Passionné par les arts martiaux depuis sa tendre enfance, Nacer Zorgani découvre le judo pour la première fois il y'a 14 ans.

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"Au lycée, je n'arrivais déjà plus à voir le tableau" : malvoyant, l'athlète paralympique revient en détails sur son parcours, son rythme d'entrainement, les obstacles qu'il a rencontré, ses qualifications tardives pour les Jeux 2024...

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Sport
Transcription
00:00So, Konbini, Paris, êtes-vous prêts ?
00:03Je m'appelle Nasser Zorgani, j'ai 38 ans.
00:06Pendant les Jeux Paralympiques, je vais combattre en para-judo,
00:09en catégorie J2, malvoyant, en plus de 90 kg,
00:12me représentant bien entendu la France.
00:15J'ai toujours été passionné par les arts martiaux.
00:17Moi, j'ai commencé quand j'avais 16 ans,
00:18alors le kickboxing avec Jean-Romain de Lalomba
00:20et le karaté avec Denis de Ranieri et Luc Litschky.
00:23Puis quand j'étais à la fac, je faisais 25 heures d'entraînement par semaine
00:25parce que j'avais la chance d'habiter à côté d'un centre sportif universitaire.
00:28C'est là que j'ai découvert l'aïkido avec mon maître
00:30qui m'ensignait le sabre et l'aïkido, maître Philippe Dehay.
00:32De là, j'ai découvert, il y a 14 ans, une première fois le judo
00:36avec maître Mañana, Guy, qui est décédé malheureusement cette année,
00:39qui n'a pas pu me voir arriver jusqu'au Jeux,
00:41mais à qui j'avais fait la promesse de réussir.
00:43Et entre-temps, je suis monté à Paris.
00:44Donc, si tu veux, de 2010 à 2022, je n'ai plus fait de judo.
00:46J'ai repris le judo en 2022.
00:48J'étais myope quand j'étais gamin, j'avais des lunettes.
00:50Pour mes parents, ce n'était pas inquiétant, en fait, outre mesure.
00:52Mais à l'âge de 17 ans, je n'arrivais plus à lire le tableau.
00:54De là, j'ai fait des examens à l'hôpital Nord.
00:55On a détecté une réfinopathie pigmentaire.
00:57C'est une maladie génétique.
00:58Donc, mon frère et moi, ce matin, le médecin m'a expliqué
01:00que c'est un processus dégénératif.
01:03Selon les angles de vision, je peux mieux voir ou moins voir.
01:06Selon le contraste, selon l'heure de la journée,
01:07selon si la personne est proche ou pas.
01:09Ce qui fait que je suis grand malvoyant.
01:10Ça ne se voit pas que je ne vois pas.
01:12Du coup, c'est compliqué pour les gens de mesurer le fait que je suis malvoyant.
01:15Parce qu'en France, on pense que quand tu as une canne blanche, tu ne vois rien.
01:18Mais en fait, non, il y a plusieurs typologies.
01:19Il y a plusieurs formes de malvoyance.
01:21D'ailleurs, c'est pour ça qu'au judo, on parle de J1, J2.
01:22J1, non voyant. J2, malvoyant.
01:24Minimum, un entraînement par jour de technique et combat,
01:27plus une préparation physique générale du cardio, de la vitesse, du lactique.
01:31Ça va dépendre de ce que l'entraîneur national et le préparateur physique vont décider.
01:34J'échauffe mes épaules aux élastiques.
01:36J'échauffe mes jambes, mes hanches.
01:37Ensuite, je me mets au sol.
01:39Et là, avec de la musique, bien sûr.
01:40Je commence par échauffer mes chevilles, mes mollets, mes cuisses, mes hanches.
01:45Et je remonte vers le haut, jusqu'à ma nuque.
01:47Et ensuite, je fais ce qu'on appelle des uchikomi,
01:48des mouvements de répétition contre le mur, avec de la musique très rythmée.
01:50Par exemple, en ce moment, j'écoute Kofi Olomudé, de la rumba congolaise.
01:54J'aime beaucoup Mohamed Ali, à son âme, son histoire, son parcours.
01:57J'ai beaucoup aimé la boxe.
01:58Il symbolise pour moi la quintessence de la beauté du sport, de la boxe,
02:02mais aussi de l'engagement humain et de l'amour pour l'humanité.
02:05C'est iconique comme référence.
02:06Aujourd'hui, je ne vis pas de mon sport et je ne suis pas le seul.
02:08Ça fait à peine bientôt trois ans que je suis dans le circuit.
02:10J'ai été sélectionné très tardivement, à moins d'une échéance quasi imminente des Jeux.
02:14C'est toujours difficile d'aller trouver tous ces dispositifs-là.
02:16Surtout que moi aussi, à côté, je travaille, donc j'ai une source de revenu.
02:19Mais qui fait que pendant les Jeux, je vais devoir m'arrêter de travailler
02:21pour m'entraîner déjà et puis aussi pour aller performer.
02:24Le combat, en fait, c'est le combat qu'on mène d'abord contre soi-même,
02:26contre ses démons, contre ses turpitudes, contre ses faiblesses.
02:30On est tous des êtres humains.
02:30Ensuite, le combat, c'est le combat de la vie.
02:33Non, pas contre son handicap, parce que moi, mon handicap,
02:35c'est souvent les gens, quand je le dis, ils ne me croient pas,
02:37mais c'est la meilleure chose qui me soit arrivée.
02:44Je suis aussi le présentateur des épreuves de boxe olympiques.
02:47C'était mon rêve d'être boxeur.
02:48Finalement, je présente les boxeurs.
02:50C'est extraordinaire.
02:51Ça m'a servi pour ma préparation paralympique parce que la foule, le bruit,
02:55les lumières, les projecteurs, la musique,
02:58c'est des paramètres qu'il faut prendre en compte quand on arrive sur l'air de combat.
03:01Finalement, je me suis habitué à ce bruit, à cette foule.
03:05Donc, je ne serais pas surpris le jour où j'y pour ma compète à moi.
03:07En effet, rire, j'ai mis un peu de côté.
03:09Ça me manque.
03:10Mes amis me manquent.
03:11Mes amis humoristes.
03:12J'ai dû faire un choix aujourd'hui, mais je vais bientôt revenir.
03:14Moi, je ne célèbre pas parce que je suis encore dans une forme d'humilité.
03:17J'ai des gens en équipe de France paralympique et olympique autour de moi
03:20qui sont des champions olympiques, champions du monde.
03:21Je ne suis pas encore un champion, moi.
03:23Je rigolais avec le staff en disant que je suis un peu le Adil Rami du judo.
03:26Moi, je suis dans l'équipe, je suis là, je mets l'ambiance.
03:28Ça, on te manquait de respect, Adil.
03:30Je ne vais pas mettre l'extincteur dans le couloir.
03:32Pour l'instant, je commence à gagner des combats.
03:34L'essentiel, c'est de gagner le combat qu'il faudra le 7 septembre.
03:37Mais en ce moment-là, je ne perds jamais, j'apprends.
03:39Et moi, je suis en train d'apprendre.
03:40Je me suis blessé deux fois gravement.
03:42Je n'étais même pas censé être là au jeu.
03:44J'y suis.
03:44Ce n'est que du bonus.
03:45Il faut rendre grâce à Dieu en se disant qu'on vit des choses extraordinaires
03:48et qu'il y a des gens qui n'ont malheureusement pas cette chance.
03:50Il y a des gens qui vivent dans des conditions horribles à travers le monde.
03:52Il ne faut pas se monter le bruchon.
03:54On ne sauve pas des vies, on fait du sport.
03:56Donc, il faut relativiser.
03:57Je me sens fier, heureux.
03:59Je suis excité, mais en même temps, je suis mesuré
04:01parce qu'il ne faut pas cramer les émotions.
04:02Il faut garder de l'énergie, du positif.
04:04Je pense qu'il faut prendre ça comme un jeu.
04:06Ça s'appelle les jeux, donc il faut jouer, il faut être dans le ludique.
04:08Les conseils de mon entraîneur Christophe Gagliano,
04:10il me l'a dit et il le redit, c'est que toutes celles et ceux
04:12qui ont abordé les jeux avec le plaisir, l'envie de jouer, de s'amuser,
04:16ont performé.
04:17On a tous, bien sûr, le même objectif,
04:19à des degrés différents, à des histoires différentes.
04:21Mais on veut tous briller, faire briller nos pays respectifs.
04:24Et on va marcher sur la plus belle avenue du monde.
04:26C'est incroyable.
04:28Après la cannebire.
04:29The gold championship glory.
04:31Mais bon, ça c'est entre mes mains.
04:33Et puis on ne se perd pas de vue, j'ai failli le dire.

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