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  • 01/03/2024
Comment se porte la librairie Sauramps ? Les clients se plaignent de rayons moins fournis qu'auparavant. C'est la fin du "À Sauramps, on trouve tout". Analyse des causes avec Julien Domergue, délégué CGT

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Transcription
00:00 C'est la librairie emblématique de Montpellier. La librairie Sohrams traverse de grosses difficultés.
00:05 On en parle ce matin avec notre invité Julien Domergue, délégué CGT de Sohrams. Claire ?
00:09 Oui, alors la question est plutôt comment se porte la librairie Sohrams ?
00:14 Les clients se plaignent de rayons moins fournis qu'auparavant.
00:17 C'est finalement quasiment la fin du "à Sohrams on trouve de tout".
00:21 Quelles sont les causes selon vous, Julien Domergue, les causes de cet état de fait ?
00:27 On vous dit bonjour d'abord.
00:28 Bonjour.
00:28 Bonjour Julien Domergue.
00:29 Eh bien écoutez, les causes sont économiques.
00:33 Aujourd'hui, on a une baisse de fréquentation.
00:36 Il n'échappe à personne que les temps sont durs pour beaucoup de franceries du fait de la hausse de l'inflation.
00:43 On était à plus de 6% l'année dernière.
00:44 Et chaque client qui rentre dans la librairie, aujourd'hui, consomme moins que les fois précédentes.
00:52 Aujourd'hui, nous ne sommes pas en mesure d'avancer auprès des fournisseurs du fait d'une trésorerie qui n'est pas au mieux,
01:01 des achats conséquents.
01:03 Et donc, on essaye d'ajuster au plus près de nos ventes le volume de nos achats.
01:08 Donc forcément, si nos ventes baissent, on achète moins.
01:13 Et l'impression que ça donne, ce n'est pas qu'une impression, c'est que les rayons sont moins fournis qu'avant.
01:18 C'est un peu le serpent qui se mord la queue.
01:20 - Parce que si vous avez moins de références, les clients viennent moins, prennent l'habitude de moins venir ?
01:25 - Alors oui, c'est pour ça qu'il y a un gros travail de la part des libraires pour que, même si on propose moins,
01:33 il y ait beaucoup plus de pertinence dans le choix.
01:36 C'est-à-dire qu'on sait que les clients ne vont pas forcément tout trouver.
01:39 Mais autant que ce qu'on propose, si on le diminue, soit réellement ce que le client désire.
01:45 Sur les années précédentes, on pouvait avoir une profusion de fonds qui étaient très importantes,
01:50 mais avec des livres qui restaient sur nos étagères pendant un an, deux ans.
01:54 Le but, ce n'est pas de faire une librairie, une bibliothèque, c'est de vendre ce qu'on a dans les rayons.
02:01 Donc vraiment, le travail qu'on fait, c'est d'ajuster ce qu'on peut proposer aux clients à leurs besoins et à leurs désirs.
02:09 - Qu'est-ce que vous vendez moins du coup ? Qu'est-ce qu'on trouve moins ?
02:13 - Sur l'année qui vient de s'écouler, après deux ou trois ans, depuis l'arrivée du pass culture, de boum sur le manga,
02:22 le manga, c'est -19% sur l'année dernière. Même au niveau national.
02:27 C'est-à-dire que là, il y a une baisse. Alors qu'on avait beaucoup misé dessus, il faut qu'on s'adapte au fur et à mesure.
02:33 A contrario, tout ce qui est type "new romance", les romans pour jeunes adultes, de type 50 nuances degré ou autre,
02:43 sont en train de faire un plein boum. Donc il va falloir qu'on travaille pour proposer plus de ça.
02:47 C'est vraiment un travail au mois par mois d'essayer de suivre les tendances.
02:51 - Et c'est un changement de culture pour ce romance. Il ne doit pas être simple à digérer pour les libraires.
02:57 - Il y a un vrai travail des libraires à faire sur le suivi de consommation des clients.
03:02 Alors ce n'est pas toujours agréable parce que chaque libraire a aussi ses convictions,
03:09 qu'il aimerait mettre en avant des auteurs plus que d'autres.
03:13 Mais pour pouvoir mettre en avant ces auteurs, il faut qu'on s'appuie sur ce qu'ils appellent les "best-sellers".
03:19 Donc il faut qu'on puisse mettre en avant d'abord ce qui se vend pour ensuite se faire plaisir
03:24 et pouvoir vraiment faire notre travail de libraire et proposer des coups de cœur aux clients.
03:27 - Vous parlez de baisse du pouvoir d'achat, de l'inflation. Est-ce que les sites de vente en ligne vous font mal aussi ?
03:34 - Clairement oui. Évidemment le site avec un grand sourire dessus en premier lieu,
03:40 mais aussi les sites d'occasion qui sont en train de bien se développer, de type Momox ou la bouquinerie,
03:46 qui sont en train de prendre une ampleur sur le marché parce que typiquement les gens ayant moins de pouvoir d'achat
03:52 se retournent de plus en plus vers l'occasion. Et même en librairie, l'année dernière ce qu'on vend le plus c'est le livre de poche.
03:58 Les gens se retournent vers des titres qui sont... qui attendent parfois un ou deux ans qu'un livre soit sorti pour qu'il sorte en livre de poche
04:05 et l'acheter non pas à 20 euros mais à 8 euros.
04:07 - Et là on se fait peu de marge quand on est libraire j'imagine ?
04:10 - Écoutez la marge moyenne sur un livre est de l'ordre de entre 37 et 38 % donc si vous vendez un livre de poche à 8 euros,
04:17 nous on se fait 2,70 euros, il faut payer les loyers, les salaires, l'électricité.
04:21 Donc oui c'est pas l'avantage du libraire de vendre du livre de poche.
04:24 - Il est 8h15 sur France Bleu et Rond, on est avec Julien Domergue délégué CGT de Sorams Claire.
04:29 - Alors je voudrais qu'on parle de Sorams Odysséum qui est fermé temporairement.
04:37 - Je vais juste réagir sur le "fermé temporairement" parce qu'effectivement on a fermé le grand magasin
04:43 mais depuis le 1er mars 2023 il y a une boutique temporaire qui existe, qui est implantée à l'arrêt de tram d'Odysséum en face de la pharmacie.
04:53 - Très peu de clients le savent. - Que je n'avais pas vu, je fréquente les centres Odysséum, je ne l'ai pas vu, il faudra faire peut-être un travail là-dessus.
04:59 - Oui on essaye de faire travailler le centre commercial pour un affichage,
05:04 mais ça fait un an que ce magasin qui est axé manga, jeunesse, livres pour enfants et bandes dessinées existent.
05:10 - Et bel et bien ouvert. - Et bel et bien ouvert.
05:12 - En attendant donc l'été prochain la réouverture de la grosse boutique on va dire, alors en lieu et place de Zara,
05:19 certains disent aujourd'hui que finalement les difficultés de Sorum c'est à cause d'Odysséum.
05:24 Qu'est-ce que vous répondez à ça ? Vous effectivement un loyer exorbitant ?
05:28 - Alors il y a 8 ans, lorsqu'on était en redressement judiciaire, Odysséum avait déjà été pointé du doigt.
05:35 C'est les conditions dans lesquelles on avait ouvert le magasin qui avaient compliqué les choses,
05:39 à savoir les crédits souscrits à l'ouverture et effectivement le loyer qui est en plus sur certaines parties indexé au volume de chiffre d'affaires.
05:46 Heureusement Odysséum avait vraiment cru son chiffre d'affaires puisqu'on était passé de 1,5 millions en 2009
05:54 à quasiment 8 millions sur le dernier année. Donc ils rattrapaient quasiment Comédie.
06:00 Aujourd'hui c'est loin d'être un non-sens de conserver Odysséum puisque c'est un chiffre qui se développe
06:05 et le but c'est pas d'ouvrir un deuxième Comédie, c'est de développer notamment tout ce qui est autres produits...
06:11 - Ce qui marche. - Ce qui marche et sur lesquels on a une marge que nous nous fixons.
06:16 - C'est combien de pourcentage le chiffre d'affaires d'Odysséum ?
06:19 - Par rapport au groupe ? - A l'ensemble ?
06:21 - C'est plus d'un tiers. - Ah oui, donc c'est énorme en fait.
06:23 C'est-à-dire qu'aujourd'hui Soir Amps ne peut pas vivre sans Soir Amps Odysséum ?
06:27 - Non, non et aujourd'hui la complexité de la situation c'est que évidemment la boutique temporaire qui est ouverte ne peut pas accueillir tout le personnel.
06:37 Donc on a mis un plan de chômage partiel pour une partie du personnel d'Odysséum.
06:43 Donc aujourd'hui le chiffre d'affaires de Comédie doit servir à payer ces salaires-là en plus des salariés de Comédie.
06:51 Donc évidemment c'est pour ça qu'on restreint le volume des achats, c'est parce qu'on doit faire des économies.
06:56 Et le but c'est vraiment d'arriver au mieux cet été et de vraiment miser sur l'ouverture d'Odysséum pour relancer le chiffre.
07:03 - En fait vous serrez les dents et les budgets aussi jusqu'à l'ouverture de Soir Amps Odysséum à l'été ?
07:09 - On le savait, ça allait être 18 mois compliqués, c'est-à-dire à partir de février 2023 jusqu'à été 2024,
07:17 où on allait devoir courber les chines et attendre que le vent tourne et qu'on arrive à ouvrir le magasin et relancer le chiffre d'affaires de l'ensemble des magasins montpélierains.
07:28 - Donc Soir Amps Odysséum c'est votre planche de salut, aujourd'hui c'est votre espoir, ce qui fait que vous êtes encore optimiste ?
07:35 - Oui, je ne dirais pas planche de salut parce qu'on n'a jamais pensé faire sans en réalité.
07:41 On l'a toujours pensé intégrer pleinement dans le groupe.
07:46 Là le but c'était de réduire la surface d'à peu près un tiers pour diminuer aussi les loyers,
07:51 mais de conserver le même chiffre d'affaires en réaménageant le magasin autrement.
07:55 Donc juste on savait que pendant 18 mois on allait resserrer un peu les vis et la trésorerie pour ouvrir de la plus belle des façons le magasin Odysséum.
08:07 - L'avenir doit-il aussi passer par un changement, on parlait un peu de changement de culture, peut-être vendre plus de livres d'occasion comme le fait Jiber, le voisin Jiber ?
08:17 - La problématique de ça c'est d'avoir de la trésorerie pour pouvoir racheter les livres aux clients.
08:21 - Jiber c'est une chaîne nationale donc ils ont beaucoup de...
08:24 - Aussi lorsque vous allez sur le site internet de Jiber, les livres sont repris et redistribués potentiellement au niveau national, pas seulement sur la boutique de mon collier.
08:32 - Donc ça c'est pas possible pour vous ?
08:33 - C'est plus compliqué, on essaye de s'y mettre et de proposer aux clients potentiellement de leur reprendre ou en tout cas de vendre à moins cher des livres que nous on a dans le magasin depuis très longtemps et qu'on ne peut pas retourner au fournisseur.
08:45 Donc on essaie de s'orienter là-dessus mais clairement ça peut pas être notre cœur de métier.
08:51 - Je peux avoir une minute de plus François-Nicolas ?
08:54 - 30 secondes.
08:55 - Alors 30 secondes, Sorembs appartient à Amethyst, un groupe de construction de logements sociaux propriétaire de l'architecte montpellierain François Fontès qui est aujourd'hui en difficulté.
09:04 Lundi, les salariés d'Amethyst demandent des comptes en fait, vous pensez que votre avenir est lié à celui d'Amethyst ?
09:11 - Oui, indirectement ou directement mais oui.
09:15 - Quelle est votre crainte concrètement ?
09:17 - La crainte ça serait qu'Amethyst, vu les difficultés qui sont connues, soit en cessation de paiement, en redressement judiciaire et Sorembs, leur appartenant à 100% deviendrait inactif et serait dans l'obligation de nous vendre.
09:31 Donc ça c'est une incertitude qui pèse au-dessus de nos têtes mais ça ne nous empêchera pas de faire notre métier.
09:36 On ne sera pas placé en redressement judiciaire, on sera à vendre donc le but pour nous c'est d'être le plus bankable possible à ce moment-là.
09:42 - Merci beaucoup Julien Demers, merci délégué CGT de Sorembs, merci d'avoir apporté votre analyse sur la situation de Sorembs aujourd'hui, bonne journée.
09:51 - Merci, vous aussi.
09:51 - Et profitez des conseils des libraires de Sorembs, évidemment à 8h21, on jette un coup d'œil à vos conditions de circulation chargées sur la fin de la nationale 109 pour rejoindre le nord de Montpellier quand vous venez de Saint-Georges-d'Orc.
10:02 Du monde également entre Courne-en-Terral et Pignan, sur l'Avenue de la Liberté dans les deux sens de circulation, entre Vendard et Castry dans les deux sens sur l'ouest de l'Héros, tout va bien.
10:11 Une difficulté par contre si vous prenez le train, le TER qui se dirige vers Nîmes à 9h18 depuis la gare de Montpellier-Saint-Roch a une heure de retard, renseignez-vous sur le site et l'appli de la SNCF.

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