Claude Obadia sur la mort d'Enzo : «Cette banalisation de la violence, on n'est pas près d'en voir la fin»

Claude Obadia sur la mort d'Enzo : «Cette banalisation de la violence, on n'est pas près d'en voir la fin (...) Nous vivons une crise du lien social»

Transcript

00:00 Oui bien sûr, on doit avoir la même attention médiatique

00:02 et je comprends bien que les Français s'émeuvent,

00:04 que certains puissent s'émouvoir, qu'on accorde, je dirais,

00:09 pour le dire très maladroitement, davantage d'importance

00:13 à la mort dans des circonstances dramatiques de Nahel

00:16 qu'à la mort d'Enzo dans des circonstances tout aussi dramatiques.

00:20 Mais il faut bien ici comprendre que cette banalisation de la violence,

00:26 on n'est pas prêt en fait d'en voir la fin.

00:29 On n'est pas prêt d'en voir la fin,

00:31 on parlait tout à l'heure de la situation des policiers

00:34 sur le front du délitement du lien social,

00:37 on pourrait parler aussi des personnels hospitaliers

00:40 sur le front aussi de la crise sociale et économique,

00:44 on pourrait parler des enseignants

00:46 qui eux aussi sont extrêmement exposés.

00:50 Je pense qu'on n'est pas prêt de voir la fin de ces épisodes,

00:54 tout simplement parce que, je l'ai déjà dit et je le pense vraiment,

00:58 on n'a toujours pas pointé du doigt, identifié quels sont les ressorts profonds

01:05 qui ne sont pas uniquement des ressorts qui touchent à l'action,

01:10 à la technique du gouvernement politique,

01:12 mais qui touchent aux structures profondes de notre société.

01:15 Notre société a été ébranlée par un certain nombre d'événements historiques,

01:20 on n'a pas le temps forcément d'y revenir maintenant ici,

01:25 mais il n'y a plus de lien social, ou il y en a de moins en moins,

01:30 nous vivons une crise du lien social, je l'ai déjà dit,

01:33 les individus se veulent des droits mais ne se veulent plus aucun devoir,

01:38 et dans cette abéitélem dans laquelle chacun peut faire ce qu'il voudra,

01:46 il n'est pas tellement étonnant que cet égoïsme qui alimente aussi

01:51 la logique du marché, la logique de la consommation,

01:55 si vous voulez, participe de cet effondrement des valeurs

02:01 qui ont structuré pendant des siècles notre société,

02:04 qui ont été portées par le judéo-christianisme

02:06 et qui ont été portées aussi par ce messianisme séculier qu'est le socialisme.

02:11 [Musique]

02:15 [SILENCE]