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Transcription
00:00On revient sur ce sprint final avec vous, Jérôme Viala-Godefroy, spécialiste des Etats-Unis,
00:05auteur de l'ouvrage « Les mots de Trump » aux éditions Dalloz.
00:11Et pour cause, on va reparler de la rhétorique utilisée par Donald Trump.
00:16À 16 jours du scrutin, aucun des deux candidats ne semble se démarquer clairement selon les sondages.
00:22C'est extrêmement serré. Rien n'est encore joué selon vous ?
00:26Non, rien n'est encore joué. On est toujours dans la marge d'erreur en fait.
00:29La marge d'erreur se situe entre 3 et 4 points.
00:33Et on est généralement à des taux de 1 ou 2 points au-dessus de la majorité pour l'un des candidats ou l'autre.
00:41Donc c'est extrêmement difficile d'avoir une idée.
00:45Et là, on devrait avoir, si les sondages ne se sont pas trompés, effectivement une élection serrée.
00:51Il faut se souvenir aussi qu'en 2016 et en 2020, les résultats, l'élection a été également très serrée.
00:59Hillary Clinton a perdu à moins de 77.000 voix dans 3 États.
01:04Et Joe Biden a gagné avec moins de 12.000 voix en Géorgie ou 10.000 voix en Arizona.
01:13Donc ce sont des marges tellement faibles qu'il est absolument impossible de les mesurer dans les sondages.
01:18Alors aujourd'hui, toujours, c'est Amérique extrêmement polarisée.
01:22Kamala Harris, qui fête justement ses 60 ans aujourd'hui, remet la carte de la santé au centre de ces derniers jours de campagne.
01:30À quel point cette question de l'âge des candidats peut-elle peser sur le scrutin ?
01:34Est-ce que c'est une bonne stratégie de la part de la vice-présidente ?
01:37Alors elle a beau jeu de le faire puisque c'était l'accusation qu'il y avait contre Joe Biden.
01:43Et puis Donald Trump, qui a quand même 78 ans, refuse de divulguer les détails de son bilan de santé.
01:53Et ça peut lui porter préjudice, justement, ça ?
01:56C'est difficile à savoir parce que les gens ont quand même déjà une idée assez forte sur Donald Trump.
02:03Ils ont déjà leur propre idée, soit contre lui, soit pour lui.
02:07C'est vrai qu'il a tendance à partir, à faire des erreurs, à passer une pensée à une autre.
02:16Et il ne semble pas toujours très cohérent.
02:19Mais c'est déjà quelque chose qu'il faisait auparavant.
02:21En fait, ça a un petit peu augmenté.
02:24On est un petit peu plus dans des moments qui semblent un petit peu délirants.
02:28Mais ça rentre dans le personnage.
02:32Il est peu probable que ça ait un effet important, à moins qu'il y ait quelque chose de plus évident qui apparaisse dans un de ses meetings.
02:40Oui, pour l'heure, ça n'a pas du tout l'air de lui porter préjudice.
02:44Comment on l'explique qu'il puisse à ce point proférer des fausses informations et que ça ne l'atteigne pas, ou très peu finalement ?
02:52Parce qu'il y a une sorte de culte autour de Donald Trump, de ses partisans.
02:56Le parti républicain est tout entier tourné vers lui.
02:59Et puis, il n'est pas vu comme un politicien, comme un homme politique normal.
03:05Il est vu comme un showman, comme quelqu'un qui fait du spectacle.
03:08Donc ça a aussi tendance à amuser une partie de son électorat, qui accepte beaucoup de choses de sa part.
03:16Parce que finalement, c'est sa manière d'être.
03:18Et il y a aussi un côté authentique quand il passe comme ça, d'une idée à une autre, ce qui lui passe par la tête.
03:25Pour un certain nombre de ses partisans, c'est quelque chose qui montre que ce n'est pas scripté, que ce n'est pas scénarisé.
03:30Et que donc, il est un homme normal, il est comme nous.
03:34Il est plus ou moins un homme du peuple, alors qu'évidemment, c'est un milliardaire.
03:37Mais il est vu comme quelqu'un, comme tout le monde en fait.
03:40Oui, mais justement, ce que répond le camp démocrate, c'est qu'ils ne veulent pas d'un showman à la Maison-Blanche.
03:46Et justement, ce samedi, Kamala Harris a de nouveau pointé la santé de son rival.
03:51Elle affirme que Donald Trump est de plus en plus instable et inapte à exercer la fonction présidentielle.
03:56Donc, ce sont ses mots.
03:58Là aussi, du coup, si on vous écoute, elle n'aurait pas raison de frapper sur cet aspect-là.
04:05Puisque finalement, ça n'a que peu d'incidence sur le vote.
04:08Oui, mais en même temps, c'est difficile de le mesurer.
04:11Parce que ça pourrait avoir éventuellement une incidence qui n'est pas mesurable.
04:14Mais sur quelques indécis, sur des modérés.
04:17Les gens qui ont, par exemple, voté pour d'autres candidats aux primaires.
04:23Nikki Haley, par exemple, qui a quand même obtenu plus de 20% des voix aux primaires.
04:29Et une partie de ces électeurs peuvent être un petit peu rebutés par sa manière de fonctionner.
04:36Puisque ce ne sont pas forcément des gens qui adhèrent.
04:39Mais ça, c'est très difficile à mesurer.
04:41Parce qu'on est dans de l'ordre de peut-être 5 ou 6% des électeurs.
04:45Et on voit que pour la vaste majorité, ils sont vraiment polarisés, comme vous le disiez.
04:51C'est-à-dire, soit pour Donald Trump, quoi qu'il fasse, plus ou moins à quoi qu'il fasse.
04:55Ou contre lui, de toute façon.
04:57La stratégie, en tout cas, de Donald Trump, ce n'est pas donc celle de l'âge.
05:01Mais c'est celle de son discours anti-immigration, qu'il durcit de semaine en semaine.
05:07Il continue de dépeindre une Amérique apocalyptique.
05:09Il promet que le 5 novembre sera, je cite, le jour de la libération de l'Amérique.
05:14C'est une rhétorique guerrière, de manière totalement assumée.
05:19Là encore, il durcit sa rhétorique anti-immigrant.
05:23Il le met sur le plan carrément guerrier.
05:26Comment vous analysez ces mots-là ?
05:28Vous qui avez écrit un livre sur le sujet.
05:31Oui, tout à fait.
05:32C'est quelque chose qui est arrivé en évolution, qui a évolué depuis 2016.
05:37Déjà en 2016, il avait basé beaucoup son discours sur ce danger de l'immigration.
05:43Et là, encore une fois, il parle de l'Amérique comme étant en état de guerre, comme étant envahie.
05:49Et il doit libérer l'Amérique, effectivement.
05:52Et là, il va beaucoup plus loin dans ce qu'il disait.
05:57Mais c'est quand même quelque chose qu'on avait déjà, y compris dans son discours d'investiture.
06:01Vraiment, il avait dépeint une Amérique en guerre qui était libérée.
06:06C'est quelque chose qu'il a déjà fait, mais qu'il fait de façon de plus en plus radicale.
06:13Il dit, par exemple, qu'il va utiliser une loi contre les étrangers qui existent en cas de guerre.
06:20Mais il faudrait pour ça que le Congrès déclare la guerre à un pays, par exemple.
06:24C'est la loi qui a été utilisée pour, par exemple, mettre dans des camps les Japonais américains pendant la Deuxième Guerre mondiale.
06:31Il va très, très loin.
06:33Évidemment, d'expulser, de mettre dans des camps et d'expulser, en parlant de déportation, les immigrés, illégaux.
06:42Et sa rhétorique aussi s'est radicalisée par rapport à ses opposants, qu'il traite lui aussi d'ennemis.
06:49Il les traite eux aussi d'ennemis et promet aussi d'éventuellement se débarrasser d'eux.
06:55Mais quel écho cette rhétorique guerrière, justement, peut avoir sur l'électorat ?
07:00Pour ses partisans, ça leur plaît parce qu'ils se disent qu'il n'ira peut-être pas jusqu'au bout, il ne fera peut-être pas vraiment ça.
07:08D'ailleurs, regardez, il n'a pas vraiment fait ça dans son premier mandat parce qu'il n'a pas pu.
07:12En fait, il était entouré de gens qui l'ont un petit peu empêché d'aller trop loin.
07:17Mais ça leur plaît parce qu'ils se disent qu'en fait, il va au moins faire quelque chose.
07:22Il fera quelque chose, il fera peut-être pas ce qu'il va dire exactement, mais au moins il va agir.
07:26Et puis, c'est quelqu'un qui a beaucoup fait ce qu'il a dit, contrairement à tous ces hommes politiques qui ne font jamais ce qu'ils racontent dans les campagnes.
07:34Donc ça, ça plaît, encore une fois, à sa base électorale.
07:37Ce n'est pas forcément la majorité des Américains.
07:40Et puis, il faut voir aussi que pour une partie de la base, on voyait par exemple sur la question de l'avortement,
07:45beaucoup plus de gens étaient contre l'avortement quand c'était quelque chose d'abstrait.
07:51Quand c'est devenu quelque chose de concret, on voit qu'en fait, une majorité d'Américains est vraiment contre ces lois anti-avortement.
07:57Il pourrait se passer la même chose par rapport à l'immigration, puisque pour arrêter des immigrés illégaux,
08:01il va falloir aussi demander à tous les gens qui ont l'air d'immigrer leur papier d'identité régulièrement.
08:07Ça va poser d'énormes problèmes.
08:09Très rapidement, avant de se quitter, un mot sur les points faibles de la vice-présidente, sur lesquels table d'ailleurs Donald Trump.
08:16Plusieurs enquêtes ces dernières semaines ont révélé les difficultés de Kamala Harris.
08:20À faire le plein de voix parmi les électeurs noirs et latino-américains.
08:24Ce vote-là, très rapidement, il pourrait aussi faire basculer l'élection.
08:28Oui, bien sûr, il y a le vote latino, il y a le vote noir.
08:31Mais d'ailleurs, on voit effectivement que la campagne de Kamala Harris va vraiment vers ses électeurs
08:38en allant parler dans des émissions dédiées, par exemple, à Univision, la chaîne hispanique.
08:46Les démocrates sont tout à fait conscients qu'ils ont besoin de travailler encore ces catégories de la population
08:53qui ne sont pas totalement pour Kamala Harris.
08:57En tout cas, une partie suffisante n'adhère pas encore suffisamment pour qu'elle soit élue.
09:04Puisque ça va être dans des marges très faibles.
09:06Merci beaucoup à vous, Jérôme Viala-Godefroy, spécialiste des Etats-Unis.

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