Patrick Mahé, invité du jour de Sud Radio média

  • il y a 4 mois
Avec Patrick Mahé, journaliste, ancien directeur général de Paris Match

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##L_INVITE_DU_JOUR-2024-05-23##

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Transcript
00:00 Sud Radio Média, l'invité du jour.
00:04 L'invité du jour c'est Patrick Mahé. Bonjour Patrick Mahé, merci d'être avec nous ce matin.
00:10 Je vous disais, grand patron de presse, vous avez été à la tête de télé 7 jours
00:14 et puis directeur général de la rédaction de Paris Match formé par Roger Théron
00:19 et vous avez donc été un pilier de la rédaction de Paris Match.
00:22 Vous êtes en charge des albums spéciaux, des hors-série.
00:28 Vous étiez venu nous en parler et là ce matin on va parler de la légende de Paris Match
00:35 qui paraît chez Plon. Alors c'est une somme, 500 pages.
00:41 Alors ça se lit, ça aurait pu s'appeler "Dictionnaire amoureux de Paris Match".
00:44 Non, parce que ça aurait pu s'appeler "Dictionnaire ultra amoureux de Paris Match".
00:49 Ah, passionné !
00:51 Non mais c'est vrai que c'est passionné et passionnant parce que ça se dévore.
00:57 On ouvre à une page et on tombe sur... Il y a combien d'entrées en tout ?
01:03 126. 126 entrées.
01:05 Donc Marilyn Monroe, ça va à Salut, Brigitte Bardot, Paparazzi, Roger Théron.
01:14 Très très jolie préface de Roger Théron qui hélas a disparu
01:19 mais a été le grand patron de Paris Match.
01:24 On l'appelait, on le surnommait "L'œil" parce que forcément c'était un surnom qui lui allait comme un goût,
01:28 vraiment qui était extraordinaire. Il avait une manière de monter le journal
01:32 comme un réalisateur de cinéma en fait. Il le montait séquence par séquence
01:38 avec le punch, l'entrée, l'angle, la manière de rebondir dans une séquence photo
01:44 et ça c'était fantastique.
01:46 Vous dites que Paris Match c'était pas gagné au départ, vous avez appris ça dans le livre.
01:50 En fait ça marchait moyen et puis il s'est passé, il y a eu un événement...
01:55 La première année ça a été difficile parce que la formule n'existait pas d'abord.
01:59 Donc cette formule n'existait pas, donc le public était à conquérir.
02:02 Et ça a duré un an. Jean Prouveau qui l'avait créé en 49 avec son associé Béguin
02:08 s'est trouvé confronté au fait que Béguin voulait retirer ses billes
02:12 parce que le journal ne marchait pas tellement, n'avait pas trouvé son public.
02:15 Et puis soudain est arrivé ce que Valérie connaît, c'est-à-dire l'ascension de la Napurna en 1950
02:23 dans des conditions incroyables parce que les photos de cet exploit ne sont arrivées qu'en été.
02:29 Et donc au coeur de la rédaction il y a eu un débat, mais on va quand même pas publier des photos d'hommes enneigés
02:35 quasiment surgelés au sommet à 8000 mètres en plein été alors que les gens sont sur les plages à Saint-Tropez ou à La Baule.
02:41 Eh bien si, a dit le rédacteur en chef, on va quand même le faire parce qu'on n'a jamais vu ces photos.
02:45 Et le fait qu'on ne les avait pas vues, le public n'avait suivi l'exploit que par la presse quotidienne
02:51 eh bien du coup ça a été l'événement qui a propulsé Paris Match en tête des ventes.
02:55 Qui a inventé le slogan "Le poids des mots, le choc des photos" ?
02:58 Elle a vous raconté l'histoire.
03:01 C'est un mini collectif. En fait ça se passe en 76, donc c'est dans la deuxième génération du magazine.
03:09 Le magazine est né en 49 et à l'époque la formule est amusante parce que le patron de l'époque,
03:15 l'un des rédacteurs en chef de l'époque, Gaston Bonheur et Raymond Castan ont trouvé une formule qui est intéressante
03:23 mais qui n'est pas moderne, mais qui dit "Paris Match, le journal que l'on n'oublie pas dans les trains".
03:29 Ce qui voulait dire beaucoup de choses.
03:31 C'est génial, je ne connaissais pas comme slogan.
03:33 Ça voulait dire beaucoup de choses, c'est-à-dire que les familles le gardaient, le passaient, le transmettaient.
03:38 Mais évidemment quand en 76 Daniel Filippacchi a acheté le journal, où il avait été photographe dès 49,
03:46 et qu'il a rappelé au Roger Théron qui était à Paris Match en 49, mais qui était parti quelque temps à l'Express,
03:51 il a fallu penser à rénover, à faire de la modernité.
03:55 Il y a eu un petit brainstorming, comme disent nos amis anglo-saxons,
03:59 et de ce brainstorming est sorti "Le poids des mots pour l'écriture et le choc des photos".
04:04 Mais le choc des photos, si vous le permettez, a une petite anecdote.
04:08 Simplement, le poids des mots c'était gagné, c'était clair, c'était gagné.
04:12 Et puis un jour, un directeur artistique un peu fâché par le fait qu'un de ses maquettistes
04:17 parte trop tôt dans la nuit du bouclage, avait roulé les maquettes en boule,
04:21 il allait lui la jeter comme ça à la figure, "tu t'en vas, mais pourquoi ?"
04:24 Et Roger Théron, ouvrant la porte à 3h du matin à cet instant, l'a dit
04:28 "Oh mais Guy, mais ça c'est le choc des photos !"
04:32 Et c'est ainsi qu'est né le poids des mots, le choc des photos.
04:36 - Et est-ce qu'aujourd'hui la photo n'a pas été remplacée par des vidéos,
04:39 à la fois par Instagram, par TikTok ?
04:42 Est-ce qu'aujourd'hui, la photo a encore une force ?
04:46 Tout à l'heure je parlais, souvent vous avez mis des crashs ou des cataclysmes,
04:50 tout à l'heure je parlais de ce qui se passe en ce moment aux Etats-Unis avec les tornades.
04:54 Est-ce qu'une vidéo des tornades n'est pas plus impressionnante qu'une photo de tornade ?
04:58 - Écoutez, on a beaucoup pensé que la télévision allait tuer la radio par exemple.
05:04 Eh bien la télévision n'a pas tué la radio, et même au contraire.
05:07 On a même plaisir d'écouter la radio.
05:09 On a beaucoup pensé que la télévision allait tuer les magazines de photos.
05:13 Mais pas du tout, la photo a continué.
05:15 La différence entre l'événement que vous évoquez et le traitement dans un magazine
05:20 tel que Paris Match ou Naguère Life aux Etats-Unis,
05:23 c'est qu'au lieu de saisir un instantané qui va créer un choc émotionnel,
05:29 le magazine va raconter une histoire.
05:32 Il va la mettre en scène, la raconter avec un A et avec un Z.
05:36 Et de ce point de vue-là, le lecteur trouve autre chose que l'instantanéité.
05:41 - Alors il y a un article, une entrée qui s'appelle "Coiffeur".
05:45 Alors ça m'a beaucoup amusée,
05:48 et c'est marrant parce qu'il y a une auditrice qui me dit "moi je ne lis pas Paris Match".
05:52 Donc personne ne lit Paris Match,
05:54 mais le journal se vendait en moyenne à 1 million 200 000 exemplaires.
05:58 Donc c'était Irène Frein, c'est ça qui avait dit
06:03 "voyons, il y aurait donc 1 million de salons de coiffure en France
06:06 d'y entre-voilà que les Français sont bien coiffés".
06:08 - Oui parce qu'en France il y en a 100 000.
06:10 Il faut quand même savoir qu'il y a 100 000 salons de coiffure en France approximativement,
06:14 et que tous les gens qui disent "moi je ne lis pas Paris Match, je le lis chez le coiffeur",
06:18 effectivement Irène Frein a eu raison de souligner que dans ces cas-là,
06:22 il aurait fallu qu'il y ait autant de salons de coiffure.
06:24 - Et puis ce formidable extrait de Paul Morand dans "La Parisienne"
06:29 qui citait Paris Match, racontait cette...
06:33 Alors il dit "le snob royal n'est pas mort, il est plus vivant que jamais,
06:38 il achète matchs et Jours de France, il vient s'écraser le nez sur leurs photos en couleur
06:42 comme l'affamé à la devanture des grands restaurants,
06:45 pour critiquer d'une certaine manière l'intérêt qu'on peut avoir pour les familles royales".
06:48 - C'est exact, mais il faut se souvenir qu'à l'époque, il y avait autre chose,
06:52 c'est que les gens étaient en fil et faisaient la queue devant les magasins qui vendaient des téléviseurs.
06:58 Et ils n'avaient pas de son, ils avaient une image en noir et blanc
07:01 à travers la vitre du marchand des téléviseurs.
07:03 C'est encore autre chose, là il s'écrasait vraiment le nez sur la vitre.
07:07 - Paris Match et aussi les hommes politiques en intimité ou les présidents,
07:12 moi je me suis demandé, c'est vrai que par rapport au Nouvelle Hopse, au Point ou d'autres journaux,
07:17 est-ce que Paris Match avait une tendance de gauche ou de droite ?
07:20 On ne peut pas définir une tendance chez Paris Match.
07:22 - Mais non pas du tout, justement, c'est ça qui est intéressant.
07:24 D'ailleurs, j'ai fait une entrée particulière à l'Etre P sur politique,
07:28 pour expliquer justement que ce journal n'a pas d'orientation politique définie.
07:34 Il est toujours dans l'air du temps et il s'accroche à tout ce qui peut intéresser les lecteurs dans leur globalité.
07:41 Parce que c'est un journal qui est rassembleur, qui est fédérateur.
07:44 Et donc, évidemment les hommes politiques ou les femmes politiques sont traités avec un angle plus intime, plus intimiste.
07:52 Mais ça c'est aussi l'école américaine.
07:54 - C'est quoi il est dit avec les enfants ?
07:57 - Mais la France n'était pas en retard.
07:59 Parce que, je pense à Walter Caron par exemple, qui est un très grand photographe de Paris Match,
08:04 il avait fait en photo les enfants d'un président de la République en 1948,
08:13 les petits-enfants, pardon, qui disputaient un faux match de boxe contre Marcel Serdan.
08:19 Déjà on entrait dans cette sorte de pipolisation.
08:22 Donc la rédaction en plus de match a cet avantage, par rapport à beaucoup d'autres,
08:27 dans le recrutement c'était très disparate.
08:29 En fait, on retrouvait un peu toutes les tendances.
08:31 Et tout ça, comme aurait dit Maurice Chevalier, ça peut être d'excellents, non pas français, mais Paris Match.
08:37 - Quand Edouard Philippe, qui est discret, qui pose avec sa femme, ses enfants,
08:41 c'est à but électorat, qu'est-ce qui fait qu'ils acceptent d'être dans Paris Match ?
08:46 - On pense à Ségolène Royal et à son accouchement, on pense à NKM en inf' allongée.
08:54 - Ah oui c'est vrai ça aussi !
08:55 - Il y avait eu des photos quand même, avec des mises en scène assez incroyables.
08:57 - Oui c'est vrai, mais justement, je pense qu'on ne va pas se mettre à la place d'Edouard Philippe ou des autres.
09:03 Mais pour eux, apparaître dans Paris Match d'une manière plus détendue et plus intime,
09:09 que dans un discours officiel, une rencontre officielle,
09:12 ça a un intérêt parce que les gens peuvent s'identifier à leur propre vie.
09:16 Par exemple, je me souviens de Balladur, avec ses magnifiques chaussettes cardinales,
09:24 et Laurent Fabius revenant avec ses croissants dans la rue et ses chaussons.
09:29 Bon ben d'un seul coup, le kidam de base, qui voit comme ça passer ses photos, se dit
09:34 "Ah bah tiens moi aussi, quand je change mes croissants, je suis aussi en pantoufles !"
09:37 - Il y a une entrée à poubelle !
09:39 - Oui, ça c'est une entrée à poubelle, mais c'est parce que c'est l'histoire, c'est l'oeuvre, on peut dire l'oeuvre,
09:45 de deux paparazzi, Pascal Rostin et Bruno Mouron, archi connus du monde des paparazzi,
09:51 qui sur une... pas une idée vraiment, mais une vision, en sortant de chez Gainsbourg un soir, rue de Verneuil,
10:00 avaient découvert une poubelle qui était un peu renversée, et en fouillant dedans par terre ce qui traînait,
10:06 ça leur a donné une idée.
10:08 - Oui parce qu'ils disaient "Y'a rien dans la poubelle pour Paris Match", puis d'un seul coup en étalant tout par terre,
10:12 ils se disent "Mais c'est une formidable nature morte", et ils en ont fait une oeuvre d'art.
10:16 - Et Daniel Filippaki, qui est un très très grand patron de presse, leur dit "Mais les gars, vous vous rendez pas compte,
10:20 vous touchez là à un sujet méconnu, mais qui peut faire un tabac".
10:25 Et c'est ainsi qu'ils sont partis où ? A Hollywood, et ils ont fait "Les poubelles des stars d'Hollywood".
10:31 - Qui a fait le plus souvent la couverture de match ?
10:34 - Johnny Hallyday. - Ah ouais ?
10:36 - C'est Johnny Hallyday qui, depuis 1962, sa première couverture, et elle est très drôle cette couverture,
10:40 parce que c'est son premier Olympia, et alors qu'on peut s'attendre à le voir en blouson de cuir à la Vince Taylor,
10:45 pas du tout, il a une petite chemise à boutons et une cravate Hermès, c'est quand même extraordinaire.
10:50 - Donc Johnny Hallyday... - 85 couvertures.
10:53 - Et après, la famille de Monaco ? - La famille de Monaco, pas mal, la famille d'Angleterre,
10:57 la famille d'Angleterre encore plus, Diana naturellement, il y a un petit scoop dans le livre d'Irene Freyn qui nous a confié,
11:05 elle avait jamais écrit sur sa première impression de Diana, lors du dîner à l'Elysée, quand elle était venue,
11:12 où elle avait perçu, elle était juste en face d'elle, toutes ses fragilités.
11:17 Elle s'était aperçue des fragilités psychologiques qu'elle nous avait racontées au retour de ce dîner,
11:22 mais qu'on n'avait pas traité à l'époque, c'était trop tendre, et puis là maintenant, pour le livre, elle me l'a offert.
11:27 - Elle vous l'a raconté. - Quel est le scoop ou le secret qui n'a jamais été révélé par Paris Match ?
11:32 Quelle est la chose où vous, vous avez dit "on publie pas". C'est formidable, mais on publie pas.
11:38 - Par exemple, un faux scoop, on peut dire un faux, un montage, sur lequel on a eu les plus grands doutes, heureusement d'ailleurs,
11:47 attribué à Albert Spagiarri, qui s'est grimé, se serait grimé au Brésil, en faux Dr Mengele, par exemple,
11:55 et sur un doute pareil, la responsabilité de publier est flagrante, et on dit "non, stop, ça c'est trop, ça c'est too much".
12:02 Mais en revanche, il y a d'autres photos qui restaient un petit peu à l'écart, et qui pouvaient sortir plus tard,
12:08 par exemple dans l'histoire de Mazarine Pinjot, et la révélation de son existence.
12:12 Les photos étaient là depuis déjà très en amont par rapport à la publication.
12:16 - Bon, on va marquer une pause, c'est passionnant. 75 ans de passion française, c'est Paris Match, la légende de Paris Match, qui paraît chez Plon.
12:25 Patrick Maé, merci d'être avec nous, et je rappelle qu'il y a un salon du livre à Vannes, que vous organisez ce week-end,
12:31 si vous êtes dans la région, en Bretagne, allez-y, on se retrouve dans un instant.
12:35 - Le Supplément Média, avec notre invité aujourd'hui, Patrick Maé, Patrick Maé, directeur-ex-directeur général de la rédaction de Paris Match,
12:54 vous y êtes resté 20 ans ? - Plus que ça encore !
12:57 - Et ça ne vous manque pas ? - Je pense à Match tous les matins, et je m'endors tous les soirs en pensant à Paris Match, évidemment.
13:04 C'est une deuxième famille, comme on le dit.
13:07 - Vous publiez la légende de Paris Match aux éditions Plon, je rappelle que si vous cherchez des idées de cadeaux de fête des maires et des pères,
13:13 c'est une excellente idée, parce que ça plaît à tout le monde. Vraiment, Match, ça fait partie de notre ADN, d'ailleurs il y a une entrée ADN,
13:20 dans le livre, ça fait partie de notre ADN, de notre vie. 75 ans, on a tous connu Paris Match, et c'est une multitude d'histoires, d'histoires de vie,
13:30 c'est ce que j'ai trouvé assez intéressant, c'est plus que des anecdotes, parce que ça raconte la France, ça raconte une époque aussi du journalisme,
13:38 des grands noms du journalisme, des photographes aussi.
13:42 Juste une parenthèse pour dire que vous habitez à Vannes désormais, que vous organisez un salon du livre ce week-end,
13:47 c'est important de parler des livres et des auteurs, il y aura Tatiana Dronem, Marc Lévy, Grosjean Thau ?
13:55 - Dominique Grosjean Thau, oui. - Qu'est-ce qu'il a créé ?
13:57 - Dominique Grosjean Thau a écrit un livre très sympa qui s'appelle "Foot sentimental", ça lui va bien, d'ailleurs.
14:02 - Ah, c'est joli comme titre. - Ça lui va bien, et donc notre invité, il est très intéressant.
14:07 Moi je l'ai vu, je l'ai connu il y a très longtemps, je l'ai connu à ses débuts, Dominique Grosjean Thau.
14:11 - Quelle légende. - Moi j'étais à Glasgow, quand il y a eu les Verts, quand on était à Saint-Etienne,
14:15 j'étais à Liverpool, avec lui je le connais par cœur. Et en plus comme il a cette passion pour la musique,
14:20 il adore une éthique, c'est un garçon qui a une éthique, et en plus il a une passion pour la musique,
14:24 ça peut donner une table ronde, une rencontre très intéressante, et très variée.
14:27 - Super, donc il faut aller à Van... J'avais une question sur les paparazzis, justement,
14:34 c'est-à-dire, est-ce qu'il y a des paparazzades, c'est-à-dire, est-ce qu'il y a eu des faux sujets montés, à votre connaissance ?
14:41 - Ben, disons que les paparazzis ne vont pas nous l'avouer, mais quand ils apportent un sujet et qu'ils viennent le proposer,
14:48 en général c'est d'abord des vrais planques, des vrais de vrais de vrais, mais il peut arriver qu'il y ait des accords
14:54 parfois avec des gens qui se prêtent à ce qu'on appelle une fausse planque, ça peut aussi arriver.
14:58 En revanche, ce qui est intéressant, c'est qu'il y a même des planques accidentelles, l'histoire de Mazarine
15:04 est une histoire accidentelle. Les paparazzis ne sont pas du tout sur la piste de Mazarine-Pinjot,
15:10 ils sont sur la piste d'Isabella Adjani, qui est son chagrin d'amour, et c'est une commerçante du quartier,
15:15 par son fils, qui va les mettre sur la piste de Mazarine-Pinjot, c'est donc le scoop accidentel qui devient un événement considérable.
15:23 - Mais donc les photos n'étaient pas connues depuis si longtemps que ça ? Enfin, l'histoire était connue ou pas ?
15:27 - L'histoire était connue, c'était d'ailleurs de bons tons de cela raconté dans les dîners en ville,
15:32 François Giroux aux éditions Mazarine en avait fait d'ailleurs une histoire, qui a débouché sur un film,
15:38 et donc c'était quand même de bons tons de se raconter ça. Mais le public, le grand public, ignorait cette histoire-là.
15:44 Les photos ont été prises en été, elles n'ont été publiées qu'à la Toussaint, il y a eu un espèce de laps de temps,
15:50 le temps de négocier un petit peu un accord tacite avec François Mitterrand, qui en fait a donné un feu vert sans le donner,
15:57 mais tout en le donnant, en disant "la presse sait ce qu'elle a à faire", et dès lors ça validait le désir ou le besoin qu'il avait lui-même
16:05 de pouvoir présenter Mazarine, qui sortait de l'ombre, de l'obscurité, de la protection exagérée, à la lumière.
16:12 - Alors imaginez, Patrick, vous êtes à Vannes, vous êtes avec votre maîtresse dans un transat, vous êtes en train de l'embrasser langoureusement,
16:19 et le lendemain les photos sont dans la presse, Patrick Maillet, sa maîtresse sur le transat en plan en Bretagne.
16:26 - C'est vraiment sympa pour ma femme qui écoute l'émission à ce moment-là, je remercie beaucoup.
16:30 - C'est une dystopie !
16:35 - Comment vous le vivriez ? Est-ce que vous comprenez la haine qu'on peut avoir contre les paparazzis quand on est connu ?
16:42 - Mais il y a paparazzade et paparazzade. Évidemment que la loi d'ailleurs protège la vie privée. C'est l'article 9 du code pénal.
16:51 Ça s'appelle "intimité de la vie privée". Donc si vous entrez exagérément par effraction, ce que vous comptez comme histoire, c'est une effraction.
16:59 - Oui, vous savez que les journaux ont une cagnotte, alors peut-être pas Paris Match mais Frenchie ou autre.
17:03 - Oui, il y a des limites à la cagnotte quand même, parce que d'abord en plus si vous faites ça une fois, ça peut peut-être passer,
17:08 trois fois, bonjour les dégâts. Et après, vos relations avec le reste du monde, elles sont altérées. Donc c'est un jeu trop dangereux et on s'y prête pas.
17:17 - Donc les paparazzis, c'est pas la cam de Paris Match ?
17:21 - Les paparazzis font un travail, ça dépend ce qu'ils font. Par exemple, une histoire que je trouve très bonne, c'est Solzhenitsyn.
17:28 Quand tout le monde tourne après Solzhenitsyn à l'archipel du Goulag et que même les paparazzis américains n'osent même pas pénétrer dans l'univers où il est un peu...
17:39 non pas reclus mais au fin fond d'une forêt. Bon ben Pascal Rostin, que cite Valéry, il voit une belle pancarte "No trespassing",
17:46 interdit de passer, qu'est-ce qu'il fait ? Il passe. Et il dit "je parle pas anglais". Il ramène les photos.
17:51 Ça c'est une paparazzade intéressante parce que d'abord ça montre quelqu'un que tout le monde veut voir à cet instant-là, à cet instant T,
17:59 auquel personne n'a accès et on le voit dans sa grande solitude dans cette forêt nord-américaine. C'est une paparazzade intéressante.
18:07 - Et les photos de Mitterrand mort sur son lit ? C'était vous ou pas ?
18:10 - Ça c'est une autre histoire dont le secret n'est pas percé.
18:15 - Vous le savez.
18:17 - Ce que j'aime beaucoup c'est qu'il y a d'abord très peu de gens qui sont au courant mais la dernière fois que quelqu'un en a parlé vraiment
18:23 c'est Roger Théron lui-même au micro de Guillaume Durand à la télévision. Guillaume Durand lui a posé la question "Roger Théron,
18:31 vous savez qui a fait la photo de Mitterrand sur son lit de mort ?" "Oui". "Vous pouvez nous le dire ?" "Non".
18:39 - Fallait la publier ?
18:41 - Absolument. D'abord c'est une très belle photo. Quand on la regarde, c'est un gisant. Comme tous les grands gisants d'histoire.
18:49 Les grands gisants d'histoire. Victor Hugo par exemple. Moi j'ai un tirage d'une photo historique de Victor Hugo.
18:56 - Mais c'est pas un viol de la vie intime de la famille ?
19:00 - Tous les papes, Pidouze et les autres, on les voit porter avec une foule en extatique.
19:07 C'est pas sur un moment intime, ils ont été préparés.
19:12 - Oui mais la photo ne posait pas de problème visuel désagréable. Il n'y avait pas de choses moches.
19:21 Elle était même, on peut le dire, d'ignorant. Elle était très esthétique.
19:26 Et en fait ça le fait aussi entrer dans l'histoire de cette manière là. Ça le rend quelque part immortel.
19:31 - Paris Match vient d'être racheté par LVMH. Ça a été annoncé hier. La transaction va se faire.
19:38 C'est une page qui se tourne pour Paris Match.
19:42 Peut-être une question difficile pour vous, parce que vous parlez d'Arnaud Lagardère.
19:47 Quand vous voyez ce qu'est devenu l'Empire Lagardère, qu'est-ce que ça vous inspire avec cet homme, Jean-Luc Lagardère,
19:54 qui avait créé un empire de presse qui aujourd'hui est totalement démantelé.
19:58 Est-ce que ça vous fait de la peine ? Est-ce que vous vous dites "c'est la vie, c'est..." ?
20:02 - Moi je ne percevais pas quand j'étais à Paris Match rédacteur en chef, l'idée d'être au sein d'un empire.
20:09 J'étais à Paris Match. Et à Paris Match c'était ma petite patrie.
20:14 Et de ce point de vue là, je suis toujours resté dans le même état d'esprit.
20:18 Arnaud Lagardère m'a fait l'honneur de me confier les clés de Paris Match en tant que directeur général de rédaction
20:24 pendant les deux dernières années que j'ai passées. Donc je l'en remercie vivement d'ailleurs dès le début du livre.
20:30 - Oui, oui, c'est pour ça que je vous dis que c'est une question peut-être compliquée.
20:33 - Et donc je reste moi attaché à cette petite patrie que j'évoquais et ce livre que je viens de faire,
20:40 cette légende de Paris Match, pour moi, si Edith Piaf était là, ce serait un hymne à l'amour.
20:45 - Oui, oui, c'est ça. - C'est exactement ça.
20:47 Qui, alors tout à l'heure je lui ai demandé le slogan, vous m'avez raconté le secret du slogan,
20:51 mais qui a eu l'idée d'appeler ça Paris Match et pourquoi le mot Paris qui pouvait être excluant pour la province, je trouve ?
20:58 - Alors, curieusement, non, puisque 80% des acheteurs et des lecteurs de matchs sont des gens qui vivent dans nos pays,
21:06 dans nos territoires, dans nos terroirs, dans nos provinces.
21:09 Alors le mot match existait avant-guerre. Ce journal d'avant-guerre était un supplément sportif d'un quotidien,
21:16 un quotidien intransigeant, que Jean Prouveau, grand industriel du Nord, avait acheté en 1936 de mémoire.
21:24 Et la guerre a interrompu le parcours de match qui déjà vendait énormément, énormément de copies à l'époque.
21:31 - Mais qui était comme l'équipe. - Au début c'était comme l'équipe, un supplément de sport,
21:36 mais Jean Prouveau en l'ayant racheté a fait de match un journal d'information déjà axé sur la photo,
21:42 toujours dans l'exemple américain de Life. Il avait ça en tête.
21:46 Et puis la guerre est arrivée, les affaires se sont bien entendu arrêtées,
21:51 et c'est seulement en 1949 que Jean Prouveau a recréé son journal disparu,
21:56 et qu'il a appelé Paris Match pour le distinguer dans cette renaissance éditoriale.
22:02 - Puis Paris venait d'être libéré peut-être aussi.
22:05 - On vous rendait hommage aussi aux dessinateurs qui ont jalonné la vie, Paris Match,
22:10 Sanpé en particulier, jusqu'à la fin de sa vie.
22:14 - Sanpé était le plus ancien d'entre nous, en fin de compte, jusqu'à la fin de sa vie.
22:20 Il a été aussi un très grand dessinateur de New Yorker aux Etats-Unis.
22:24 Mais très curieusement, quand il est parti, on a beaucoup plus parlé de New Yorker que de Paris Match,
22:29 alors qu'il était un fidèle pillier de Paris Match.
22:32 Et au niveau dessinateur, une petite anecdote quand même que j'aime bien tant que t'en citer,
22:36 vous savez que dans les bijoux de la Castafior de Hergé, Tintin,
22:40 il y a un héros qui est un journaliste qui s'appelle Walter Rizzotto.
22:45 C'est le nom qu'on lui a donné.
22:46 Et en fait, c'est un nom qu'a inventé Hergé à travers Walter Caron, le photographe Walter Caron,
22:52 et Willy Rizzo, autre photographe de Paris Match, il a fait Walter Rizzotto.
22:56 - Ah, formidable. Donc il y a les photographes, il y a les dessinateurs, il y a les enquêteurs,
23:00 parce que c'est aussi les grandes histoires, l'affaire Grégory,
23:04 - Jean Kerr, Jean Kerr, phénoménal Jean Kerr.
23:07 - Il y a énormément de... - Jean-Michel Karadex, Terrain aussi.
23:11 Et puis les grands noms comme Philippe Labraud, comme Jean Coe,
23:15 Jean Coe en est présent bien sûr dans le livre.
23:17 - Il y a tellement de choses à dire, à raconter. - Irène Folles dont vous avez parlé.
23:21 - Tellement de choses, oui, de grandes signatures. - Et quelques bretons quand même,
23:23 Olivier Lecoeur-Sauzon, Yann Keufelhec, Irène Folles.
23:26 - Oui, j'ai vu ça, j'ai vu passer, je me suis dit tiens.
23:28 - Et puis, alors nous on l'a reçu ici, j'ai eu un coup de cœur pour elle,
23:32 j'ai oublié son prénom, donc je veux dire Picottzi qui sera...
23:35 - Il y a les cités, mais moi aussi... - Oui, Picottzi, spécialiste du pape.
23:39 Et je conseille le livre de Dany Jucault, "J'avais une maison à Lecente",
23:44 je ne sais pas si vous l'avez lu, c'est formidable, c'est chez Stock,
23:48 c'est un livre... - Et Agathe Godard aussi, que ça...
23:50 - Et Agathe Godard, que ça, c'est mes mots.
23:52 Bon, on va faire une chaîne Paris Match.
23:55 Merci d'avoir été avec nous, Patrick Maé, ce matin.
23:58 - Donc, "La légende de Paris Match", 500 pages, mais ça se dévore,
24:02 c'est une sorte de dictionnaire très amoureux de ce qu'a été,
24:06 mais de ce qui est toujours match, qui reste le journal des enquêtes,
24:10 des photos, qui reste fidèle à son ADN.
24:14 Et puis, elle est à Vannes ce week-end pour le salon du livre,
24:17 Tatiana Dronet, Marc Lévy, Laurent Gounel, Rocheteau, vous nous l'avez dit,
24:21 et bien d'autres auteurs. Merci Patrick Maé.
24:24 Nous, on se retrouve dans un instant pour commenter l'actualité.

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