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  • 19/12/2023

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00:00 Bernard de Flessel, la COP 28 vient de se terminer à Dubaï.
00:03 Vous qui pour l'Assemblée nationale avez participé à de nombreuses COP,
00:07 pouvez-vous en faire le bilan pour nous, France ?
00:09 Oui, très volontiers.
00:11 J'ai eu le bonheur en tant que député de participer à de nombreuses COP,
00:14 une dizaine, et de travailler en fait
00:16 aux négociations internationales contre le réchauffement climatique.
00:19 Et très souvent, les éditorialistes, dès le lendemain, à chaud,
00:23 disaient "Oh là là, il y a de belles avancées".
00:26 Il y en a même qui disent "On a un accord historique".
00:28 C'est un peu le cas de celle de Dubaï.
00:30 Non, il n'y a pas d'accord historique.
00:32 Il y a des avancées, et COP après COP,
00:34 il faut rappeler qu'il y en a eu 28 quand même,
00:36 donc ça fait 28 ans qu'on travaille la question,
00:39 eh bien il y a des avancées, petit à petit, je dirais, pas après pas.
00:43 Alors celle-ci est intéressante parce qu'il y a une vraie avancée,
00:46 dans la mesure où on a gravé un peu dans le marbre,
00:49 dans la déclaration finale, c'est ce qui compte,
00:51 le fait qu'il faille sortir des énergies carbonées,
00:55 c'est-à-dire le charbon, le gaz et le pétrole.
00:57 Donc ça c'est plutôt bien, c'est la première fois finalement.
01:00 Même si la COP26, c'était juste il y a deux ans,
01:03 Glasgow, j'y étais, avait déjà dit "Il faut sortir du charbon".
01:07 Or on voit le résultat deux ans après,
01:09 la Chine, l'Inde, l'Allemagne utilisent toujours autant de charbon,
01:14 et donc je dirais qu'il faut tempérer nos ardeurs
01:17 et dire que c'est une politique des petits pas.
01:20 Puis la deuxième chose, c'est que cet accord,
01:22 car il y a accord, même s'il n'est pas historique,
01:26 est un accord qui n'est pas contraignant.
01:28 Il n'y a pas de contrainte sur les pays.
01:30 C'est-à-dire que les COP, c'est 194 pays,
01:33 tous les pays des Nations Unies,
01:35 mais il n'y a pas d'engagement formel.
01:38 Donc il n'y a pas d'engagement juridiquement contraignant.
01:41 Il n'y a pas d'objectif chiffré.
01:43 Alors ça c'est un petit souci.
01:45 Parce qu'on fait des déclarations, elles sont fortes,
01:47 on les retrouve dans une déclaration finale,
01:49 mais derrière il faut qu'il y ait un suivi.
01:51 Et donc ça, c'est vraiment cette ambition-là qu'il faut porter.
01:55 Revenons à la France.
01:56 Que peut faire notre pays pour lutter contre le réchauffement climatique
01:59 et ses conséquences ?
02:00 Déjà, il faut faire un petit point au niveau international.
02:03 Depuis la COP de Paris, la COP 21, 2015,
02:07 on avait fixé des objectifs,
02:10 ne pas dépasser une hausse de température d'un degré et demi,
02:14 voire deux degrés.
02:15 Aujourd'hui, on en somme où ?
02:16 Tous les experts du GIEC, en particulier du groupement
02:19 des experts internationaux, il y en a à peu près 1500,
02:24 disent que c'est plutôt une tendance à 3 degrés.
02:27 3 degrés, c'est énorme.
02:28 3 degrés, 3 degrés 1.
02:29 Il faut savoir que depuis la révolution industrielle,
02:31 depuis plus de 120 ans pratiquement, 150 ans,
02:34 l'augmentation est déjà de 1,2 degré.
02:37 Donc on est sur une tendance de 3 degrés.
02:39 3 degrés, ça bouleverse tous les équilibres.
02:42 On le voit d'ailleurs aujourd'hui,
02:43 on le voit avec les sécheresses, terrible.
02:46 On le voit avec les canicules,
02:47 on le voit avec les inondations,
02:49 on le voit avec les feux de forêt.
02:50 Bref, on sent très bien que cette augmentation,
02:54 si elle poussait les feux, passez-moi cette expression,
02:57 à 3 degrés ou 3,5 degrés,
02:59 serait très dévastatrice pour la planète.
03:01 Sur la France, la France a une position paradoxale.
03:04 En fait, en France, on a eu la chance de bénéficier
03:07 d'un mix énergétique depuis une quarantaine d'années,
03:10 de par les anciens, c'est De Gaulle qui lance le plan nucléaire,
03:13 qui est relayé à partir de 1974 et de la crise du pétrole.
03:17 Et on construit notre mix énergétique,
03:20 c'est-à-dire comment on fabrique notre électricité
03:22 avec énormément de nucléaire,
03:23 75% de notre électricité est issue du parc nucléaire,
03:27 12% de l'hydraulique, c'est-à-dire nos barrages,
03:29 on n'en parle pas assez.
03:30 Donc vous voyez que déjà, on a 87%,
03:32 on avait 87% d'électricité fabriquée
03:36 sans émissions de gaz à effet de serre, sans CO2.
03:40 Donc ce qui est remarquable, on est le seul pays
03:41 à d'ailleurs avoir ce mix énergétique.
03:43 Et puis ensuite, bien sûr, le solaire, l'éolien,
03:47 les énergies renouvelables.
03:49 Or, depuis une douzaine d'années,
03:50 depuis la période Hollande-Macron,
03:52 les choses ont changé.
03:53 Les choses ont changé parce qu'il y a eu
03:55 un coup d'arrêt au nucléaire,
03:58 et en particulier avec Hollande,
04:00 on a décidé, la France a décidé,
04:03 de limiter sa production d'électricité
04:05 par le nucléaire à 50%.
04:07 On a fermé Fessenheim.
04:09 Et donc on a été à contre-courant
04:10 de ce qu'il fallait faire.
04:11 Alors aujourd'hui, le président Macron
04:13 vient de faire une révolution à 360°,
04:15 il vient de dire "ça y est, depuis un an,
04:17 il faut repartir sur le nucléaire,
04:19 donc on lance un programme de construction
04:21 de 6 EPR, c'est très bien,
04:23 mais ça va produire des effets dans 15 ans".
04:25 Et on a mis à mal cette filière d'excellence.
04:28 Je dirais, la filière du nucléaire français
04:31 était une filière d'excellence.
04:33 Or, aujourd'hui, tous les jeunes ingénieurs
04:35 se détournent un peu de cette filière
04:36 parce qu'on a donné des signes négatifs
04:38 sur le nucléaire.
04:39 Or, ça y est, le nucléaire revient,
04:40 à la COP d'ailleurs de Dubaï,
04:42 hier, dans la décision finale,
04:44 il est refait utile,
04:46 une motion utile du nucléaire.
04:48 Et puis, en Europe, on s'aperçoit
04:50 que certains pays qui l'avaient quitté
04:51 reviennent, on pense par exemple à l'Italie
04:53 qui se repose des questions,
04:54 on pense à la Suède.
04:55 Seule l'Allemagne finalement est encore
04:57 hors du jeu de ce point de vue-là
04:58 et reste avec son énergie
05:00 qui est très carbonée
05:02 et très assise sur le charbon.
05:05 Donc, la France avait un atout,
05:08 avait une filière d'excellence,
05:10 avait fait des efforts considérables.
05:13 Elle a eu un petit faux-plat,
05:14 passez-moi cette expression,
05:15 et de nouveau on repart enfin, je dirais,
05:17 vers du mieux.
05:19 Donc, c'est un revirement
05:19 qui est un revirement salutaire.
05:21 Que veut faire en la matière
05:22 le parti de Xavier Bertrand,
05:24 nous France et vous en tant que secrétaire général ?
05:27 Notre parti est un parti,
05:29 je dirais, de réflexion, d'idée.
05:31 J'ai l'habitude de prendre cette formule
05:33 en disant on frotte nos cervelles
05:34 des façons à trouver des réactions
05:36 et des décisions concrètes
05:38 pour nos concitoyens.
05:39 Et en matière d'énergie,
05:41 il faut avoir une réflexion globale.
05:44 Donc, on réfléchit avec des experts,
05:45 avec des élus,
05:46 à une réflexion globale.
05:48 Quelle énergie pour la France
05:49 dans les 10, dans les 20,
05:50 dans les 30 prochaines années ?
05:52 Quel sera notre mix énergétique ?
05:54 Quelle sera, évidemment,
05:56 je dirais, notre indépendance énergétique,
05:59 notre autonomie stratégique ?
06:01 Donc, ça c'est la première chose.
06:02 Et puis ensuite,
06:03 retravailler la filière nucléaire,
06:04 c'est ce que je disais.
06:05 Redonner le goût à de jeunes ingénieurs
06:08 de s'engager dans cette filière.
06:10 Donc, c'est un effort de formation,
06:11 réfléchir sur les formations,
06:13 retourner dans les écoles d'ingénieurs,
06:15 réexpliquer pourquoi la filière du nucléaire
06:17 est très importante.
06:18 Il faut travailler sur,
06:20 évidemment, les énergies renouvelables.
06:22 Et puis ensuite, il faut, je crois,
06:24 travailler également sur l'hydrogène.
06:26 C'est la filière d'avenir.
06:28 L'hydrogène vert en particulier,
06:29 donc sans CO2,
06:30 sans fabrication de CO2.
06:32 Pour les transports lourds,
06:33 par exemple, pour les camions,
06:35 pour les bateaux,
06:36 pour les trains.
06:37 Ça, c'est une énergie de l'avenir.
06:40 Pour les automobiles
06:41 et pour les voitures,
06:42 c'est plutôt, évidemment,
06:43 l'énergie électrique.
06:45 Et puis aussi,
06:46 la décarbonation de l'industrie.
06:47 C'est fondamental.
06:48 Il faut que notre réindustrialisation
06:51 qui est en train de se passer en France
06:53 soit décarbonée
06:54 de façon à avoir un avantage compétitif.
06:56 Ça, c'est important.
06:57 Sans transition énergétique,
06:58 sans décarbonation de notre industrie
07:00 et de nos entreprises,
07:02 nous ne serons plus compétitifs
07:03 et c'est ce que nous voulons éviter,
07:05 bien sûr.
07:05 Donc, on travaille,
07:07 on frotte nos cervelles,
07:08 encore une fois,
07:08 pour dégager des pistes
07:11 et des perspectives
07:12 pour notre pays.
07:14 Merci pour vos réponses.
07:15 [SILENCE]

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