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00:00 Le silence de Vladimir Poutine n'apparaît-il pas comme un aveu ?
00:04 Le Kremlin dit qu'il est informé mais il ne répond pas.
00:07 Vladimir Poutine a toujours pris soin dans ses entretiens,
00:11 lorsqu'il s'agissait de Paris-Draxe et Navalny, de ne pas citer son nom.
00:15 On ne peut donc pas être surpris de ne pas le voir citer là également son nom.
00:20 Pour cette raison, est-ce qu'il faut y voir un aveu ? Non.
00:25 Je pense que la responsabilité du régime est établie.
00:29 À travers l'arrestation, la tenue dans des conditions de détention difficiles et drastiques,
00:37 et par le fait qu'Alexei Navalny avait incarné, plus que d'autres,
00:42 peut-être plus que tout autre, une forme d'opposition qu'on appelle non systémique,
00:46 c'est-à-dire ne faisant pas partie des personnes qui soient même de transiger
00:50 avec l'organisation faite autour de Vladimir Poutine depuis maintenant plus de 20 ans.
00:57 C'est cette opposition non systémique qui aujourd'hui est frappée,
01:04 avec, j'allais dire, finalement peu de conséquences internationales pour la Russie.
01:12 Mais est-ce qu'il peut y avoir d'autres personnalités au sein de l'opposition
01:15 pour prendre le relais d'Alexei Navalny en Russie ?
01:21 Pour le moment, peut-être personne d'aussi représentatif ou qui a incarné quelque chose,
01:29 y compris sur un plan électoral.
01:32 Il faut se souvenir, effectivement, ce qui avait été mentionné au reportage
01:37 du début de cette retransmission, il a su incarner, pour une partie des habitants
01:44 de Moscou et au-delà, une forme de voie de modernisation de la Russie
01:49 qui n'est pas celle que la Russie suit actuellement.
01:52 Donc il a su incarner quelque chose.
01:54 Et partant de là, il a été le leader de cet ensemble de personnes
02:01 qui ne souhaitent pas transiger sous aucun prétexte avec le gouvernement actuel.
02:06 Il y a d'autres prisonniers politiques actuellement en Russie ?
02:09 Pense à M. Karamurza, il y a naturellement d'autres prisonniers politiques, oui.
02:15 Pour autant, est-ce qu'ils auront une même attention internationale, une même visibilité ?
02:21 Ce n'est pas sûr à l'heure actuelle.
02:24 Vous saviez quelle était l'audience, même si c'est difficile à savoir, d'Alexei Navalny,
02:28 notamment au sein de la jeunesse russe ?
02:30 Il était particulièrement présent sur les réseaux sociaux.
02:35 Il faut savoir qu'il y a en Russie à la fois des médias qui sont totalement contrôlés,
02:41 on pense à la télévision, d'autres médias dans lesquels il y avait,
02:45 jusqu'à avant le début de la guerre en Ukraine, davantage de pluralisme,
02:48 qui étaient les médias écrits, où un certain nombre de publications
02:53 pouvaient être critiques, mais dont la diffusion était plus confidentielle que l'accès à la télévision.
02:59 Et puis il y a également des réseaux sociaux et d'autres réseaux
03:04 qui permettent, d'un point de vue numérique, de diffuser de l'information de manière beaucoup plus large.
03:10 C'était d'ailleurs l'un des moyens à travers lesquels l'opposition proche d'Alexei Navalny
03:18 pouvait appeler à des mobilisations relativement larges.
03:22 Et donc la jeunesse est particulièrement friande en Russie, comme ailleurs, de réseaux sociaux.
03:28 C'est donc là-dessus…
03:31 Les visionnages ne valent pas nécessairement soutien,
03:36 mais disons que oui, il y avait auprès d'une partie d'une jeunesse
03:41 qui, pour certains, n'ont connu finalement que Vladimir Poutine
03:45 comme président ou comme Premier ministre, puisqu'il était entre 2008 et 2012.
03:50 Et donc pour des personnes qui ont certainement la nécessité,
03:54 le besoin d'avoir des modèles politiques alternatifs,
03:58 il incarnait quelque chose d'assez large au sein des jeunes de l'opinion politique.
04:04 Et vous pensez que sa mort peut changer quelque chose dans les opinions occidentales
04:08 et que ça peut, par exemple, renforcer l'aide à l'Ukraine en ce moment ?
04:13 Non, je pense qu'il n'y aura pas de lien de cause à effet direct,
04:17 tout simplement parce que l'ensemble des éléments qui pouvaient être envoyés
04:22 l'ont déjà été ou sont en train de le devenir.
04:25 Donc il n'y a pas, à proprement penser, de réserve qu'on pourrait mobiliser
04:30 pour signifier quelque chose autour d'Alexei Navalny.
04:33 Nous avons connu plusieurs tours de sanctions.
04:37 Et donc il n'y aura pas une sanction spécifique contre la Russie
04:42 en raison de la disparition d'Alexei Navalny.
04:45 Nous n'avons jamais été aussi loin dans les sanctions.
04:48 Ce qui nous laisse paradoxalement moins en prise avec, j'allais dire,
04:56 avec la possibilité de pouvoir mobiliser contre le pouvoir actuel
05:01 une partie de l'opinion publique.
05:04 C'est le paradoxe, c'est-à-dire que quand vous allez très très loin
05:08 dans les sanctions, alors vous coupez les chaînes d'interdépendance
05:12 sur lesquelles il fallait appuyer pour faire passer un certain nombre de messages.
05:18 Là, il n'y a plus de message, de canot officiel
05:23 entre Vladimir Poutine, les Européens et les Américains.
05:28 Donc dans ce cadre-là, il n'y a pas de conséquences particulières
05:32 au-delà d'une large vague d'émotions suite à la disparition d'Alexei Navalny.
05:38 Merci beaucoup, Florent Parmentier, pour votre analyse.
05:40 Merci d'avoir été avec nous.