• il y a 9 mois
Comment la fusion du groupe Cyrus et Herez, qui réunissent à eux deux 16 milliards d'euros d'encours sous gestion, a-t-elle eu lieu ? Quelles perspectives pour ce nouveau groupe ? Patrick Ganansia, président et dirigeant de Herez, et Meyer Azogui, président du Groupe Cyrus, reviennent pour SMART PATRIMOINE sur cette fusion et évoquent les prochaines grandes étapes de cette opération.

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00:00 (Générique)
00:04 Et c'est parti pour Enjeu patrimoine. Aujourd'hui nous sommes ravis de pouvoir évoquer sur ce plateau la fusion de Eres et Cyrus.
00:12 Avec Patrick Ganoncia, président et fondateur d'Eres. Bonjour.
00:16 Bonjour.
00:17 Et avec Meier Hazogi, président du groupe Cyrus. Bonjour.
00:20 Bonjour Pauline.
00:21 Alors pour commencer Patrick Ganoncia, pourriez-vous nous expliquer comment est née l'idée de cette fusion entre vos deux maisons ?
00:28 Comme vous le savez, on est dans le secteur de la gestion de patrimoine avec un univers d'environ 4000 structures.
00:34 Depuis des années, la plupart de ceux qui font ce métier depuis plus de 20 ans se côtoient, ont tissé des liens, ont des business models aussi qui se sont rapprochés ou éloignés avec les années.
00:44 Et le business model de Cyrus et celui d'Eres sont très proches depuis très longtemps.
00:49 C'est devenu au fur et à mesure avec les années un peu une évidence pour Meier et pour moi d'envisager ce rapprochement.
00:55 Il a été bien sûr facilité par les points communs de notre business model.
00:58 Meier ?
00:59 Je dirais d'abord que c'est un rapprochement de deux entrepreneurs parce que nous avons des initiatives, nous sommes des entrepreneurs et que ça n'aurait pas été possible si nous ne l'avions pas été.
01:08 C'est un projet audacieux et qui porte une ambition très forte.
01:12 Les trois réunis font que cette évidence est retrouvée puisque mes eaux Eres et Cyrus se ressemblent.
01:19 Patrick et moi nous nous entendons très bien, nous faisons confiance.
01:22 Le marché va dans ce sens, on n'a fait qu'anticiper quelque chose qui va se reproduire dans les mois et les années qui viennent.
01:28 Au-delà de ça, pourquoi vous avez fait ce choix de fusionner à ce moment-là ?
01:33 Est-ce qu'il y a d'autres raisons à part les ressemblances de business model ?
01:37 Il y a une accélération de cette concentration.
01:40 Ça veut dire quoi une accélération ?
01:42 En fait, on a tous de plus en plus besoin de moyens financiers humains technologiques.
01:46 Nous passons une période qui est particulière pour les investisseurs qui demandent d'avoir de plus en plus d'expertise.
01:51 On va parler forcément de la tarte à la crème de la digitalisation.
01:54 Ça nécessite énormément d'investissement.
01:56 Nous sommes à la croisée du chemin et il fallait à un moment le faire.
02:01 Tout était réuni pour qu'on puisse le faire aujourd'hui, y compris des échanges personnels.
02:07 Puisque c'est une fusion avec un partage des pouvoirs et que ça n'est pas classique.
02:11 Si ça l'était, ça existerait. On ne le verrait plus sur le marché.
02:16 C'est vrai que la coprésidence est un schéma de gouvernance qui est très rare.
02:21 On a souhaité l'adopter parce qu'il correspondait bien au dessin professionnel qu'on avait envie de mener sur les prochaines années ensemble.
02:26 D'accord. Quand sera vraiment finalisée l'opération de fusion entre vos deux groupes ?
02:31 Est-ce que ça va être cette année ? Est-ce que le nom va rester le même ?
02:35 Comment ça va se passer dans les faits Meier-Azogui ?
02:38 Nous attendons aujourd'hui que nos autorités tutellent.
02:41 À savoir l'AMF nous donne cet agrément qui devrait arriver normalement d'ici la fin du premier trimestre.
02:47 Donc l'opération sera officialisée.
02:50 Officialisée, ça veut dire qu'on va créer une entité unique qui portera le nom de Cyrus au niveau du groupe,
02:56 mais qui gardera l'ensemble des activités.
02:58 Donc la partie wealth, gestion patrimoine, s'appellera Cyrus-Hérez.
03:04 Dans un premier temps, le temps que nous trouvions un autre nom, ou pas, on verra.
03:10 Amplegest pour la société de gestion actions, Octo pour les obligations et Eternam qui va continuer à exister pour l'immobilier.
03:18 Au passage, Fourpoint, la société de gestion de maisons-héres, sera fusionnée, et ça courant le premier semestre, avec Amplegest.
03:26 Est-ce que vous avez une date précise d'entrée en vigueur une fois que l'AMF aura rendu son verdict ?
03:32 On pense que le closing pourrait avoir lieu au mois d'avril, mais ça dépend bien sûr des autorités tutelles.
03:37 Et puis ensuite, il y aura une deuxième phase sur la partie fusion de la gestion de patrimoine, qui est plutôt pour la fin de l'année.
03:43 D'accord. Moi, j'avais envie de vous poser la question, Patrick Canannoncia.
03:47 Est-ce que l'idée de cette fusion, c'était de créer un peu un géant du patrimoine ?
03:52 Non. L'idée, c'est de créer... En fait, on a démarré, tous ceux qui font ce métier en indépendant,
03:58 beaucoup d'entre nous avons démarré seul ou en petite structure, 2, 3, 4, 5.
04:03 Et avec les années, on a voulu offrir des services et des offres d'investissement à nos clients de plus en plus grands.
04:10 Et en voulant faire des produits structurés, du private equity, de l'AM, des actions, des obliques, de limo,
04:16 il nous fallait de plus en plus de matière grise pour être face à nos compétiteurs,
04:20 souvent les banques privées, qui sont celles avec qui on collabore le plus, mais qui sont souvent en face de nous sur des dossiers clients.
04:26 On avait envie d'augmenter ces expertises-là. Et pour ça, il vous faut des talents.
04:30 Et en fait, les boîtes, aujourd'hui, on les anime Meillère et moi, mais ce qui compte énormément,
04:34 c'est les équipes qu'on a autour de nous et qui viennent donner tout leur temps à ces clients-là.
04:38 Et la richesse réciproque que l'on vient trouver en ce moment en faisant des rencontres entre les collaborateurs des deux équipes,
04:44 c'est une puissance pour nos clients qui est formidable. Et c'est avant tout ça.
04:48 Ce n'est pas grossir pour grossir, mais c'est plutôt grandir.
04:50 D'accord. Vous êtes d'accord, Meillère Azogui, avec cette vision ?
04:53 Heureusement, à 100 %, sachant que ce à quoi je ne suis pas d'accord, c'est le terme de géant,
04:57 parce qu'on est quand même très, très loin d'être un géant. Nous sommes encore sur des niveaux.
05:01 Le groupe représente à peu près 17 milliards. Ça reste encore vraiment petit à l'échelle de la distribution.
05:07 Ce que nous souhaitons, c'est créer un nouvel acteur, dont on n'a pas encore trouvé le nom,
05:11 qui puisse trouver sa place à côté des banques, pas simplement l'alternative à la banque,
05:16 mais à côté des banques, qui va grandir, qui va grossir sur ce modèle d'architecture ouverte,
05:22 d'ingénierie patrimoniale, de disponibilité des collaborateurs, de pérennité de la relation.
05:27 C'est pour ça que notre modèle où les salariés sont actionnaires, où nous gardons la majorité du capital,
05:33 dans ce deal, nous aurons 73 % du capital. Un collaborateur sur deux sera salarié.
05:38 Donc c'est un mode de distribution de produits d'épargne à valeur ajoutée qui n'existe pas encore réellement.
05:44 Il existe chez certains CGP de façon, on va dire artisanale, sachant que l'artisanat n'enlève rien à la qualité.
05:51 Il existe du côté des banques, de façon aussi parfois sur des pur players, avec une très belle marque, une très belle prestation.
05:58 Notre liberté d'action va nous permettre d'aller beaucoup plus loin que ne peut se le permettre une banque privée
06:04 ou une société de CGP avec des moyens plus limités. Donc on a encore à créer.
06:09 Et le but de cette fusion, c'est de créer cet acteur nouveau qui n'existe pas encore et qui pourra prendre des parts de marché,
06:15 qui sera visible au travers d'une marque réflexe, celle que nous poursuivons chacun de notre côté depuis plus de 30 ans
06:22 et qui ensemble devrait être aussi, je pense, une force d'attraction pour l'ensemble du marché des CGP
06:29 qui n'est pas encore suffisamment connu de la part des épargnants.
06:32 Patrick Ganancia, vous parlez tout à l'heure de vos clients, de ces talents que vous regroupez au sein d'un seul et même groupe.
06:39 Est-ce que ça va changer quelque chose pour vos clients dans l'accompagnement ? Est-ce que vous allez mettre en place des choses différentes ?
06:47 Dans l'accompagnement, au jour le jour, non, parce que leurs interlocuteurs ne vont pas changer.
06:52 Par contre, ce qui est sûr, c'est qu'il va y avoir des investissements qui sont prévus dans l'univers digital qui vont améliorer un certain nombre de choses.
06:58 Et de l'autre côté, comme je le disais tout à l'heure, il y a des expertises qui sont mises à la disposition des clients
07:02 à travers leurs consultants patrimoniales qui les suivent et qui vont être beaucoup plus grandes au lendemain de la fusion.
07:08 Chez Cirrus, il y a un savoir-faire immobilier, par exemple à travers Eternam ou sur les obligations à travers Octo que nous n'avions absolument pas.
07:15 Nous, on a toujours utilisé beaucoup le private equity comme étant un cheval de trois pour rencontrer de nouveaux clients et attirer de nouveaux clients,
07:22 ce qui est moins le cas chez Cirrus. Tout ça, on va le mettre en commun.
07:26 D'accord. Quelles seront vos perspectives après cette fusion, Meïer Hazoudi ? Comment vous voyez le futur de cette fusion ?
07:35 Très bien. Moi, je dirais que le futur, il va être beaucoup basé sur continuer à faire de la croissance ensemble avec les équipes actuelles,
07:45 continuer à faire un peu de croissance externe parce qu'aujourd'hui, il y a quelques villes sur lesquelles les bureaux sont trop petits
07:52 et qu'on a envie de les faire grandir parce qu'il y a des chefs d'entreprise qui attendent des structures comme les nôtres pour venir répondre à leurs besoins.
08:00 Donc, en fait, vous voyez, la fusion marche tellement bien que quand vous posez une question à Meïer Hazoudi, c'est Patrick Ganantia qui répond.
08:05 C'est formidable. C'est vrai que j'allais vous poser la question à vous deux sur la place de la croissance externe dans la nouvelle stratégie.
08:14 Est-ce que ça reste un axe de développement pour les prochaines années, Meïer Hazoudi ?
08:18 C'est un axe de développement parmi les autres. La croissance organique l'est également. On a toujours marché sur deux jambes, croissance organique, croissance externe.
08:25 Nous serons plus sélectifs sur la croissance externe. Vous savez, en fait, que nous sommes nombreux par rapport à notre profession de référence,
08:36 mais nous sommes présents sur 22 bureaux. Donc sur nos 500 personnes, il y a quand même des bureaux qui sont entre 6 et 10 personnes.
08:44 Donc cette agilité, cette proximité avec les clients, nous devons la conserver. Donc on n'est pas là pour empiler, pour rajouter des encours.
08:51 Ce sont vraiment des mariages avec des CGP qui nous ressemblent, qui se reconnaissent dans notre modèle. On se reconnaît en leur.
08:59 Donc oui, sous ces conditions, on va faire grandir certaines métropoles dans lesquelles nous ne sommes pas suffisamment présents,
09:04 mais pas encore suffisamment pour attirer du monde. Encore une fois, cette marque, nous avons une présence nationale.
09:11 Elle doit se développer de façon importante sur chacune des régions. Donc la croissance externe, oui, la croissance organique également.
09:20 Ensuite, je ne pense pas qu'il y aura des métiers nouveaux qu'on va découvrir. On va surtout continuer à monter en expertise.
09:27 Je suppose qu'on aura plus de moyens techniques pour aller vers cette stratégie d'omni-canal qui, aujourd'hui, fait l'unanimité.
09:36 Ce n'est plus « est-ce que les petits clients sont en digital, les gros sont en physique ? » Non.
09:41 On veut pouvoir proposer une proposition de valeur sur toute nature de client avec toute nature de relation, bien évidemment physique,
09:51 pour les problématiques les plus importantes, mais pas que pour des gros clients. On peut avoir un patrimoine assez faible,
09:58 régler un problème de protection d'un enfant handicapé, d'un divorce. Et à ce moment-là, on a besoin plus de parler à une personne
10:05 que de répondre ou de poser la question à Chatshepiti ou je ne sais trop quel intérieur.
10:10 Je vais vous demander quelle sera la place du digital selon vous dans la gestion de patrimoine, Patrick Ganansia, pour les prochains mois,
10:17 pour les prochaines années selon vous ?
10:19 Comme dans tous les secteurs. Le digital sera prépondérant. Il fera peut-être 90% des choses, mais sans les 10% d'êtres humains,
10:27 il n'y aura pas de valeur derrière.
10:29 Pour finir, j'aimerais vous poser la question de la stratégie plus globale d'investissement cette année selon vous, peut-être d'abord Meir Hazogi,
10:38 ensuite Patrick Ganansia. Qu'est-ce qu'il faudrait regarder de près cette année ?
10:42 Il faut tout regarder de près. C'est une année où il y a peu d'évidence en termes de placement.
10:49 C'est peu de dire que la diversification sera essentielle. Il faudra être plus que jamais opportuniste.
10:56 L'immobilier, c'est la fin de l'immobilier. Je ne laisserai pas très loin parler. Non. En immobilier, il va y avoir des opportunités exceptionnelles.
11:02 Il faudra être plus sélectif. Il y a des classes d'actifs sur lesquelles on se laisse encore porter, les obligations.
11:08 On a encore des rendements qui restent supérieurs à l'argent sans risque. C'est un petit peu tout ça.
11:15 Sur les actions, aujourd'hui, nous avons des convictions assez fortes. Nous sommes, à l'heure où on se parle, entre le geste et très investi sur ces mandats.
11:22 On a une orientation américaine qui est forte, techno. On a donc pour donner des lignes. Mais sinon, à côté, c'est vraiment être opportuniste.
11:31 Sur les produits structurés, il y a des anomalies de cours. On voit bien que, par moment, sur la moindre annonce, des titres de première qualité vont perdre 20, 25 %.
11:40 Donc, il faut qu'on puisse profiter de ces anomalies de marché. Je pense qu'elles ne vont pas manquer en 2024.
11:46 Patrick Ganancia, pour finir. Je vais vous donner le même avis. Peut-être ajouter la classe d'actifs Private Equity qui n'a pas été évoquée,
11:53 qui, pour moi, doit être systématiquement dans les allocations de nos clients et qui doit être travaillée sur 4 ou 5 millésimes différents et sur plusieurs supports.
12:02 Parce qu'on ne sait jamais, finalement, en Private Equity, si on rentre sur une bonne ou une mauvaise année puisqu'on rentre sur 10 ans. Personne ne le sait.
12:09 Donc, si aujourd'hui, on doit faire un plan pour un client, il faut le dessiner sur 4 ans. Et puis ensuite, ça va se recycler.
12:15 Merci beaucoup, Patrick Ganancia, président et fondateur d'Ere... Merci, pardon, Meyar Azogi, président du groupe Sirus, d'avoir répondu à toutes ces questions.
12:25 Et, quant à nous, on se retrouve tout de suite dans l'œil du CGP.

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