• le mois dernier
La saison 2024 est terminée... et celle de 2025 approche à grands pas. L'occasion de retrouver Cyrille Guimard - ancien directeur sportif et sélectionneur de l'équipe de France - pour sa chronique habituelle chez Cyclism'Actu. Le bilan de la saison, la domination de Tadej Pogacar et d'UAE Team Emirates, le parcours du Tour de France 2025, le mercato, les contrats de plus en plus exorbitants... "le Druide" a évoqué tous ces sujets et bien plus encore dans l'interview à regarder ici.

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Sport
Transcription
00:00Bonjour Cyril, vous n'avez pas eu depuis les championnats du monde, on voulait bien
00:09sûr vous retrouver pour faire un petit bilan de cette saison 2024 et aussi jeter un petit
00:14oeil sur ce qui arrive en 2025.
00:17Déjà premièrement, un petit bilan rapide, qu'est-ce que tu retiens de cette saison ?
00:23La première chose, c'est qu'on a Pogachar qui l'a dominé, on va presque dire, du début
00:34à la fin, avec une maîtrise absolument extraordinaire.
00:39On a un autre personnage qui a aussi maîtrisé, on va dire, tout le début de saison, c'est
00:50Roland-Dercoule avec des résultats absolument extraordinaires.
00:55Et puis un petit réveil français sur le début de l'année avec un certain nombre
01:04de victoires rafraîchissantes dans la mesure où, même si la plupart, ça n'était pas
01:12les grandes épreuves du World Tour, c'est toujours bien et c'est toujours bon de gagner.
01:17Gagner, ça donne envie de recommencer, ça donne confiance à titre personnel, mais également
01:26sur le plan collectif.
01:28Là, ce qu'on peut dire dans un premier temps sur cette saison qui a permis aussi aux Français,
01:40et là j'ai envie de dire merci aux équipes pro d'avoir fait le nécessaire pour que les
01:47Français soient prêts pour les Jeux Olympiques avec cette deuxième et troisième place qui
01:54sont quand même assez extraordinaires, avec des adversaires qui n'étaient pas faciles,
02:01une course bien maîtrisée.
02:04Et puis, j'ai presque envie de dire, finalement, nos Français n'ont pas eu de chance sur ces
02:10Jeux Olympiques parce que la voiture d'Evénepoel était derrière Evénepoel lorsqu'il a crevé
02:17à quelques kilomètres de l'arrivée.
02:18On aurait pu faire un et deux, finalement, de ces Jeux Olympiques, mais c'est quand même
02:23mieux que le plus fort l'ait emporté.
02:27Si on revient un peu sur, tu l'as cité, la domination de Tadej Pogacar, ce n'est pas
02:30que la domination de Tadej Pogacar, c'est également celle de toute l'équipe UAE Team
02:34Emirates avec 81 victoires sur toute la saison.
02:37On n'a presque vu que du UAE toute l'année.
02:42On a fait une petite analyse sur Cyclisme Actu, est-ce que l'équipe UAE Team Emirates
02:47de 2024 est supérieure à celle de Jumbo Visma 2023 en termes de saison, en termes de
02:53résultats ?
02:54Laquelle tu placerais au-dessus par rapport à l'autre ?
02:57On n'est pas loin du dite-dite quand même, les trois Grands Tours, un podium complet
03:05sur l'un des trois Grands Tours, personne ne l'avait encore jamais fait.
03:11Aujourd'hui, Pogacar et UAE, parce que l'information tue l'information, les événements éliminent
03:22les événements passés, ça va très très vite aujourd'hui.
03:25Mémoriser ce qui s'est passé il y a un an ou deux, il faut presque aller rechercher
03:30les archives et cette domination de UAE fait passer au second plan l'exploit de Visma
03:38l'an dernier.
03:39Alors, il y a toujours des explications à cela, on n'est pas une année au-dessus de
03:44tout le monde et l'année d'après mauvais.
03:46Je pense que d'abord il y a eu la grave chute en Espagne et celle de Vingegaard entre autres
03:53et de Evenepoel également, puisqu'il y était dans cette chute, malheureusement, il n'y a
03:58pas que ces deux coureurs, mais ces deux coureurs avaient quand même une influence sur le déroulement
04:07de la saison qui a suivi, qui ont peut-être aussi un peu favorisé UAE.
04:12Alors, UAE, quand le leader voltige, les équipiers voltigent.
04:16Il ne faut pas chercher à expliquer ce qui ne l'est pas.
04:22Quand vous avez un grand leader, vous êtes grands équipiers.
04:25Ces mêmes équipiers dans une autre équipe sans grand leader, vous retirez 20% de rendement.
04:32Et la motivation collective est quand même quelque chose d'extraordinaire et j'ai eu
04:39la chance de connaître ce genre d'épisode remonté autour 84 et vous comprendrez ce
04:49que je veux dire.
04:51On avait quand même gagné dix étapes sur le tour et un et trois au classement général.
04:56Lorsqu'il y a cette euphorie de la victoire, eh bien ça gagne, c'est logique, c'est normal
05:04et c'est d'autant plus logique que c'est l'équipe qui a le plus gros budget, qui
05:10part en voie de conséquence à les meilleurs coureurs.
05:14Deuxième voie de conséquence, c'est celle qui a les moyens aussi d'aller chercher
05:20les meilleurs jeunes dès 17-18 ans, donc dans les catégories junior et donc la relève
05:31se fait de façon naturelle.
05:33Maintenant, est-ce que ça va durer longtemps ou pas, c'est un autre sujet.
05:41Mais ce n'est pas anormal que UAE domine de cette façon-là aujourd'hui compte tenu
05:47des éléments que je viens d'apporter.
05:50Pour partir un peu sur le sujet de ces derniers jours, bien sûr le parcours du Tour de France
05:592025 qui a été dévoilé.
06:00Qu'est-ce que tu en penses ? On sait que nos lecteurs eux sont plutôt contents de
06:06ce parcours, ils l'aiment, on l'a vu sur un sondage qu'on a fait récemment sur le
06:10site.
06:11Toi, qu'est-ce que tu en penses ?
06:13C'est bien de penser beaucoup de choses sur le parcours, sauf que nous n'avons aucune
06:20maîtrise sur la course et qu'on sait, parce que ça a été démontré depuis des années,
06:28que ce ne sont pas les parcours qui font les compétitions et qui font le classement.
06:34Ce sont les coureurs qui vont s'adapter au type de parcours et plus un parcours est
06:41difficile, plus les coureurs sont sur la réserve, les stratèges des équipes avec leurs oreillettes
06:52maîtrisent aussi au maximum ceux qui pourraient les mettre en danger par des offensives peut-être
06:58pas très bien pensées.
07:01Donc, chaque équipe va se mettre dans les conditions d'une course par rapport aux adversaires
07:12mais par rapport au parcours.
07:14Tout parcours trop difficile bloque la course.
07:18Ça, on l'a encore eu sur le tour d'Italie où il fallait faire plus que les autres,
07:27et finalement, on s'est rendu compte que, comme c'est vrai tous les ans, le tour se joue sur 3-4 étapes maximum,
07:38pas sur les 21 étapes, sauf que chaque étape est un des éléments du Pulse qui va permettre
07:49à un moment de faire la décision au travers du plus fort ou des plus forts.
07:56Donc, on peut tourner ça dans tous les sens.
07:59Il en faut pour tout le monde.
08:01Les sprinters ont besoin d'exister, les coureurs, on va dire punchers, ont besoin d'exister.
08:11Donc, la course n'est pas aussi simple que le parcours peut le laisser paraître.
08:18Il n'y aura pas 2 étapes où ça va voltiger et puis 5 où tout le monde va s'écraser.
08:26On peut être satisfait du parcours, oui, parce qu'a priori, on a le sentiment que c'est équilibré.
08:35On en reparlera à l'arrivée du tour, si vous voulez.
08:38Et un parcours 100% français, c'est positif ou alors c'est de l'ordre de l'anecdote ?
08:44Non, je m'en fiche complètement.
08:46Oui, c'est bien ce qu'il me semble.
08:48Non, mais je parle dans le déroulement de l'épreuve.
08:53Non, je trouve que le tour, c'est bien, c'est un des éléments qui fait parler.
09:00On a un tour de France qui est en France.
09:02Moi, quand j'entends le mot tour, c'est plutôt au tour et pas à l'intérieur.
09:09Vous voyez, les mots ont un sens quelquefois.
09:15C'est bien que cette année, ce soit comme ça.
09:18L'année prochaine, on repartira à l'étranger.
09:20N'oublions pas quand même que le tour à l'étranger, partout où il est passé,
09:26ça a toujours été un succès absolument extraordinaire pour vendre le vélo,
09:33mais vendre l'image de la France.
09:36Si tous les sports le vendaient comme le cyclisme, ça serait bien.
09:41Tous les consultants, tous les suiveurs du cyclisme
09:44se sont un peu livrés au jeu d'analyse du parcours en mode
09:48est-ce que ce parcours du Tour de France 2025 convient mieux à Tadej Pogacar ?
09:52Est-ce qu'il convient mieux à Jonas Vindelgaard ?
09:54Est-ce qu'il convient mieux à Remco Evenepoel ?
09:56Est-ce qu'au final, en résumé de tout ça,
09:58on ne peut pas juste dire que sur sa forme de 2024,
10:01de toute façon, peu importe le parcours, il conviendra à Tadej Pogacar.
10:05Il convient toujours au plus fort.
10:08Donc, est-ce qu'il convient plus à Pogacar ?
10:14C'est bien de commencer à construire des châteaux,
10:18sauf qu'on les construit un peu tôt.
10:21Il va y avoir la marée et le château.
10:23Vous savez, quand la marée arrive sur le château de sable,
10:26la plage redevient la plage.
10:32À l'époque où j'étais directeur sportif, à la tête de mes équipes,
10:37je commençais à regarder le parcours du Tour
10:40à trois semaines du Tour, pas avant.
10:45Pour plusieurs raisons.
10:47La première, c'est que vous avez une première vue le jour de la présentation.
10:54On n'est pas des imbéciles.
10:57Une fois qu'on a vu le parcours, on sait déjà beaucoup de choses.
11:01Après, quand on veut écrire l'histoire, c'en est une autre.
11:05Mais pour le directeur sportif, vous savez déjà tout.
11:08Vous savez déjà pratiquement quel type d'équipe vous allez préparer.
11:16Vous savez, à priori, six mois avant, les cours que vous allez mettre.
11:21Et puis, trois mois avant, vous en avez un tiers qui est out.
11:26Eh bien, quand on dit c'est un tour plus pour Evenepoel, pour Pogacar,
11:31pour Vingegaard ou pour un autre, seront-ils au départ ?
11:38Alors, à quoi ça sert de faire des scénarii
11:41quand on ne sait même pas quels sont les acteurs ?
11:44Et les acteurs, dans quel état seront-ils ?
11:50Je n'ai encore jamais vu un tour où tous les plus grands courants,
11:57que ce soit pour le sprint ou pour la montagne et le classement général,
12:03où ils étaient tous au départ.
12:06Et je n'en ai pas encore vu un parmi ceux qui étaient au départ,
12:09qui étaient encore tous là à moins d'une semaine de l'arrivée.
12:14Le tour et le sport ont toujours ces mystères.
12:19Et aujourd'hui, on est dans cette situation où je ne sais pas si Pogacar sera au départ.
12:27Alors, s'il n'est pas au départ, on dira, ah, c'était pourtant un tour qui lui allait très bien.
12:32Très bien, mais sera-t-il au départ ?
12:35Donc, moi, j'ai beaucoup de mal à aller sur...
12:39Alors, bien sûr, je lis, j'écoute, j'entends, quelquefois avec un grand sourire.
12:45Mais quelquefois, il faut aussi combler des minutes d'antenne.
12:51On va refermer cette page Tour de France, puisque dans tous les cas, c'est dans très longtemps.
12:55On a quelques mois qui arrivent avant ça.
12:58Parlons un peu du Mercato, qui a été un peu plus calme cette année que l'année dernière.
13:03On avait notamment eu les cas Roglic, les cas Heuttebroeck,
13:07qui avaient animé cette période de transferts.
13:11Cette année, quels sont un peu les transferts qui t'ont marqué ?
13:15Quelles sont aussi les équipes qui font, selon toi, un bon Mercato ou pas ?
13:20Il y a un Mercato... C'est marrant, d'ailleurs, parce que je trouve qu'on n'en parle pas énormément.
13:28C'est celui de Julien,
13:32qui part dans une équipe qui n'est pas World Tour,
13:37accompagnée, si ma mémoire est bonne, de Hirschi,
13:41qui a été le meilleur coureur sur les deux derniers mois de la saison.
13:49Ça, c'est un Mercato qui est intéressant.
13:52On est très loin du World Tour. On va chercher, bien sûr, à y aller.
13:56Et on fait un recrutement qui est XXL.
14:01Et ça, ça me paraît très intéressant.
14:06Pour le reste de l'ensemble des transferts, c'est relativement calme.
14:10Rappelez-vous, il y a un an, c'était des équipes qui fusionnaient, d'autres qui se rachetaient.
14:15On était loin de la tranquillité, de la sérénité de cette année,
14:22même si on parle de 10 millions d'euros pour Evenepoel pour aller rejoindre la Bora.
14:29Oui, ça entretient les commentaires.
14:39Mais pour l'instant, Evenepoel, il est toujours chez le Fever.
14:43Et puis, on verra bien plus tard.
14:47Non, il y a Lenny Martinez, qui est intéressant à suivre,
14:51parce qu'il part dans une équipe qui n'est pas obligatoirement en phase avec notre culture,
14:59et peut-être même celle tout simplement des Martinez.
15:03Il y a une dynastie Martinez qui a une certaine culture, une certaine idée de ce qu'est le vélo,
15:11que ce soit avec le papa, le tonton, le père.
15:16Et maintenant, j'ai envie de dire le petit-fils.
15:19Comment va-t-il s'adapter dans ce monde-là ?
15:22Je n'ai pas trop peur pour lui, mais c'est quand même quelque chose qui va être intéressant.
15:29Partir dans une équipe dont on a du mal à connaître d'ailleurs l'agriculture aujourd'hui,
15:36qui est un petit peu en deuxième rideau,
15:40parce que Baragne, ce n'est pas l'équipe qui fait rêver aujourd'hui.
15:44Peut-être que Lenny arrivera à faire en sorte qu'on rêve de cette équipe.
15:49Ce sera, à mon avis, difficile.
15:51On a parlé du contrat à 10 millions pour Evenepoel qui ne s'est pas fait,
15:55mais qui a été mis sur la table.
15:56On a eu récemment le contrat de Tadej Pogacar,
15:59qui a été tendu jusqu'en 2030 avec 8 millions d'euros à la clé.
16:03Comment tu évalues justement cette explosion des salaires ?
16:07Encore une fois, on a l'impression que c'est toujours plus d'argent, toujours plus long.
16:12On s'écurise sur des contrats de 5, 6, 7 ans.
16:15On a des jeunes coureurs qui sont engagés jusqu'en 2030, 2031.
16:20Comment tu évalues justement cette tendance-là, toi ?
16:24C'est une évolution qu'on a commencé à avoir depuis quelques années.
16:29À une époque, on signait des contrats pour les jeunes de 2 années.
16:35Je suis bien placé pour en parler, puisque le premier contrat qui a existé,
16:39c'est moi qui l'avais fait à l'époque où j'étais président du syndicat des coureurs.
16:43Donc, ça remonte à quelques années.
16:46Donc, l'obligation de 2 années pour des néopros.
16:51Ça, ça a été conservé.
16:54Ensuite, progressivement, on est passé de renouvellement de contrat sur une année,
17:01voire sur deux maximum.
17:04Des fois, quand on faisait signer 3 ans, on avait quelques surprises.
17:08C'est que les coureurs devenaient plus ou moins fonctionnaires en disant
17:12« je vais surtout me battre la dernière année pour retrouver un contrat ».
17:18Donc, on restait toujours sur des contrats relativement courts.
17:22Et puis, au fil des années, les choses ont évolué.
17:26Les budgets ont aussi évolué.
17:29Ça, c'est important.
17:31Je pense que le contenu des contrats, je ne les connais pas aujourd'hui,
17:34mais je pense que le contenu des contrats a dû également évoluer pour cause.
17:41Avant, on était plutôt sur culture de contrat français.
17:45Après, on est passé, puisque maintenant, vous savez que c'est l'anglais qui est la langue officielle,
17:50et que les contrats, la plupart du temps, se font en anglais.
17:54Et puis, on a les équipes arabes qui sont arrivées,
18:02avec l'UAE, Baragne, etc.
18:05Les compétitions qui sont arrivées également là-bas, pas seulement le cyclisme, le hand, le foot.
18:10Donc, il y a un nouveau courant qui arrive.
18:14Et là, on arrive aujourd'hui avec des équipes qui n'ont pas de budget dédié.
18:21Ils ont le budget nécessaire pour faire la meilleure équipe.
18:25Et donc, ils ont la possibilité de faire des contrats à longue durée,
18:30avec des rémunérations qui sont à la hauteur du talent des coureurs.
18:37Mais moi, ça ne me choque pas.
18:40Comme je dis, je ne connais pas les clauses.
18:42Il va bien y avoir des clauses de sortie d'un côté ou de l'autre.
18:45On ne se marie pas à vie sans possibilité d'en sortir.
18:51Sauf pour Wout Van Aert, au final, qui a signé un contrat à vie.
18:55Qu'en penses-tu de ce contrat à vie de Wout Van Aert à l'Avisma ?
18:58Écoute, quand il aura 82 ans, on en parlera.
19:05Ça ne veut rien dire.
19:09Est-ce que toi, personnellement, dans ce monde du cyclisme 2024,
19:13où on a l'impression qu'il y a de plus en plus d'argent,
19:16que les jeunes sont exploités de plus en plus tôt,
19:21est-ce que ça te plairait d'être manager d'une équipe,
19:24d'être directeur sportif ?
19:26Ou ça a trop changé et ça ne te plairait pas ?
19:32Je vais répondre à la dernière question.
19:36Est-ce que les directeurs sportifs existent encore aujourd'hui ?
19:42Il était il y a quelques années.
19:45Aujourd'hui, effectivement, dans la voiture,
19:47vous avez des gens qui ont l'appellation directeur sportif.
19:52Ils sont surtout des gens qui communiquent à la radio.
19:57Je me suis amusé à faire...
20:00Avant, un directeur sportif, c'est le patron de l'équipe,
20:03c'est le patron des coureurs.
20:06Aujourd'hui, quand vous prenez un coureur professionnel,
20:09dans une équipe, il a au moins, au minimum, sept référents.
20:15Sept référents avec lesquels il va avoir des relations
20:21particulières ou privilégiées.
20:24Alors, rapidement, vous allez voir, ça va très vite.
20:27Il a le directeur sportif qui lui est dans la voiture.
20:30Mais, en fait, l'entraîneur est plus important que le directeur sportif.
20:36Quand l'entraîneur n'intervient pas, y compris dans les programmes coureurs
20:41et dans la stratégie de course,
20:47vous avez, derrière tout ça,
20:50vous avez le psy, le préparateur mental,
20:58le masseur, vous ajoutez à cela le diététicien
21:03qui pèse les carottes râpées et les concombres.
21:07Mais chaque personne est en relation directe avec chaque coureur.
21:12C'est-à-dire que le coureur n'a plus un seul patron dans une équipe.
21:15Il en a 6, 7, voire 8.
21:18D'autant qu'en plus, les directeurs sportifs,
21:20tels que les choses se passent aujourd'hui,
21:22un jour, vous êtes avec Paul, directeur sportif numéro 2,
21:26le lendemain, vous êtes avec Pierre, directeur sportif numéro 4,
21:29ensuite, vous vous retrouvez avec le numéro 1.
21:32C'est-à-dire que vous n'avez pratiquement jamais le même directeur sportif, ou très peu.
21:36Ce qui n'a donc rien à voir avec ce qui se passait il y a 40 ou 50 ans,
21:42où là, les organigrammes étaient très clairs, simples.
21:47Les choses sont beaucoup plus compliquées
21:49parce qu'en plus, au-dessus, vous avez un manager général
21:52ou des managers généraux avec, là aussi, des responsabilités différentes.
21:57N'oublions pas que des équipes comme celle que je dirigeais,
22:01on était à moins de 50.
22:03Aujourd'hui, on est pratiquement à 140, 150.
22:06C'est-à-dire que c'est une véritable entreprise.
22:08Donc, on ne peut plus regarder les choses de la même façon.
22:13Un coureur qui est véritablement la personne la plus importante,
22:16ce qu'on appelait le tiers privilégié,
22:19c'est-à-dire la personne avec qui vous allez aller si vous avez le moindre souci.
22:26Mais il y a tellement de référents
22:29que si vous allez voir votre tiers privilégié,
22:33est-ce que vous allez lui dire ça ne va pas avec Pierre ou ça ne va pas avec Paul ?
22:38Et là, on retombe dans une sorte de marasme relativement difficile et complexe à comprendre.
22:46Je pense qu'aujourd'hui, être coureur cycliste ne doit pas toujours être très marrant.
22:52Et puis, il y a une conséquence à tout ça.
22:55C'est le nombre de coureurs qui passent en burnout.
23:00Moi, j'ai, pendant des années, des coureurs qui sont passés en burnout.
23:05Oui, on a eu deux ou trois en 25 ans, c'est tout.
23:10Aujourd'hui, c'est trois ou quatre par an.
23:15Donc, on ne maîtrise pas très bien les choses.
23:18Mais on ne va pas refaire le monde.
23:22Moi, je n'avais pas de PlayStation quand j'étais gamin.
23:25J'allais garder les vaches.
23:27Ce n'était pas la même approche.
23:29Je pense qu'on a fait le tour avec Cyril.
23:31On le retrouvera très certainement par la suite sur Cyclisme Actu
23:35pour discuter de la suite de l'intersaison
23:38et bientôt le début de la saison qui arrive dans moins de deux mois maintenant sur le cyclisme.
23:43Oui, c'est très bien, pas de souci.
23:46On va garder les vaches.
23:50Merci beaucoup Cyril.
23:51On vous retrouvera bien évidemment dans quelques semaines sur Cyclisme Actu.
23:56Bonne fin de journée.
23:58À bientôt.

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