Le monde d'Elodie : Ariane Gotlieb

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00:00 - Bonjour Yann Gottlieb. - Bonjour Elodie.

00:02 - Vous êtes, comme votre nom l'indique, la fille unique du couple Claudie et Marcel Gottlieb,

00:06 fan inconditionnel du 7e art.

00:08 Votre père, auteur de bandes dessinées, artiste, écrivain, dessinateur, éditeur,

00:12 je rajouterais militant aussi, le même qui a créé le héros intergénérationnel indémodable

00:16 Gay Luron, La Coccinelle, les séries tout aussi incontournables Les Dingo Dossiers,

00:20 réalisées par René Goscinny, Rubriques à Brac, Les Aventures du Super Dupont,

00:25 a marqué à jamais le monde de l'art, et notamment du 9e art.

00:28 Il a aussi beaucoup publié dans l'Eco des Savannes et dans Fuite Glaciale,

00:32 deux mensuels devenus cultes qu'il a co-fondés.

00:35 Depuis sa disparition en 2016, vous avez décidé d'arrêter votre métier de script

00:39 pour vous consacrer à plein temps à votre devoir d'ayant droit, donc fille de.

00:44 Vous êtes donc devenue conservatrice en chef du monument très joyeux,

00:49 effectivement Gottlieb, de l'œuvre colossale de ce géniteur de génie.

00:53 Et dans ce cadre-là, vous avez créé le prix Gottlieb,

00:55 remis au Festival du Livre de Paris samedi dernier pour la deuxième année consécutive.

01:01 Je vais déjà vous laisser nous donner le nom du lauréat.

01:04 Alors cette année, le lauréat, c'est un jeune homme, pas si jeune que ça,

01:09 qui s'appelle Moe Cdm.

01:11 C'était ça, le travail de votre père, en fait ?

01:12 C'était d'embellir un peu ce monde, de le rendre plus gay,

01:16 surtout de dédramatiser une histoire familiale et même qu'il a vécu lui en tant qu'enfant,

01:20 puisqu'il a fait partie de l'opège.

01:22 Donc c'était l'œuvre effectivement de protection des enfants juifs.

01:27 Il avait réussi à échapper à deux rafles.

01:30 Son père, malheureusement, a été pris, lui, et envoyé à Drancy.

01:33 C'était ça, son travail ?

01:36 Son travail, oui, c'était de rendre humoristique tout ce qui pouvait l'être,

01:43 en tout cas dans son travail.

01:46 Et puis ça lui permettait d'être un peu plus heureux dans sa vie privée.

01:51 Gay Luron, c'est sans doute le personnage qui lui colle le plus à la peau.

01:54 En tout cas, il s'est caché beaucoup derrière Gay Luron.

01:57 Il s'est caché, il a évolué avec son héros et son héros a évolué avec lui,

02:01 puisqu'après, il a mis un slip.

02:02 Mais c'est vrai qu'il avait une grosse, grosse tendresse pour Gay Luron.

02:07 Étonnamment, il était très positif dans sa création,

02:11 par rapport, encore une fois, à ce qu'il racontait.

02:13 Donc c'était aussi une façon de détourner, d'exorciser tout ça.

02:18 Je pense à la coccinelle, par exemple.

02:19 Une coccinelle, c'est normalement un animal qui nous porte bonheur.

02:22 La bête avant Dieu.

02:23 Oui, c'est tout un symbole, finalement.

02:25 Est-ce que c'était ça aussi, votre père ?

02:27 Alors, il avait cet optimisme très clairement,

02:29 puisque quand il a cessé de l'avoir, et ça, on en a beaucoup parlé.

02:33 Il m'a dit "j'ai envie d'avoir envie, mais j'ai plus envie".

02:36 Un artiste qui ne crée plus, c'est un artiste mort.

02:41 Effectivement, certes.

02:43 Maintenant, la coccinelle, elle était...

02:47 Oui, elle était là aussi pour...

02:49 Un peu comme tous les petits personnages de Walt Disney,

02:52 un peu féeriques, pour remplir le décor,

02:56 pour raconter, pour égayer un peu l'histoire et faire l'idiot.

03:00 Et puis voilà.

03:01 C'est étonnant d'ailleurs, parce qu'il avait une énorme humilité d'un côté.

03:05 Ça, c'était même maladif.

03:06 Il ne supportait pas le mot génie, le mot génial ?

03:09 Non, il était très étonné que ça continue à se lire,

03:11 que ça continue à se vendre.

03:13 En plus, et en même temps, c'était très ambigu,

03:16 parce qu'il se dessinait énormément.

03:17 Donc finalement, il parvenait parfois à avoir une reconnaissance du public.

03:22 En tout cas, il y a deux, trois anecdotes comme ça,

03:25 où il était vraiment,

03:28 vraiment finalement heureux, heureux de ça.

03:32 Pour terminer, Ariane, si on devait définir votre père,

03:35 si vous deviez, vous, en tant que fille, définir votre père en quelques mots,

03:38 vous diriez quoi de lui ?

03:39 Qui était Gottlieb ?

03:41 Un papa artiste.

03:42 Génial.

03:43 Avec un nom qui change.

03:45 Ce n'est pas une erreur, parce que régulièrement, on entend,

03:47 mais il manque le E.

03:48 Le E, c'est effectivement une erreur, mais qui vient de l'État civil.

03:52 C'est un jeune homme à l'État civil qui s'est trompé.

03:54 Qui s'est gouré, oui.

03:55 Du coup, sur les papiers de papa, les papiers d'identité,

03:57 son passeport et son permis de conduire,

03:59 c'est aussi avec le E, comme maman et moi.

04:02 Mais par contre, le prix Gottlieb n'en a pas.

04:04 Il a perdu son E.

04:06 C'est le prix de l'artiste.

04:07 Il a perdu son E, mais pas son sens de l'humour.

04:09 Merci beaucoup, Ariane Gottlieb,

04:11 Merci d'être passée dans le monde d'Elodie sur France Info et au plaisir.

04:13 Merci, avec plaisir.

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