Marc Guillaume : "Je crois vraiment que nos compatriotes sont heureux d'être associés au Jeux olympiques"
Marc Guillaume, préfet de la région Île-de-France, est l'invité du 7h50, pour évoquer les dernières heures avant la cérémonie d'ouverture et donc le début officiel des Jeux olympiques de Paris 2024. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-jeudi-25-juillet-2024-8895610
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00:00Il est 7h45 et nous y sommes, Paris 2024, c'est parti, les premiers matchs ont eu lieu hier au foot au rugby, cérémonie d'ouverture demain soir et notre invité ce matin est préfet de Paris, préfet de la région Île-de-France, Marc Guillaume, bonjour.
00:14Bonjour.
00:15Un premier retour d'expérience d'abord sur la première journée d'hier, qu'est-ce qui s'est bien passé, qu'est-ce qui peut être amélioré ?
00:21Écoutez, en Ile-de-France, les matchs se sont tenus de bonne manière, on a toujours des enseignements de ces premières journées, notamment dans la fluidification des flux de spectateurs, mais globalement, ça s'est bien passé et puis les résultats de l'équipe de France étaient positifs.
00:35Il y a eu un très long fil d'attente, effectivement, notamment au Stade de France.
00:39Oui, voilà.
00:40Il faut faire mieux là-dessus.
00:42Il faut regarder comme évidemment tous les débuts de compétition de cette nature pour vérifier ce qui peut être amélioré.
00:49Et la fin de match chaotique entre l'Argentine et le Maroc, alors c'était à Saint-Étienne, ça vous concerne de beaucoup plus loin, mais il y a eu des incidents, le match a été retardé de deux heures, en tout cas il y a eu une interruption de deux heures à la fin du match, est-ce que ça vous inquiète ou pas particulièrement ?
01:06Je ne connais pas les circonstances particulières qui ont conduit à cette interruption, on va sûrement avoir un retour d'expérience aujourd'hui, il faudra là aussi en tirer les conséquences.
01:15La bonne nouvelle par contre c'est que le match entre le Mali et l'équipe israélienne en football s'est déroulé sans incident majeur au Parc des Princes.
01:23Voilà, et puis pour nous qui avons la cérémonie d'ouverture demain, la bonne nouvelle c'est que le fleuve, la Seine est dans un débit et dans une hauteur d'eau qui sont tout à fait compatibles avec cette cérémonie.
01:35C'était évidemment un élément que nous suivons jour après jour depuis maintenant longtemps et donc ça c'est une bonne nouvelle pour demain.
01:41Cérémonie d'ouverture J-1, tout est en place pour que tout se déroule au mieux, vous parlez de la Seine, le débit c'était ?
01:48330 ce matin, mètre cube seconde.
01:50C'est l'enjeu essentiel pour que tout se passe au mieux, pour que les bateaux tout simplement puissent passer sous les ponts ?
01:59Voilà, la hauteur d'eau, on a 1,2 mètre ce matin, au-delà de 1,4 on a des flottes réserves pour changer des bateaux dont le tirant d'air était trop élevé mais on ne sera pas dans cette situation.
02:09Nous avions pris nos précautions avec le cojo mais nous n'aurons pas besoin de changer de bateau au regard de la hauteur de la Seine.
02:17Cette cérémonie d'ouverture, c'est 85 bateaux je crois, près de 10.000 athlètes.
02:23Certains ne pourront pas participer mais 8.000 athlètes au moins, 320.000 spectateurs dans le contexte sécuritaire que l'on connaît bien sûr.
02:32C'est le plus gros défi auquel les pouvoirs publics, auquel un préfet puissent être confrontés ?
02:37C'est un très gros défi effectivement, on n'a jamais organisé une telle cérémonie.
02:42On fait descendre 250 bus du village des athlètes pour amener ces 8.500 athlètes sur 4 km de ponton qui ont été montés entre Austerlitz et les confins du Val-de-Marne.
02:53A ce moment-là, ces 85 bateaux qui portent la flotte athlète ont cheminé entre Austerlitz et le Trocadéro.
02:59On a également une flotte Connex qui notamment à la fois filme et régule cette flotte.
03:04On a des dizaines de décors, 3.000 artistes qui se produisent entre Austerlitz et le Trocadéro.
03:09Puis là, il faut à nouveau avoir des pontons pour permettre aux athlètes de débarquer, rejoindre pour la deuxième partie de la cérémonie le Trocadéro.
03:17C'est évidemment un énorme travail.
03:19Nous avions hier soir la dernière répétition générale de cette cérémonie, ça s'est bien passé.
03:26Puisque vous parlez des artistes qui vont se produire, des danseurs notamment, il y avait un préavis de grève qui a été levé hier.
03:33Les danseurs dénonçaient notamment des inégalités de traitement entre eux.
03:37Mais il y a un autre problème potentiel sur lequel la CGT alerte et qui est révélée par Mediapart, c'est la présence de plomb.
03:45On le sait, autour de la cathédrale et sur la cathédrale de Notre-Dame depuis l'incendie, il y a des danseurs qui doivent se produire sur le toit de la cathédrale.
03:55Est-ce qu'ils sont en danger pour leur santé ?
03:58Je crois que c'est sur le toit de divers autres bâtiments de Paris qui sont situés le long du linéaire de la Seine.
04:06Le Cojo a pris un protocole pour prendre des mesures sanitaires pour faire en sorte que les personnes qui passeront quelques instants sur ces toits
04:16puissent à la fois bénéficier des mesures sanitaires nécessaires et qu'on n'ait pas de difficultés à cet égard.
04:22Vous avez tenu, vous Préfet d'Ile-de-France, une réunion je crois avec les représentants de l'agence régionale de santé notamment.
04:27Ça s'est passé comment ? Est-ce qu'il y a une inquiétude autour de ça ?
04:31Non, cette question, comme toutes les autres, doit être traitée avec sérieux.
04:35Le Cojo y a travaillé pour mettre encore une fois un protocole sanitaire en place, c'est le cas.
04:40Comme ça, les danseurs et les autres personnes qui seront sur les toits de Paris demain soir pour se produire le feront dans des conditions conformes à ce protocole.
04:51Vous savez, il y a 35.000 policiers et gendarmes qui seront déployés chaque jour en France, plus de 18.000 militaires et ça, ça vous concerne très directement 22.000 agents de sécurité privée.
05:00Est-ce qu'ils ont tous été recrutés ? Est-ce qu'il y a encore des postes vacants ? On sait que ça a été difficile jusqu'au bout.
05:06Non, tous les postes ont été pourvus, c'est-à-dire que l'État s'est engagé il y a maintenant 3 ans à ce que des moyens très importants soient dégagés pour que France travaille.
05:18Les 122 agences de France travaille en Ile-de-France mettent en place des formations, sollicitent des demandeurs d'emploi pour leur proposer de suivre ces formations et d'être embauchés par les entreprises attributaires du Cojo.
05:2968 millions d'euros engagés, des dizaines de milliers de formations, on a donc eu 26.000 personnes formées.
05:36Elles ont été embauchées par les entreprises attributaires qui ne sont plus dans la situation aujourd'hui d'avoir des postes vacants.
05:42Il reste à ce que ces entreprises et le Cojo travaillent ensemble, notamment pour que les accréditations leur soient délivrées.
05:47Mais en tout cas, l'État aura fini cet énorme travail et ça aura permis, dans l'héritage des JO, à plus de 20.000 demandeurs d'emploi en Ile-de-France d'être formés, de trouver un emploi dans un secteur qui était déficitaire.
05:57Le Cojo, je le redis pour nos auditeurs, je pense qu'ils ont le terme, c'est le comité d'organisation.
06:04Vous parlez de ces deux demandeurs d'emploi, effectivement, qui ont pu trouver un job pendant ces jeux. Il y a beaucoup d'étudiants, par exemple.
06:10Comment ont-ils été formés ? Est-ce que vous avez eu le temps, tout simplement, de les former correctement pour un événement aussi complexe ?
06:16Oui, donc sur les 25.000 personnes dont on parle, qui ont été embauchées, qui ont été formées, 90% sont des demandeurs d'emploi.
06:24Donc, encore une fois, tous ceux qui étaient inscrits chez Pôle emploi en Ile-de-France ont été sollicités.
06:30On leur a proposé ces formations. Ils ont suivi la formation longue, puisque demain, il y a des besoins dans le secteur de la sécurité privée.
06:36Et après les JO, ils pourront continuer à travailler dans ce secteur.
06:39Les étudiants, eux, et les autres catégories de personnes qui ont suivi ces formations représentent à peu près 10%.
06:45On a 3.000 étudiants qui ont suivi ces formations.
06:48C'est une formation légèrement plus courte, de trois semaines, qui leur ont permis, notamment après les examens de mai, de suivre ces formations en juin
06:56et d'être embauchés pour prêter leur concours pendant cette fin juillet et début août.
07:01C'est évidemment un concours très apprécié par les entreprises de sécurité privée.
07:05En tant que préfet, faut-il le rappeler, vous êtes le représentant de l'État.
07:08Est-ce que la réussite de cette cérémonie est une donnée essentielle pour l'image de la France dans le monde ?
07:16Le choix qui a été fait de mixer à la fois le défilé des athlètes et le spectacle,
07:23et de faire tout ceci hors d'un stade pour mettre en valeur la ville de Paris qui est la ville haute,
07:29pour mettre en valeur sa culture, son histoire, tout le long du linéaire de la scène,
07:33est évidemment une chance historique pour que la France donne au monde à voir ce qu'elle est.
07:38Et c'est évidemment ce qui va donner l'impulsion de ces JO.
07:43Un raté serait grave pour la France, pour l'État ?
07:47Nous sommes dans la situation d'avoir suffisamment travaillé pour envisager d'avoir des imprévus.
07:52Un bateau qui aurait une avarie, que sais-je.
07:55Mais nous ne sommes pas dans la situation de nous dire que les conditions de réalisation de cette cérémonie ne sont pas bonnes.
08:04Est-ce qu'il y a eu un nettoyage social, si je peux me permettre cette expression ?
08:08Le New York Times, par exemple, a titré samedi dernier
08:11« La France chasse les sans-papiers hors de Paris avant les JO ».
08:15C'est vraiment faux, pour deux raisons.
08:18La première, c'est que nous avons mis en place un dispositif particulier pour les JO,
08:22pour prendre en charge tous les grands sans-abri qui sont à proximité des sites d'épreuve,
08:27et leur offrir la possibilité de bénéficier de logements pérennes.
08:30A date, nous avons déjà 186 sans-abri qui étaient à proximité de ces sites d'épreuve,
08:35ce qui bénéficie désormais d'un logement adapté.
08:38Et c'est évidemment grâce aux moyens que le mis du logement avait dégagé.
08:42C'est un bel héritage social.
08:44Par ailleurs, des mises à l'abri de personnes qui sont à la rue, notamment de migrants,
08:49nous en effectuons toute l'année, depuis des années.
08:52Nous avons encore effectué des opérations il y a une semaine, dix jours.
08:55Évidemment, ce sont des propositions que nous faisons intéresser,
08:58et tous les intéressés étaient très heureux que nous puissions leur offrir un toit.
09:01Il y a l'image de la France dans le monde, il y a l'image des Jeux auprès des Français aussi.
09:06Est-ce que vous sentez une adhésion populaire satisfaisante ?
09:10Est-ce que tout a été fait pour associer au mieux les Parisiens et les Français en général ?
09:14Écoutez, l'immense succès du Relais de la Flamme souligne combien nos compatriotes
09:19sont heureux d'être associés aux Jeux Olympiques.
09:22On a eu plus de 6 millions de personnes,
09:25on a eu des moments incroyables dans plein de lieux emblématiques.
09:29Je pense par exemple en Bourgogne,
09:31quand la flamme est passée au milieu des plus belles vignes du monde
09:34et au milieu du château du Clos-Vougeot,
09:36mais aussi en Ile-de-France, quand on a fait ces passages
09:39dans tous les arrondissements de Paris,
09:41dans les divers départements de petites et grandes couronnes.
09:44Je crois que vraiment, nos compatriotes étaient heureux d'être associés au JO.
09:48Quel héritage, justement, pour les Parisiens, les Franciliens, les touristes ?
09:51On a suivi le feuilleton de la baignade dans la Seine,
09:55ça a coûté, je crois, au moins un milliard et demi d'euros.
09:58Comment ils pourront en profiter ?
10:00Ça a coûté de l'argent, mais si on veut redire à vos auditeurs
10:04à quoi a coûté cet argent, pour prendre l'exemple d'une péniche
10:07qui était amarrée en bord de Seine, dans laquelle il y avait un logement,
10:11les eaux sales, c'est-à-dire les eaux des toilettes, allaient dans la Seine.
10:14Ce n'était pas très satisfaisant quand même,
10:16mais on ne peut pas se dire que cet argent a été mal dépensé.
10:18Il a été dépensé pour faire en sorte que le fleuve
10:20soit désormais d'une bonne qualité écologique.
10:22On en a une preuve, c'est qu'on avait une dizaine d'espèces de poissons,
10:26aujourd'hui on en a plus de trente.
10:28Demain, après les JO où les épreuves se tiendront dans la Seine,
10:31on aura des sites de baignade pérenne ouverts aux Franciliens.
10:34Merci beaucoup Marc Guillaume, préfet de Paris et de la région Île-de-France.