Pour courir en sécurité, elles créent un groupe solidaire entre femmes

Sud Radio

il y a 10 mois

Avec Audrey Tranchard, enseignante et co-fondatrice du groupe Facebook "Run et Trail entre nanas sur Elbeuf et alentours" avec Elodie Marquet

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##LA_VIE_EN_VRAI-2024-11-04##

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00:006h39 sur Sud Radio, plus de 6 femmes sur 10 ont déjà été sifflées dans la rue.

00:10Une femme sur 2 a déjà été agressée verbalement.

00:1314% des femmes ont déjà été agressées physiquement dans la rue.

00:17Audrey Tranchard, merci d'être avec nous ce matin.

00:19Vous êtes notre invitée ce matin.

00:21Vous avez cofondé avec votre amie un groupe Facebook pour courir, je cite, entre nanas.

00:25Du côté d'Elbeuf, c'est vers Rouen.

00:27Vous étiez 2 il y a 2 mois, vous êtes aujourd'hui 265.

00:32Est-ce que vous êtes surprise qu'autant de femmes aient rejoint votre groupe Facebook ?

00:36Bonjour.

00:38Alors, surprise, oui et non.

00:40Oui, parce qu'effectivement, comme vous le dites bien, le harcèlement dans la rue,

00:46d'autant plus quand on fait du sport, c'est quotidien, c'est même à chaque sortie.

00:51Et en même temps, oui, surprise, parce qu'effectivement, en 4 jours,

00:54on avait atteint les 100 membres et on ne s'attendait pas à ce que ça trouve aussi rapidement son public.

01:00D'autant que ça concerne que la moitié de la population est sur un périmètre assez restreint finalement.

01:06Donc on ne s'attendait pas.

01:08L'idée c'était en fait de pouvoir aller courir en toute sécurité.

01:11Comment cette idée est née de se dire, vous êtes 2 à avoir créé ce groupe Facebook,

01:16comment cette idée est née de se dire on va se réunir entre femmes pour pouvoir être en sécurité, pour pouvoir courir ?

01:23Initialement, l'idée est venue à la fin du mois d'août,

01:26juste après nos congés d'été où comme tout le monde, on a plus de temps pour nos loisirs.

01:31On s'est dit que l'automne allait arriver et que ça n'allait pas être simple de continuer de courir, de trouver la motivation.

01:39Donc c'est parti un peu d'une plaisanterie qu'on allait créer un groupe pour toujours avoir du monde pour courir avec nous.

01:46On a vu simplement créer et puis après on a attendu, on a vu.

01:52C'est devenu justement un rassemblement de passionnés de jogging,

01:57mais est-ce qu'il y a eu quand même à travers peut-être les témoignages que vous avez pu recueillir dans ce groupe Facebook,

02:03une peur d'aller courir que ce soit en centre-ville ou même dans les alentours, il y avait vraiment cette crainte ?

02:08Qu'est-ce que vous avez vécu au quotidien vous pour vous dire je crée ce groupe Facebook ?

02:13Alors c'est commencé des sifflements, des klaxons, 3-4 voitures par sortie.

02:23Donc on parle d'une sortie d'une heure, une heure et demie et c'est 3-4 personnes.

02:27C'est certains membres qui se sont déjà fait suivre en voiture et sans parano il n'y a aucune,

02:32on change de route et la voiture réapparaît un peu plus loin au bout du chemin.

02:38C'est des personnes qui sont de part et d'autre d'un chemin et qui nous posent des questions, nous arrêtent,

02:45des fois insultent si jamais on ne s'arrête pas, donc c'est le quotidien.

02:50Ils vous insultent seulement parce que vous n'êtes pas arrêté à leur demande en fait ?

02:54Oui voilà, comme on peut le vivre à un arrêt de bus sans forcément être dans le sport,

03:01mais quand on est dans le sport on a des écouteurs, on n'est pas forcément, on est toujours peut-être un peu vulnérable.

03:06Vous n'hésitez pas avant Audrey d'aller courir toute seule ?

03:10Oui non, moi ça ne me posait pas de problème parce que j'habite le long d'une rue éclairée,

03:14mais ce n'est pas le cas dans tous les coins et on n'a pas forcément envie de se limiter à cause de certains individus

03:21parce qu'évidemment ça concerne finalement que peu de personnes dans la rue et qui peuvent être dites menaces.

03:29Et est-ce que le fait d'avoir créé ce groupe Facebook, c'est-à-dire d'aller courir à plusieurs,

03:34ça vous a vous personnellement rassuré, ça a rassuré aussi vos amis ?

03:39Et est-ce que du coup, conséquence de tout ça, ça a permis d'avoir moins d'incivilité, voire de harcèlement ?

03:45Oui, ça ne supprime pas les incivilités parce qu'il y en a toujours entre guillemets qui s'amusent

03:50puisque c'est une fois qu'on nous a dépassé qu'on nous laxonne,

03:54mais de toute façon nous on n'a plus le même état de l'esprit,

03:59on est à plusieurs, on ne se sent pas inquiète, on sait que quoi qu'il arrive,

04:04même s'il y a quelqu'un qui s'arrête, quand on est trois, quatre, déjà on prend plus d'espace,

04:09donc réinvestir l'espace public, ne plus avoir peur de sortir,

04:13et même s'il se passe quelque chose, on sait qu'on n'est pas seul et que face à ça, on ne sera pas trop en danger.

04:21Et est-ce que vous avez eu certaines de vos amis ou certaines personnes de ce groupe Facebook

04:26qui vous ont dit, c'est grâce à vous que je me suis remis à la course parce que j'avais arrêté, j'avais trop peur ?

04:31Oui, enfin ce n'est pas forcément arrêter, parce qu'en général quand on commence et qu'on a du mal à s'arrêter,

04:36c'est plutôt aider un peu, mettre le pied à l'étrier et les aider à commencer,

04:41et effectivement on a beaucoup ces dernières semaines qui nous ont rejointes suite aux différents reportages

04:47des médias qu'on a pu avoir, qui nous ont dit en fait c'est exactement ce dont j'avais besoin,

04:53de ne pas être seul, de pouvoir trouver quelqu'un qui a un niveau variable pour faire différentes séances régulièrement,

04:59sans être seul, avec la nuit qui tombe, ça tombe d'autant mieux.

05:03Oui, avec le changement vrai effectivement.

05:05Dernière question Audrey Tranchard, comment les gens autour de vous ont réagi ?

05:10Est-ce qu'ils vous ont dit c'est formidable cette solidarité,

05:13ou alors finalement c'est triste d'en arriver là en France ?

05:17On a eu les deux. On a eu les deux, notamment dans les commentaires des articles sur les réseaux,

05:23des personnes qui comprennent, qui trouvent que c'est super,

05:27d'autres personnes qui comprennent, qui trouvent que c'est super mais qu'effectivement c'est triste de devoir en arriver là

05:32et de devoir dépendre des autres pour simplement vivre et faire son activité,

05:36et des personnes qui ne comprennent pas, qui pensent qu'on est juste paranoïaque,

05:41donc ce sont majoritairement des hommes qui ont ce point de vue,

05:45qui partent du principe qu'on ne peut plus croiser une femme dans la rue sans être taxé de harceleur,

05:51alors que nous, quand on croise des gens, notamment des sportifs,

05:54on ne se sent pas du tout menacé.

05:56C'est souvent des personnes de l'extérieur qui s'arrêtent même rarement,

05:59mais c'est une charge mentale qui est assez conséquente quand on n'est pas là pour faire ça.

06:04On l'aura bien compris. Merci infiniment Audrey Tranchard d'avoir été notre invité ce matin sur ce sujet.

06:09Vous êtes enseignante également et cofondratrice de ce groupe Facebook avec votre amie Elodie Marquet.

06:15Merci d'avoir été notre invité 6h46 sur ce Radio.

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