Félix Radu : La place de la poésie en 2023

Lou

« La littérature a été portée par des sales gosses qui faisaient que des conneries. » Félix Radu est auteur et comédien. Pour Lou, il est venu nous parler de sa vision de la littérature. ✍️

Transcript

00:00 On m'a exposé comme un amoureux de la littérature,

00:02 mais c'est pas pour ça que je kiffe de ouf ouvrir un bouquin.

00:05 C'est un peu comme un bain d'eau froide,

00:06 d'un sportif toujours un peu chiant d'aller se mettre dedans.

00:09 Mais une fois que t'es dedans, t'es bien.

00:11 Et quand tu sors, tu te sens mieux.

00:12 Salut, Félix.

00:14 C'est Lou Media.

00:15 Salut, Lou.

00:15 C'est Félix Radu.

00:16 Et aujourd'hui, je vais vous parler de littérature.

00:18 Moi, ma porte d'entrée dans la littérature, ça a été Victor Hugo et les BD,

00:22 Kid Paddle et Tintin.

00:23 Pas non plus déconner, genre, je suis pas beaux arts.

00:26 Mais ouais, Victor Hugo, ça a été un énorme coup de foudre.

00:28 Je pense que ma mère me l'a acheté en pensant que je le lirais jamais.

00:31 Elle s'est dit que j'allais lui foutre la paix une heure.

00:33 Et en vérité, je l'ai dévoré.

00:34 Et c'est comme ça qu'est né mon amour de la littérature, du romantisme par extension.

00:38 J'ai découvert Alfred de Musset, puis évidemment Shakespeare, Moïer et tout le reste.

00:42 Pour renouer avec la littérature,

00:43 il faut arrêter de descendre et de dramatiser les autres passe-temps

00:47 que peuvent être les jeux vidéo ou le cinéma.

00:49 Il n'y a rien qui est incompatible.

00:51 Aujourd'hui, je pense, la poésie existe toujours parce qu'elle ne peut qu'exister.

00:54 Elle est dans le cœur des hommes.

00:55 Tout le monde cherche toujours un surplus d'existence.

00:58 Il court après l'idéal et le bonheur.

00:59 Donc la poésie est immuable et elle est là.

01:03 Il suffit juste de la faire surgir.

01:05 Et donc, aujourd'hui, pour moi, les rappeurs sont des grands poètes.

01:08 Je pense que L'homme pâle ou même Aurel Sanne,

01:11 ils ont tous des formulations qui, je pense, feraient rougir

01:15 et même un peu râler Alfred de Musset ou Victor Hugo.

01:17 Je pense qu'aujourd'hui, Victor Hugo serait vivant, il serait rappeur.

01:20 Enfin, pas loin.

01:21 Vraiment, les Alexandrins, ce n'est que ça, en fait.

01:23 Il va se prendre la tête rythmiquement pour faire rentrer une histoire.

01:25 Et il lâcherait son meilleur 16, Alfred de Musset, vraiment.

01:28 Je pense qu'à l'école, il y a un discours qui est erroné sur la littérature

01:31 où on l'a avant comme une sorte de science exacte

01:33 avec que des génies de littérature qui ont tous été très bons à l'école,

01:37 qui adoraient le vocabulaire et la grande mère,

01:39 ce qui n'est pas vrai, en fait.

01:40 La littérature, ça a été porté par des sales gosses,

01:42 par des arrière-fonds de classe qui faisaient que des conneries,

01:45 qui se mettaient des races, qui prenaient beaucoup de drogue de temps en temps.

01:48 Il y avait quelque chose de Vicomet, des gens qui couraient, qui hurlaient.

01:53 Qui étaient en colère, qui portaient une forme de rébellion contre l'univers,

01:57 contre les gens, contre la société.

01:58 Et ils ont brisé les codes.

01:59 Et en fait, c'est a postiori qu'on leur a attribué ce truc de "quel génie".

02:04 Et ouais, on désapprend dans les livres, en fait.

02:08 Parce que quand on est enfant, on a tendance à nous dire "sois sage".

02:11 Et puis "étudie bien l'école, t'auras un bon travail, tu gagneras bien ta vie.

02:15 Tu vas trouver une femme ou un homme avec qui tu vas être heureux,

02:17 vous formerez une famille".

02:19 C'est ça, l'existence.

02:20 Et en fait, dans les livres, t'apprends que c'est peut-être pas suffisant.

02:23 Les livres, ils t'apprennent l'insatisfaction,

02:25 ils t'apprennent à demander plus, à exiger plus de tout le monde et de tout.

02:29 Tu veux aimer plus fort, tu veux travailler plus vite,

02:32 tu veux que le ciel s'ouvre et que Dieu te parle enfin.

02:35 Être là, au calme, dans un truc rangé, c'est pas l'existence, quoi.

02:39 La vie, ça brûle.

02:40 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

02:43 [SILENCE]

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