se constitue dans son groupe
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et donc qu'à un moment il soit mis à l'écart ou qu'il ait un surnom,
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si les adultes regardent ça avec un haussement d'épaule,
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on va casser la confiance qu'on doit avoir avec eux.
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Donc non, moi j'incite fortement les parents à simplement informer.
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Ils peuvent prendre rendez-vous avec vous ou faire un mot ?
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Moi je leur incite simplement à m'appeler
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ou à contacter la conseillère principale d'éducation, la CPE,
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pour que nous on ait l'information et qu'après on creuse
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et qu'on puisse recevoir l'élève, le rassurer,
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lui demander où ça en est, faire des points d'étape
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et après voir si on déclenche le protocole harcèlement
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ou si on est sur autre chose,
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ou si l'élève dit que les choses se sont arrangées.
04:52
Parce qu'il y a ça aussi qui peut arriver assez régulièrement
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dans les conflits interpersonnels.
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Vous dites des effets depuis trois ans,
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avec notamment des élèves qui osent se confier un petit peu plus à des adultes.
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Qu'est-ce qu'on peut faire encore pour améliorer les choses ?
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Puisqu'il y a toujours beaucoup d'élèves qui viennent vous voir.
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J'imagine que le but ultime,
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c'est d'enrayer avant même qu'il y ait un début de situation.
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Dans le déploiement de ce programme,
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il y a des éléments qui sont en lien avec la prise en charge des situations de harcèlement
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et la deuxième étape, c'est tout ce qui concerne la prévention.
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Donc la capacité que l'école va avoir à armer les élèves
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pour essayer d'éviter les situations de harcèlement.
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En tout cas, de les armer émotionnellement et socialement
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en mettant en place, par exemple,
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des séances de sensibilisation sur les réseaux sociaux
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ou en mettant en place des séances concernant la gestion des émotions.
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Moi, j'ai aujourd'hui une équipe d'anglais
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qui va travailler avec toutes les classes de 3e sur les problématiques de harcèlement
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sur les réseaux sociaux.
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L'an dernier, il y a une enseignante en espagnol
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qui a travaillé sur la gestion des émotions
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à partir de photolangages en espagnol,
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donc en travaillant le vocabulaire espagnol.
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Ça peut se faire dans toutes les matières
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et c'est effectivement une discipline un peu transversale.
06:00
Merci beaucoup, Jérémy Fruchard, d'être venu nous voir ce matin.
06:03
Principal adjoint du Collège Gérard Philippe à Montpellier.
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