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  • 07/06/2024
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Dans la deuxième heure de son émission consacrée à la culture, Thomas Isle reçoit chaque jour un invité.
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Transcription
00:00Tous les jours avec Thomas Hill et votre invité ce matin, vous recevez le grand comédien Jacques Weber.
00:05Pour parler de cette pièce de théâtre rangée,
00:09rangée parce que c'est un homme qui a décidé de mettre sa vie en ordre
00:12avant d'y mettre fin, et ça on le comprend dès la toute première phrase que vous dites sur scène.
00:17Je peux vous demander de nous la dire cette phrase ?
00:19Oui d'ailleurs elle pourrait faire très peur puisqu'il dit
00:21« t'es mort il y a un an et je n'ai plus envie de vivre ».
00:24Alors si vous êtes dans la salle vous vous dites « oh lala, ça va être terrible ».
00:29Or c'est là le génie de Pascal Rambert, c'est qu'à partir du moment
00:32où vous avez décidé de la fin de votre vie pour aller rejoindre,
00:36de façon un peu mythologique, dans l'après-vie, dans la mort,
00:40tel Roméo et Juliette, etc. votre femme bien-aimée,
00:44ben tout est clair, tout est réglé, il y a une sorte de joie philosophique
00:51qui fait qu'il peut redialoguer avec elle et repartir sur réellement
00:56le quotidien, le monde, la vie, et puis parfois des réflexions plus profondes entre eux.
01:01C'est en fait une très belle déclaration d'amour de cette veuve.
01:05Je crois que c'est d'abord une déclaration d'amour avant d'être une balade sur la mort.
01:13C'est réellement une immense déclaration d'amour, c'est ce qui d'ailleurs,
01:16il y a un public de femmes qui est très très touché par ça,
01:19qui dit « j'en ai entendu plusieurs qui disaient à la sortie « ah ben si tu me parlais comme ça ça serait… »
01:24C'est vrai que c'est très très merveilleux.
01:27C'est très très beau, et puis alors, d'ailleurs c'est pas un monologue,
01:30vous dites vous-même que c'est plutôt un dialogue.
01:32Oui, parce que j'avais dit à Pascal Saussure, c'est Pascal Rambert,
01:34qui a cette particularité chez les auteurs, je rappelle au passage
01:39que c'est un des auteurs les plus joués au monde en langue française vivant,
01:42et c'est d'abord demander à un acteur « est-ce que tu veux jouer avec moi ? »
01:47Il n'y a pas un mot écrit, il écrit toujours pour les acteurs.
01:53En dehors de moi, humblement, pas n'importe lequel,
01:56c'est toujours des gens absolument immenses qui sont sur ces plateaux.
01:59Et à ce moment-là il écrit, mais on ne sait pas du tout ce qu'il va écrire,
02:02je ne savais pas du tout.
02:03Vous avez dit oui toutes les pièces ?
02:04Moi j'ai dit « ah ben oui, parce que Pascal Rambert… »
02:05Alors qu'il n'est pas encore écrit ?
02:06Non, mais j'avais vu ses spectacles, j'ai vu ses pièces,
02:09j'avais joué architecture à la cour du Palais des Papes,
02:12et tout, j'ai dit « je fonce, c'est un honneur pour moi, c'est magnifique. »
02:16Et puis on l'a fait, mais je ne savais pas du tout ce que ça allait être,
02:21et puis voilà, ça s'est fait comme ça, tout simplement,
02:25mais je suis rentré là-dedans.
02:27Et là je lui ai dit « mais quand même, j'ai très peur du monologue. »
02:32Je lui ai dit « mais en fait, ce n'est pas un monologue.
02:36En fait, je parle à une photo, la photo de la femme qui est morte il y a un an,
02:41et cette photo se met en vie au fur et à mesure que je joue avec elle.
02:45Et jamais je ne regarde le public, je suis toujours avec cette photo.
02:49Une photo qu'on ne voit pas d'ailleurs.
02:50Non, non, non.
02:52Et il y a une sorte d'intimité comme ça qui se crée,
02:55dans laquelle il y a la comédie, c'est-à-dire,
02:58on passe de l'excès de la joie, du bonheur de vivre,
03:02au pire des espoirs, la pire des tristesses.
03:06C'est vraiment, je crois, enfin moi je le dis,
03:09pas du tout parce que je fais le service après-vente,
03:11comme disait Signoret, entre autres, c'est le service avant-vente,
03:16mais c'est pour moi, à mes yeux, une des plus belles choses,
03:20sinon la plus belle chose que j'ai fait dans ma longue carrière.
03:25Mais c'est vrai qu'il y a beaucoup de poésie dans ce texte,
03:28et puis moi je vais le dire aussi, c'est votre interprétation,
03:30tout ça, ça fait que la pièce ne tombe jamais dans le pathos,
03:34parce qu'on aurait pu s'attendre à ça.
03:35Au contraire, on sourit, on rit même par moments,
03:38on est surpris, on est transporté,
03:39et on veut découvrir avec vous la vie de ce couple,
03:42parce que c'est ça ce que vous allez faire tout au long de la pièce finalement,
03:44c'est nous faire redécouvrir leur parcours à tous les deux.
03:46Oui, c'est ça qui est extraordinaire,
03:47à partir du moment où il a installé ce dialogue,
03:50on a tous adopté ce principe,
03:53on repart dans le quotidien, il raconte la journée qu'il a passée,
03:57il raconte comme si elle était encore en vie,
04:00comme si la vie continuait,
04:01et de temps en temps, boum, ça s'arrête,
04:03et là il y a une espèce de méditation sur ce qui va se passer,
04:07je vais te rejoindre là dans quelques minutes.
04:11Dans une chambre d'hôtel aseptisé,
04:13vous êtes à Hong Kong,
04:14avec un très beau décor,
04:15un décor qui est vraiment pile les chambres
04:18que l'on peut trouver dans les hôtels internationaux.
04:20C'est ça, avec cette lumière très blanche.
04:22Aseptique et chiant.
04:24Et il fait le bilan de sa dernière journée,
04:27de sa vie, de leur vie à tous les deux,
04:29et alors j'ai pu voir le texte original de la pièce,
04:31et ce qui est assez surprenant,
04:32et même déroutant, c'est qu'il n'y a aucune ponctuation.
04:34Oui, ça c'est la spécificité,
04:36d'ailleurs il en parle rapidement dans la pièce,
04:39c'est sa spécificité,
04:40il n'y a pas du tout de ponctuation.
04:42C'est un souffle, un cri, un jet,
04:45et alors c'est très intéressant pour nos acteurs,
04:47parce que c'est à nous un peu de la mettre,
04:50de façonner son texte,
04:51un peu comme ça nous vient,
04:52et à partir de là, dans les répétitions,
04:54il ne retravaille jamais son texte.
04:56Il ne rajoute jamais un mot, il n'en enlève jamais.
04:58Mais c'est dans la ponctuation,
05:01un peu comme ça, de façon intuitive,
05:03qu'on propose, qu'il nous suit,
05:05et c'est magnifique.
05:06Donc chaque comédien ne jouera jamais le même texte finalement,
05:09même si la base est la même,
05:11si quelqu'un d'autre joue rangé,
05:13ça ne sera pas le même résultat.
05:14Et d'ailleurs ça va être joué comme toutes ces pièces,
05:15à peu près dans le monde entier,
05:16je sais que c'est un des plus grands acteurs italiens
05:18qui va bientôt le jouer,
05:19je ne sais plus, j'ai un trou,
05:21la grande Bellezza, l'immense acteur italien,
05:24et c'est sûr que ça va être très très différent,
05:26c'est bien sûr, bien évidemment.
05:27On va chercher le nom de cet acteur italien,
05:30et on va revenir dans deux minutes
05:32avec notre spécialiste de la musique,
05:33Joël, on parle de quoi ce matin Joël ?
05:35Ce matin on va faire le tour des festivals d'été,
05:37ça y est, ça commence, c'est parti, la saison est ouverte !

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