L’enseignement supérieur de gestion face aux défis énergétiques et écologiques [Bertrand Valiorgue]

  • il y a 4 mois
Xerfi Canal a reçu Bertrand Valiorgue, professeur à emlyon business school et Directeur de l’Institut français du gouvernement des entreprises (IFGE), pour parler de l'enseignement supérieur de gestion face aux défis énergétiques et ecologiques.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.

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Transcript
00:00 Bonjour Bertrand Ballyorg.
00:01 Bonjour Jean-Philippe.
00:10 Bertrand Ballyorg, professeur à l'Union Business School, vous êtes directeur de
00:13 l'Institut français du gouvernement des entreprises.
00:15 Article dans la Revue française de gestion est Guillaume Carton, également
00:20 professeur à l'Union Business School.
00:21 Préparer l'enseignement supérieur de gestion aux défis énergétiques et
00:25 écologiques de l'anthropocène.
00:27 Alors, on va très brièvement rappeler que l'anthropocène, c'est l'impact de
00:31 l'homme sur la nature.
00:32 Et donc, finalement, on est à l'ère où nous détruisons
00:37 le climat, nous consommons trop de ressources.
00:39 Alors, effectivement, Jean-Philippe, ce qu'on appelle l'anthropocène, c'est
00:42 c'est une proposition pour nommer une nouvelle époque géologique, une nouvelle
00:46 ère géologique dans laquelle nous serions en train d'entrer.
00:49 Et la principale force tellurique, la principale force de changement
00:54 qui conduit à cette bascule dans l'anthropocène, c'est l'homme.
00:57 L'homme et ses activités humaines en tant qu'homo sapiens, on a aujourd'hui,
01:00 notamment du fait de l'émission massive de gaz à effet de serre et
01:04 de CO2, mais pas que, on fait rentrer le système
01:08 terre en bascule. Et il y a des propositions, ce n'est pas officiellement
01:11 validé de dire que nous rentrons dans une nouvelle phase géologique qui
01:14 s'appellerait l'anthropocène.
01:16 L'anthropocène. Alors, votre papier rebondit sur un rapport du Chiffre Project,
01:20 sur plusieurs rapports du Chiffre Project, mais notamment un
01:24 lié au climat subfinance qui propose de réformer les enseignements
01:28 en finances en particulier et plus généralement en sciences de gestion
01:31 pour intégrer, mettre au cœur du débat.
01:35 Et ce que vous nous dites, c'est qu'il faut se saisir de ce rapport.
01:37 Ce rapport doit être l'occasion d'un changement de paradigme, une autre
01:40 manière. Vous faites référence à Kuhn, épistémologue, en disant
01:44 qu'il y a des sauts révolutionnaires dans la science.
01:46 Là, on est à l'aube d'un saut révolutionnaire et vous vous proposez
01:49 d'aller jusqu'au bout.
01:51 C'est ça. Alors, nous, nous avons accueilli la
01:55 publication des rapports du Chiffre Project comme une bonne nouvelle
01:58 dans le sens où notre communauté d'enseignants-chercheurs
02:02 en sciences de gestion, on a souvent le sentiment d'être délaissé ou
02:06 peu écouté, peu entendu, ou en tout cas en ayant une parole
02:09 dans l'opinion publique, peu
02:13 vue, peu entendue, peu audible et on est peu
02:17 recherché. Et donc, l'interpellation, parce que nous, on a vécu comme ça
02:21 ces deux rapports du Chiffre Project, on l'a trouvé assez
02:25 saine parce que c'était aussi de montrer qu'on avait une importance dans le
02:28 paysage de l'enseignement supérieur et de la recherche.
02:31 Et ces gens-là, les gens du Chiffre Project, nous disent "vous n'y êtes pas
02:35 sur les enjeux de transition écologique et énergétique.
02:39 Les curriculums, la pédagogie, les recherches sont insuffisantes
02:44 par rapport aux enjeux qui sont ceux auxquels on va faire face, les enjeux
02:49 de l'anthropocène". Et effectivement, les deux rapports
02:52 font un ensemble de propositions pour dire "vous pourriez faire évoluer
02:57 dans le marketing, dans la stratégie, dans la comptabilité".
02:59 L'ensemble des disciplines des sciences de gestion sont appelées à bouger
03:03 pour relever le déficit en termes d'enseignement
03:07 sur la transition écologique et énergétique.
03:08 Ça, c'est le point de départ.
03:10 Ça, c'est le point de départ.
03:11 Et après, vous avez une vraie réflexion sur les moyens d'y parvenir.
03:15 C'est là que c'est très intéressant.
03:17 Vous nous dites "finalement, on a vécu un management gap
03:22 dans les années 50. On s'est rendu compte de notre retard sur les Américains en
03:25 termes de compétitivité de management.
03:27 On a su le combler. Aujourd'hui, on a un transition gap.
03:31 Il faut qu'on refasse un peu le même rôle que la Fondation Ford
03:35 à l'époque". Et c'est là que vous faites intervenir la FNEJ.
03:38 Tout à fait. Alors, nous, ce qu'on a voulu faire, c'est de dire quelle est la
03:42 portée opérationnelle de ces deux rapports.
03:45 Ont-ils une capacité de transformation ?
03:47 Parce qu'on a vu qu'une partie de la communauté des anciens
03:51 rechercheurs en sciences de gestion était inquiète en disant
03:54 "c'est une forme de remise en cause des libertés universitaires.
03:58 C'est une forme de hacking de notre
04:02 communauté scientifique qui pose un certain nombre de questions".
04:05 Donc, moi, je suis très à l'aise avec la nécessité de toujours
04:09 conserver les libertés universitaires.
04:11 Enfin, c'est tellement évident que je n'en dirais pas plus.
04:14 Mais ce qui était important pour nous, c'était de voir, mais est-ce que peut
04:17 produire ces deux rapports ?
04:20 Et y a-t-il des inquiétudes légitimes par rapport
04:24 aux propositions du Shift Project ?
04:26 Et pour essayer de comprendre, on avait bien en tête qu'il s'était passé des
04:30 choses très importantes dans les années 50-60 au moment de l'explosion
04:34 du Centre du Management. Et on savait, notamment à partir des travaux
04:37 de mon collègue Guillaume Carton, que la Fondation Ford avait joué un rôle
04:41 très important, très structurant dans la transformation de l'enseignement
04:44 supérieur de la gestion aux États-Unis.
04:45 Et donc, l'article compare qu'a fait ou qu'a voulu faire la Fondation
04:50 Ford dans les années 50-60, que veut faire, que propose de faire
04:54 le Shift Project dans les années 2020.
04:57 Et donc, il ressort de la comparaison que ce n'est pas du tout les mêmes moyens.
05:01 L'ambition réformatrice, je vais l'appeler comme ça, ou en tout cas
05:06 très structurante de la Fondation Ford, c'est faite avec une myriade d'actions
05:11 et des moyens financiers considérables qu'on en virait aujourd'hui.
05:14 Si la Fondation, qui existe toujours la Fondation Ford, arrivait
05:18 avec une telle intention et avec autant d'argent aujourd'hui, ça serait
05:22 des sommes qui sont considérables.
05:24 Donc, le premier temps du papier montre, bon, effectivement,
05:28 les deux rapports du Shift Project sont inoffensifs.
05:32 Et ça, ça peut rassurer une partie de la communauté, pour ceux qui
05:36 considèrent qu'il ne faut pas trop bouger les lignes.
05:38 Et par contre, si on veut aller plus loin, si on veut faire,
05:41 répondre au transition de gap, alors il faut changer de braquet,
05:46 si je puis dire, ou en tout cas s'organiser différemment pour arriver
05:50 à faire, à être au rendez-vous de la transition écologique et énergétique.
05:53 Un papier qui a produit un commentaire d'Éric Lamarck,
05:58 auquel vous allez répondre.
06:00 Voilà, ça va permettre d'alimenter la conversation parce que vous l'avez évoqué,
06:03 ça fait débat quand même.
06:05 Et donc, ça mérite quelques réponses, mais au moins, le débat est posé
06:08 et les acteurs pertinents interpellés.
06:10 Merci Jean-Philippe.
06:11 Merci à vous, Bertrand.
06:13 Merci à vous.
06:14 Merci à vous.
06:15 [Musique]

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