Claude Obadia : «On voit l’avènement de ce que Jaurès appelait la dissociété, dans laquelle il n’y a plus de société, il n’y a plus de solidarité, il n’y a plus de partage et plus de respect»

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L’agrégé de philosophie Claude Obadia a pris en exemple sur CNEWS le terme de «dissociété» utilisé par Jean Jaurès afin de justifier le contexte social actuellement tendu en France avec une forte montée des actes de violence.

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00:00 Et par-delà la question spécifique de l'accueil des mineurs isolés,

00:04 la question qui doit se poser, c'est la question des sources de cette violence gratuite,

00:08 de cette violence aveugle.

00:10 Alors on peut incriminer, on peut imputer cette violence aux discriminations sociales,

00:15 aux injustices, aux inégalités,

00:17 mais derrière cette violence aveugle qui touche en fait l'ensemble des territoires,

00:22 il y a une crise beaucoup plus profonde, qui est une crise de sens,

00:25 qui est une crise du sens, et cette crise du sens,

00:28 c'est une crise qui touche en fait la question même de la société,

00:31 qui est la question de savoir ce que c'est que faire société,

00:34 ce que c'est que vivre en société.

00:36 Je pense que ce déchaînement de violence ne montre qu'une chose,

00:40 c'est que sous l'effet d'un certain nombre de phénomènes historiques plus ou moins contemporains,

00:44 je pense à la sortie de la religion,

00:45 je pense à la faillite du communisme historique,

00:49 je pense au progrès du libéralisme politique, économique,

00:52 je pense aussi au triomphe du capitalisme,

00:55 pour toutes ces raisons conjointes et qui se conjuguent de façon inédite

01:00 dans les démocraties occidentales depuis maintenant plusieurs décennies,

01:04 eh bien on voit se dissoudre cette espèce de lien social,

01:08 et on voit l'avènement en fait de ce que Jaurès déjà il y a un siècle appelait la "dissociété",

01:14 c'est-à-dire une société dans laquelle il n'y a plus de société,

01:16 il n'y a plus de solidarité, il n'y a plus de partage, il n'y a plus de respect.

01:19 [Musique]

01:22 [SILENCE]

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