Christophe Girard : «J'ai vu et vécu trop de souffrances»

Policier, Christophe Girard s'est exprimé sur sa tentative de suicide liée à un syndrome post-traumatique : «J'ai vu et vécu trop de souffrances».

Transcript

00:00Ce jour de mai 2016, en fait, c'est l'aboutissement de six ans d'errance médicale.

00:05Puisqu'en 2010, une nuit, j'éclate en sanglots et je suis incapable de dire pourquoi.

00:13Ensuite, je vais voir plusieurs professionnels de santé.

00:18On cherche dans tous les coins de ma vie, en fait, le coin professionnel, le coin personnel.

00:26Mais à aucun moment on pense que ma fonction de policier m'a permis de développer un stress post-traumatique, en fait.

00:37Donc j'arrive en mai 2016, c'est ma femme qui me dit que je suis tellement invivable à cause de mes symptômes du stress post-traumatique

00:47qu'elle préfère partir avec les enfants.

00:51Mes deux enfants.

00:52Mes deux enfants.

00:53C'est le déclencheur pour moi, c'est la souffrance de trop.

00:57Donc je décide, je prends ma voiture, machinalement, je roule assez vite, je manque d'avoir un accident.

01:06Du coup, je ralentis et au moment où je ralentis, j'ai des flashbacks sur toutes les interventions que j'ai pu vivre

01:16et même des interventions qui dataient de 1999, en fait.

01:24L'image la plus marquante, c'est l'image d'un canon, d'un revolver avec le barillet et les six cartouches qui garnissent le barillet.

01:36Et ce canon, en fait, est dirigé vers moi.

01:39Donc ça, c'est en 1999, sur le 18ème arrondissement de Paris.

01:48Donc là, en fait, je me dis que c'en est trop.

01:51J'ai vu trop de souffrances, j'ai vécu trop de souffrances et j'ai partagé trop de souffrances.

01:57Je m'arrête dans un coin.

02:00Et puis, j'étais sur le point de mettre fin à mes jours quand, d'un mouvement de la tête vers l'arrière, j'aperçois dans le rétro intérieur...

02:13Vous aviez un revolver, vous alliez vous tirer dessus.

02:16Et dans le rétroviseur intérieur de ma voiture, j'aperçois le regard de ma chienne qui était dans le coffre.

02:23Je ne sais pas comment elle est montée, elle est montée de manière automatique.

02:27Elle était là. Et ce regard, en une fraction de seconde, me ramène à la vie.

02:35Et c'est comme si je me voyais en train de faire ce que j'étais en train de faire.

02:40Et je me suis demandé qu'est-ce que tu fais là, en fait ? Qu'est-ce que tu es en train de faire ?

02:45Il y a cette espèce d'éclair de lucidité qui vous a raccroché à la vie.

02:49Clairement, ça m'a ramené.