00:00Exactement. Tiens, on va parler d'un truc un peu moins marrant, l'enquête accablante sur l'abandon par l'État de Samuel Paty.
00:06C'est diffusé la semaine prochaine sur C8 et ça, c'est incroyable, Gauthier Lebray, ce qu'on y apprend.
00:10On va voir Stéphane dans un instant.
00:12Absolument, et c'est déjà à lire dans les colonnes du JD News qui est paru aujourd'hui.
00:17Donc c'est accablant pour l'État et l'éducation nationale.
00:21Je peux vous lire un extrait de ce qu'il y aura dans le documentaire de Stéphane Simon diffusé très prochainement sur C8.
00:27Il raconte que Samuel Paty se déplace à la fin de sa vie ensuite de peur de croiser un parent d'élève agressif.
00:33Samuel Paty sait sa vie menacée.
00:35Cinq jours avant l'attentat, Paty envoie un mail à ses collègues en disant qu'il est menacé par des islamistes locaux.
00:41Les collègues qui ont complètement lâché Samuel Paty.
00:44Ça rappelle un peu ce qui se passe en ce moment à Tourcoing avec dix d'entre eux.
00:48Personne ne prête attention à sa détresse, pas même les renseignements, le renseignement territorial des Yvelines.
00:52Et là, ça passe donc pour le renseignement comme un échec flagrant
00:56qui rédigera un document truffé d'approximations chronologiques,
01:00minorant la gravité de la situation et l'état de la menace qui pèse sur lui.
01:04Poursuit donc Stéphane Simon qui va révéler tout ça dans un documentaire.
01:09C'est seul que Samuel Paty succombe au coup de couteau de son assassin islamiste Abdullah Anzoroff.
01:16Donc voilà, en fait, c'est un échec pour tout le monde, pour l'État, pour l'éducation nationale et pour les renseignements.
01:23On a Stéphane en ligne avec nous, Stéphane qui est professeur, qui est dans le sud-ouest.
01:26Bonjour Stéphane !
01:28Bonjour Cyril, et bonjour à toute votre équipe.
01:30Merci d'être avec nous Stéphane sur Europe 1.
01:32Il est 17h14 et c'est vrai que vous allez regarder certainement bien ce documentaire sur C8, sur Samuel Paty.
01:39Ce sera le 16 octobre prochain, mercredi 16.
01:42Et c'est vrai que vous vous sentez en insécurité Stéphane, en tant que professeur.
01:46Vous faites professeur dans quelle classe ?
01:49Je suis donc dans le secondaire, donc au niveau collège.
01:54Et donc mon affaire revêt les mêmes paramètres que l'affaire de Samuel Paty.
02:01Vous êtes professeur dans quelle matière ?
02:03Histoire géographique.
02:04Histoire géographique, donc pareil.
02:06Aujourd'hui vous y pensez à chaque fois que vous allez y renseigner ou pas ?
02:09J'y pense à peu près tous les matins depuis 4 ans.
02:12Incroyable.
02:14Donc tout est parti, si vous voulez, d'un différent avec une merde de famille de confession musulmane
02:21à propos d'un devoir dans lequel j'avais mis une mauvaise note.
02:24Devoir qui comportait des questions sur les persécutions de la communauté juive en Allemagne dans les années 30.
02:32Et donc j'avais rendu copie blanche, je l'avais mis à zéro.
02:37Et j'avais demandé une explication, la mère a exigé de me rencontrer.
02:41Et je sortais d'une séquence dans laquelle j'avais honoré la mémoire de mon collègue Samuel Paty.
02:48Et je m'étais attardé longtemps sur cette séquence-là, sur la liberté d'expression, sur la laïcité
02:54et sur la culture française et l'histoire de France en matière de caricature.
03:01Notamment celle de Charlie Hebdo.
03:03Et ça a considérablement déplu à cette merde de famille qui je pense est venue spécialement pour me menacer.
03:09Au cours de la rencontre par un professeur.
03:14Elle vous a dit quoi Stéphane ?
03:16Elle m'a accusé d'islamo-chobie.
03:19Elle m'a accusé d'en avoir trop fait sur l'affaire de Samuel Paty, que j'étais raciste.
03:24Et puis après le ton est très très vite monté.
03:26Vous répondez quoi à ça Stéphane ? Vous répondez quoi à ça quand elle vous dit ça ?
03:30Alors je garde mon calme, parce que c'est important de rester très calme.
03:34Et de noter tout ce qui se dit.
03:36Alors j'avais deux collègues qui étaient témoins de l'autre côté qui ont tout entendu de la conversation.
03:41Je lui ai dit de poursuivre, allez-y.
03:45Je l'ai laissé parler.
03:47Et au bout d'un moment, il faut quand même réagir.
03:51Donc j'ai contesté toutes les paroles qu'elle avait dites évidemment.
03:56Et vous avez senti un soutien de la part des autres professeurs ou pas ?
04:00Alors si vous voulez, il y a trois groupes qui se sont formés.
04:04Il y a un groupe majoritaire qui s'en foutait complètement.
04:08Qui ne se sentait pas du tout concerné par ça.
04:13Un groupe qui était très hostile à mon égard.
04:17Principalement les syndicats islamo-gauchistes, qu'on connaît.
04:23Et un tout petit groupe, mais très restreint, de gens qui m'ont aidé, qui m'ont soutenu.
04:28Mes collègues témoins notamment, mes deux collègues témoins qui étaient présents dans la salle.
04:32Et puis l'administration qui était contre moi, parce que mon chef d'établissement ne m'a absolument pas soutenu.
04:38D'ailleurs, il a reçu cette mère de famille par la suite, toute seule, sans moi.
04:43Et je suis sorti en état de choc pour porter plainte au commissariat de Cognac,
04:47parce que c'est arrivé à Cognac.
04:50Excusez-moi, parce que je suis un peu ému.
04:55Cette femme m'a menacé de me faire connaître à même sorte que Samuel Paty.
05:03Elle a été poursuivie, cette femme ?
05:06Alors, j'ai porté plainte, évidemment.
05:10Le dossier a été transféré au parquet dans le Goubelin, mais quatre mois après.
05:15Et entre-temps, je devais tous les matins me rendre au collège, dans ce collège de Cognac,
05:20dans un quartier difficile qui comprend de nombreux fichiers S pour radicalisation.
05:25Vous imaginez un peu l'état dans lequel je me trouvais.
05:29Et par-dessus le marché, comme cela ne suffisait pas, j'ai recevu de temps en temps des menaces téléphoniques.
05:33J'ai jamais su comment...
05:35Stéphane, c'était quand ça ? C'était il y a combien de temps ?
05:38Ça remonte exactement... Les faits sont datés du 16 décembre 2020,
05:42c'est-à-dire huit semaines après l'assassinat de Samuel Paty.
05:46Et pendant plus de six mois, j'ai continué à faire mon travail,
05:50tout le premier semestre de 2021, dans des conditions que vous n'imaginez même pas.
05:55Et Stéphane, quatre ans après, c'est vrai qu'on vous sent extrêmement ému.
05:59Qu'est-ce que vous avez fait ? Parce que vous faites quoi aujourd'hui ?
06:02Vous êtes toujours professeur ?
06:04Je suis toujours professeur, et je suis d'ailleurs, je pense, être le seul professeur qui parle à visage découvert, en plus.
06:10Parce que j'ai fait l'objet d'articles de presse dans Charlie Hebdo ou dans Valeurs Actuelles.
06:15Vos confrères de CNews ont fait une enquête. Il faut leur montrer qu'on n'a pas peur.
06:20Mais c'est incroyable. Aujourd'hui, Stéphane, est-ce que vous vous rendez compte de ce qu'on est en train de dire sur Europe 1 ?
06:25Il est 17h19, on est en direct. Si les auditeurs nous écoutent, on est en train de dire aujourd'hui
06:29que quand on est enseignant en France, on risque sa vie.
06:35Non mais mec, quand on dit qu'on marche sur la tête, c'est quand même incroyable Stéphane, excusez-moi de vous dire ça.
06:41Enseigner la laïcité, la liberté d'expression, quand on est professeur d'histoire, enseigner l'islam et surtout la Shoah
06:48parce qu'il y a un fond d'antisémitisme derrière cette islamisation de la société
06:53que j'ai pu repérer dans le quartier de Cognac depuis de nombreuses années
06:57parce que j'avais vu des signaux sur lesquels j'avais émis pas mal d'alertes depuis 2014, date de la fondation de l'État islamique.
07:05Mais ces signaux n'ont jamais été écoutés par ma hiérarchie.
07:09Le plus flagrant dans cette histoire, c'est que j'avais envoyé des mails au rectorat de Poitiers qui n'ont jamais été entendus.
07:16Je leur avais dit que j'étais dans des situations difficiles.
07:20Stéphane, les gens ont peur, on le disait.
07:22Ça rejoint ce qu'on disait sur Emmanuel Macron et l'hommage au 7 octobre.
07:27Ils ont peur, c'est devenu...
07:29Oui c'est ça.
07:30Vous êtes seul, quand vous dites les professeurs...
07:33Parce que comme vous nous avez dit tout à l'heure, il y avait un groupe de professeurs qui s'en fichaient totalement de mon histoire.
07:37C'est pas qu'ils s'en fichaient, c'est qu'ils voulaient pas en entendre parler.
07:39Ils s'étaient dit, nous on veut pas de problème, oula, nous on veut pas de problème.
07:42Je vous le dis, c'est ça.
07:44Je peux vous citer la mot de Jean-Pierre Robin, le rapporteur du rapport de 2004 sur l'islamisation et les professeurs d'histoire.
07:51Il a dit, la terreur ça fonctionne, la terreur ça marche.
07:55Sachez qu'il y a un rapport du Sénat qui est sorti en avril 2024, fait par un actuel ministre du gouvernement Barnier, M. François-Noël Buffet.
08:04Et dans ce rapport, il est précisé que 56% des professeurs d'histoire s'auto-censurent.
08:10Ils ne parlent pas de la humanité, ils ne parlent pas de la laïcité, ils ne parlent pas d'islam.
08:14Moi, j'ai fait le choix inverse.
08:16J'en parle, je présente mes caricatures de Charlie Hebdo, et je me bats.
08:20Bravo pour votre courage en tout cas Stéphane.
08:22Mais c'est incroyable d'entendre ça sur une antenne, je vous jure.
08:25On est en 2024, on est sur Europe 1, et on entend des choses chaque jour.
08:30Vous qui nous écoutez, vous devez vous dire, cette émission porte bien son nom, on marche sur la tête.
08:35Stéphane, vous venez nous dire qu'un professeur d'histoire aujourd'hui, il ne peut pas enseigner le programme qui est destiné aux élèves,
08:44et il doit changer son programme de peur de recevoir des menaces.
08:49Mais Stéphane, ça s'est accéléré.
08:56Un prof d'histoire sur deux.
08:58C'était en 2020, et c'est pire maintenant.
09:00Ça ne s'est pas arrangé.
09:02En plus, depuis qu'il y a eu l'affaire du 7 octobre en Israël, les menaces et les pressions se sont exercées.
09:12Les statistiques d'atteinte à la laïcité, rien que les atteintes à la laïcité,
09:16on dénombre en 2021-2022, années scolaires 2021-2022, 4710 atteintes à la laïcité.
09:23L'année dernière, on avait dépassé les 5500.
09:26Mais ce ne sont que des atteintes à la laïcité, d'autant plus qu'elles ont été recensées pour les affirmations qui remontent.
09:31Mais il y a aussi le non-dit, celui qui n'est pas déclaré.
09:34Il y a beaucoup de choses qui ne sont pas dites au sein du système éducatif français,
09:37parce que, si vous voulez, il y a un sentiment, un gauchisme culturel,
09:44qui fait qu'il y a une paire des enseignants qui, en leur conviction politique particulièrement choquée,
09:50ont choisi le camp de l'islam, de l'islam radical et de l'islamisme.
09:56Mais il y a aussi, il faut savoir, des enseignants courageux,
09:59et je pense à ma collègue de Tourcoing, qui a fait preuve d'un courage transversal,
10:03et qui mériterait vraiment une citation et des remerciements pour son courage.
10:13Vraiment, j'aimerais bien qu'on puisse essayer un jour de la recevoir cette professeure,
10:17si elle veut bien parler, parce que je suis en admiration devant elle.
10:21Et cette professeure, aujourd'hui, quand on entend qu'il y a des collègues à elle,
10:25qui sont aujourd'hui contre elle...
10:27Une dizaine !
10:28Bah oui, une dizaine !
10:29Quand on est contre dans un lycée, ça veut dire que c'est énorme !
10:34Valérie Pécresse avait décoré le proviseur de Maurice Ravel,
10:37et Amine Elkatmi, qui était là à ce moment-là, m'avait raconté qu'il était dans un état, le pauvre,
10:41mais qu'il est complètement... Vous êtes chamboulé, vous êtes sous protection évidemment,
10:44votre vie bascule à ce moment-là, votre vie bascule !
10:47Merci Stéphane d'avoir été avec nous !
10:49Merci Cyril !
10:50Je peux ajouter une dernière chose ?
10:52Bien sûr, allez-y !
10:53Un dernier message, je voudrais dire à tous les leaders politiques,
10:57quels qu'ils soient, qu'un professeur d'histoire, ou d'une toute autre discipline,
11:02qui est menacé dans l'exercice de ses fonctions,
11:05par des menaces à caractère islamiste, n'est ni de droite, ni de gauche !
11:10Bravo ! Merci de le dire Stéphane, et merci de le rappeler sur Europe 1 !
11:13Merci d'avoir été avec nous !
11:14On va se retrouver dans un instant, on aura avec nous ce livre hommage
11:18aux 180 000 policiers qui veillent sur les Français.
11:20Alors, restez avec nous, parce que vous allez apprendre des choses de fous,
11:22puisqu'on aura un policier de là-bas, Carnot repart, ce qui sera avec nos policiers.