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  • 10/10/2024
Vladimir Poutine doit rencontrer vendredi le président iranien, allié de la Russie, Massoud Pezeshkian. La situation au Proche-Orient sera au cœur des discussions. Israël rispotera-t-elle aux missiles lancés par l'Iran ? 1coutez l'analyse du Général Dominique Trinquand, expert en relations internationales, ancien chef de la mission militaire française auprès de l'ONU. Il publie "D'un monde à l'autre, comprendre les nouveaux enjeux géopolitiques", chez Robert Laffont.
Regardez L'invité d'Amandine Bégot avec Amandine Bégot du 10 octobre 2024.

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Transcription
00:00RTL Matin
00:02Avec Amandine Bégaud et Thomas Soto
00:05Il est 8h16, le monde ne tourne décidément pas très rond
00:08et il va se passer un événement majeur et pas forcément rassurant demain
00:11une rencontre entre Vladimir Poutine et le président iranien
00:14dans le contexte inflammable du moment Amandine, vous avez choisi ce matin de consulter un expert
00:19et pas n'importe quel, le général Dominique Trinquant. Bonjour et bienvenue à vous.
00:22Bonjour et bienvenue sur RTL, expert en relations internationales,
00:25ancien chef, je le rappelle, de la mission militaire française auprès de l'ONU
00:29et vous publiez ce nouveau livre « D'un monde à l'autre » chez Robert Laffont, le livre sort aujourd'hui
00:35et il nous aide à comprendre tout ce qui se passe en ce moment.
00:38Ce sera, Thomas le disait, l'une des images de cette fin de semaine qui fera sans doute le tour du monde
00:43Vladimir Poutine face au président iranien, il se rencontre demain au Turcmenistan.
00:47Cette rencontre elle est bien sûr tout sauf anecdotique dans le contexte actuel.
00:51Oui complètement, on revient à des idées qui avaient été lancées en 2002-2003
00:58sur l'axe du mal, vous vous souvenez ?
01:00C'est ça l'axe du mal ? Russie, Iran ?
01:01Alors voilà, l'axe du mal à l'époque c'était Irak, Iran, Corée du Nord.
01:08Aujourd'hui c'est Russie, Moscou, Téhéran, Corée du Nord.
01:13Et donc ce qui est intéressant c'est de voir que les ratages américains de 2003
01:20qui ont fait que l'axe du mal a été attaqué par le mauvais bout, c'est-à-dire l'Irak
01:25et que la Corée du Nord n'avait pas l'arme nucléaire, elle l'a maintenant
01:28et que l'Iran n'avait bien sûr pas et qu'elle est en passe de l'avoir.
01:34L'Iran passe d'avoir l'arme nucléaire ?
01:36Oui elle est en passe de l'avoir, alors les analyses vous disent une semaine, quinze jours, on ne sait pas.
01:41Moi je note que les sismologues arméniens ont détecté la semaine dernière
01:47un séisme assez particulier dans un désert iranien
01:52qui avait toutes les caractéristiques d'une explosion nucléaire.
01:55Pourquoi un séisme assez particulier ?
01:57Parce qu'un séisme s'annonce et a des répliques après.
02:01Là pas du tout, il ne s'est pas annoncé, il a été brutal et il n'y a pas eu de réplique.
02:05Donc voilà, 4,4 sur l'échelle de Richter, c'est peut-être un essai.
02:10Ça ne veut pas dire que l'arme est opérationnelle, ça veut dire qu'ils ont la capacité de le faire.
02:14Est-ce que c'est cela qui d'après vous pourrait expliquer le fait qu'Israël tarde à riposter ?
02:20On se souvient des propos extrêmement durs de Benjamin Netanyahou, le premier ministre israélien,
02:24après cette attaque de missiles iraniens contre Israël.
02:27On pensait que la riposte irait très vite, quelques heures, quelques jours.
02:32Dix jours plus tard, on n'y est pas encore.
02:34Bon alors, la guerre n'est pas une guerre presse bouton.
02:37C'est-à-dire que ce n'est pas un jeu vidéo, ça se monte, c'est planifié, c'est compliqué.
02:41D'autant plus que les Américains coordonnent.
02:44Les Israéliens ont besoin des images satellitaires américaines.
02:49Je constate des renforts d'avions, ravitailleurs, F-35, etc., qui viennent vers le Golfe.
02:56Donc les affaires se préparent.
02:58Mais la difficulté c'est le choix.
03:00Est-ce qu'on frappe sur le nucléaire ?
03:02Est-ce qu'on frappe sur le pétrole et le gaz ?
03:04Est-ce qu'on frappe sur les passes d'Aran ?
03:06Les Américains ont dit non sur le nucléaire.
03:08Le pétrole et le gaz, un peu gênant sur le plan écologique.
03:12Et puis les cours vont monter.
03:16Moi je pense que l'Iran est en position de faiblesse en fait.
03:20A l'intérieur, elle est complètement infiltrée par le Mossad.
03:26Il y a une population citadine essentiellement qui s'oppose au gouvernement.
03:31Donc je pense qu'une pression extérieure plus intérieure peut avoir un effet.
03:35Malheureusement, le changement de régime, comme on dit, le régime James, tout le monde en a peur.
03:41Mais il y a un moment où il faut se lancer.
03:43Et si on attend que l'Iran ait l'arme nucléaire, ça va faire comme la Corée du Nord.
03:48C'est fait pour protéger le régime.
03:50Ce n'est pas fait pour autre chose que protéger le régime des Mollahs
03:54qui est honni par une partie de la population et bien sûr par tous les pays arabes de la région.
04:00Donc ce que vous nous dites, c'est que stratégiquement, il faudrait qu'Israël réposte vraiment et vite.
04:05Vraiment et vite en affaiblissant le régime.
04:09Alors c'est facile à dire ici devant un micro, c'est plus compliqué à faire.
04:13Mais les plans de frappe, c'est quelque chose qui se prépare.
04:16D'autant qu'on est dans un contexte qui est particulier.
04:19Vous évoquiez les Etats-Unis, il y a cette présidentielle américaine le 5 novembre
04:23et on a un peu l'impression que la clé, elle est aussi là.
04:26Bien sûr, elle est là.
04:28Parce que les Israéliens ne pourraient pas faire sans l'aide des Américains quelque chose d'important, j'entends.
04:34Et les Américains ont dit clairement, on défend Israël, pas de problème.
04:38Mais là, ils vont plus loin et disent, on veut coordonner l'attaque avec Israël.
04:42Donc c'est un moment absolument crucial.
04:45Un virage au Moyen-Orient extrêmement important.
04:49Mais ça ne va pas se faire avant le 5 novembre ?
04:51Pourquoi pas ? Si, ça peut se faire.
04:54Parce que je rappelle que le 5 novembre, c'est l'élection.
04:57Mais le nouveau président n'arrive pas avant le mois de janvier.
04:59Donc en raisonnant comme ça, on ne va pas arrêter de repousser les choses.
05:03C'est une clé, cette élection américaine, pour bien sûr ce qui se passe au Proche et au Moyen-Orient.
05:08Pour ce qui se passe aussi en Ukraine.
05:10On le sait, la donne change complètement si c'est Donald Trump qui est élu.
05:14Oui, complètement.
05:16Phénomène intéressant, vous le savez, M. Biden devait venir à Rammstein en Allemagne.
05:21Il a annulé à cause des tempêtes qui sont actuellement aux Etats-Unis.
05:26Et on révèle dans la presse américaine actuellement que M. Trump a continué à discuter avec M. Poutine depuis deux ans et demi.
05:35Ils se sont parlé cette fois au téléphone.
05:37Là, c'est de la haute trahison.
05:39Je veux dire, les Etats-Unis s'opposent à la Russie.
05:42Vous ne pouvez pas passer à côté.
05:45Donc c'est un sujet important mais difficile à manier.
05:49Très difficile à manier.
05:51Pour plusieurs raisons.
05:52D'abord parce que l'Ukraine est dans une situation difficile.
05:55Il ne faut pas se le cacher.
05:56Aujourd'hui, c'est la Russie qui a repris la main.
05:58Oui, dans le Donbass, vraiment, la Russie avance.
06:01Depuis 48 heures, elle attaque aussi dans un jeu entre Zaporizhia.
06:05M. Lavrov a commencé à dérouler les éléments selon lesquels la Russie pourrait négocier.
06:12Mais à ces conditions ?
06:13À ces conditions.
06:14Et en précisant, c'est intéressant, pas un cessez-le-feu mais la paix sur le long terme.
06:20Donc pas d'OTAN, etc.
06:22Et l'annexion des 4 oblats qui ont été déclarés russes en septembre 2022.
06:28Ce qui est inacceptable, sans doute, pour les Ukrainiens.
06:31Ce qui est probablement inacceptable, même si M. Zelensky a déjà ouvert la porte
06:36en disant qu'on ne pourra pas reconquérir complètement le Donbass.
06:39Général Trinquant, je reviens sur le début de cette interview
06:42où on parlait de cette rencontre demain entre Vladimir Poutine et le président iranien.
06:46Qu'est-ce qu'il faut s'attendre à voir demain ?
06:49Parce qu'on va voir Vladimir Poutine prendre position,
06:51notamment par rapport à Israël, durcir un peu le ton.
06:55Il était plutôt dans la retenue jusqu'ici.
06:57Oui, parce qu'il est dans une situation difficile.
06:59Les relations entre Moscou et Tel Aviv étaient excellentes autrefois.
07:04Mais là, il est sur l'axe de la contestation.
07:08C'est-à-dire, vous savez, la création de ces BRICS,
07:11ce groupe de pays qui s'oppose à l'unilatéralisme américain.
07:17Il faut se référer au discours de M. Poutine en 2007 à Munich.
07:21Et donc, il veut aller dans ce sens-là.
07:24Donc, s'opposer à ce qu'il appelle l'Occident global.
07:27L'Occident global, les Etats-Unis et nous, globalement les Européens.
07:30Et donc, là, il veut se placer vraiment là-dedans.
07:33Mais il y a des réunions très importantes dans les gens qui viennent à Kazan.
07:37Il y a la réunion des BRICS qui va se tenir.
07:39Et en fait, la Chine s'est battue pour garder la main.
07:43Parce que je crois qu'en fait, M. Poutine se fait des illusions.
07:46C'est un faiseur de troubles, mais il ne construit pas.
07:49Et c'est la Chine.
07:51Et la Russie, d'une certaine façon, devient dépendante de la Chine.
07:55Pourquoi ? Parce qu'elle vend son pétrole, son gaz,
07:58et qu'elle est payée en yuans.
08:00Et pour dépenser les yuans, on achète en Chine.
08:03Donc, elle devient dépendante de la Chine, en fait.
08:05Merci beaucoup, Général Trincon, d'être venu ce matin.

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