- 29/04/2024
Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour.
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00:00 "Europe 1 soir" 19h21, Pierre De Villeneuve.
00:04 Et nous sommes ensemble jusqu'à 21h sur Europe 1 pour "Europe 1 soir" et je salue mes deux chroniqueurs.
00:11 Bonsoir Naïma M. Fadel.
00:13 Bonsoir.
00:13 Ravi de vous recevoir ici sur le plateau d'Europe 1.
00:16 Vous êtes essayiste.
00:17 Bonsoir Joseph M. Escaron.
00:19 Bonsoir.
00:19 J'ai lu nombre de vos livres.
00:21 Je suis un peu impressionné de vous avoir en face de moi.
00:23 C'est pas une chose.
00:24 Voilà.
00:25 Et nous allons parler de l'actualité.
00:27 Nous allons recevoir quelqu'un qui a la peur au ventre et ce monsieur est directeur d'école à Neuilly-sur-Marne en Seine-Saint-Denis.
00:35 Il a décidé de ne pas aller travailler et avant de l'inviter et de lui parler au téléphone,
00:40 je vous propose d'écouter une partie de son enregistrement vidéo qu'il a publié sur les réseaux sociaux ce matin.
00:46 Nous sommes lundi matin et pourtant je n'irai pas travailler.
00:49 Je n'irai pas dans l'école que je dirige depuis 15 ans.
00:52 Je n'irai pas parce que je suis pris pour cible,
00:55 c'est parce que j'ai souhaité m'engager dans le projet ministériel porté par l'actuel premier ministre d'expérimentation de la tenue commune.
01:02 Un comité de défense de l'école publique à Neuilly-sur-Marne qui est farouchement opposé me cible,
01:08 m'insulte de la pire des façons, m'expose lâchement, dangereusement en distribuant des tracts dans la cité,
01:17 dans tout le quartier, des tracts qui me qualifient d'anti-musulman.
01:21 On sait où ça a mené.
01:23 Je connais déjà plusieurs histoires malheureuses.
01:27 Je ne veux pas aller travailler.
01:29 Je ne veux pas aller exposer mes élèves à des risques qui pourraient être immenses,
01:34 qui pourraient être inconsidérés si je le faisais.
01:37 Et puis je ne tiens pas non plus à m'exposer moi-même.
01:39 Bonsoir Nicolas Bourreze.
01:41 Oui, bonsoir.
01:42 Merci d'être en ligne avec nous.
01:43 Alors cette vidéo, elle a été postée, j'imagine, ce matin de bonne heure alors que vous deviez vous rendre dans votre école.
01:49 Finalement, vous avez décidé de ne pas y aller.
01:51 D'abord, est-ce que vous avez des regrets et surtout comment est-ce que vous avez vécu cette journée de lundi sans aller dans votre école que vous aimez tant ?
02:01 Alors je n'ai pas de regrets.
02:02 Je l'ai posté volontairement à l'horaire à laquelle j'arrive généralement à l'école, vers 8h moins 10, 8h moins 5.
02:10 Et cette journée, bien entendu, particulière pour moi.
02:14 Mais j'espère que le premier objectif est atteint, c'est-à-dire que les élèves et mes collègues, les enseignants, ont pu travailler en toute sécurité aujourd'hui.
02:24 Oui, est-ce que vous avez des retours sur la sécurité à l'école ?
02:26 Justement, comment s'est passée cette journée, autrement ou de manière générale, comme d'habitude ?
02:32 Aujourd'hui, j'ai très peu de retours parce que j'ai été énormément sollicité par des journalistes.
02:36 Et donc, je n'ai pas eu beaucoup de temps pour communiquer avec mon école.
02:40 Mais a priori, il n'y a pas eu de problème de signal.
02:44 Tout commence par l'expérimentation de l'uniforme, en fait ?
02:49 Tout à fait.
02:50 Et donc, vous, vous avez voulu suivre cette expérimentation qui est en ce moment encore au stade embryonnaire.
02:58 Et comment est-ce que se sont déroulées les différentes étapes de cette expérimentation, jusqu'à cette situation qui devient insupportable,
03:06 puisque vous en venez au fait de ne plus aller dans votre école ?
03:09 Alors, pour le coup, l'expérimentation n'a pas lieu encore. Là, c'était la phase de décision.
03:14 Et elle est prévue, puisque ça a été favorablement acté par le conseil d'école.
03:19 Elle est prévue, donc, l'expérimentation à partir du mois de septembre, à partir de la rentrée.
03:23 Donc, là, on en est au stade où on prend des décisions. Et même à ce stade-là, c'est même plus embryonnaire.
03:30 On en est vraiment au stade de l'invention de la chose, si j'allais dire.
03:34 Et en fait, même à ce stade-là, vous vous retrouvez pris en tenaille avec des gens qui vous insultent, tout simplement.
03:42 Tout à fait, qui m'insultent et qui me mettent en danger, surtout.
03:45 Parce qu'on sait très bien que l'extrémisme et l'obsession anti-musulman, c'est mettre une cible dans le dos de la personne qu'on affiche avec ces termes-là.
03:56 Donc, là, c'est extrêmement grave.
03:58 La décision, elle a été actée majoritairement. On a concerté l'intégralité de la communauté éducative.
04:05 Et, a priori, un groupuscule, je ne sais pas qui se cache derrière, n'accepte pas la décision majoritaire.
04:13 Neymar M. Fadel, ça vous fait réagir ?
04:16 Écoutez, oui, ça me fait réagir parce que je n'arrive pas à comprendre ce qui se passe.
04:21 Parce que, pour rien vous cacher, je pense que c'est un directeur d'école primaire.
04:24 Donc, on est en école primaire. Et, monsieur, je ne vois pas en quoi c'est anti-musulman que des enfants portent un uniforme.
04:33 D'ailleurs, dans des pays musulmans, par exemple, ce n'est pas toujours l'uniforme, mais c'est par exemple la blouse.
04:39 Donc, je ne sais pas qui se cache derrière ce collectif.
04:43 Donc, je m'interroge parce que, quand il y a eu la circulaire contre la Habaïa, en septembre 2023, la rentrée de septembre 2023,
04:52 rappelons que la rentrée scolaire c'est 12 millions d'élèves,
04:56 vous avez seulement 298 élèves, jeunes filles qui se sont présentées à Habaïa, et seulement 67 qui ont refusé de la retirer.
05:07 Donc, moi, je m'interroge sur ce collectif. Je trouve que c'est extrêmement grave,
05:13 parce que ce directeur ne fait que faire ce que demande la République, notamment, notre gouvernement.
05:19 Donc, ça veut dire que certains osent menacer dans notre pays, et je trouve ça extrêmement inquiétant.
05:26 En tout cas, monsieur, vous avez tout mon soutien, si je peux me permettre, en tout cas, mon modeste soutien.
05:31 - Merci beaucoup.
05:32 - Nicolas Bourreze, sur ce que vient de dire Naïma, est-ce que vous avez essayé d'en savoir plus sur ce groupuscule,
05:39 sur cette petite quantité de gens, finalement, qui essayent d'en entraîner d'autres, en fait, sur ce problème ?
05:48 - Alors, après, moi, j'ai déposé plainte, donc, du coup, je ne peux pas trop parler de ça.
05:53 J'ai donné quelques noms qui, éventuellement, pourront alimenter les investigations de la police.
05:59 Mais, de manière tout à fait certaine, non, je ne peux pas dire qui se cache derrière ce groupuscule.
06:06 En tout cas, ce qui est certain, c'est que c'est un projet qui est porté par le Premier ministre,
06:10 qui a été également souhaité par le Président de la République.
06:14 Nous, on est dans une école, donc, on est là pour respecter les directives.
06:20 Et voilà, c'est pas moi qui ai décidé, en fait.
06:23 Ça, c'est voter tout le monde.
06:25 - Merci de votre témoignage, Nicolas Bourreze.
06:27 Merci d'avoir été avec nous, et encore une fois, au nom de toute la rédaction d'Europe 1, vous avez tout notre soutien.
06:33 Joseph Macescaron, qu'est-ce que vous pensez de ce cas d'école, j'allais dire, sans de mauvais jeu de mots ?
06:38 - Le cas d'école, oui.
06:40 Je trouve que c'est révélateur au sens chimique du terme, d'un grand nombre de dysfonctionnements et d'un grand nombre de problèmes.
06:49 D'abord, juste un aparté sur le titre de ce fameux et fumeux collectif qui s'est autonomé "Collectif de Défense de l'École Publique".
07:01 Quand on dit, il faut parler, qu'il s'agisse de défense de l'école publique, là, on est dans le langage orwellien.
07:07 Je rappelle, 1984, c'est quand on donne l'inversion du réel, l'inversion de ce qui est.
07:13 Là, évidemment, ils défendent tout, sauf, bien sûr, l'école publique, et ils se présentent comme "Collectif de Défense de l'École Publique".
07:23 C'est révélateur, et c'est là où ça devrait justement donner une piste, parce qu'il y a une formation politique
07:30 qui est devenue spécialiste de ce genre d'inversion des propos, c'est les personnes autour de la France Insoumise.
07:38 Je ne dis pas que c'est la France Insoumise, puisque tout de suite, voyant, évidemment, la part devant l'indignation publique et légitime
07:46 par rapport au sort qui est fait à M. Bourré, Thomas Porte, qui est le député de cette circonscription, a fait machine arrière.
07:54 Mais on voit bien ce type de méthode. Alors, ce type de méthode ne nous trompe pas. Ce n'est pas du tout un délire que de penser
08:05 qu'on met en danger la vie d'une personne. Et je dis ça pas simplement parce qu'il y a eu le cas de tragique, terrible de semmelpathy.
08:13 Je dis ça parce qu'il faut bien reprendre, il faut bien situer le contexte. Le contexte, c'est Neuilly-sur-Marne,
08:20 c'est une municipalité où il y a eu, je rappelle, en juillet dernier, des émeutes particulièrement violentes.
08:29 Donc, le feu n'est pas éteint. Le feu n'est pas du tout éteint. C'est un terreau de violence.
08:38 Donc, on essaye là aussi d'exploiter un terreau de violence. Et quand je prends cette exploitation cynique du terreau de violence
08:46 plus l'inversion des valeurs, à mon avis, c'est signé.
08:50 Mais tout à l'heure, on parlait de Sciences Po et on écoutait un jeune étudiant qui disait "moi j'aimerais bien bosser, j'aimerais bien avoir mon diplôme".
08:57 Donc, en fait, on se retrouve dans une situation totalement cosmique où on a un directeur d'école qui a peur d'aller à son école,
09:05 où on a un terreau, vous avez dit, de violence, où on a des élèves qui sont plus ou moins radicalisés,
09:11 qui sont entraînés par des mauvais gardements et qui, en gros, fichent la pagaille.
09:15 Et puis, vous avez quand même, accessoirement, des élèves qui voudraient aller à l'école, apprendre à lire, à compter et éventuellement à devenir quelqu'un.
09:22 Tout à fait. J'allais revenir sur Sciences Po en vous disant que nous avons quand même des députés, des représentants de la République qui instrumentalisent tout ça.
09:31 C'est ça, c'est là où le bas blesse, c'est qu'ils sont censés justement encourager ces élèves,
09:35 faire en sorte que ça se passe pour que la majorité silencieuse puisse étudier dans de bonnes conditions.
09:42 Et aujourd'hui, au contraire, ils soufflent sur les braises et ils amènent à ce qu'une minorité,
09:48 parce que tout à l'heure on en parlait avec Joseph, c'est une petite minorité à Sciences Po.
09:52 C'est pour ça que je regrette qu'on jette l'anathème, entre guillemets, sur l'ensemble des étudiants
09:57 qui, comme ce jeune homme qui a témoigné chez Pascal Praud, ne demande qu'à travailler.
10:02 C'est qu'on jette l'anathème sur la majorité par une petite minorité.
10:06 Et ce qui est terrible dans la situation qu'on vit dans notre pays,
10:11 c'est que personne ne rappelle à l'ordre, et notamment la ministre de l'Enseignement supérieur n'a pas rappelé à l'ordre,
10:17 et le directeur a capitulé. C'est ça qui est terrifiant.
10:20 - Comment est-ce que vous expliquez cette situation ?
10:23 - Ecoutez, l'idéologie. Je pense que vraiment il y a une idéologie qui est aujourd'hui colonisée.
10:29 - On se met à plat ? - On se met à plat, on capitule face à une quarantaine de jeunes qui ont bloqué l'université,
10:37 et quelques énergumènes à l'extérieur qui ont été rejoints par révolutions permanentes et les groupuscules liées à LFI.
10:45 Je trouve ça dramatique pour notre pays, et je trouve ça dramatique pour l'autorité.
10:50 - Et ce n'est pas que sur le point, puisque c'est généralisé, et là en l'occurrence avec cette école de Yves Chambard.
10:54 - On va donner un très très mauvais signal en capitulant avec...
10:59 - On donne des mauvaises idées, ça s'appelle les mauvaises idées de Joseph Smith Escargot.
11:02 - Alors qu'au même moment de l'autre côté de l'Atlantique, l'administration Biden justement sanctionne,
11:08 sanctionne à Columbia, sanctionne dans d'autres universités américaines, toutes les dérives.
11:13 Et d'ailleurs, ce qui est frappant, c'est hier, c'est le communiqué du Hamas.
11:18 Qu'est-ce que dit en substance le communiqué du Hamas ?
11:20 - Il évidemment s'insurge, quel scandale, contre le sort réservé aux étudiants pro-palestiniens dans les universités américaines.
11:28 Et en revanche, évidemment, il trouve que ce qui est fait dans les universités françaises est très bien.
11:32 Le Hamas. Le Hamas. Donc, le Hamas soutient l'action de LFI, c'est normal.
11:36 LFI soutient l'action du Hamas, puisque LFI est devenu la branche politique du Hamas.
11:41 - Mais aujourd'hui, même en disant ça, est-ce que c'est un marqueur ?
11:43 C'est-à-dire que vous allez convaincre qui ?
11:45 Moi, vous allez me convaincre en me disant que c'était insupportable, et sans doute les gens qui nous écoutent sur Europe 1.
11:50 Et puis d'autres qui sont là, en train de manifester, c'est les mêmes là qui sont allés aujourd'hui à la Sorbonne,
11:55 vont être encore plus entraînés, encore plus pris dans cette inertie, dans cet engrenage absolument infernal, pour continuer.
12:03 Et je le disais tout à l'heure à Georges Fenech et à Paul Mellun, et je citais le Christ en disant,
12:09 est-ce que seulement ils savent ce qu'ils font, en fait, tout simplement ?
12:12 Est-ce qu'ils sont totalement conscients de ce qu'ils font ?
12:15 - Ah, ils savent ce qu'ils font, c'est-à-dire que c'est une minorité qui veut absolument le chaos,
12:19 parce qu'ils savent très bien que sociologiquement, du point de vue électoral, ils ne seront jamais majoritaires,
12:25 jamais, jamais, ils ne sont pas majoritaires.
12:27 - Donc ils surfent sur la vague, en fait.
12:29 - Ni dans les esprits, ni dans les urnes, ils ne sont pas majoritaires,
12:31 et la seule chose qu'ils veulent, évidemment, c'est introduire le chaos.
12:34 - D'Alexandre Fadel.
12:36 - Exactement, je rejoins ce qui vient d'être dit, LFI, ce qu'ils veulent, c'est le chaos, c'est la révolution.
12:41 D'ailleurs, rappelez-vous, pendant les émeutes de juin 2023, ils n'ont pas rappelé au calme,
12:47 au contraire, ils ont appelé à ce qu'il y ait encore plus d'émeutes,
12:51 et ils ont même parlé à la place des émeutiers en laissant penser que c'était pour soutenir Nahel,
12:58 alors que 70% des jeunes qui ont été arrêtés, d'ailleurs, ne savaient même pas qu'il y était Nahel, si je puis dire.
13:05 En fait, moi, ce qui me gêne, je vais vous dire les choses,
13:08 - C'est ce qu'a dit Eric Nelot dans son livre sur Mélenchon,
13:13 il dit qu'en fait, LFI et Jean-Luc Mélenchon en premier,
13:18 n'en a que faire de ce qui se passe au Proche-Orient,
13:21 tout ce qu'il veut, c'est l'électoralisme et gagner la prochaine présidentielle.
13:25 - J'ai eu un jour une longue conversation, tête à tête, chez moi, avec Jean-Luc Mélenchon.
13:32 - Il y a longtemps ?
13:34 - Oui, c'était juste après...
13:36 - Il y a un scoop à nos références.
13:38 - Non, c'était juste un peu après son échec,
13:42 et déjà, il se demandait s'il allait se représenter à la présidentielle.
13:46 Il s'est en effet représenté.
13:48 Et il sait très bien, au terme de cette conversation,
13:53 il apparaissait vraiment très bien,
13:55 qu'il sait, en dépit de toute la vulgate sur le thème "j'ai perdu à 100 000 voix après, 200 000 voix, 300 000 voix",
14:04 qu'il sait très bien qu'il n'est pas majoritaire dans le pays.
14:06 Il le sait.
14:07 Mais, ce qu'il veut, et ce qu'il m'a dit plusieurs fois,
14:11 c'est qu'il veut écrire une page définitive dans l'histoire de la gauche française.
14:17 - Et pour ça, il est prêt à tout.
14:18 - Et pour ça, je pense qu'il est prêt à tout.
14:20 - Y compris à marabouter des étudiants de la Sorbonne, de Sciences Po et d'autres universités de France.
14:25 - Ça ne dérange absolument pas, vous savez.
14:27 C'est-à-dire qu'il revient à ses premiers amours,
14:29 c'est-à-dire à ses amours trotskistes.
14:31 Et encore, dans le trotskisme, pardonnez-moi, je fais une différence,
14:34 c'est-à-dire qu'il vient de la branche du trotskisme le plus dur,
14:38 c'est-à-dire ce qu'on appelle le Lambertiste,
14:40 qui a été fondé par Pierre Lambert.
14:42 Donc, il revient tout simplement à ses premiers amours.
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