SMART BOURSE - Emission du lundi 15 janvier

  • il y a 8 mois
Lundi 15 janvier 2024, SMART BOURSE reçoit Pierre-Yves Dugua (Correspondant américain) , Julien Moutier (Directeur des Gestions Obligataires, Groupama AM) , Pierre-Olivier Beffy (Gérant et chef économiste, Boussard et Gavaudan) et Jean-François Robin (Directeur de la Recherche, Natixis)

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00:00 [Musique]
00:08 Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart pour rester à l'écoute des marchés.
00:13 Chaque jour du lundi au vendredi à 17h pour la grande édition si vous nous suivez en direct pendant une heure.
00:18 A retrouver chaque soir en replay sur bsmart.fr ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:24 Au sommaire de cette édition ce soir, des marchés en Europe un peu esselés avec la fermeture de Wall Street
00:31 et des marchés actions américains notamment en ce jour de commémoration de Martin Luther King aux Etats-Unis.
00:37 L'Europe sans les US ça donne une séance négative pour les indices actions européens.
00:43 Le CAC 40 recule de 0,75% cette fin de séance avec notamment le poids du luxe ou de la consommation discrétionnaire.
00:50 On voit des baisses assez appuyées pour des valeurs françaises comme Essilor Luxottica ou encore L'Oréal.
00:56 L'une et l'autre reculant de 4% aujourd'hui au sein de l'indice vedette parisien.
01:02 Vous aurez le détail de cette séance en cours dans un instant avec Pauline Grattel.
01:06 Parmi les préoccupations du moment pour les investisseurs, la question clé du calendrier des banques centrales en matière de baisse de taux.
01:15 Si la réserve fédérale américaine s'est montrée assez ouverte sur l'idée de basculer dans une nouvelle fonction de réaction avec une nouvelle attitude.
01:25 Du côté de la banque centrale européenne, les choses sont un peu moins définitives.
01:29 A ce stade, on retiendra parmi les dernières prises de parole des banquiers centraux américains,
01:34 l'interview donnée ce week-end à la presse italienne du chef économiste de la BCE, Philippe Leynes,
01:39 qui estime que la BCE prendrait peut-être un risque important à assouplir trop tôt sa politique monétaire.
01:47 Et que la banque centrale européenne aura d'ici le mois de juin un ensemble de données clés, de données dures,
01:54 qui lui permettront de prendre sa décision sur le futur des taux directeurs en zone euro.
02:00 Commentaires, réactions, analyses de nos invités de Planète Marché dans un instant.
02:05 Et puis comme chaque lundi, nous retrouverons dans le dernier quart d'heure de ce Mainbourse,
02:08 notre correspondant américain Pierre-Yves Dugas pour notre quart d'heure américain,
02:12 avec évidemment la politique américaine à la une, mais également les problèmes et les affres du groupe Boeing aux Etats-Unis.
02:22 Quelques jours après l'accident du 737 MAX 9 opéré par Alaska Airlines,
02:28 la question se pose à nouveau du contrôle qualité et des process de production chez Boeing.
02:35 Une surveillance plus que jamais des régulateurs américains.
02:39 Pierre-Yves Dugas sur ce sujet, donc, à retrouver à 17h45 ce soir.
02:43 Et des marchés européens dans le rouge.
02:55 Au final, en l'absence de Wall Street, les infos clés du jour avec Pauline Grattel.
03:00 Un début de semaine calme à la Bourse de Paris, marqué par la fermeture des marchés américains aujourd'hui
03:06 en raison du Martin Luther King Day, le jour de commémoration de la naissance de Martin Luther King.
03:12 Un des principaux événements de cette journée, c'est l'ouverture de la réunion annuelle du Forum de Davos en Suisse,
03:18 qui se tiendra toute la semaine jusqu'à vendredi.
03:21 Emmanuel Macron s'y rendra d'ailleurs ce mercredi avec quatre présidents de région
03:26 pour que chacun puisse présenter les atouts économiques de leur région lors d'atelier.
03:31 En plus de ce casting, 20 chefs d'entreprise, de patrons de start-up, de PME et de TI seront présents.
03:38 Aujourd'hui marque aussi le top départ de la sélection des candidats républicains avec le caucus de l'Iowa.
03:44 Côté obligataire, les rendements sont à la hausse aujourd'hui en zone euro,
03:48 après que les investisseurs aient pris connaissance notamment des propos de Philippe Leyn,
03:52 chef économiste de la BCE ce week-end.
03:55 Il déclarait qu'une baisse trop rapide des taux pourrait alimenter une nouvelle vague d'inflation.
04:00 Côté indicateur, partons en Allemagne maintenant, où une toute première estimation préliminaire est sortie sur le PIB du dernier trimestre 2023.
04:09 Il recule de 0,3% sur la période.
04:13 -0,3%, c'est aussi l'estimation qu'on a pour la croissance allemande sur l'ensemble de l'année 2023.
04:20 Côté valeur, Atos recule fortement aujourd'hui. Le groupe informatique a nommé un nouveau patron aux pieds levés.
04:27 Paul Salé, ex-directeur financier, après Keev Bernhardt, quitte l'entreprise à la suite de divergences de vues sur la stratégie.
04:35 La nouvelle est mal accueillie en bourse puisque le groupe cède jusqu'à 15%.
04:40 Autre chute aujourd'hui, celle de Dassault Aviation qui plonge de plus de 5%,
04:44 avec des livraisons de Falcon et de Rafale inférieures aux objectifs fixés.
04:49 C'est l'un des plus forts déclins de la journée.
04:52 Concernant les hausses aujourd'hui à la Bourse de Paris, on note notamment celle de Beliwe,
04:56 qui prend presque 7% au cours de cette séance, sur fond de rumeurs de possibles sorties de la cote.
05:02 Demain, direction l'Allemagne tout d'abord.
05:05 Les investisseurs prendront connaissance de l'indice des prix définitifs en décembre
05:09 et de l'indice ZOO qui mesure le moral des chefs d'entreprise.
05:13 Cette semaine sera également marquée par la suite des publications des résultats des entreprises,
05:18 avec Morgan Stanley et Goldman Sachs qui sont attendus demain.
05:23 Tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smart Bourse, les infos clés du jour sur les marchés
05:27 avec Pauline Grattel sur Bsmart.
05:29 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
05:43 Pierre-Olivier Béfi est avec nous, gérant et chef économique chez Boussard et Gavaudan.
05:46 Bonsoir Pierre-Olivier. Merci d'être là.
05:48 Je le rappelle, vous êtes également président de l'association L'EcoAvenir,
05:52 à travers laquelle on peut retrouver des dizaines, des centaines, peut-être même de podcasts maintenant.
05:57 Plus de 100 maintenant.
05:58 Plus de 100 podcasts qui permettent de décrypter et de comprendre les grands concepts économiques et financiers.
06:04 Julien Moutier à nos côtés également, directeur des gestions obligataires de Groupama Asset Management.
06:08 Bonsoir Julien.
06:09 Ravi de vous accueillir.
06:10 Ravi de retrouver également Jean-François Robin.
06:12 Bonsoir Jean-François.
06:13 Directeur de la recherche de Natixis.
06:16 Jean-François, je voulais vous entendre rebondir sur les propos de Philippe Leynes.
06:20 Beaucoup de banquiers centraux européens se sont exprimés ces derniers jours,
06:26 certains encore aujourd'hui à l'occasion de l'ouverture du Forum économique de Davos.
06:29 Mais je retiens quand même l'interview de Philippe Leynes au Corriere della Sera ce week-end.
06:33 La presse italienne, chef économiste de la BCE, assouplir trop vite en zone euro pourrait s'avérer contre-productif.
06:41 La BCE attend des données clés d'ici le mois de juin.
06:45 De quoi parle-t-il et pourquoi faut-il attendre le mois de juin ?
06:49 Je crois qu'il est vraiment dans la lignée de ce qu'avait dit Christine Lagarde en décembre.
06:53 On réalisait cette conférence de presse avec mes étudiants de la Sorbonne.
06:56 C'est clair qu'il y avait un seul truc finalement qui empêchait la BCE de baisser les taux dès maintenant.
07:01 Vous savez que baisser les taux, son impact total dans l'économie, c'est 18 mois.
07:06 Pour la zone euro, ça dépend des économies qui sont plus ou moins taux variables, etc.
07:09 Mais c'est autour de 18 mois.
07:11 Donc elle pourrait baisser déjà les taux puisqu'elle-même dit qu'en 2025, l'inflation sera autour de 2,
07:16 ce qui est son objectif maintenant. Il n'y a plus besoin qu'il soit sous les 2.
07:18 Autour de 2, ça suffit, je baisse les taux.
07:20 Qu'est-ce qui l'empêche de baisser les taux finalement ?
07:22 C'est une seule chose qu'a dit Christine Lagarde et que reprend Philippe Leynes en creux, c'est les données salariales.
07:29 Aujourd'hui, les prix de l'énergie ont complètement rebaissé.
07:31 Encore ce matin, vous avez vu le TTF, le prix du gaz est à 29 euros.
07:35 On était à 340 euros, donc divisé par plus de 10.
07:37 La crise énergétique semble presque derrière nous.
07:40 Je regardais, 29 euros, c'est le prix moyen du gaz depuis 2005.
07:45 En fait, on est dans la moyenne, on n'est pas deux fois supérieur à ce qu'il était en 2019, certes,
07:50 mais en fait, on est revenu à la jauge.
07:52 Et donc les prix de l'électricité sont divisés par 10.
07:54 Bref, tous les prix de l'énergie ont baissé.
07:55 Vous prenez les prix aujourd'hui des biens, il y a une déflation en Chine,
07:58 on voit les PPI vendredi aux Etats-Unis, il y a de la déflation partout.
08:02 Je parle bien de déflation, il y a de la désinflation.
08:05 On voit des baisses de prix à la plus haute.
08:07 Evidemment, ce qui se passe dans le golfe d'Aden, au large de la Somalie,
08:11 fait remonter le prix des containers.
08:13 Mais on n'est pas du tout dans un moment 2021, personne n'y croit.
08:15 On n'est pas du tout dans les goulots d'étranglement,
08:17 ce n'est pas un rebond de la demande mondiale.
08:19 Au contraire, la Banque mondiale vient de nous dire qu'elle serait au plus bas depuis 30 ans,
08:22 la croissance des biens en 2024.
08:24 Bref, les biens, l'énergie, ça ne viendra pas de là.
08:27 Donc, il ne reste qu'un seul truc qui pourrait maintenir l'inflation au-dessus de ce qu'elle est,
08:32 ce qu'est la cible de 2%, c'est les salaires et donc les services.
08:36 Et aujourd'hui, c'est ce qui se passe, on a des services et des salaires
08:39 qui restent au-dessus de la norme.
08:41 La question, c'est est-ce que ça va rester comme ça ?
08:44 C'est vrai qu'on aura toutes les négociations salariales qui vont arriver,
08:47 on va avoir pas mal de données là-dessus.
08:49 Alors honnêtement, il ne faut pas être grand clair,
08:51 il suffit de... nous, on a des "wage trackers" de notre côté,
08:53 on utilise même celui de la BCE, on le compare aux nôtres.
08:55 Quand on regarde toutes les négociations salariales aujourd'hui,
08:58 avec une baisse de l'inflation, encore une fois,
09:00 l'inflation en divisé par 4 quasiment en Europe par rapport à l'année dernière,
09:03 pareil aux Etats-Unis, aujourd'hui, partout, partout, partout,
09:06 on voit des négociations salariales qui se calment en 2024,
09:09 fin 2023, par rapport à ce qu'elles étaient en 2022.
09:12 Donc honnêtement, nous, on est assez persuadés
09:14 qu'il n'y a pas besoin d'attendre le mois de juin,
09:16 que finalement, on a des données.
09:17 C'est ma question.
09:18 S'ils sont focalisés sur les données dures qu'ils suivent
09:22 et qu'ils emportent sur les "wage trackers"
09:24 qu'ils peuvent suivre également en parallèle,
09:26 s'ils disent évidemment, chaque semaine, on suit aussi des données,
09:29 et bien, ils parlent de données clés, données dures,
09:31 les séries de salaires négociées, coûts unitaires du travail, etc.
09:35 Est-ce qu'on peut imaginer que, oui, les données du premier trimestre,
09:40 dont parle Philippe Leynes, vont être des données positives
09:44 qui iront dans le sens d'un assouplissement de la Banque Centrale Européenne ?
09:48 Alors, il y a deux choses.
09:49 Il y a un facteur un peu technique,
09:51 quelqu'un de très technique comme Philippe Leynes doit en être,
09:53 c'est que ce qu'il va falloir regarder, c'est la productivité.
09:55 Oui.
09:56 Oui, la productivité du travail.
09:57 Si vous avez 3% de salaire mais 1% de productivité,
09:59 vous avez 2% et là, on comprend.
10:01 C'est pas le chemin qu'on prend, Jean-François.
10:02 Voilà. Donc aujourd'hui, quid de la productivité ?
10:04 Donc, il y a tout le débat sur l'IA à moyen terme,
10:06 est-ce que ça va faire augmenter la productivité ?
10:08 Aujourd'hui, la productivité, elle évolue en fonction de deux facteurs.
10:11 Si je prends juste la France,
10:12 elle est en fait, la création d'emplois est en train de diminuer,
10:14 c'est ça qui a plombé la productivité,
10:16 c'est qu'on crée énormément d'emplois,
10:18 et donc, les heures, la production ramenée aux heures travaillées,
10:20 ça faisait baisser la productivité.
10:22 Aujourd'hui, on voit bien que les créations d'emplois,
10:24 non seulement ralentissent, mais on a le taux de chômage qui remonte,
10:26 et bien, a priori, on va avoir une petite remontée de la productivité.
10:30 Ça, c'est un petit truc un peu technique qu'il va falloir suivre,
10:32 et évidemment, les données de production,
10:34 il faut un peu de temps pour les avoir,
10:36 pour les données du PIB, voilà, on a le 4ème trimestre,
10:39 mais on n'a pas... En juin, effectivement, on aura un peu plus de vues,
10:41 mais on peut aussi dire, en septembre, qu'on aura plus de vues,
10:43 mais moi, je pense que ça, c'est un truc un peu technique,
10:46 qu'on aura résolu assez avant.
10:48 La deuxième chose, quand même, que va regarder,
10:50 et je l'explique à mon avis, Philippe Lenne, c'est qu'aujourd'hui,
10:52 à laisser les marchés pricés, comme ils le font,
10:55 des baisses de taux très massives, qui se répercutent dans toute la courbe des taux,
10:58 en fait, on provoque un assouplissement des conditions monétaires,
11:01 qui est un peu "unwarranted", comme on dit à la BCE.
11:04 C'est-à-dire que, finalement, est-ce que ça ne va pas faire rebondir l'investissement ?
11:07 Ça n'aide pas, ça n'aide pas.
11:09 Et l'année dernière, il faut bien se comprendre,
11:11 encore en 2023, la consommation était plombée,
11:13 mais l'investissement tirait à la croissance.
11:15 En 2024, c'est plutôt l'inverse, l'investissement est en train de s'écrouler,
11:18 mais on pense qu'il y aura un rebond de la consommation,
11:20 puisqu'avec la baisse des prix, on retrouve du pouvoir d'achat.
11:22 Et donc, si jamais il y a des taux qui sont trop bas,
11:24 peut-être que le deuxième moteur peut monter,
11:26 et là, on aurait peut-être de la surchauffe.
11:28 Honnêtement, long story short,
11:30 en un mot, commençant, comme dirait mon coluche,
11:32 en fait, on n'a pas du tout ça dans les comptes, aujourd'hui.
11:35 On ne voit pas un rebond de l'investissement,
11:37 on ne voit pas des salaires qui remontent,
11:39 on a plutôt une croissance qui frise la stagnation.
11:41 Votre journaliste citait les chiffres allemands,
11:43 on est tout près de la récession.
11:45 Moi, je pense qu'il n'y a pas beaucoup de raisons
11:47 pour que la BCE, in fine, en réalité,
11:49 baisse les taux avant l'été.
11:51 Mais c'est leur jeu de dire "ne pressez pas trop maintenant".
11:53 Mais en fait, quand on regarde les Etats-Unis et l'Europe,
11:55 on est en train de presser beaucoup plus
11:57 qu'ils voudraient qu'on ait prassé.
11:59 Julien, comment vous regardez cette situation,
12:01 effectivement, avec l'idée d'une BCE
12:03 qui se montre encore très prudente
12:06 vis-à-vis d'un potentiel assouplissement des taux directeurs ?
12:10 Alors même, effectivement, Jean-François le rappelait,
12:12 que l'Allemagne est à 0, -0,3 sur le dernier trimestre,
12:15 la zone euro est à 0 depuis un an en termes de croissance,
12:18 et qu'on voit quand même un momentum de désinflation
12:20 assez rapide sur les derniers mois.
12:22 Et face à ça, une Fed qui paraît,
12:25 depuis déjà quelques semaines, maintenant,
12:27 mi-décembre, le dernier FOMC,
12:29 qui paraît très ouverte sur l'idée
12:31 de pouvoir ajuster le réglage de sa politique monétaire,
12:34 alors que le quatrième trimestre de croissance aux Etats-Unis
12:37 sera peut-être encore au-dessus du potentiel.
12:39 Oui, tout à fait.
12:41 Alors, je dirais que notre analyse est que,
12:43 globalement, l'agenda de la Fed et celui de la BCE
12:45 n'est peut-être pas tout à fait le même,
12:47 notamment cette année.
12:49 Il ne faut pas oublier qu'on a des élections américaines
12:51 en fin d'année, et sans faire de complotismes.
12:54 On peut imaginer qu'il y ait un intérêt assez clair
12:57 de la part des politiques et éventuellement de la BCE,
13:01 même si elle se dit indépendante,
13:03 de faire atterrir une économie un peu plus doucement
13:06 que ce que l'on pourrait avoir avec des conditions
13:08 qui seraient un peu trop restrictives.
13:10 Garantir un certain calme macro-économique
13:13 pour permettre à cette élection présidentielle américaine
13:16 de se dérouler de la manière la plus faire possible ?
13:19 Disons qu'on sait très bien qu'en période électorale,
13:21 le gouvernement qui est au pouvoir a tout intérêt
13:23 à ce qu'on arrive avec une situation économique
13:26 et donc de marché, notamment aux Etats-Unis.
13:28 On sait que ça a un impact sur la confiance des consommateurs
13:31 qui est assez important.
13:33 Il faut arriver, je dirais, en novembre prochain
13:35 dans les meilleures conditions possibles.
13:37 Les Etats-Unis aujourd'hui ont la capacité,
13:40 en étant le premier pays producteur de pétrole,
13:42 de potentiellement pouvoir influencer
13:45 la fixation des prix sur le pétrole face à l'OPEP
13:50 et donc peut faire pression à la baisse sur ce prix du pétrole
13:53 tant qu'on reste au-dessus de 50,
13:55 ce qui est un niveau globalement de prix de revient,
13:59 des coûts de production en tout cas aux Etats-Unis,
14:02 sur le pétrole, tant qu'on est au-dessus.
14:04 Il n'y a pas forcément besoin de forcer le talent
14:06 de la production du pétrole et ça permet également,
14:08 quelque part aussi, de contenir les risques d'inflation
14:11 issus des prix de l'énergie.
14:13 Je souscris tout à fait à ce que disait mon confrère.
14:16 Les prix de l'énergie aujourd'hui ont fortement reflué,
14:18 le pétrole se stabilise, mais les effets de base
14:20 qu'on va connaître dans les prochains mois sont positifs.
14:22 Donc d'abord, là où on sait en quoi on s'écarte un peu
14:25 chez Groupama, cette management, de ce qui vient d'être dit,
14:27 c'est que les effets de base sur l'énergie,
14:29 même si l'énergie aujourd'hui ne cesse de progresser,
14:32 les effets de base sur les prochains mois
14:34 seront positifs. Ça va durer quelques mois.
14:36 - Ça va aider la désinflation, en tout cas affichée
14:38 dans les indices d'inflation qu'on regarde ?
14:40 - Non, au contraire, ils vont être positifs au sens où ça va
14:42 plutôt générer une tension sur l'inflation.
14:44 - Ah d'accord, donc on est favorable dans le sens
14:46 qui allait aider à la... d'accord.
14:48 - C'est favorable au sens de notre scénario.
14:50 En fait, ces derniers mois, ce qu'on a eu,
14:52 et c'est ce qui a expliqué d'ailleurs la majeure partie
14:54 du recul de l'inflation dans les zones développées,
14:56 c'est ce recul de l'énergie et de l'alimentaire.
14:59 L'alimentaire, on s'attend à ce qu'en 2024,
15:01 ça contribue encore légèrement négativement à l'inflation,
15:04 donc à la baisse de l'inflation. Par contre, l'énergie,
15:06 ce sera plutôt positif sur l'inflation, au sens
15:09 à la hausse de l'inflation.
15:11 La somme des parties, food plus l'énergie,
15:13 on pense que ça sera plutôt légèrement à la hausse
15:16 en termes de contribution sur l'inflation.
15:18 Mais le véritable déterminant sur 2024,
15:20 parce qu'en effet, on a dépassé les sujets
15:22 de goulets d'étranglement et de pression sur l'énergie,
15:26 alors d'abord c'est de dire que sur l'énergie,
15:28 le risque est asymétrique parce qu'on a quand même
15:30 des dégâts majeurs, notamment au niveau des pays du Golfe.
15:32 Et là, on ne sait pas ce que ça peut donner.
15:34 Donc là, il y a un risque, je dirais,
15:36 aussi sur l'inflation de ce point de vue-là.
15:38 Et puis là où viendra, selon nous, éventuellement
15:40 également le risque de surprise à la hausse de l'inflation,
15:42 c'est sur l'activité, sur la croissance,
15:45 et notamment sur l'activité manufacturière.
15:47 Parce que oui, jusqu'à présent, dans les pays développés,
15:49 notamment en 2023, on a eu un fort ralentissement
15:52 de cette croissance manufacturière,
15:54 et notamment sous l'effet d'un déstockage massif.
15:57 Mais ce déstockage d'aujourd'hui, il est fait.
15:59 On a plutôt même du bottoming,
16:01 donc un rebond, je dirais, de ce stockage.
16:03 Donc une demande d'investissement qui, selon nous,
16:05 se maintient du consommateur, qui reste forte
16:08 parce que l'emploi reste extrêmement tendu,
16:10 comme ça a été dit,
16:12 eh bien, mi-bout à bout, on a une demande
16:14 qui se maintient, un déstockage.
16:16 Donc on devrait avoir à minima un peu de reprise
16:18 de l'activité industrielle, manufacturière.
16:20 Et ça, ça devrait alimenter également, selon nous,
16:22 une inflation qui, au final, serait plutôt cyclique.
16:25 Et ça explique la réticence de Philippe Leyne
16:27 à endosser trop vite, trop tôt,
16:29 l'idée d'un assouplissement.
16:31 Oui, certainement. Philippe Leyne voit bien que, finalement,
16:33 les mesures de durcissement monétaire,
16:35 mais en zone euro comme aux Etats-Unis,
16:37 n'ont pas permis de casser l'activité économique
16:39 comme c'était anticipé.
16:40 On a un marché de l'emploi qui est extrêmement robuste
16:42 des deux côtés de l'Atlantique.
16:43 On a un marché immobilier aux Etats-Unis,
16:45 même qui, après avoir légèrement baissé, repart à la hausse.
16:47 Donc on est loin d'avoir eu un déraillement
16:51 de l'activité économique qui expliquerait, finalement,
16:53 ce recul de l'inflation.
16:55 Non, le recul de l'inflation, il est, je pense,
16:57 majoritairement lié à des effets de base
17:00 et à des effets post-Goulet-Tranglement,
17:02 post-Covid, que l'on a digéré.
17:05 Et aujourd'hui, on va véritablement voir
17:07 quels sont les effets sur l'activité économique,
17:09 sur la croissance endogène,
17:11 de la vigueur de ces demandes domestiques,
17:14 à la fois inflation, investissement,
17:16 et la demande du consommateur,
17:18 face, encore une fois, à un déstockage qui a été assez massif.
17:20 Oui. Bon. Qui prend le risque de faire une erreur, là,
17:23 entre la Fed et la BCE,
17:25 enfin la Fed, représentée par Jérôme Pohel, notamment,
17:28 qui nous dit qu'on a conscience du risque
17:31 de maintenir à des niveaux trop restrictifs
17:33 les taux pendant trop longtemps,
17:35 très différent du "higher for longer"
17:37 qu'on avait encore il y a quelques mois,
17:39 ou la BCE, représentée par un Philippe Haine,
17:41 qui dit "attention, je ne veux pas être celui
17:43 qui assouplirait trop vite les conditions monétaires
17:45 en zone euro, avec des risques inflationnistes
17:48 qui sont peut-être encore présents,
17:50 au moins à court terme".
17:52 Le différentiel BCE/Fed,
17:54 je pense qu'il y a un paramètre qui est très important,
17:56 c'est l'état des banques.
17:58 On sait qu'il y a à peu près, à la fin de l'année dernière,
18:00 à peu près un trillion de dollars
18:02 de pertes non réalisées par les banques américaines,
18:06 dans tout le système bancaire.
18:08 Donc, je pense qu'ils sont assez sensibles au fait
18:10 que s'ils baissent un peu les taux,
18:12 ils vont un peu aussi éviter un peu de bruit
18:15 et de volatilité éventuellement sur les banques.
18:17 Donc, je pense que ça, c'est un argument
18:19 qui est assez fort à la Fed. Voilà.
18:21 - SVB est quand même encore dans les esprits,
18:23 de ce point de vue-là ?
18:25 - En tout cas, non, mais ils n'ont pas peur
18:27 qu'il y ait une contagion à court terme,
18:29 mais ils veulent, je pense, renforcer à nouveau
18:31 un peu le bilan des banques.
18:33 Et pour eux, ça ne leur coûte pas grand-chose
18:35 de couper déjà deux ou trois fois les taux.
18:37 Je pense qu'ils vont y aller en mars.
18:39 Ils vont y aller, ils vont couper deux ou trois fois.
18:41 Et puis après, ils verront.
18:43 Après, le marché, en fait, il est assez modal.
18:45 Si vous regardez le marché des dérivés,
18:47 ce que price le marché aujourd'hui,
18:49 c'est un risque de récession.
18:51 C'est pour ça qu'on a les cotes, après,
18:53 qui se prolongent, etc.
18:55 - Attends, c'est hyper intéressant.
18:57 Quand on regarde le marché, qu'on arrive
18:59 à comprendre ce qui est price à travers
19:01 les instruments dérivés, il y a trois baisses
19:03 d'autos, comme signalées par la Fed,
19:05 qui correspondent à un ajustement
19:07 du réglage de la politique monétaire.
19:09 Et toutes les baisses d'autos que le marché
19:11 price ensuite, sont des baisses d'autos
19:13 qui viennent en réaction à une récession
19:15 de l'économie américaine.
19:17 Donc, il y a une récession dans le marché.
19:19 Si vous regardez à peu près la distribution,
19:21 c'est à peu près ça.
19:23 - Et ça, ça nous donne un marché qui price
19:25 donc 6 ou 7 baisses d'autos tout au long
19:27 de 2024, une par meeting, à commencer
19:29 par le mois de mars.
19:31 - Les 150, voire 75 BP, ils vont y aller
19:33 beaucoup plus fort. Donc après, le 25,
19:35 c'est un peu une moyenne de tout ça.
19:37 Après, il y a aussi, moi, je pense qu'on est
19:39 quand même dans une étape où il y a
19:41 énormément de com' ; les banques centrales,
19:43 en moyenne, ont plutôt réussi leur pari.
19:45 Donc, on a une économie américaine.
19:47 Donc, toutes ces banques centrales,
19:49 elles vont pas arrêter de dire que c'est horrible,
19:51 qu'il y a encore vachement de risques
19:53 d'inflation, puis elles vont quand même
19:55 baisser les taux. Moi, ça me fait penser
19:57 à un pays qui m'a beaucoup marqué,
19:59 c'est le Brésil. Vous avez vu un des banquiers
20:01 centrales les plus hauts qui joue à la planète,
20:03 mais moi, chaque coup, il baisse de 50 BP
20:05 ces taux. Par contre, il vous explique
20:07 à chaque coup, attendez, on n'a surtout pas
20:09 fini le travail, on ne sait jamais, etc.
20:11 Donc, ils sont dans une situation très
20:13 difficile. Tout ce qu'on pouvait voir négatif
20:15 par rapport au scénario, ça se passe plutôt bien.
20:17 Moi, je pense que la distribution, on en avait déjà parlé
20:19 en début novembre, je pensais que la distribution
20:21 allait changer, c'est-à-dire qu'il y avait le risque
20:23 de récession soft-lending et no-lending.
20:25 Le no-lending était un problème, et ce qu'on disait
20:27 en novembre, c'est que le no-lending devient moins un problème
20:29 parce qu'il devient désinflationniste.
20:31 Et ça, c'est quelque chose de nouveau dans le marché.
20:33 Parce que, avant, le no-lending, c'était associé au scénario
20:35 inflationniste, et ça, ça gênait les gens.
20:37 Donc, quand on avait trop de croissance, des données trop bonnes,
20:39 on disait "Ah, c'est horrible, on va avoir trop d'inflation".
20:41 Quand on avait des données trop mauvaises, on disait "Ah, il y a un risque de récession".
20:43 Et puis, au milieu, il y avait ce fameux soft-lending.
20:45 Moi, je pense que la distribution du marché a changé.
20:47 Et je pense qu'un des points aussi, alors, je fais un petit
20:49 ajout, c'est vrai que j'étais d'accord avec Jean-François
20:51 sur un point, et je pense que c'est assez sous-estimé,
20:53 c'est la productivité. Je pense que la productivité,
20:55 elle s'est effondrée pendant le Covid.
20:57 - Où ? - Partout. - Partout, parce qu'on a payé
20:59 pour rien faire. Enfin, on est tout productif dans ce cas-là.
21:01 Je veux dire, la productivité, elle est à zéro.
21:03 Et après, en fait, ce qui se passe là,
21:05 c'est que même si les chiffres au niveau macro
21:07 ne le reflètent pas complètement, on a quand même...
21:09 Parce qu'il faut retraiter ça aussi
21:11 de la population active, parce que quand on regarde
21:13 les chiffres du chômage, c'est un peu biaisé,
21:15 en fait, la productivité, je pense qu'elle explose.
21:17 Cycliquement. Et donc, si on a...
21:19 - Aux États-Unis, on arrive à le mesurer.
21:21 On arrive à montrer quand même une croissance
21:23 de la productivité sur plusieurs trimestres.
21:25 En zone euro, on ne le voit pas. C'est solo...
21:27 Solo 2.0, quoi.
21:29 - Oui, mais ça va aller bien au-delà de ce que montrent les chiffres, à mon avis, macro.
21:31 D'ailleurs, au niveau micro, on le voit très bien.
21:33 Les entreprises se sont focalisées sur les...
21:35 sur les biens où elles avaient
21:37 le plus de marge, où elles étaient le plus productives.
21:39 - Et donc, à ce titre-là,
21:41 la séquence de résultats micro qui arrive, là,
21:43 va apporter peut-être un éclairage différent
21:45 de ce que la macro nous dit,
21:47 notamment sur la zone euro, aujourd'hui ?
21:49 - Disons qu'en fait, si on fait de la macro uniquement
21:51 avec le taux de chômage et le PIB,
21:53 je pense qu'on passe à côté du problème. Voilà.
21:55 Aux États-Unis, si vous retraitez
21:57 le taux de participation, la productivité,
21:59 elle est bien meilleure. - Oui, oui.
22:01 - Et donc, du coup, si on a vraiment un choc de productivité
22:03 positif, au moins d'un point de vue cyclique,
22:05 sur quelques trimestres, etc., alors après,
22:07 on aura peut-être en plus l'IA derrière, etc.
22:09 Mais si on a ce choc de productivité,
22:11 on peut très bien avoir des banques centrales
22:13 qui se retrouvent avec une croissance qui reste bonne,
22:15 parfois qui réaccélère. C'est sans doute un peu le cas
22:17 en zone euro. On voit la consommation repartir un peu.
22:19 Et pas d'inflation.
22:21 Donc ça, c'est un peu idéal. Alors après,
22:23 peut-être qu'on aura beaucoup d'inflation derrière.
22:25 Mais ça, c'est uniquement cyclique. - Dans un second temps.
22:27 - Dans un second temps. Mais moi, mon expérience aussi,
22:29 quand je me rappelle, quand j'étais directeur
22:31 de la conjoncture à l'INSEE, mon expérience,
22:33 c'est que quand il y a de l'inflation et qu'elle commence à monter,
22:35 on se trompe pendant 12 mois et on se dit "C'est pas possible,
22:37 ça baisse." Et quand elle baisse,
22:39 on se trompe pendant 12 mois et ça arrête pas de baisser.
22:41 Après, c'est vrai qu'il y a des petits effets,
22:43 prix du pétrole, l'énergie, effets de base.
22:45 - Capter les changements, c'est très compliqué. - Ça dure 2-3 mois,
22:47 mais ça a marché. Je pense qu'il est déjà là-dedans.
22:49 Les fonds d'Iran et de New York sont un peu meilleurs.
22:51 - Donc au final, vous dites "exercice de communication
22:53 des banquiers centraux", mais qui va vite être dissipé
22:57 par la réalité économique et notamment la réalité
23:01 des chiffres de l'inflation qui vont continuer de baisser devant nous.
23:03 - Exactement. Et je pense qu'il y a 2 aspects.
23:05 Donc aux Etats-Unis, c'est le système bancaire
23:07 qui est une préoccupation et en Europe, c'est le bilan.
23:09 - De la BCE ?
23:11 - De la BCE qui ont commencé à perdre de l'argent.
23:13 Donc ils se disent "Mince, il faut accélérer le tapering."
23:15 Donc je pense qu'ils vont plutôt faire ça,
23:17 accélérer le tapering parce qu'ils ont encore
23:19 des marges de manœuvre sans vendre des actifs.
23:21 - Donc on va te mettre un dernier coup sur le bilan
23:23 pour réduire au maximum le bilan ?
23:25 - Oui, ils veulent réduire à mon avis au maximum.
23:27 Et par contre, les hausses d'autos, comme elles sont arbitrées...
23:29 - Les baisses ? - Les baisses d'autos, pardon.
23:31 - Les baisses d'autos. - Oui, mais comme les hausses d'autos
23:33 précédentes ont été aussi arbitrées par le système,
23:35 c'est ce qu'on disait la dernière fois,
23:37 où finalement, ça rémunère plus le cash,
23:39 donc ça crée un assouplissement des conditions financières.
23:43 Baisser d'un tout petit peu au début, ça ne va pas être très compliqué.
23:45 - Juste peut-être deux petits remarques.
23:47 - Bien sûr, bien sûr, j'en prends somme.
23:49 - C'est très intéressant ce qu'il vient de dire,
23:51 pour vous prolonger là-dessus, c'est qu'aujourd'hui,
23:53 les banquiers centraux ne pas toucher aux taux,
23:55 c'est les laisser monter.
23:57 Comme on a de l'inflation qui baisse, les taux réels montent.
23:59 Et donc ne pas bouger son niveau des taux nominaux,
24:01 c'est rendre la politique monétaire de plus en plus restrictive.
24:03 Au moment où on voit que la croissance ralentit,
24:05 le taux de chômage remonte en France,
24:07 en Allemagne, en Italie, en Espagne, etc.
24:09 Donc ne rien faire, c'est devenir de plus en plus restrictif.
24:11 Ça c'est la première chose.
24:13 Et la deuxième chose, c'est effectivement ça,
24:15 c'est qu'aujourd'hui, ce qui permet aussi
24:17 de penser que la baissée va baisser, c'est que par ailleurs,
24:19 elle est de plus en plus restrictive
24:21 dans la gestion de son bilan, dans le fameux
24:23 quantitatif tightening. Et arrive sans doute
24:25 une remontée des réserves obligatoires.
24:27 Ils ont d'ores et déjà dit qu'ils accéléraient
24:29 leur rythme de non remboursement à partir du mois de juin.
24:31 Donc ils accélèrent sur la réduction du bilan.
24:33 Donc ça, tout ça mis bout à bout,
24:35 on a une politique monétaire en Europe qui est hyper
24:37 contracyclique, qui est de plus en plus restrictive,
24:39 au moment où l'économie ralentit.
24:41 C'est bien pour ça que le marché
24:43 ne croit pas trop, ni à Poel,
24:45 ni à le marché Price.
24:47 7 baisses d'étau cette année, quand la Fed nous dit
24:49 "j'en ferai que 3", et Philippe Leyne nous dit
24:51 "je baisserai pas avant juin", et le marché lui dit
24:53 "tu parles, avant l'été, ce sera fait".
24:55 - Oui, puis c'est aussi le revers
24:57 de la médaille, après avoir
24:59 détruit la Forward Guidance, comme ils l'ont fait
25:01 en 2002. - C'est exactement ça, d'accord ou pas d'accord ?
25:03 - Comment piloter les anticipations
25:05 après avoir... - Une autre illustration,
25:07 la Forward Guidance est morte. - Trahi la parole
25:09 en 2002, il fallait peut-être le faire.
25:11 Bon, aujourd'hui c'est plus compliqué
25:13 de piloter les anticipations.
25:15 Ma question étant quand même, alors geek
25:17 banque centrale autour de la table, mais ma question
25:19 étant quand même, est-ce que c'est clair
25:21 pour un marché obligataire, Julien, de se dire
25:23 que l'ABCE va
25:25 accélérer la réduction de son bilan,
25:27 donc plutôt restrictif,
25:29 tout en commençant à
25:31 jeter l'idée que, oui,
25:33 il y aura un moment des baisses d'autos. Christine Lagarde
25:35 dit qu'en 2024, il y aura sans doute des baisses
25:37 d'autos, Philippe Ley ne dit pas l'inverse,
25:39 etc. Enfin, je veux dire, on est encore toujours sur l'idée
25:41 qu'on va accélérer et freiner en même temps.
25:43 - Oui, et qu'on va souffler le chouette-froid. Alors, oui,
25:45 mais en fait, ce qu'il faut regarder, je pense, c'est
25:47 en effet, on parlait des conditions
25:49 financières, c'est globalement
25:51 où en est-on de l'assouplissement
25:53 ou non des conditions
25:55 financières. Nous, ce qu'on constate depuis
25:57 mi-octobre, c'est qu'avec la baisse des rendements
25:59 et le resserrement des spreads, globalement,
26:01 ces conditions financières, elles se sont
26:03 améliorées. Donc, je dirais que globalement,
26:05 ça va dans la volonté des banques centrales
26:07 d'accompagner, en effet, des niveaux d'inflation attendus
26:09 qui sont plus faibles. Donc,
26:11 selon la règle de Taylor, quand on a des niveaux d'inflation
26:13 plus faibles par rapport à l'inflation
26:15 long terme et qu'on a une croissance, finalement, qui n'est
26:17 pas non plus démesurée en tant que la croissance
26:19 potentielle, on arrive normalement à un
26:21 taux neutre qui devrait être plus bas
26:23 que les taux qu'on a aujourd'hui sur les banques centrales.
26:25 Après, il faut, je pense,
26:27 garder en tête quelque chose d'important, c'est que
26:29 l'attractivité du marché
26:31 pour les investisseurs dépend également
26:33 de la pente des
26:35 courbes de taux, que ce soit
26:37 les courbes de taux
26:39 d'émetteurs d'entreprises ou souverains.
26:41 Lorsque cette courbe
26:43 est inversée, on en parlait tout à l'heure,
26:45 avant l'émission, eh bien,
26:47 lorsqu'on a aujourd'hui un taux sans risque qui tourne autour de 4%
26:49 sur les fonds monétaires,
26:51 il peut paraître difficile de convaincre les investisseurs
26:53 d'aller investir
26:55 sur des durations de 4 ou de 5
26:57 avec des rendements qui sont parfois
26:59 inférieurs s'agissant
27:01 de la qualité crédite Investment Grade.
27:03 Sauf que, ça déjà, il faut avoir en tête
27:05 que le 4% c'est aujourd'hui,
27:07 c'est de façon instantanée, quand on rentre
27:09 peut-être entre 3,5 et 4
27:11 sur des durations de 4 ou 5 ans,
27:13 on est bien sur une durée qui est plus longue, donc on va figer
27:15 un rendement super.
27:17 Ça, c'est un raisonnement qu'on peut avoir.
27:19 Mais ensuite, quand on a une courbe de taux
27:21 qui est pentue, pente positive,
27:23 les parties longues plus élevées que les parties courtes,
27:25 d'abord, c'est la logique des choses, on a cette
27:27 substitution de primes de terme,
27:29 on est payé pour investir
27:31 à plus long terme,
27:33 et surtout, on a
27:35 ce qu'on appelle ce carry rolldown,
27:37 c'est-à-dire qu'on a le rendement de l'actif
27:39 et le rolldown qui est en fait
27:41 la valorisation qu'on obtient en descendant
27:43 sur la courbe de taux puisqu'on a mécaniquement une baisse
27:45 de taux qui vient alimenter notre hausse
27:47 de prix. Donc c'est vraiment ce
27:49 couple carry rolldown
27:51 sur le marché obligataire qui doit
27:53 continuer d'accompagner
27:55 la bascule qu'on
27:57 commence déjà à voir aujourd'hui,
27:59 des stratégies déployées sur du cash
28:01 vers des stratégies plus long terme, que ce soit
28:03 l'investment grade, du souverain plus long, du high yield,
28:05 on commence à voir certains investisseurs
28:07 lors de nos contacts avec eux
28:09 qui réallouent sur ces durations
28:11 plus longues et qui prennent du risque de crédit
28:13 pour obtenir ce pick-up
28:15 de rendement, mais on voit bien qu'on a une masse
28:17 aujourd'hui d'actifs extrêmement
28:19 puissantes et importantes qui depuis
28:21 deux ans n'a fait que gonfler aux Etats-Unis comme en Europe.
28:23 C'est une bulle monétaire, quand on regarde
28:25 les encours sur des fonds
28:27 monétaires américains ou autres, c'est stratosphérique.
28:29 C'est monstrueux. Et quand vous voyez le
28:31 "bid to cover", donc la demande sur le marché primaire
28:33 en début d'année sur le souverain et sur
28:35 le crédit, on voit bien que
28:37 soit il y a beaucoup de cash dans les portefeuilles, mais il y a également
28:39 je pense beaucoup d'inflows sur ces portefeuilles
28:41 plus longs, que ce soit souverain ou crédit.
28:43 On a déjà des investisseurs qui depuis
28:45 le mois d'octobre ont rebasculé sur des actifs
28:47 plus longs et donc on a ce
28:49 je dirais un stock
28:51 de cash à investir dans le marché qui est extrêmement
28:53 important. Je prends un exemple, l'émission
28:55 espagnole, la bonus qui a été émise
28:57 à 10 ans la semaine dernière. On a
28:59 un book, donc une somme
29:01 des intentions d'investisseurs qui était
29:03 de l'ordre de 138 milliards.
29:05 C'est le plus haut ever sur le bonus.
29:07 Ils empruntent quelques milliards par semaine ?
29:09 Ils empruntent 15 milliards.
29:11 Plus que quelques alors.
29:13 Un "bid to cover" monstrueux.
29:15 Et c'est pareil sur le crédit, sur les émetteurs
29:17 d'entreprises. Depuis le début de l'année, il y a un véritable
29:19 afflux d'émissions
29:21 sur les émissions d'entreprises. Simplement pourquoi ?
29:23 Parce qu'on a une baisse des taux et des "spreads"
29:25 donc globalement des taux souverains et des taux
29:27 corporate. Et donc les
29:29 émetteurs, les directeurs financiers ont tout
29:31 intérêt aujourd'hui à émettre dans des conditions
29:33 qui sont un peu plus favorables qu'il y a d'autres fois.
29:35 Un fort début d'année depuis la création de la zone euro.
29:37 Oui, j'ai vu ça.
29:39 Petite parenthèse, mais des spécialistes me disent
29:41 oui, mais c'est beaucoup des emprunts syndiqués.
29:43 C'est des pools d'investisseurs, c'est des syndications.
29:45 Et donc évidemment, les montants
29:47 de demandes affichés sont spectaculaires.
29:49 Mais tout est organisé en amont
29:51 et de ce point de vue là, c'est peut-être
29:53 pas le reflet le plus pur
29:55 de la demande réelle
29:57 du marché pour ces rendements.
29:59 Les parcs mobilisés restent reposants.
30:01 Et puis dans l'absolu, je suis d'accord avec vous,
30:03 mais en relatif par rapport aux précédentes
30:05 intentions, on voit bien le sursaut.
30:07 Donc oui, c'est vrai que dans les syndications,
30:09 on n'a pas tout le temps un intérêt ferme et final
30:11 sur ces boucles là.
30:13 Ça dit quelque chose quand même.
30:15 Et donc vous dites, pour résumer,
30:17 des investisseurs sont déjà en train de se préparer
30:19 à voir les rémunérations
30:21 monétaires du cash baisser et donc
30:23 sont en train de verrouiller, même si
30:25 aujourd'hui, on ne fait pas le cash avec
30:27 du 10 ans français ou allemand ou j'en sais rien.
30:29 On est quand même en train de verrouiller
30:31 du rendement futur là-dessus.
30:33 C'est tout à fait cohérent avec ce pivot qui est priceé aujourd'hui
30:35 par le marché, même si, vous l'avez compris,
30:37 chez Groupama, cette management, on ne souscrit pas
30:39 à l'ampleur de ce pivot dans le marché.
30:41 C'est pas vous qui avez amené 138 milliards de demandes sur
30:43 le bonos espagnol.
30:45 Tout de suite. Mais on y a participé.
30:47 Mais voilà,
30:49 je dirais que oui, c'est cohérent avec ce pivot priceé.
30:51 Pourquoi ? Parce que si l'investisseur price un pivot
30:53 aussi agressif que celui qui est priceé, puisqu'on est quand même
30:55 sur 150 BP en zone euro,
30:57 180 sur l'année à venir,
30:59 sur les taux courts américains. Ça veut dire que globalement,
31:01 on sera assis sur un rendement du taux
31:03 sur l'île qui sera un peu moins élevé dans un an.
31:05 Donc il faut sécuriser ses gains,
31:07 sécuriser ses rendements le plus rapidement possible.
31:09 Vos commentaires,
31:11 Pierre Olivier, je voulais vous faire réagir
31:13 aussi à une
31:15 des réponses de Christine Lagarde
31:17 dans son interview en fin de semaine dernière à la télévision
31:19 française.
31:21 Le risque Trump,
31:23 du point de vue de la présidente de la Banque
31:25 centrale européenne, une
31:27 nouvelle élection de Donald Trump
31:29 cette année serait une menace
31:31 claire, une menace explicite pour l'Europe.
31:33 Encore une fois, du point de vue
31:35 d'une banque centrale comme l'ABCE, qu'est-ce que ça veut dire ?
31:37 C'est quoi le risque Trump ?
31:39 Moi je trouve que ça quand même,
31:41 ça va sur des terrains.
31:43 L'interview était très politique.
31:45 Je ne sais pas si je commenterais les...
31:47 On lui pose la question !
31:49 Ça a commencé par ça.
31:51 J'aurais pas répondu.
31:53 Mais bon, Trump,
31:55 qu'est-ce que ça change pour l'Europe ?
31:57 Elle parle quand même des risques, des facteurs extérieurs de risques
31:59 cités, les tensions en mer rouge,
32:01 les tensions commerciales, géopolitiques
32:03 et donc on lui dit, et Trump,
32:05 je le range dans la catégorie
32:07 effectivement des menaces explicites
32:09 pour l'Europe en cas de victoire.
32:11 L'Europe c'est surtout par rapport à l'Ukraine.
32:13 Après il y a toutes les
32:15 questions un peu de négociations
32:17 salariales, d'élocutions
32:19 commerciales qui peuvent revenir un peu sur le devant de la scène.
32:21 C'est ça qui est un peu plus gênant.
32:23 Trump est un peu moins sympathique a priori
32:25 que... Et concrètement, ça veut dire quoi ? C'est un risque
32:27 baissier croissance ? C'est un risque haussier
32:29 inflation ? Non, après il peut y avoir aussi
32:31 le risque que ça soit
32:33 haussier pétrole, que ça soit haussier dollars
32:35 et que ça, ça ne range pas la BCE.
32:37 C'est ça le vrai...
32:39 Pour moi, c'est un point du macro.
32:41 C'est ça l'impact éventuellement
32:43 de Trump. C'est qu'on se dise, voilà,
32:45 il va faire remonter le dollar, il va taper...
32:47 Je pense que les deux vont taper sur la Chine.
32:49 Je pense que de toute façon le moment de l'élection américaine
32:51 sur les marchés, il va se passer sans doute
32:53 à partir du 19 août quand on aura la grande messe démocrate.
32:55 Et là, on a deux mois où le marché
32:57 va parler de ça, parler de ça,
32:59 parler de ça, ils vont faire de la surenchère
33:01 sur la Chine et compagnie.
33:03 Mais après,
33:05 bon, est-ce que c'est un énorme game changer
33:07 au point de se dire que ça va changer le CRE de la BCE ?
33:09 Moi, j'ai quand même un peu du mal
33:11 à ce sas-là, sauf si éventuellement
33:13 on voit les prix du pétrole à 150 dollars
33:15 et le dollar qui s'apprécie de 20 %.
33:17 Pourquoi le pétrole flamberait ?
33:19 Parce qu'il pousserait
33:21 la croissance américaine au maximum ?
33:23 Parce qu'ils sont quand même producteurs de pétrole et ils produisent un max !
33:25 Ils n'ont jamais produit autant de pétrole.
33:27 Non, mais je pense que ce qu'elle a en tête...
33:29 C'est la tension géopolitique qu'il mettrait ?
33:31 Oui, la tension géopolitique.
33:33 Il va aller soutenir Israël à 500 %,
33:35 ça va s'enflammer, etc.
33:37 Je pense que c'est ça qu'ils ont en tête.
33:39 Après, moitié de personnel, je pense que c'est quand même...
33:41 Ce n'est pas le game changer absolu ?
33:43 Non, c'est un peu surjoué.
33:45 Parce que Trump ne sera pas le même Trump que la dernière fois.
33:47 On part de déficits publics
33:49 bien plus élevés, ça ne sera pas exactement
33:51 la même dynamique. Le marché sera aussi
33:53 inquiet, par exemple, des aspects budgétaires
33:55 aux USA, donc par exemple l'impact dollar...
33:57 Je reviendrai avec "on va baisser tous les impôts,
33:59 on va mettre les impôts à zéro", ce serait moins bien perçu
34:01 qu'en 2016.
34:03 Après, il y a aussi la deuxième question qu'il aura derrière,
34:05 c'est est-ce qu'il aura tout le Congrès pour lui ?
34:07 Il y a plus de chances si c'est
34:09 les Républicains qui aient le Congrès, mais ce n'est pas encore donné aussi.
34:11 Donc, ça aussi, ça va beaucoup jouer.
34:13 Si on a un gouvernement divisé,
34:15 bon, ce sera...
34:17 No news pour le marché, quoi.
34:19 Ce ne sera pas "no news", mais ce sera déjà un Trump beaucoup plus gentil
34:21 par rapport à certains sénaux
34:23 dont la garde a en tête.
34:25 Moi, je pense qu'il y a deux promesses,
34:27 en réalité, chez Trump.
34:29 La première, c'est qu'il est élu et qu'il met des taxes
34:31 à l'importation de 10% sur l'ensemble des importations.
34:33 Donc, ça, évidemment, c'est
34:35 négatif croissance, positif inflation.
34:37 Le calcul, c'est 10%,
34:39 ça, c'est l'équivalent d'une taxe
34:41 comme ça sur l'ensemble des importations.
34:43 Un calcul de comptable, c'est un point d'inflation
34:45 en plus aux USA. C'est 0,3% d'inflation
34:47 en plus en Europe, etc.
34:49 Ça va se diffuser. Donc, c'est inflationniste
34:51 quand même, ce truc-là.
34:53 La deuxième promesse de Trump, c'est, dès le premier jour,
34:55 de sortir de la COP21 et d'interdire
34:57 les voitures électriques, mais surtout,
34:59 il dit qu'il ouvrirait
35:01 les terres fédérales
35:03 à l'exploitation de pétrole. Vous l'avez très bien dit.
35:05 Ils sont déjà au top de ce qu'ils peuvent produire
35:07 les Etats-Unis, mais quand même, c'est pour ça
35:09 que ce n'est pas si évident que ça, que ça va se monter le pétrole,
35:11 puisque, quelque part, ce qu'annonce Trump, c'est plutôt...
35:13 - Distribution de permis pour tout le monde.
35:15 - C'est déjà ce qui se passe. C'est-à-dire que les Etats-Unis
35:17 compensent les baisses de production de l'OPEP
35:19 et de la Russie. Et donc, finalement,
35:21 Trump élu, c'est peut-être un prix du pétrole qui baisse,
35:23 parce qu'il y a plus d'offres. Moi, je ne suis pas...
35:25 Je ne suis pas persuadé que ça ferait monter le pétrole.
35:27 En revanche, il y aura peut-être des effets de dollars,
35:29 risques géopolitiques, etc.
35:31 D'après ce qu'il a dit aussi,
35:33 en un jour, je résous la crise
35:35 ukrainienne, c'est-à-dire, grosso modo, j'arrête la livraison
35:37 d'armes et Poutine... Bienvenue en Ukraine.
35:39 Poutine, quelqu'un de formidable, comme il a dit
35:41 Trump à plusieurs reprises. La réalité
35:43 est que faire Trump, c'est sans doute pas ça.
35:45 Il n'arrivera pas forcément à faire ça. C'est pas du tout évident
35:47 qu'il n'y ait pas autre chose qu'un split Congress de nouveau.
35:49 On peut même, d'ailleurs, le souhaiter sans doute.
35:51 Il ne se passerait pas grand-chose. En revanche, il y a bien un truc
35:53 sur lequel ils vont tous se mettre d'accord, c'est de prolonger
35:55 les baisses de taux d'impôt sur
35:57 les sociétés, de taux d'impôt
35:59 en général. Et ça, clairement,
36:01 Trump va le faire.
36:03 Et ça, je pense que ça a beaucoup moins d'impact
36:05 ni sur la croissance, finalement,
36:07 ni sur l'inflation. En revanche,
36:09 ce sera plutôt favorable à l'action US.
36:11 - Petite parenthèse, là. Que disent les équipes
36:13 de Natixis en Asie sur...
36:15 Alors, les résultats Taïwan, présidentiel
36:17 plus parlementaire, la manière dont
36:19 les marchés ont réagi, la manière dont Pékin
36:21 a pu réagir. - Nous, on avait mis
36:23 une probabilité de 5% sur l'invasion de Taïwan
36:25 par rapport à la Chine. - Quand même !
36:27 - Toutes petites probabilités
36:29 par rapport à ce qu'on pouvait entendre ici ou là.
36:31 Aujourd'hui, après ce résultat, finalement,
36:33 entre l'élection, qui était assez attendue,
36:35 qui est en tête dans les sondages depuis un moment,
36:37 ce qui est assez nouveau, c'est quand même
36:39 ce qui se confirme, en tout cas, c'est un Congrès
36:41 assez divisé. Donc, moi, je pense
36:43 qu'il y aura une espèce de statut court. En revanche, on voit
36:45 bien que chaque mois qui passe,
36:47 chaque année qui passe, mais surtout chaque mois qui passe,
36:49 l'administration chinoise est de plus en plus
36:51 sur une ligne dure. Elle assume
36:53 d'être un peu sur une ligne dure,
36:55 beaucoup plus qu'il y a deux ans.
36:57 Et donc, comme déjà, on a vu d'un record
36:59 d'intrusion dans l'espace aérien
37:01 taïwanais, dans les eaux taïwanaises,
37:03 il suffit d'en parler aux Philippines
37:05 de ce qui se passe chez eux. Bon, il y a
37:07 quand même une agressivité de la Chine
37:09 dans sa politique étrangère, qui est
37:11 beaucoup plus assumée. Et donc, je ne vois pas
37:13 comment ça pourrait faire exception. Alors, en plus, qu'on a une croissance
37:15 qui est en train de ralentir en Chine, on va passer de 5 à 4,
37:17 etc. À Xi Jinping
37:19 qui se durcit un petit peu, moi, je crois
37:21 qu'on va quand même voir des manifestations,
37:23 un moment "pélodzi", si on peut dire,
37:25 quand un petit "pélodzi" est visité en Taïwan,
37:27 où on va voir un peu des réactions
37:29 comme ça de la Chine, avec des manœuvres,
37:31 des choses qui, évidemment, peuvent un petit peu
37:33 faire monter le niveau de danger
37:35 en mer de Chine, avec les
37:37 croiseurs américains, etc. Mais honnêtement,
37:39 je ne crois pas que ce soit à même de changer...
37:41 - Ce n'est pas le grand soir, là, maintenant, tout de suite ?
37:43 - Non, je ne crois pas du tout, encore une fois,
37:45 la Taïwan, si c'est une
37:47 invasion de Taïwan
37:49 par la Chine, ce sera à la mode Hong Kong, à mon avis.
37:51 Ce ne sera pas du tout sur le plan militaire.
37:53 - Oui, au-delà du Canada, c'est plus
37:55 comment la Chine récupérera Taïwan.
37:57 - Il vient de virer la moitié de son État-major,
37:59 ce n'est pas le moment de se lancer dans une guerre incertaine.
38:01 - Julien, je reviens avec vous.
38:03 Oui, sur les marchés obligataires,
38:05 l'idée que, ce que vous décriviez, les premières
38:07 émissions d'obligations souveraines, notamment
38:09 en Europe, ont été massivement
38:11 sursouscrites ces derniers jours,
38:13 ces dernières semaines. Pour revenir sur
38:15 le risque Trump,
38:17 le risque supply, également, avec
38:19 des programmes, des missions majeures,
38:21 et en Europe, et aux États-Unis,
38:23 comment ce facteur supply,
38:25 l'émission de titres
38:27 d'État, quelle influence
38:29 est-ce que ça va avoir sur les marchés obligataires ?
38:31 Aujourd'hui, il y a une demande faramineuse en face,
38:33 tout va bien. Est-ce qu'à un moment,
38:35 avec, je ne sais pas, un nouveau
38:37 locataire à la Maison Blanche, est-ce que ça peut
38:39 devenir un problème ? - Alors, on l'a vu,
38:41 ça peut devenir un problème. On l'a vu l'année dernière,
38:43 en fin d'année, au dernier trimestre,
38:45 on a eu une émission de 30 ans
38:47 américain qui n'est pas très bien
38:49 passée. On a eu un mouvement de tension sur la courbe,
38:51 notamment sur les parties longues,
38:53 qui ne s'est pas fait attendre.
38:55 Ça aussi, je pense qu'on l'évoquait tout à l'heure,
38:57 ça a mis la puce à l'oreille, certainement,
38:59 à la Fed et au Banque
39:01 centrale. C'est qu'il y a un moment
39:03 où des niveaux de taux
39:05 trop élevés vont poser
39:07 problème à ces États
39:09 qui n'ont cessé de se ré-endetter, quand même,
39:11 post-Covid, pour financer les programmes...
39:13 - On interroge la soutenabilité des
39:15 finances publiques américaines à ce niveau-là.
39:17 - Tout à fait, c'est très clair. Il faut savoir que
39:19 les US
39:21 atteignent bientôt
39:23 30 000 milliards de
39:25 stocks de dette. Cette année, ils vont émettre
39:27 plus de
39:29 1 300 milliards de dollars.
39:31 En face de ça,
39:33 on met un bilan de la Fed qui est censé
39:35 se réduire.
39:37 En zone euro, on l'évoquait tout à l'heure,
39:39 pour l'instant, les promesses de
39:41 Tapering sont plutôt timorées, mais il se pourrait qu'elles se
39:43 renforcent prochainement en zone euro, également.
39:45 Ça, ça va participer évidemment au
39:47 renchérissement des taux.
39:49 Il y a un moment où, en fait, quand on a
39:51 une demande d'investissement qui, selon nous,
39:53 est assez forte,
39:55 et finalement, un investissement,
39:57 une épargne qui progresse
39:59 à une vitesse un peu moins élevée, là, justement,
40:01 se fait par le taux. Et donc, il va se faire par le taux,
40:03 plutôt à la hausse, selon nous. - Est-ce que ça veut dire, Julien,
40:05 que même en cas de récession
40:07 aux Etats-Unis, je ne parle pas d'un événement majeur,
40:09 on a tous en tête les récessions
40:11 de 2007-2009, qui est une référence
40:13 un peu en dehors des standards
40:15 historiques, mais même en cas de récession
40:17 aux Etats-Unis, ce n'est pas évident que les taux baissent
40:19 autant que ce qu'on imagine ?
40:21 - Disons qu'on aura des contre-pouvoirs.
40:23 En fait, dans la définition, dans la fixation du prix
40:25 des taux, on a les parties
40:27 courtes qui viennent ancrer la courbe de taux
40:29 et puis ensuite, on a, sur la partie
40:31 sous, sur le souverain, l'offre et de la demande.
40:33 Et dans la demande, ces dernières années,
40:35 on a eu massivement ce bilan, qui, depuis 2007,
40:37 est venu écraser
40:39 complètement la fixation des prix, est venu
40:41 "administrer", comme on le dit dans le jargon
40:43 financier, la fixation
40:45 des prix. Eh bien, voilà,
40:47 avec les banques centrales qui sortent,
40:49 on converge vers les fondamentaux,
40:51 donc on a un peu moins d'administration
40:53 et donc on doit aller vers cette convergence.
40:55 On a des modèles chez Groupama, cette management,
40:57 qu'on appelle les modèles séculaires,
40:59 qui définissent un niveau d'équilibre
41:01 des taux, des taux longs aux US
41:03 et en zone euro,
41:05 sans la composante bilan, partant du principe
41:07 qu'on a une normalisation complète du bilan.
41:09 Eh bien là, on a des taux d'équilibre aux Etats-Unis
41:11 qui sont de l'ordre de 5 à 5,5 sur du
41:13 10 ans, à horizon un an ou deux.
41:15 Donc, c'est pas loin des niveaux qu'on avait
41:17 atteints, d'ailleurs, il y a encore quelques temps,
41:19 en octobre. Donc ça pour dire que oui,
41:21 en effet, on peut avoir ces phénomènes de tension,
41:23 après, en cas de récession majeure aux Etats-Unis,
41:25 évidemment, la Banque Centrale, ça a été dit tout à l'heure,
41:27 procédera à des baises de taux qui seront agressives
41:29 et ça viendra soulager. Mais, in fine,
41:31 c'est peut-être ce à quoi les banques centrales seront
41:33 confrontées, c'est qu'on mène une mesure
41:35 restrictive aujourd'hui pour lutter contre les pressions inflationnistes
41:37 alors qu'en même temps, en face, on a des mesures de relance.
41:39 Alors que, souvenez-vous, Mario Draghi,
41:41 pendant des années, a appelé ses voeux des mesures
41:43 de relance fiscale qui ne venaient pas, lui
41:45 déployant toutes les liquidités possibles au niveau de la sphère
41:47 financière pour relancer
41:49 cette activité et les perspectives
41:51 reflationnistes. Voilà, et là, aujourd'hui, on a l'inverse.
41:53 Donc, il serait temps que les politiques fiscales
41:55 et monétaires s'entendent pour qu'on ait
41:57 une collaboration plus cohérente
41:59 et vertueuse. J'aime bien l'idée
42:01 du policymix vertueux.
42:03 Positionnement,
42:05 comment on gère la situation en matière de
42:07 stratégie, d'investissement ou même de tactique
42:09 peut-être, après le rallye monstre
42:11 de novembre-décembre qui a peut-être amputé
42:13 en partie, en tout cas, ce qu'on pouvait espérer
42:15 de 2024, Pierre-Olivier ?
42:17 - Sur les actions, je pense
42:19 qu'il y a sans doute...
42:21 Je parle d'abord des actions américaines, parce qu'après, on peut parler du relatif
42:23 Europe, mais je pense qu'il y a encore une
42:25 patte d'os.
42:27 - Portée par qui ?
42:29 - Simplement, je pense que... - Le marché global, quoi ?
42:31 - Oui, non, mais je pense qu'on a eu le short squeeze,
42:33 ça, c'était novembre-décembre.
42:35 Voilà, maintenant, je pense qu'on est un peu dans le
42:37 "wall of worry", c'est-à-dire que
42:39 tout le monde est inquiet, le positionnement
42:41 est très d'un côté, si il va nous arriver
42:43 quelque chose sur la figure, etc.
42:45 Voilà, bon, je pense que le marché...
42:47 - Mais il faut être équilibré sur la position
42:49 actions US, ou on se laisse encore porter par
42:51 quelques magnifiques
42:53 versus le reste du monde ? - Ce qui est bien, en plus,
42:55 chez les US, c'est que c'est un poil plus défensif que le reste.
42:57 Donc, on aime bien, en plus.
42:59 Donc, moi, je trouve que les US, il n'y a pas de raison
43:01 qu'on n'aille pas... - Croissance, quoi.
43:03 - Assez vite, en fait.
43:05 Après, je suis un peu plus inquiet. Moi, si j'avais
43:07 un moment où je deviendrais le plus short du marché,
43:09 c'est si vraiment la Fed
43:11 bête ses taux en mars.
43:13 - C'est un peu ce que vous nous disiez tout à l'heure.
43:15 - C'est un peu ce que vous nous disiez tout à l'heure. - D'accord.
43:17 - Donc, il y a un avant-après, quoi.
43:19 Et un cut plutôt trop tôt, ça peut aussi...
43:21 - C'est pas que c'est trop tôt, c'est que je pense
43:23 qu'une fois que la Fed...
43:25 - M'aura tout loué ? - C'est un scelle en de-news.
43:27 Aujourd'hui, on s'inquiète. "Oh là là, mais
43:29 il y a trop de cuts pricés, etc."
43:31 Je ne suis pas sûr que le marché va arriver à dé-pricer
43:33 les cuts de fin d'année où les gens s'inquiètent.
43:35 - Le pricing se confirme, y compris après les données
43:37 qu'on a pu avoir de CPI ou autres.
43:39 Le marché confirme...
43:41 - La partie longue serait bien pricée à court terme.
43:43 Est-ce que... Je sais pas, le taux américain,
43:45 entre 3,8 et 4,5, je dirais...
43:47 - La vérité est là, quoi.
43:49 - La vérité est là.
43:51 On est à 4. On s'inquiète un peu quand on est au-dessus,
43:53 quand on est en dessous. Je veux dire,
43:55 qu'est-ce qui va faire vraiment changer le marché de ça ?
43:57 Oui, s'il y a une récession, on va aller
43:59 à 3,3, 2,7, on va aller beaucoup baisser.
44:01 Il faut une récession, mais là, il n'y a rien dans les chiffres.
44:03 Je veux dire... Je ne pense pas que ça soit encore le sujet.
44:05 Et pour remonter encore, il faut se dire
44:07 "Ah, mais l'inflation réaccélère."
44:09 Mais bon, comme tu l'as rappelé,
44:11 il y a des effets un peu tactiques, voilà,
44:13 donc on peut un peu s'inquiéter. Mais grosso modo,
44:15 la direction de l'inflation, elle est quand même assez claire.
44:17 Donc je trouve que la partie longue est assez bien pricée.
44:19 Je pense que ça fait sens pour les investisseurs...
44:21 Bon, moi, je suis un H-fund, donc évidemment,
44:23 je regarde ça la semaine, donc je me dis
44:25 "Là, c'est un peu trop tôt pour me mettre long de duration",
44:27 mais je comprends que les investisseurs...
44:29 - Oui, ça arrive à se projeter sur cette idée-là, bien sûr.
44:31 - On arrive sur l'idée que de toute façon,
44:33 on n'est plus dans la phase du hausse des taux, etc.
44:35 Donc voilà, c'est un peu le scénario que j'ai.
44:37 - D'accord, j'aime bien l'idée, ouais.
44:39 7 mars, si la fête baisse ses taux le 7 mars,
44:41 il faudra bien comprendre pourquoi,
44:43 et peut-être qu'on changera de régime de marché à ce moment-là.
44:45 - Exactement.
44:47 - Historiquement, une baisse des taux est suivie d'une baisse des actions.
44:49 Mais, encore une fois, les modèles du passé
44:51 ne préjugent pas de l'avenir. Pourquoi ?
44:53 Parce qu'en général, quand la fête baisse ses taux,
44:55 c'est qu'on annonce une récession. Or là, c'est juste que l'inflation
44:57 qui était anormalement haute... - C'est ce qu'ils nous disent.
44:59 - C'est pas à cause d'une récession qu'on baissera les taux,
45:01 c'est parce que l'inflation continuera
45:03 à baisser encore dans le dernier kilomètre.
45:05 Un mot rapide de positionnement obligataire,
45:07 ou de la logique obligataire qui vous anime aujourd'hui, Julien ?
45:09 - Oui, alors nous, sur le positionnement obligataire,
45:11 en fait, on est rentré, là, dans l'année 2024,
45:13 avec un positionnement plutôt short sur les taux,
45:15 compte tenu de notre scénario.
45:17 Nous, on pense qu'on va avoir de la volatilité
45:19 sur le marché obligataire, compte tenu, justement,
45:21 de ce scénario, déjà, de cette dissonance
45:23 entre Banques Contraires Européennes et FED,
45:25 et puis, peut-être, en effet, compte tenu d'une FED
45:27 qui pourrait être surprise par la résistance,
45:29 quelque part, de l'inflation au cours de l'année 2024.
45:31 Donc, à minima, on pourrait avoir
45:33 un peu de repricing, justement, sur ces attentes
45:35 de cut qui sont extrêmement agressives,
45:37 et si repricing il y a sur les attentes de cut,
45:39 on le sait, sur les actions et sur le crédit,
45:41 eh bien, on verra peut-être des points d'entrée
45:43 favorables au cours de l'année, en tout cas,
45:45 un regain de volatilité, et donc, on rentre dans l'année
45:47 avec une position légèrement positive crédit,
45:49 mais on s'attend à pouvoir repondérer nos actifs crédits
45:51 au cours de l'année.
45:53 - On a fait un tour de Réunion Banque Centrale, fin janvier, début février.
45:55 C'est le 25 janvier pour la BCE,
45:57 le 30 et 31 janvier pour la FED,
45:59 le 1er février pour la Banque d'Angleterre,
46:01 et ensuite, les meetings de mars
46:03 avec les projections du staff, etc.
46:05 Alors, la BCE, c'est 7 mars, je crois,
46:07 et ce que j'ai noté, c'est que la FED,
46:09 c'est le 19 et 20 mars pour la Réserve fédérale américaine.
46:11 Merci à vous trois.
46:13 Merci d'avoir été des invités de Planète Parché.
46:15 Ce soir, Julien Moutier, Groupama Asset Management,
46:17 Pierre-Olivier Béfy, Boussard et Gavaudan,
46:19 Jean-François Robin, Natixis.
46:23 Chaque lundi, place à l'actualité américaine,
46:29 l'actualité des entreprises et l'actualité politique,
46:31 bien sûr, avec notre cardeur américain
46:33 et Pierre-Yves Dugas, notre correspondant américain,
46:35 avec nous en visioconférence,
46:37 commençons par les affaires industrielles
46:39 et cette nouvelle séquence
46:41 compliquée pour Boeing,
46:43 quelques jours après
46:45 l'accident du 737 MAX 9
46:47 opéré par Alaska Airlines.
46:49 Écoutez, depuis cette catastrophe
46:55 et depuis le début
46:57 de l'enquête
46:59 qui est menée par le Bureau fédéral
47:01 des accidents, organisme
47:03 indépendant de
47:05 Federal Aviation Administration,
47:07 organe donc indépendant de l'organe
47:09 régulateur de Boeing,
47:11 trois éléments nouveaux
47:13 sont intervenus.
47:15 D'abord, d'un point de vue
47:17 purement commercial, la Chine,
47:19 très très discrètement,
47:21 les clients chinois du Boeing 737
47:23 qui étaient tout contents de recevoir
47:25 bientôt leurs nouveaux appareils,
47:27 font savoir,
47:29 avec un profil relativement bas,
47:31 car ils sont très embarrassés,
47:33 qu'ils ne vont pas exploiter ces avions tout de suite,
47:35 ils vont procéder à de longues inspections.
47:37 Longues inspections qui sont,
47:39 d'ailleurs, exigées dans un second temps
47:41 par les autorités réglementaires chinoises.
47:43 Il avait fallu 4 ans
47:45 pour que la Chine accepte
47:47 à nouveau les 737 MAX
47:49 à la suite du deuxième accident
47:51 tragique de Ethiopian Airlines,
47:53 c'était il y a un an, en janvier 2023,
47:55 la Chine acceptait à nouveau
47:57 ces avions, donc de nouveau
47:59 suspension de
48:01 l'exploitation des 737,
48:03 quels que soient leurs modèles,
48:05 des 737 MAX, pardon,
48:07 quels que soient leurs modèles, nouvelles inspections,
48:09 commercialement, Boeing n'avait pas
48:11 besoin de ça,
48:13 et ça intervient bien évidemment dans ce contexte
48:15 des relations commerciales et politiques
48:17 qui sont très très tendues entre
48:19 Pékin et Washington.
48:21 Deuxième élément nouveau,
48:23 la FAA, donc le
48:25 régulateur
48:27 de l'aviation civile
48:29 américaine, a lancé
48:31 un audit général de toutes
48:33 les pratiques de fabrication
48:35 et d'inspection des avions
48:37 neufs de
48:39 Boeing.
48:41 Ce qui est stupéfiant,
48:43 on pourrait presque dire
48:45 maléfique, c'est que jour
48:47 pour jour,
48:49 le 6 janvier 2021,
48:51 donc trois ans avant
48:53 l'accident
48:55 tragique d'Alaska Airlines,
48:57 le département de la justice signait
48:59 avec Boeing
49:01 "deferred prosecution agreement",
49:03 un argument
49:05 de poursuites différées
49:07 qui prévoyait que Boeing ne soit
49:09 pas poursuivi au pénal, que
49:11 personne n'irait en gros en prison
49:13 chez Boeing, à condition que
49:15 Boeing, un, verse beaucoup d'argent
49:17 aux constructeurs et aux familles des victimes,
49:19 deux, un petit peu aussi
49:21 sous forme punitive
49:23 au département de la justice, pas beaucoup
49:25 d'ailleurs, moins de 250
49:27 millions, et
49:29 que pendant
49:31 ces trois ans, Boeing
49:33 se plie
49:35 à un respect extrêmement
49:37 strict de tous ces nouveaux engagements
49:39 de vérification, de sécurité,
49:41 etc. A quelques
49:43 heures près, Boeing allait être libérée
49:45 de cet engagement et
49:47 l'accident tragique
49:49 d'Alaska Airlines, qui n'a fait aucune victime, c'est vrai,
49:51 est intervenu.
49:53 Il y a quelque chose d'assez
49:55 stupéfiant dans le timing
49:57 de cette affaire,
49:59 parce que, du coup,
50:01 tout cet accord
50:03 de poursuites différées
50:05 est à nouveau suspendu, et on
50:07 attend de voir ce que le régulateur
50:09 américain peut éventuellement
50:11 trouver dans les
50:13 promesses qui sont censées
50:15 avoir été tenues par Boeing
50:17 depuis 2021.
50:19 Et bien évidemment, ce fournisseur
50:21 de ce
50:23 panneau qui cache la porte,
50:25 Société de Wichita,
50:27 Kansas,
50:29 Spirit Aerial Systems, qui appartenait
50:31 jusqu'en 2005 à Boeing,
50:33 dont Boeing s'est débarrassé, parce qu'à cette époque-là,
50:35 on vendait tout ce qu'on pouvait
50:37 au private equity en pensant pouvoir dégager
50:39 Boeing de toutes ses contingences
50:41 industrielles pour
50:43 se concentrer sur l'innovation et
50:45 le marketing. Énorme erreur industrielle
50:47 de l'avis général maintenant.
50:49 Cette porte, ce panneau
50:51 a été assemblé,
50:53 c'est vrai, dans le Kansas,
50:55 comme l'essentiel du fuselage du
50:57 737 MAX 9,
50:59 ensuite mis sur un train
51:01 et 1 500 m plus loin.
51:03 Ce panneau est à nouveau
51:05 enlevé dans l'usine de Renton
51:07 par Boeing pour
51:09 installer à l'intérieur de l'avion tous les
51:11 équipements. Donc il n'est pas
51:13 évident que
51:15 la Société Spirit Aerial Systems soit
51:17 responsable de ces boulons que l'on a
51:19 retrouvés dans une dizaine d'avions neufs
51:21 et qui ont été mal serrés.
51:23 Peut-être que c'est directement la responsabilité
51:25 des ouvriers de Boeing,
51:27 c'est comme ça que l'enquête va le dire.
51:29 - Crise grave quand même, Indec. On touche à des questions
51:31 de safety, de sécurité dans une
51:33 industrie comme l'aéronautique. Évidemment,
51:35 ça peut aller loin, très
51:37 loin et le marché en a bien conscience puisqu'on
51:39 a déjà un cours de bourse de Boeing
51:41 qui est en chute de plus de 15% depuis le 1er janvier,
51:43 sur les premières semaines de janvier, depuis
51:45 l'accident du
51:47 6 janvier dernier.
51:49 Voilà pour la page industrielle. Venons en à la page
51:51 politique, Pierre-Yves, avec
51:53 déjà une nouvelle importante puisqu'on
51:55 a beaucoup parlé du risque de shutdown,
51:57 de fermeture des administrations américaines
51:59 qui pesaient encore en ce début d'année
52:01 aux Etats-Unis.
52:03 Une nouvelle loi de dépense
52:05 a pu être votée
52:07 au Congrès pour repousser
52:09 cette échéance jusqu'au
52:11 mois de mars, peut-être. Je vous vois
52:13 lever le doigt, Pierre-Yves.
52:15 - C'est pas encore fait. - C'est pas encore fait.
52:17 - C'est pas encore fait.
52:19 Il faut que ça intervienne
52:21 avant vendredi minuit.
52:23 Au Sénat, c'est faisable.
52:25 À la Chambre, ça risque
52:27 d'être un petit peu plus compliqué.
52:29 Le nouveau Speaker de la
52:31 Chambre, M. Mike
52:33 Johnson, a accepté
52:35 quelque chose qui a mis en colère
52:37 - alors il est vrai qu'il se met en colère très facilement
52:39 la douzaine de Trumpistes à la
52:41 Chambre - qui les a mis en colère.
52:43 Il a repris à son compte le compromis
52:45 qui avait été négocié l'an dernier entre son
52:47 prédécesseur, Kevin McCarthy, et le
52:49 président Biden, pour fixer
52:51 les dépenses discrétionnaires à
52:53 1 660 milliards de dollars.
52:55 Juste un petit pas en arrière,
52:57 ces dépenses discrétionnaires
52:59 ne concernent que ce que le Congrès
53:01 doit explicitement voter ou tolérer.
53:03 L'essentiel des dépenses
53:05 fédérales américaines échappe à ce contrôle.
53:07 C'est plus de 4 000 milliards de plus.
53:09 En acceptant cela, le principe
53:13 de ce plafond de 1 660
53:15 milliards, ce que
53:17 Michael Johnson essaie de faire,
53:19 c'est de respecter la Constitution
53:21 américaine et les procédures classiques
53:23 qui veulent que les douze lois de finance
53:25 qui constituent le budget soient votées
53:27 par les deux chambres, dans les deux
53:29 cas. Plutôt que le système qui
53:31 est effectivement en vigueur depuis des années,
53:33 où on ne les vote jamais, mais
53:35 on vote une énorme loi qui
53:37 met tout dedans, cette fameuse
53:39 "Omnibus Bill", avec des tas
53:41 de compromis, plus ou moins d'ailleurs
53:43 cachés et
53:45 illisibles, des lois de 2 000 pages
53:47 que personne ne peut lire.
53:49 C'est très bien en principe, et c'était
53:51 nécessaire parce qu'en reprenant ce
53:53 compromis négocié l'an dernier
53:55 avec Joe Biden,
53:57 on évite les coupures automatiques.
53:59 Il y a des conservateurs au sein des
54:01 partis républicains qui ne voulaient pas qu'on ait des coupures
54:03 automatiques dans le budget militaire.
54:05 Le problème, c'est que
54:07 pour mettre
54:09 en place ce système de vote
54:11 des douze lois, il faut beaucoup de temps,
54:13 et on n'a pas le temps d'ici vendredi
54:15 de négocier tout ça, donc il va falloir
54:17 rallonger la sauce encore du temporaire
54:19 jusqu'à début mars, par
54:21 une nouvelle "continuing resolution"
54:23 qui probablement sera passée au Sénat,
54:25 mais qui à la Chambre va être difficile
54:27 à passer, parce que, alors là c'est de l'arithmétique,
54:29 c'est invraisemblable, mais c'est comme ça,
54:31 la très courte majorité
54:33 républicaine à la Chambre
54:35 est en train de fondre comme neige au soleil,
54:37 et Dieu sait s'il fait froid en ce
54:39 moment à Washington. Pourquoi ?
54:41 Kevin McCarthy
54:43 est parti.
54:45 Donc une voix républicaine de moins
54:47 dans cette courte majorité républicaine.
54:49 George Santos a été
54:51 exclu, donc
54:53 il n'est plus là pour voter avec les républicains
54:55 tant qu'il n'a pas été remplacé dans sa circonscription
54:57 de l'État de New York. Et on a un troisième
54:59 Johnson, Bill cette fois-ci,
55:01 de l'Ohio, qui le 21 janvier
55:03 va partir en retraite. Les républicains
55:05 ne peuvent plus supporter que
55:07 deux abstentions dans
55:09 leur propre camp s'ils veulent faire passer
55:11 une résolution continue. Donc ils vont avoir
55:13 besoin plus que jamais de quelques
55:15 voix démocrates, et cette fois-ci les démocrates
55:17 sont prêts à sauver la peau, au moins
55:19 jusqu'au début mars, de Kevin McCarthy.
55:21 Mais c'est l'humiliation suprême
55:23 pour Mike Johnson, pardon,
55:25 de devoir compter
55:27 sur le bon vouloir de quelques démocrates
55:29 pour sauver sa peau jusqu'au début mars.
55:31 Un point
55:33 important.
55:35 Mike Johnson parle régulièrement au téléphone
55:37 avec Donald Trump.
55:39 Donald Trump, a priori,
55:41 ne souhaite pas qu'il y ait de shutdown
55:43 pendant les primaires de New Hampshire la semaine prochaine,
55:45 et
55:47 reporte au mois de mars
55:49 un éventuel shutdown. Je pense que
55:51 l'une des clés pour comprendre
55:53 ce changement de calendrier, cette réduction
55:55 de la majorité républicaine,
55:57 c'est l'acquiescement
55:59 très discret
56:01 de Trump
56:03 pour éviter le shutdown pour le moment.
56:05 Mais on en reparlera au mois de mars.
56:07 Oui, oui, oui.
56:09 Il serait très content de voir, comme il l'a dit,
56:11 l'économie américaine se crasher dans les 12 mois.
56:13 Après, il y a quand même un peu
56:15 de tactique et de calendrier électoral
56:17 qu'il faut considérer, effectivement,
56:19 dans ces affaires
56:21 à Washington et au Congrès, Pierre-Yves.
56:23 Un mot, effectivement, du coup d'envoi
56:25 avec le caucus de l'Iowa
56:27 qui donne le coup d'envoi du processus de sélection
56:29 du candidat ou de la candidate
56:31 républicaine pour cette élection
56:33 présidentielle.
56:35 Qu'est-ce qu'on peut dire
56:37 à ce stade ? J'ai vu que Chris Christie
56:39 avait quitté la course, jeté l'éponge.
56:41 Est-ce qu'il a soutenu
56:43 un ou une candidate potentielle
56:45 à cette élection ?
56:47 Et que peut-on dire du
56:49 trio de têtes ? Alors avec
56:51 Trump très devant et
56:53 Nikki Haley en seconde position
56:55 pour ce caucus de l'Iowa.
56:57 Alors la semaine dernière, je vous disais, la course
56:59 dans l'Iowa, c'est la course pour le numéro 2.
57:01 Est-ce que ça sera des synthèses au Nikki Haley ?
57:03 A priori, Nikki Haley
57:05 va devancer des synthèses. Je ne serai pas surpris
57:07 que des synthèses
57:09 se laissent tomber.
57:11 C'est ce que vous disiez, s'il n'est pas numéro 2
57:13 sur l'Iowa et au New Hampshire,
57:15 il jettera l'éponge
57:17 directement. Ce serait en tout cas le choix
57:19 rationnel pour Ron DeSantis.
57:21 Absolument. S'il
57:23 est troisième dans l'Iowa, c'est une
57:25 très mauvaise nouvelle parce qu'en plus il a le soutien
57:27 d'un gouverneur assez
57:29 populaire local. Et alors
57:31 peut-être attendra-t-il le New Hampshire
57:33 pour voir s'il arrive à sauver les choses.
57:35 Le départ
57:37 de l'ancien gouverneur
57:39 du New Jersey
57:41 est une bonne nouvelle pour
57:43 Nikki Haley parce que c'est
57:45 un républicain
57:47 relativement modéré par rapport à
57:49 Trump en tout cas. Et l'essentiel des gens
57:51 qui s'intéressaient à Chris Christie
57:53 se reporteront sur
57:55 Nikki Haley, en particulier
57:57 dans le New Hampshire.
57:59 Et l'espoir bien sûr
58:01 de Nikki Haley serait de battre
58:03 Donald Trump dans le New Hampshire ou de
58:05 s'approcher considérablement de lui
58:07 ce qui d'après les sondages n'est pas encore
58:09 le cas. Mais de plus
58:11 en plus on pense que
58:13 si quelqu'un peut battre
58:15 Donald Trump, ce qui apparaît peu
58:17 ressemblable, mais si quelqu'un
58:19 peut le battre, ça serait Nikki Haley.
58:21 Bon et bien nous suivrons
58:23 ça effectivement au fil de
58:25 l'eau avec ce jour
58:27 symbolique et ce caucus de l'AOA qui
58:29 lance de facto
58:31 la course à la candidature
58:33 républicaine pour cette élection présidentielle.
58:35 Merci beaucoup Pierre-Yves. Pierre-Yves Dugas
58:37 avec nous chaque lundi
58:39 pour ce quart d'heure américain dans
58:41 Smartbourses sur Bsmart et à
58:43 retrouver bien sûr en replay
58:45 sur bsmart.fr ou en podcast
58:47 sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
58:49 [Musique]

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