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00:00Et au menu ce soir de l'essentiel politique, un Premier ministre qui échappe à la censure socialiste
00:07et qui est désormais attendu au tournant sur le budget 2026.
00:10Il doit en présenter les grandes lignes le 15 juillet prochain.
00:14On reviendra aussi sur la visite surprise d'Emmanuel Macron aux 10 ans des jammes.
00:18Les jeunes avec Macron, manifestement, le président français a du mal à passer le relais.
00:24Et puis l'homme de la semaine, c'est l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin.
00:27Il est de retour avec un nouveau parti et il cache de moins en moins ses intentions pour 2027.
00:39Et tous ces thèmes, on va les aborder avec vous, Benjamin Borel. Bonsoir.
00:43Bonsoir.
00:43Vous êtes docteur en sciences politiques et maître de conférences en droit public.
00:47Alors François Bayrou a finalement échappé à la censure déposée par la gauche, mais les ennuis ne sont pas terminés pour autant.
00:52Le 15 juillet prochain, il doit annoncer les grandes orientations budgétaires pour 2026.
00:57L'objectif, c'est toujours de réaliser 40 milliards d'euros d'économies.
01:00Avant d'aller dans le détail des pistes envisagées, un mot du calendrier.
01:03Pourquoi présenter ces mesures en plein été ? Est-ce que c'est pour nous gâcher nos vacances, tout simplement ?
01:08Alors non, mais c'est pour ne pas se troubler celles des parlementaires, parce que le Parlement cessant de siéger à partir du 11 juillet.
01:14À partir du 11 juillet, il n'y a plus aucune motion de censure qui ne peut être déposée.
01:17Le 15 juillet, François Bayrou a une sorte de vacances, lui aussi, jusqu'au 22 septembre, à partir de quoi le Parlement va à nouveau siéger.
01:26Mais durant les deux mois qui s'ouvrent à partir du 11 juillet, pas de motion de censure, pas de parlementaire pour lui casser les pieds, pas de question au gouvernement.
01:34Donc en annonçant tout ça le 15 juillet, il espère désamorcer le contenu potentiellement polémique des annonces.
01:40Parmi les pistes envisagées, il y a celle d'une année blanche, c'est-à-dire un gel des principales dépenses publiques à leur niveau de 2025.
01:48Ça permettrait de réaliser 5,7 milliards d'euros d'économie.
01:51De LFI, la France insoumise au Rassemblement national, l'opposition refuse d'en entendre parler.
01:56Pourquoi cette idée fait-elle l'unanimité contre elle ?
01:59Parce que c'est une idée, je dirais, un petit peu idiote sur le fond.
02:02C'est-à-dire que vous gelez des dépenses, sachant très bien qu'il y a des dépenses qui vont être nécessairement dynamiques.
02:06Et que, comme plus est, quand vous voulez, par exemple, augmenter le budget de la défense, vous ne pouvez pas envisager un gel total des dépenses par ailleurs.
02:14Ça implique pour tout un tas de revenus, pour tout un tas également de dépenses obligatoires, que le gel compte.
02:20Et que donc, à partir de là, malgré tout, une partie des Français soient mécontents.
02:24Néanmoins, c'est une solution qui, politiquement, n'est peut-être pas non plus tout à fait idiote, tout bêtement, parce que ça évite de faire des arbitrages.
02:31Le gros problème, actuellement, c'est que si jamais vous décidez de réduire un budget, la moitié de l'opposition va se cristalliser contre vous.
02:38Si c'est un autre budget, c'est l'autre moitié de l'opposition qui va se cristalliser contre vous.
02:42Et donc, l'avantage d'un choix arbitraire, fut-il même idiot, c'est que ça met peut-être tout le monde contre vous.
02:48Et ça ne donne pas le sentiment de donner un point à l'un ou à l'autre.
02:51Et donc, à Matignon, on pense que c'est peut-être la moins mauvaise façon de passer.
02:55Oui, parce qu'on rappelle que François Bayrou, il dépend des députés du fameux socle commun, principalement constitué des députés LR et Renaissance.
03:04Est-ce qu'il peut parvenir à obtenir un front uni de ce socle pour faire passer son budget ?
03:11Alors, quand vous vous amusez à faire de la politique comparée, que vous demandez si un groupe est dans la majorité ou dans l'opposition,
03:17le critère, c'est est-ce qu'il vote ou pas le budget ?
03:19Si demain, les LR, par exemple, devaient ne pas voter le budget, ils sortiraient du socle commun.
03:23Or, étant donné qu'ils sont au gouvernement, qui plus est que Bruno Retailleau, on les voit mal aller dans ce sens-là.
03:28Toutefois, le socle commun n'est pas suffisant.
03:30Le socle commun, c'est un tiers de l'Assemblée.
03:33Si jamais l'opposition, une partie de l'opposition, vote la censure, notamment si le RN et la gauche s'unissent,
03:39eh bien, ça finit comme avec Michel Barnier, c'est-à-dire que le gouvernement tombe.
03:43Donc, François Bayrou ne peut pas se contenter uniquement de son socle commun.
03:46Il doit s'arranger pour que soit le RN, soit le Parti Socialiste ne vote pas la censure sur ses budgets.
03:52Et ça, pour l'instant, ce n'est pas gagné.
03:54À propos d'arrangement, justement, il promet un texte sur la proportionnelle après le vote du budget.
03:58La proportionnelle, c'est une réforme du mode de scrutin des élections législatives.
04:02Est-ce que c'est justement une façon de faire passer la pilule au RN pour qu'il, à minima, s'abstienne lors de ce budget ?
04:10Alors, il a un plan, François Bayrou.
04:12Le plan est bancal, mais le plan existe.
04:13Vous savez qu'il y a deux budgets en France.
04:15Il y a le PLFSS, le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale, bref, le budget de la Sécu.
04:18Il est important parce que c'est sur lui que Michel Barnier est tombé la dernière fois.
04:22Il n'est pas tombé sur le budget de l'État.
04:23Il est tombé sur le budget de la Sécu.
04:25Dans le budget de la Sécu, François Bayrou imagine mettre quelques dispositions relatives aux retraites,
04:30notamment des revendications de la CGT, des choses qui ont pu être acquises dans le cadre du conclave,
04:34qui certes a échoué, mais malgré tout dans lequel le syndicat CFDT, proche du Parti Socialiste,
04:40a pu faire valoir un certain nombre de revendications.
04:42S'il met ça, les socialistes auront peut-être du mal à voter la censure.
04:45Et donc, le PLFSS, le budget de la Sécu, ça passe.
04:49Et ensuite, vous l'avez dit, reste le budget de l'État, celui où il faut trouver 40 milliards.
04:53Celui-là, c'est un tantin compliqué de le faire passer.
04:55Que propose donc François Bayrou ?
04:57La proportionnelle, certes, mais elle devait être examinée au mois de septembre, avant le texte.
05:01Que fait François Bayrou ?
05:02Eh bien, il le reporte après le budget, après le PLF, après le budget de l'État,
05:07en disant au Rassemblement National, si vraiment vous voulez la proportionnelle,
05:10eh bien, à ce moment-là, il va falloir que je survive jusque-là.
05:13Il va falloir que vous me laissiez survivre jusqu'à ce qu'on puisse déposer le texte.
05:18Donc, eh bien, ne me renversez pas sur le budget.
05:21Il y a quand même très loin de la coupe aux lèvres.
05:22C'est-à-dire que là, les ficelles du marionnettiste sont extrêmement grandes et épaisses.
05:27Marine Le Pen a déjà dit qu'elle ne s'y laisserait pas prendre.
05:31Donc, rendez-vous à l'hiver.
05:32Plus c'est gros, plus ça passe, parfois, on dit.
05:34Emmanuel Macron, lui, il a surpris tout le monde en s'invitant aux 10 ans des Jeunes avec Macron,
05:38un anniversaire qui s'est transformé en exercice d'autorité.
05:41Le chef de l'État a rappelé à l'ordre Gabriel Attal,
05:43alors que ce dernier affichait déjà ses ambitions pour 2027.
05:46On va écouter Emmanuel Macron.
05:47Je suis là pour vous dire merci.
05:56Je suis là pour vous dire soyez fiers.
05:59Et je suis là pour vous dire j'ai encore besoin de vous et je compte sur vous.
06:07Pour les deux ans qui viennent, chaque jour,
06:10pour dans deux ans, mais j'ai aussi besoin de vous pour dans deux ans,
06:17pour dans cinq ans, pour dans dix ans,
06:20parce que vous serez là et parce que comptez sur moi,
06:24je serai là avec vous.
06:31Et ensemble, on ne lâchera rien.
06:35Rien.
06:37Rien.
06:37Benjamin Morel, il n'a pas l'air simple le passage de témoin
06:43entre Emmanuel Macron et un potentiel présidentiel comme Gabriel Attal.
06:47Non, d'autant que juste avant la séquence que vous venez de montrer,
06:50vous aviez un Gabriel Attal qui lui tentait tout bêtement de se débattre
06:53pour apparaître comme étant celui qui incarnerait l'avenir du macronisme.
06:57Donc là, on a un Emmanuel Macron qui non seulement lui vole la vedette,
07:00mais explique que l'avenir du macronisme s'appelle peut-être Emmanuel Macron.
07:04Et ça, évidemment, c'est un premier message qui est envoyé.
07:07Ce message, il a peut-être trois buts.
07:09Il a un but peut-être de préparer demain une candidature,
07:11mais on en est très très loin pour 2032.
07:14Et surtout, c'est un message qui vise à dire, je tiens encore ce parti.
07:19Et ce parti, je ne suis aujourd'hui pas un figurant.
07:22Je ne suis pas quelqu'un qui a perdu complètement la main
07:24durant les deux années qui viennent
07:26et qui laisserait à un successeur,
07:28qu'il s'appelle Attal ou Philippe,
07:30les reines du carrosse.
07:32De l'autre côté, c'est également une non-nonction à Gabriel Attal.
07:37Autrement dit, c'est une façon de ne pas assurer la succession,
07:41de ne pas investir un dauphin,
07:43d'une certaine façon,
07:44de laisser entendre que le macronisme,
07:46ça n'est qu'Emmanuel Macron et ça n'est personne d'autre.
07:49Il y en a un qui se verrait également président,
07:53c'est Dominique de Villepin.
07:54L'ancien Premier ministre vient de lancer son parti politique,
07:57la France humaniste.
07:58Il se prépare clairement à la présidentielle de 2027
08:01avec un discours qui se veut au-dessus des clivages.
08:04Est-ce qu'il faut vraiment prendre cette candidature au sérieux ?
08:07Alors, le paysage politique est extrêmement mouvant aujourd'hui.
08:10Donc, si jamais je devais vous donner la fiche pour 2027,
08:13je me tromperais très très probablement
08:16sur qui sera sur la ligne de départ.
08:18Tout bêtement, parce qu'actuellement,
08:20il n'y a vraiment aucune certitude.
08:21Et si vous prenez les candidats élus,
08:24ne serait-ce que six mois avant les dernières présidentielles,
08:26eh bien, il s'appelle Dominique Strauss-Kahn,
08:28il s'appelle Édouard Balladur,
08:29il s'appelle Ségolène Royal.
08:31Ils, finalement, beaucoup n'iront peut-être même pas jusqu'à l'élection.
08:34Donc, c'est une possibilité, en effet.
08:36Il y a quelque chose qui joue pour Dominique de Villepin,
08:39c'est que vous avez une figure qui est très ancrée
08:40dans l'esprit des Français
08:41et qui a une popularité assez large
08:43dans à peu près tous les courants politiques,
08:45y compris à gauche,
08:47quand vous prenez les enquêtes d'opinion.
08:49Il y a deux défauts majeurs pour Dominique de Villepin.
08:52Le premier défaut,
08:53c'est que vous n'avez pas de parti.
08:55Alors, certes, il en crée un,
08:56mais ce n'est pas un parti au sens structurel du terme,
08:59avec une armée de militants, etc.
09:01Avec l'argent qu'il faut décaisser
09:02lorsque vous faites une campagne présidentielle.
09:05Alors, certes, il a une fortune personnelle,
09:06mais une campagne présidentielle,
09:08c'est environ, pour la jouée gagnante,
09:1015 millions d'euros.
09:11Il faut les trouver.
09:12Difficile.
09:12L'autre aspect, c'est que pour l'instant,
09:14il n'y a pas vraiment d'espace électoral.
09:17Dominique de Villepin est surtout populaire
09:18dans l'électorat à gauche, voire très à gauche.
09:21Ce sont des électeurs qui iront voter Jean-Luc Mélenchon.
09:23Ils ne vont pas aller voter Dominique de Villepin.
09:25Vous avez également une popularité dans l'électorat RN,
09:28mais c'est un électorat qui ira voter Le Pen ou Bardella.
09:31Ils ne vont pas aller voter Dominique de Villepin.
09:33L'espace traditionnel d'une candidature de Villepin,
09:36c'est le centre.
09:37Le centre où, en fait, il est beaucoup moins populaire,
09:40où il n'a quasiment aucun soutien.
09:41Et où, qui plus est, vous avez déjà tout un tas de candidats.
09:44On en a vu un, au moins, tout à l'heure,
09:47sur la ligne de départ.
09:48Et donc, l'espace politique pour une candidature
09:50de Dominique de Villepin, à ce stade-là,
09:52il est encore à trouver.
09:53Merci beaucoup, Benjamin Morel,
09:55d'avoir été notre invité pour l'essentiel politique.
09:59Restez avec nous dans quelques minutes.
10:00Vous retrouvez Fatima Tawan pour le Journal de l'Afrique.