E. Lévy - "Panthéonisation de Manouchian : Personne ne peut exclure un parti légal comme le RN !"

  • il y a 7 mois
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##LEVY_SANS_INTERDIT-2024-02-20##

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00:00 - Le Monsieur de Radio il est à 8h12, Lévis sans interdit, c'est avec vous bien sûr Elisabeth Lévy, bonjour !
00:05 - Bonjour Benjamin, bonjour à tous !
00:08 - Bon Marine Le Pen est considérée comme indésirable à la cérémonie de panthéonisation du résistant communiste,
00:13 Missac, Manouchan, vous voulez y revenir ?
00:15 - Ben oui, alors c'est ce qu'a dit le Président de la République dans l'Humanité hier,
00:20 et franchement il donne le tournis.
00:22 Marine Le Pen est invitée dit-il car il n'a pas à faire le tri entre les élus, et puis il fait le tri,
00:27 ajoutant qu'elle ferait mieux de s'abstenir, le RN selon lui n'appartient pas à l'arc républicain,
00:33 de même que Reconquête et certains élus, seulement certains élus de la France insoumise.
00:38 Bien sûr comme toujours le Macron d'aujourd'hui contredit celui d'hier,
00:42 qui critiquait les postures morales d'Elisabeth Borne face au Rassemblement National,
00:46 maintenant il s'oppose à Gabriel Attal qui déclarait récemment l'arc républicain célémistique,
00:53 comme le dit notre chère Céline Pinard, ce n'est plus une girouette, c'est un ventilateur.
00:58 Alors en plus il faut quand même regarder ce qui se passe pendant ce temps-là,
01:02 c'est l'ascension du Rassemblement National qui semble provoquer un vent de panique à l'Elysée,
01:08 et d'ailleurs on persévère dans l'erreur parce que ça n'a pas commencé hier,
01:11 depuis 40 ans Benjamin on a le droit des gloussements outrages,
01:15 et à F comme fasciste N comme nazi, etc.
01:18 Et cette politique dite du cordon sanitaire a accompagné l'ascension du parti de 5% à environ 25% des voix.
01:27 Il faut croire que c'est le but de cette politique,
01:29 ça n'est pas de combattre le Rassemblement National mais d'exhiber sa vertu.
01:33 Et cet antifascisme sans fascisme a permis en plus de ne pas voir le danger qui vient qui est l'islam radical.
01:40 - Oui mais Elisabeth, le RN et Marine Le Pen ont une histoire,
01:43 sont-ils légitimes pour honorer un résistant ?
01:47 - Alors là je trouve qu'il est tout de même curieux de chercher des poux dans le passé de Marine Le Pen,
01:52 et de le faire dans le journal qui a pleuré la mort de Staline, et c'était en 53 ça.
01:57 Donc le passé des uns, le passé de leurs ancêtres d'ailleurs,
02:01 leur est opposable pour l'éternité,
02:03 pour les autres dont beaucoup ont persisté longtemps dans l'aveuglement,
02:07 bien après la découverte du goulag, et bien tout est pardonné.
02:10 Et en prime on accepte sans discuter de la famille républicaine,
02:14 la France insoumise qui pactise ouvertement avec des antisémites avérés, et pas hier, aujourd'hui.
02:20 Alors en plus l'assimilation de la résistance à la gauche,
02:23 franchement c'est une fantasmatique réécriture de l'histoire.
02:27 Je vous rappelle juste que parmi les premiers gaullistes, il y avait le colonel de la Roque, celui du 6 février 34,
02:33 il y avait Destiendor, un monarchiste,
02:35 puis il y avait aussi, je ne veux pas être désagréable en ce grand jour,
02:39 mais enfin, il y avait aussi le pacte germano-soviétique jusqu'en 1941.
02:44 Alors, pour autant, bien sûr, il peut y avoir, on peut cependant discuter,
02:49 parce qu'il est vrai que Jean-Marie Le Pen a toujours minimisé les crimes de la collaboration,
02:54 et quand il a fondé le Front National en 72, c'était avec d'anciens collabos, pas avec d'anciens résistants.
03:00 Tout ça, en plus il y avait cette haine de De Gaulle, qui n'était pas liée d'ailleurs à la résistance,
03:04 mais qui était liée à l'Algérie française.
03:07 Bon, tout ça est vrai, mais sa fille dirige le parti depuis maintenant 15 ans,
03:11 elle a rompu brillamment avec son père, et personne n'a trouvé d'elle une déclaration antisémite, pétainiste ou autre.
03:19 Et puis, il y a encore un argument vraiment, pardonnez-moi l'expression, dégueulasse pour l'empêcher de venir,
03:25 on dit que Misak Manoucha était étranger, et Marine Le Pen veut arrêter l'immigration,
03:30 comme d'ailleurs 70% des français.
03:32 Comme si arrêter, vouloir arrêter l'immigration, c'était racisme.
03:37 Enfin, ça suffit cette assimilation, évidemment, ça n'empêche évidemment pas d'honorer des étrangers,
03:44 tels que Misak et Méliné Manouchan, et bien d'autres d'ailleurs.
03:48 Alors par respect pour les familles, Marine Le Pen n'a pas assisté aux hommages à Robert Badinter,
03:52 et à celui aux victimes françaises du 7 octobre,
03:55 mais pour Manouchan et les 23, le temps du deuil privé est passé.
03:59 Ils appartiennent à l'histoire de France, alors sauf en cas de trahison, de crime contre la sécurité de l'État.
04:05 Personne ne peut exclure de cette histoire un parti qu'est légal ou un groupe, quel qu'il soit.
04:10 Alors au lieu de distribuer des brevets de République,
04:13 le président de la République devrait se préoccuper des territoires où elle est en train de disparaître.
04:18 - Merci beaucoup Elisabeth Lévy.
04:20 Elisabeth, vous restez avec nous, Aminel Ketmi nous a rejoint.
04:27 Réaction par rapport à ce que disait à l'instant Elisabeth,
04:31 est-ce qu'Emmanuel Macron a déjà eu raison ou pas de dire qu'elle n'était pas la bienvenue,
04:36 cette entrée au Panthéon de Missac-Manouchan ?
04:39 Et Marine Le Pen a-t-elle raison finalement de dire qu'elle viendra quand même ?
04:42 - Le problème avec Emmanuel Macron c'est qu'on ne sait jamais qui parle.
04:45 En fait Elisabeth, bonjour Elisabeth, elle a très bien expliqué,
04:51 c'est que par rapport au RN, il y a maintenant, pareil c'était mon édito tout à l'heure,
04:55 finalement le zigzag permanent sur l'éducation nationale,
04:58 c'est le zigzag sur tous les sujets.
05:00 Alors un jour, en plus avec une constante, c'est la volonté d'humilier ses premiers ministres,
05:05 puisqu'il prend le contre-pied d'Elisabeth Borne qui avait dit que le RN n'était pas dans l'arc républicain.
05:10 Puis quand Gabriel Attal dit qu'en fait s'il est sans doute dans l'arc républicain,
05:14 Macron prend le contre-pied de Gabriel Attal en explo...
05:18 Bon bref, tout ça n'a pas de sens.
05:20 Après moi je rejoins Elisabeth sur la fin,
05:23 c'est que autant je fais la différence entre une cérémonie qui concerne des victimes,
05:29 par exemple du 7 octobre, ou des familles qui viennent juste de perdre leurs proches,
05:33 disent "nous on ne veut pas voir la LFI",
05:36 ou lorsqu'Elisabeth Badinter, qui vient juste de perdre l'homme avec lequel elle a passé 40 ou 50 ans,
05:42 dit "je ne veux pas de LFI",
05:45 avec une cérémonie qui concerne des gens qui ont été fusillés il y a maintenant 80 ans jour pour jour.
05:52 - Jour pour jour, puisque c'était en l'occurrence le 21 février 44 au Mont-Valérien.
05:58 Et effectivement, comme l'a dit Elisabeth, des gens qui sont...
06:02 Je la remercie d'avoir cité Méliné,
06:06 parce que dans les médias on cite beaucoup Missak et Manouchian,
06:09 mais en fait c'est Missak et Méliné et Manouchian...
06:11 - C'est le couple, bien sûr.
06:13 - Qui est le couple, et d'ailleurs en les citant, on peut aussi avoir une pensée pour les 22 autres martyrs,
06:18 les fameux de la fiche rouge, qui ont aussi été fusillés à ce moment-là.
06:25 Et donc voilà, moi je fais la différence entre des familles qui viennent juste là de perdre leurs proches,
06:30 et quelqu'un qui est rentré dans l'histoire, des gens qui sont rentrés dans l'histoire...
06:34 - En plus il y a quelque chose de terrible, une espèce de joie mauvaise à vouloir absolument se dire
06:41 "mais enfin ces gens du Rassemblement National, eux ils s'en fichent de cette histoire-là".
06:46 C'est-à-dire au nom d'un passé qu'on ne reprend jamais au communisme, jamais, jamais, jamais.
06:52 Et c'est quand même dans l'Huma que ça se passe.
06:54 Et l'aveuglement de l'Huma, il ne s'est pas arrêté en 1945, il ne s'est pas arrêté avec l'aveuglement de l'Huma,
06:59 il a duré longtemps.
07:01 Alors moi je ne suis pas pour l'ex-communication à vie,
07:05 mais il y a quand même un problème avec la mémoire du communisme,
07:09 ou les crimes du communisme qui n'existent pas, qu'on a beaucoup de mal à...
07:12 Donc le président va donner des leçons de République, si vous voulez.
07:17 Je trouve ça, et j'ai entendu Carole Delga, franchement, sur notre antenne,
07:22 je trouve cette espèce de légèreté, cette espèce de prétention,
07:27 à distribuer... enfin ces gens n'ont jamais doute.
07:30 "Oui, l'extrême droite, qu'est-ce que...", mais elles ne se posent pas la question.
07:34 Si on lui demandait c'est quoi la définition de l'extrême droite, elle n'aurait rien à dire.
07:37 Ça commence vraiment à me taper sur le système, si vous voulez.
07:41 Ces gens qui ont foutu le pays en l'air,
07:43 et qui regardent tout le monde, si vous voulez, de haut avec leur belle âme.
07:46 J'en ai ras-le-bol.
07:48 - Juste si j'ai... il faudra ajouter un truc, d'autant que,
07:51 lorsqu'on s'intéresse un peu à cette histoire, et Elisabeth le sait aussi,
07:56 il y a une ambiguïté sur le rôle qui a été joué par les communistes vis-à-vis des résistants.
08:00 - Par la direction communiste, oui.
08:02 - Vis-à-vis des résistants étrangers, puisque dans un certain nombre d'écrits historiques,
08:05 on lit que les résistants étrangers qui ont survécu,
08:09 ont parfois accusé la direction du parti communiste de les avoir sacrifiés eux,
08:14 plutôt que des résistants français, j'allais dire.
08:18 - Et j'ajoute juste en vitesse, pardon Amine, parce que je vois que le temps tourne,
08:22 il faut savoir qu'en 85, il y avait un film qui racontait cela,
08:25 qui mettait en cause la direction clandestine du parti communiste à l'époque,
08:29 et que le parti a réussi, je crois, je ne sais plus, enfin en tous les cas, il a essayé,
08:35 mais je pense qu'il a réussi à faire plus ou moins censurer ce film.
08:39 Je ne suis pas tout à fait sûr de la réussite à la fin, pardonnez-moi.
08:43 Mais c'est quand même, au moment où on parle de vérité, c'est marrant,
08:47 il y a une espèce d'immunité, une immunité quand on a couvert le goulag,
08:52 etc., etc., au nom de l'avenir radieux.
08:56 - Alors, on va revenir dans un instant, mais je vous donne d'ores et déjà la prochaine question.
09:01 Sur ce sujet, Élisabeth et Amine, est-ce qu'on n'est pas juste,
09:04 alors on essaye d'expliquer avec des arguments un peu profonds,
09:07 mais est-ce qu'on n'est pas juste dans du calcul politique finalement de la part d'Emmanuel Macron ?
09:10 Votre réponse à suivre sur Sud Radio, à tout de suite.

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