Pierre Botton, ancien détenu : «Je suis très ému, parce que j'ai beaucoup de respect pour les surveillants»

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Lors de l’émission Punchline présentée par Laurence Ferrari le 15/05/2024, Pierre Botton, ancien détenu et homme d'affaires, était invité sur le plateau. Il a évoqué les conditions de vie en prison.

Transcript

00:00 -Oui, je suis très ému,

00:01 car j'ai beaucoup de respect pour les surveillants.

00:04 Il y en a un qui m'a sauvé la vie. -Littéralement ?

00:07 -Oui, tout à fait. J'étais pas bien, comme ça peut arriver en prison.

00:11 Contre tous les règlements, il a ouvert la porte de la prison

00:14 le soir et il m'a permis de parler.

00:16 Il s'appelle Charles Roche, je peux le nommer.

00:19 J'ai beaucoup de respect pour cette profession

00:22 qui est complètement lâchée par sa hiérarchie.

00:25 Quand je dis que c'est de la chair à canons, c'est ça.

00:28 -Vous vous êtes envoyé au front

00:30 avec une population pénale de plus en plus difficile,

00:33 mais très difficile. -Plus violente.

00:35 De plus en plus violente.

00:37 -Mais moi, ce que j'ai vu et ce que j'ai raconté dans le livre,

00:41 c'est juste hallucinant, madame Ferreri.

00:44 Malheureusement, comme j'ai un passé judiciaire,

00:47 on m'écoute pas forcément.

00:48 -Parce que vous êtes ancien détenu.

00:51 -Oui, parce qu'on dit...

00:52 Mais ce que je dis souvent, je ne vous explique pas

00:55 comment vous remplirez vos déclarations d'impôt.

00:58 Je vous explique ce que j'ai vécu, madame Ferreri.

01:01 Ce que j'ai vu, ce que j'ai vécu

01:03 pendant des jours et des jours.

01:05 -C'est-à-dire ? -La drogue de partout.

01:07 -La drogue de partout. -De partout.

01:09 Les téléphones, j'ai vu monsieur le garde des Sceaux

01:12 dire qu'il avait fait une opération cellulenette.

01:15 Il a dit qu'on a récupéré 117 téléphones.

01:18 Vous savez combien ils en ont retirés l'année dernière ?

01:21 L'administration pénitentiaire, 40 000.

01:24 -Juste l'année dernière. -40 000.

01:26 La violence de partout. La corruption, madame.

01:28 Vous savez ce à quoi sont soumis ces surveillants ?

01:31 Vous savez ce que c'est que de se faire cracher

01:34 3, 4, 5 fois ? -Par jour ?

01:36 -Oui. Et puis, il y a une organisation

01:38 au sein de la... Une organisation...

01:40 -Une organisation parallèle.

01:42 -Tous les détenus se connaissent.

01:44 Donc, s'ils voulaient, s'ils prennent un surveillant en chasse,

01:48 ils le suivent de bâtiment en bâtiment,

01:51 et le gars, il ne peut pas résister.

01:53 Je vais raconter des scènes que j'ai vécues, madame.

01:56 Je les ai vécues. -Pierre Botton.

01:58 -Quand on se promène, on a une carte.

02:00 Le gars n'avait pas sa carte.

02:02 Donc, le surveillant lui dit, "Votre carte, elle est où ?

02:05 "En cellule. Vous pouvez aller la chercher ?" Non.

02:08 "Vous pouvez aller chercher votre carte, s'il vous plaît ?" Non.

02:12 "Tu m'ouvres ou ta bagnole elle crame ce soir ?"

02:14 Et le pire, c'est que la bagnole elle crame.

02:17 "Qu'est-ce que vous faites le deuxième soir ?"

02:20 Je vais vous poser une question.

02:22 Vous êtes capable de trouver 5 personnes

02:24 et de vous sortir de tôle avec des mitraillettes ?

02:27 Ils ont été élevés avec ça. Tout a changé.

02:30 On parle des extractions judiciaires.

02:32 Moi, je veux bien.

02:33 Et la drogue, en prison, on en parle.

02:36 Pourquoi on ne met pas les chiens ?

02:38 -Parce qu'on ne veut pas trouver la drogue ?

02:40 -On ne veut pas la trouver. -C'est ce que je vous dis.

02:43 -On ne veut pas la trouver.

02:45 Et qu'est-ce qui rentre avec la drogue ?

02:47 L'argent. L'argent.

02:49 ...

02:53 [SILENCE]

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