00:00 Le logement au cœur de toutes les inquiétudes, on en parle avec Yann Géhano, qui est le président de La Forêt Immobilier.
00:08 Merci d'être avec nous. 2024, alors c'est espoir ou désespoir ?
00:13 Les deux. Espoir conjoncturel, puisqu'on voit aujourd'hui les acquéreurs revenir.
00:20 Ça fait sept semaines consécutives qu'on a plus d'acquéreurs dans nos agences par rapport à la même période l'année dernière.
00:25 Des acquéreurs qui entendent parler de baisse des taux, qui sont passés en moyenne de 4,25 à 3,99 à fin février.
00:33 Des acquéreurs qui sont à la relance de leurs projets immobiliers.
00:40 Face à ça, plusieurs problèmes structurels de l'immobilier qui n'ont pas été adressés du tout pour le moment.
00:47 Les banques sont plus souples ou elles prêtent plus facilement ?
00:51 Elles prêtent plus facilement, ce n'est pas établi. En tout cas, on est en début d'année, donc elles ont des objectifs commerciaux à atteindre.
00:58 Les offres de prêts ont évolué. On est à plus de 16 % par rapport à la fin de l'année dernière, qui était quand même un point extrêmement bas.
01:05 Donc, ça laisse entrevoir un filet d'espoir.
01:08 Votre indicateur mensuel, il montre quoi ? Les prix baissent ou continuent de monter ?
01:13 Les prix baissent au niveau national deux mois après le début de l'année. On est à -0,4 % au niveau national, avec un grand écart.
01:25 Par exemple, -1 % à Bordeaux et +0,7 % à Nice, qui continue de progresser doucement.
01:31 Ça veut dire que ça ne bouge pas ? À ces niveaux-là, c'est quand même des toutes petites baisses ?
01:35 On est sur une pente douce, mais extrêmement relative.
01:39 Dans votre réseau, les loyers, ils en sont où ? Ils montent quand même ?
01:42 Les loyers montent. Ce qui est surtout inquiétant, c'est la tension locative de chiffres.
01:49 En un an, l'offre disponible à la location a reculé de 21 %, et dans le même temps, la demande de location a augmenté de 29 %.
01:59 Et que vous disent les clients ? Ils sont déprimés en ce moment ?
02:02 Ils sont en grande difficulté lorsqu'il s'agit de trouver un logement, de se trouver un toit.
02:08 Le parcours de la location est bloqué, celui de la primo-accession achetée la première fois est également bloqué.
02:14 Et puis les investisseurs ont été refroidis depuis maintenant sept ans, entre la rénovation énergétique, l'IFI et les contraintes qui ne cessent de s'empiler.
02:23 Est-ce qu'il faut vraiment un plan pour relancer la construction et la mise en location de biens ?
02:28 La construction, c'est certain. Ça fait des années qu'on construit de manière insuffisante.
02:34 Relancer l'accès au logement, oui. L'accès au financement, se concentrer sur les primo-excédents, se concentrer sur les investisseurs également,
02:43 changer de discours, changer de logiciel auprès des investisseurs, il faudrait ce plan.
02:48 En plus, ça génère des problèmes en chaîne. C'est vrai que le bâtiment souffre, également tout ce qui est achat d'équipements ménagers,
02:56 donc moins de recettes de TVA, donc on est rentré dans une spirale plutôt négative.
03:00 Moins de recettes de TVA sur l'immobilier neuf, beaucoup moins de droits de mutation, ce qu'on appelle les frais de notaire,
03:07 et en effet une consommation d'électroménagers, une consommation de travaux également qui est en chute libre,
03:14 donc qui impacte pleinement toute l'économie.
03:16 C'est un métier difficile du coup, Jean Immobilier, aujourd'hui. C'était un peu l'âge d'or il y a encore quelques années.
03:21 Vous savez, on vient de fêter nos 32 ans au sein du réseau La Forêt, donc des cycles.
03:26 Immobilier, on en a connu certains. On voit quand même aujourd'hui beaucoup d'entreprises en difficulté.
03:32 C'est notamment le cas de ce qu'on appelle les néo-agences ou les start-up qui avaient envisagé de disrupter et de réinventer notre métier,
03:40 mais le quotidien est devenu plus exigeant, plus professionnel et une fois de plus, ça nous va bien.
03:45 On sait qu'il n'y aura pas d'aide fiscale puisque le gouvernement aujourd'hui est un peu à sec avec son budget.
03:51 Qu'est-ce qu'on peut faire pour encourager l'investissement immobilier ?
03:55 Sur l'investissement immobilier, le fameux statut du bailleur privé que l'on réclame,
04:01 un statut qui soit gravé dans le marbre avec une fiscalité qui ne soit pas réinventée chaque année avec la loi de finances par exemple,
04:09 et puis inciter les primo-accédants. On peut parler d'une réforme des frais de notaire, une taxe exigible immédiatement qui ampute le pouvoir d'achat.
04:19 On pourrait réformer par exemple les durées d'endettement également pour les primo-accédants, qu'on pourrait porter de 25 à 27 ans également.
04:26 Et peut-être en finir aussi avec l'impôt sur la fortune immobilière qui a empêché beaucoup d'investisseurs de mettre leurs économies dans l'investissement locatif.
04:34 Le focus a été mis pour punir en effet l'immobilier en passant d'ISF à IFI, plus des contraintes aujourd'hui,
04:41 des critères d'endettement du Haut conseil de stabilité financière qui pénalisent largement le marché immobilier.
04:47 Ça c'est une erreur d'Emmanuel Macron vous pensez ?
04:50 C'est une erreur dans la mesure, je parlerais plutôt des critères HCSF, c'est une erreur dans la mesure où ces contrats cycliques,
04:57 c'est quand le marché chauffe, c'était avant qu'il fallait rigidifier les conditions d'octroi des financements et aujourd'hui les libéraliser.
05:04 C'est arrivé trop tard et aujourd'hui ça devrait être détendu.
05:07 Très bien. Donc Yann Géano, merci d'être venu ici sur CNews pour parler de ce marché de l'immobilier qui quand même malgré tout reste en panne aujourd'hui.
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