Comment interpréter le discours du chef du Hezbollah libanais ? - On décrypte le monde

Sud Radio

04/11/2023

Avec David Rigoulet-Roze, spécialiste du Moyen-Orient, chercheur associé à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).

On décrypte le monde, tous les samedi matin à 8h16.

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##ON_DECRYPTE_LE_MONDE-2023-11-04##

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00:00 - Sud Radio, on décrypte le monde.

00:03 - On décrypte le monde avec évidemment cette actualité en Israël.

00:08 Nous allons revenir sur un élément important.

00:12 Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, s'est exprimé hier.

00:17 C'était une déclaration très attendue.

00:19 Est-ce que c'est une guerre totale qui attend la région ?

00:23 Est-ce réaliste ? En tout cas, il l'a dit.

00:25 Pour nous éclairer, David Rigoulet-Rose, spécialiste du Moyen-Orient,

00:29 chercheur associé à l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques,

00:33 vous connaissez bien, bien sûr, l'IRIS.

00:35 Bonjour David Rigoulet-Rose.

00:37 - Bonjour.

00:38 - Qu'est-ce qu'on peut dire de cette intervention hier d'Hassan Nasrallah,

00:42 qui alerte en menaçant d'une guerre totale.

00:46 Ce serait quoi déjà une guerre totale dans la région ?

00:50 - Une guerre totale, ce serait l'inflammation de tous les fronts.

00:55 D'abord le front libanais, en Syrie, et puis en Cisjordanie.

01:02 Mais ce qui est intéressant dans le discours,

01:04 c'était un discours très attendu et qui a suscité beaucoup d'inquiétude.

01:10 Il n'y a pas un ultimatum qui est lancé,

01:12 il n'y a pas une déclaration de guerre en bonne et due forme,

01:15 mais il y a quand même des éléments qui sont importants,

01:18 qui ont été mentionnés, à savoir que, d'une certaine manière,

01:22 le conflit a déjà commencé, puisque le Hezbollah fixe un tiers de l'armée israélienne au nord,

01:29 ce qui permet de "soulager" le front au sud,

01:33 et que, je cite, "le Hezbollah a déjà commencé son travail sur le front"

01:38 et qu'une escalade éventuelle, ça dépendra de l'évolution du conflit.

01:42 Donc il n'y a pas un ultimatum, un engagement déclaré d'une guerre totale globale,

01:47 mais que ça reste une possibilité tout à fait réaliste.

01:50 - Là, en fait, ce que risque Israël, c'est une prise en tenaille,

01:54 parce qu'il y a le front, on va dire, à l'intérieur du territoire,

01:58 puisque c'est une enclave, Gaza,

02:00 mais il est clair que ça serait et le nord et le sud,

02:03 et une prise en tenaille avec le risque, et vous allez nous le confirmer,

02:07 les autres à côté, et notamment l'Iran,

02:10 qui n'est pas frontalier, mais qui mène les opérations, c'est cela ?

02:15 - En tout cas, l'Iran inspire, évidemment,

02:18 notamment pour le Hezbollah, c'est une évidence,

02:20 puisque le Hezbollah est une création iranienne,

02:22 des gardiens de la révolution depuis les années 1980,

02:25 ce qui n'est pas le cas du Hamas, qui est un mouvement sunnite,

02:28 même s'il se rattache à la dite "Moukhaoua Mas",

02:31 qui est la résistance contre Israël,

02:33 mais dans le cas du Hezbollah, c'est évidemment, clairement,

02:36 le relais principal de l'Iran dans la région,

02:39 donc son discours était très attendu pour cette raison-là,

02:42 et il montre d'ailleurs qu'il y a une articulation des fronts qui se fait,

02:46 effectivement, comme vous le dites, pour Antoinette, potentiellement,

02:49 puis il y a la Cisjordanie, aussi, où la situation se dégrade très rapidement,

02:54 et puis il y a eu un avertissement aux Américains,

02:57 en disant que les forces navales américaines qui ont été dépêchées

03:00 en termes de dissuasion, ne les impressionnent pas,

03:02 et que de toute façon, ils ont envisagé une riposte,

03:05 y compris par rapport à ces bateaux américains,

03:08 et d'ailleurs, les Américains sont particulièrement visés dans son discours,

03:12 en disant que finalement, derrière tout ça,

03:14 c'est d'abord, avant tout, les États-Unis qui sont,

03:16 et là, on retrouve, évidemment, l'empreinte iranienne.

03:20 – Vous évoquiez, David Rigoulet-Rose, la partie sunnite qui soutient,

03:26 alors bon, ce sont des pays comme le Qatar, par exemple,

03:29 qui soutiennent le Hamas, là, on parle de milices chiites avec l'Iran,

03:34 bon, on le sait, ce sont les deux grands courants de l'Islam,

03:38 mais qui sont souvent en conflit,

03:40 est-ce qu'il peut y avoir unité de ces deux courants, aussi ?

03:43 Là, on va un petit peu sur un deuxième degré de lecture.

03:46 – Oui, mais pas tout à fait, c'est-à-dire que le dénominateur commun,

03:50 ce qui peut réunir les mouvements en question,

03:52 qui effectivement, dont les obédients s'affrontent par ailleurs,

03:55 au niveau régional, c'est dans le cas, effectivement, de la lutte contre Israël.

04:00 C'est ce qui est qualifié de "moukawama", c'est-à-dire de résistance,

04:04 et là, on retrouve, effectivement, des connexions qui se font,

04:06 par exemple, entre le Hamas sunnite, qui est lié aux frères musulmans,

04:10 et puis le Hezbollah, et puis les Houthis au Yémen,

04:14 et les milices pro-iraniennes en Irak et en Syrie.

04:18 Donc, en fait, ce n'est pas uniquement opportuniste,

04:21 c'est aussi parce que, fondamentalement, ce qui réunit tous ces mouvements,

04:25 tous ces groupes, c'est effectivement le combat contre Israël.

04:30 Et c'est là où l'Iran, qui est chiite, finalement,

04:36 a préempté la cause palestinienne,

04:38 en se présentant comme le fer de lance, finalement,

04:41 de la défense de cette cause palestinienne,

04:43 alors même que, effectivement, chiites et sunnites, par ailleurs,

04:46 se sont affrontés violemment.

04:48 - Bon, et oui, et puis on le sait, de plus en plus de mouvements apparaissent,

04:51 comme cette résistance islamique d'Irak,

04:53 qui a envoyé des drones attaquer des bases américaines en Syrie et en Irak.

04:57 Bref, ça bouge beaucoup dans le monde,

04:59 et bien sûr, David Rigoleros, vous nous éclairerez,

05:03 ainsi que toutes vos équipes à l'IRIS,

05:06 que vous représentez pour comprendre l'évolution.

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