Algérie : le défi d'une géopolitique régionale à définir

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Transcription
00:00Il y a un déficit démocratique, il y a aussi des défis à l'international pour le président Tebboune,
00:05à commencer par le Maroc, le voisin marocain, différents historiques avec le Sahara occidental.
00:13On parle, on va le voir sur la carte, on parle de course à l'armement entre les deux pays.
00:18Est-ce quelque chose que vous prenez au sérieux ?
00:21Est-ce qu'il y a un risque d'escalade entre l'Algérie et le Maroc autour de la question ?
00:25Oui, ça fait partie des dossiers, des grands dossiers auxquels devra faire face les dirigeants algériens.
00:33C'est l'escalade des tensions avec le Maroc, avec lequel, je rappelle, les relations diplomatiques ont été rompues depuis l'été 2021,
00:43suite à la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara occidental
00:49et qui a déclenché des affrontements entre les phares, les forces royales marocaines et le Front pour les aériaux que se tient l'Algérie.
00:58Et aujourd'hui, bien évidemment, cette rivalité qui va au-delà du dossier du Sahara occidental,
01:04entre les deux pays, Algiers et Rabat, bien évidemment, comme vous le dites, incite à cette course à l'armement.
01:14Et je rappelle que l'Algérie a plus que doublé son budget militaire en 2023 et qui est classé troisième au monde en termes de la part du budget militaire par rapport au PIB.
01:32Donc aujourd'hui, cette course, bien évidemment, à l'armement, les tensions, l'escalade des tensions.
01:39On voit aussi, il y a une passe d'armes de plus en plus virulente, en tout cas entre les deux pays.
01:46– Mais ça peut aller jusqu'où alors ? Ça peut aller jusqu'à une confrontation ?
01:50– Pour le moment, je dis toujours que le scénario d'un affrontement direct reste très réduit.
02:00– Parce qu'il n'y a pas d'intérêt ?
02:02– Il n'y a pas d'intérêt des deux États.
02:04Les deux États ont construit leur image, en tout cas à l'extérieur, fondée sur l'image d'un acteur de stabilité régionale.
02:16Donc pour les deux pays, être, je dirais, facteur d'un déclenchement ou à l'origine d'un déclenchement d'un affrontement entre les deux États
02:24serait très conséquent financièrement, humainement, militairement, mais aussi diplomatiquement.
02:29– Restons sur cette carte, Brahim Oumansour, avec le Mali qui est un autre pays voisin de l'Algérie.
02:36La Jeunte, qui est au pouvoir, a dénoncé récemment l'accord d'Alger sur la stabilisation du nord du Mali.
02:42Elle accuse l'Algérie de protéger ses alliés Touareg et Arabes.
02:47Elle parle d'acteurs terroristes. C'est quoi la réalité aujourd'hui ? Qui soutient qui ?
02:53– On vit un tournant dans les relations algéro-maliennes.
02:57Je rappelle que l'Algérie a toujours eu des liens très forts avec les dirigeants maliens notamment,
03:03mais aussi avec les rebelles touaregs,
03:07ce qui lui vaut d'être historiquement un médiateur privilégié pour les différentes crises intermaliennes depuis 1963.
03:16Et l'Algérie accueille à ce jour des familles qui étaient anciennement réfugiées,
03:21donc des familles maliennes, touaregs principalement, mais pas seulement.
03:26Et aujourd'hui, l'Algérie se trouve en difficulté parce que, je rappelle,
03:32depuis 2020-2021, les deux coups d'État au Mali qui ont porté Hassimi Goïta au pouvoir
03:40ont complètement changé la donne parce qu'Obamaco, aujourd'hui, remet en cause l'accord d'Alger,
03:47signé entre les militaires Obamaco et les rebelles touaregs, à Alger même.
03:55Et aujourd'hui, non seulement remet en cause, mais il a été, depuis janvier, officiellement dénoncé.
04:01Et le plus inquiétant pour Alger, c'est qu'Obamaco lance une offensive militaire pour la reprise en main du nord du Mali.
04:13Donc à sa frontière.
04:15Y compris aux frontières avec l'Algérie.
04:17On a vu cet été des affrontements entre les rebelles touaregs et l'armée malienne,
04:22soutenues par des paramilitaires de Wagner, ont eu lieu aux frontières algériennes à Tinzawad.
04:30Et il nous reste très peu de temps, peut-être un mot de la Libye, ça chauffe aussi à la frontière ?
04:34Exactement. On voit que c'est un arc de crise qui entoure l'Algérie, en quelque sorte.
04:40Et la Libye, compte tenu du chaos, de la situation chaotique en Libye,
04:47le maréchal Haftar et l'armée, pour ne citer que les récents développements,
04:51a décidé de positionner ses hommes aux frontières avec l'Algérie et la Tunisie, dont le sud.
04:59Et cela, bien évidemment, inquiète Alger.
05:02Parce que non seulement ça pourrait, encore une fois, remettre en cause le cessez-le-feu,
05:08qui reste fragile, et lancer une deuxième offensive sur Tripoli.
05:14Mais également, le maréchal Haftar a, au entretien des relations tendues avec Alger,
05:21qui, je rappelle, soutient une solution onusienne.
05:26Donc reconnaît le JANA, le gouvernement d'unité nationale, que le maréchal Haftar ne veut pas reconnaître.
05:33La Libye, le Mali, le Maroc, le Niger, on n'aura pas le temps d'en parler,
05:37mais il y a beaucoup de vulnérabilités qui entourent l'Algérie.
05:40Comment est-ce que vous l'expliquez ?
05:42Est-ce que le logiciel diplomatique algérien, en quelque sorte, est dépassé ?
05:47Ou est-ce que les acteurs sont en train de bouger très rapidement dans le Sahel ?
05:50Le Sahel de 2019 n'est plus le même aujourd'hui.
05:53C'est vrai que ce qu'on vit aujourd'hui, c'est une situation qui bouscule complètement
05:58la doctrine algérienne de non-ingérence, y compris à ses frontières.
06:03Et donc aujourd'hui, la menace qui plane aux frontières algériennes,
06:08y compris avec la présence d'acteurs externes,
06:11je rappelle les Émirats arabes unis, la Turquie,
06:14les drones qui ont été utilisés par l'armée malienne,
06:18étaient des drones turcs, par exemple,
06:21les Pouy-Wagner, qui, malgré le fait que l'Algérie entretienne des relations fortes avec Moscou,
06:27tout cela bouscule, comme je le dis, la diplomatie algérienne et la doctrine de non-ingérence.
06:36Aujourd'hui, je crois, les dirigeants algériens vont se retrouver face à une situation
06:41qui les oblige à sortir du rôle de médiateur
06:48et de réfléchir à d'autres moyens, à d'autres stratégies
06:53pour rendre crédibilité à l'État algérien,
06:57rendre sa crédibilité à la diplomatie algérienne,
07:00qui reste très fragilisée.
07:04Un dernier mot sur le communiqué d'Emmanuel Macron,
07:07qui a exprimé ses vives félicitations à la réélection de Monsieur Théboune.
07:10Qu'est-ce que ça dit, cette rhétorique française,
07:14alors qu'il y a une brouille diplomatique, disons-le,
07:17entre la France et l'Algérie, notamment après la position de la France,
07:19qui s'est alignée sur le Maroc, sur le Sahara occidental ?
07:22Évidemment, ces félicitations s'inscrivent dans les relations bilatérales
07:28qu'entretiennent les deux pays,
07:30qui ne sont pas en rupture malgré la situation tendue.
07:34Vous venez de le rappeler.
07:36Je crois que la décision d'Emmanuel Macron
07:40de soutenir la position diplomatique du Maroc
07:46vis-à-vis du Sahara occidental
07:48abîme déjà les relations entre les deux pays.
07:54C'est un virage par rapport au premier mandat
07:59à travers lequel il avait tout fait pour réchauffer les relations,
08:03pour un rapprochement.
08:05Il n'y a pas eu beaucoup de répondants de la part de l'Algérie.
08:08Aujourd'hui, l'Elysée considère qu'il n'y a pas de retour
08:12sur l'investissement, si j'ose dire.
08:15Il y a un sentiment d'agacement côté français.
08:20Mais je pense qu'il y a aussi un malentendu entre les deux pays.
08:25Il y a des dossiers très lourds entre les deux pays
08:29qui nécessitent d'être traités à bon escient.
08:33Les relations entre les deux pays restent très proches, très fortes.
08:37Je rappelle aussi que la France est le deuxième fournisseur
08:41et troisième client de l'Algérie.
08:43L'Algérie entretient des relations aussi très...
08:48une proximité très importante avec la France via notamment
08:52la présence d'Algériens en France, de Franco-Algériens en France.
08:56Donc proximité géographique et historique
09:00imposent également la continuité des discussions.
09:04Pour le bien-être des populations.
09:06Merci Ibrahim Oumandsour de votre éclairage sur France 24.
09:09Je rappelle votre livre « L'Algérie, un rebond diplomatique »
09:12paru l'an dernier chez Hérold.

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