Dossier de l'été : les méduses envahissent nos plages

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##LE_DOSSIER_DE_L_ETE-2023-07-31##

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Animals
Transcript
00:00 Notre dossier est consacré aux méduses.
00:02 Cette année, c'est vrai qu'elles ont été plus que présentes,
00:05 depuis le début du mois de juin en l'occurrence.
00:07 Elles ont pris d'assaut les littoraux et les plages françaises,
00:09 notamment sur la côte atlantique, au grand dam des vacanciers.
00:13 Rappelez-vous, il y a eu des couvertures de méduses sur la plage
00:16 qui étaient échouées sur les plages charentaises ou même ailleurs.
00:19 Elles sont aussi présentes sur la côte d'Azur,
00:21 parce qu'on en trouve de plus en plus et surtout en ce moment,
00:24 il y a même certaines stations, certaines villes
00:26 qui ont carrément créé des filets anti-méduses.
00:29 On va en parler de ce sujet avec mes deux invités
00:32 qui sont avec nous également sur Sud Radio et sur la page Facebook
00:35 en Zoom de Sud Radio.
00:38 Nous avons Philippe Leniglio. Bonjour Philippe.
00:41 Bonjour à vous, bonjour à tous nos auditeurs et auditrices.
00:44 Vous êtes directeur délégué adjoint,
00:45 chef du service d'ingénierie du parc naturel marin d'Iroise.
00:49 Vous êtes expert en biologie marine à l'Office français de la biodiversité.
00:53 Et grâce à vous, on va en savoir un petit peu plus sur ces méduses.
00:56 Et puis nous avons également le docteur Sébastien Lefèvre.
00:59 Bonjour docteur.
01:00 Bonjour Laurence et bonjour à tous.
01:02 Vous êtes allergologue, chef de service à l'hôpital Merci de Metz,
01:07 très exactement, président du conseil national professionnel en allergologie.
01:11 Et avec vous, on aura évidemment peut-être un peu plus d'explications
01:14 sur les conséquences d'un petit frottement,
01:16 ou on va dire d'un corps à corps avec une méduse.
01:19 Philippe Leniglio, j'aimerais d'abord avec vous qu'on comprenne mieux
01:22 et qu'on connaisse mieux ces bêtes, ces méduses,
01:25 qui sont d'ailleurs, je crois, sur notre littoral,
01:27 au nombre de trois espèces vraiment définies ?
01:31 En réalité, il y en a beaucoup plus que cela,
01:33 mais celles que vous voyez le plus souvent,
01:35 oui, c'est quatre espèces qu'on rencontre le plus souvent,
01:39 les Pelagia, les Siana, les Aurilia aurita.
01:45 Elles ont des noms très jolis, mais effectivement, elles sont urtiquantes.
01:49 Toutes, c'est le principe de cette grande famille
01:52 qu'on appelle la non-branchement en réalité.
01:54 C'est une grande famille qui renie les coraux, les méduses et les anémones,
02:00 qui font partie de la même famille, les clinidères.
02:02 Clinidère en grec, ça veut dire qui orti, qui pique,
02:06 puisque c'est leur mode de prédation,
02:08 parce que ce sont tous des carnivores, des prédateurs,
02:11 qui utilisent des petits dards qui sont sur les tentacules.
02:14 Et si vous regardez un tentacule à la loupe binoculaire, au microscope,
02:19 vous voyez des fils barbelés en réalité,
02:21 et chaque petite pointe est reliée à une petite poche à venin.
02:26 Et dès que vous touchez cette cellule qu'on appelle le pinidocyste,
02:31 elle vous pique et elle vous transmet un venin,
02:33 plus ou moins puissant selon les espèces,
02:35 mais qui générera effectivement des réactions,
02:40 puisque ces venins sont faits pour tuer les animaux.
02:43 Et sur notre terre, Manou, ça a des conséquences aussi,
02:46 puisque ce sont des venins très efficaces.
02:49 - On en parlera avec le Dr Sébastien Lefebvre.
02:53 À quoi ça sert une méduse dans la mer ?
02:54 Parce qu'on a l'impression que ça ne sert à rien.
02:57 Je me trompe évidemment, parce que la nature est toujours bien faite.
03:00 - Oui, en réalité la question est mal posée.
03:02 On ne dit jamais à quoi sert un animal.
03:05 S'il est là, c'est qu'il a une fonction.
03:06 - Les moustiques, on en reparlera.
03:10 - En fait, ils sont favorisés d'une certaine manière aussi par le milieu.
03:14 Parfois, elles aiment la chaleur,
03:16 elles ont des taux de croissance extrêmement rapides.
03:18 Plus c'est chaud, plus leur croissance est rapide.
03:21 Et il faut bien comprendre qu'ils font partie de la grande famille du planton,
03:26 puisque une méduse ne nage pas, elle se maintient dans la surface.
03:30 Et le planton, sans craque, ça veut dire errer, se déplacer avec la masse d'eau.
03:33 Donc très souvent, on a des conditions de vent
03:35 qui balayent des grands grands espaces marins
03:38 et qui concentrent sur des zones côtières
03:40 des animaux qui sont en train de dériver, tout simplement,
03:44 et se concentrent sur certaines plages
03:47 pour des raisons de conditions climatiques et de vent.
03:51 Donc on a très souvent des grosses concentrations
03:53 associées à des régimes de vent
03:55 qui balayent sur des très grandes surfaces de la mer.
03:58 - D'accord, donc le vent est plus porteur
04:01 du fait que les méduses arrivent sur nos côtes
04:03 qu'un réchauffement climatique comme celui qu'on est en train de vivre ?
04:07 - Non, les deux.
04:08 C'est-à-dire que quand vous avez une très grosse concentration de méduses,
04:12 il y a des phénomènes cumulés
04:13 qui sont liés aux transports de ces animaux,
04:16 mais qui sont eux-mêmes favorisés par les conditions climatiques
04:19 qui évoluent, effectivement,
04:20 elles aiment la chaleur
04:22 et donc elles se reproduisent relativement bien dans les eaux chaudes.
04:26 Et comme il y a de plus en plus d'eau chaude et de masse d'eau chaude,
04:29 effectivement, vous en avez de plus en plus.
04:30 Et il y a un autre phénomène qui accentue la croissance des méduses
04:34 et leur présence dans les écosystèmes,
04:36 c'est qu'elles ont plein de zooplanctons
04:40 dont elles se nourrissent à disposition.
04:42 Parce que l'homme utilisait beaucoup de ressources
04:45 qui mangeaient du zooplancton
04:46 et en fait on leur a laissé un petit peu la place.
04:49 Une partie de la surpêche explique aussi
04:52 les effets d'excroissance de certaines parties de l'écosystème
04:58 et en fait la nature apporte une réponse.
05:01 Et donc on ne pose pas la question de à quoi elles servent les méduses,
05:04 en fait la réponse de la nature à tous ces phénomènes cumulés,
05:07 c'est l'abondance de méduses qu'on appelle globalement les gélatineux.
05:12 Et donc ces espèces-là sont extrêmement favorisées
05:15 par leur environnement aujourd'hui.
05:16 - Docteur Sébastien Lefebvre qui est un allergologue
05:19 et chef de service à l'hôpital Mercy de Metz
05:21 et président du Conseil National Professionnel en Allergologie,
05:24 je vais y arriver, c'est le début de la semaine,
05:26 il faut que je m'y remette,
05:27 moi je me suis baigné tout le week-end
05:28 dans une mer magnifique sans méduses,
05:29 c'était vraiment trop chouette.
05:31 Concrètement, c'est vrai qu'on a tous peur d'être piqué par une méduse.
05:34 Alors évidemment Philippe Noligny-Lau
05:36 nous a un peu expliqué le système de la méduse qui nous piquait,
05:40 la réaction sur l'être humain
05:41 et pourquoi sommes-nous aussi sensibles à cela
05:43 et pourquoi avons-nous cette sensation aussi de brûlure
05:45 en plus déjà du côté très urticaire ?
05:48 - Philippe l'a très bien dit,
05:51 c'est vraiment des microfilaments en forme de barbelés
05:55 ou en forme de harpons qui vont aller se planter dans notre derme
05:59 quand on est en contact avec des méduses.
06:02 On ne s'en rend pas forcément compte,
06:03 effectivement les patients décrivent cette sorte de décharge électrique
06:06 de douleur un peu vive sur la piqûre
06:10 et ensuite derrière il va y avoir des phénomènes inflammatoires urticariants
06:14 qui vont donner ces lésions cutanées à type urticaire.
06:17 L'urticaire pour vos auditeurs c'est vraiment comme des piqûres d'ortie,
06:20 c'est le dérivé du latin.
06:23 Et ces filaments de par leur forme vont rester plantés dans le derme
06:30 et vont notamment créer des lésions cutanées,
06:33 un peu comme les chenilles processionnaires,
06:35 ça va rester dans notre épiderme et dans notre derme,
06:38 ça va créer des lésions et en plus de ça il y a l'emvenimation,
06:41 donc les substances toxiques qui vont amplifier potentiellement ces phénomènes.
06:45 Il faut rassurer les gens, c'est rarement mortel,
06:49 c'est très désagréable bien entendu,
06:52 mais c'est rarement mortel.
06:54 Rarement mortel, ça veut dire que c'est déjà arrivé ?
06:57 Alors on en reparlera je pense,
06:59 mais il y a des cas d'anaphylaxis,
07:01 donc d'allergies graves qui ont été décrites,
07:04 mais plus par des réactions croisées alimentaires.
07:07 C'est-à-dire ?
07:09 On y va directement,
07:11 il y a des publications chez les surfers australiens ou en Asie,
07:17 qui sont donc très à même d'être en contact souvent avec des méduses,
07:21 et qui vont se sensibiliser à un truc qui s'appelle l'acide gamma polyglutamique,
07:27 et ce truc-là c'est un allergène,
07:30 donc qui n'est pas dangereux par l'habitude,
07:31 mais l'organisme va se sensibiliser,
07:34 et à partir de ça on a eu des réactions croisées avec le nato,
07:37 donc le nato c'est un plat aussi asiatique,
07:39 c'est des fèves jaunes fermentées,
07:42 on retrouve cet acide polyglutamique,
07:45 et du coup ça va créer de l'anaphylaxis.
07:47 Donc par sensibilisation cutanée,
07:49 on va devenir allergique alimentaire au nato.
07:54 Ça c'est la première chose,
07:55 et la deuxième chose si on reste sur l'allergie alimentaire,
07:58 il a été décrit des cas toujours en Asie,
07:59 où les méduses qu'on peut consommer
08:03 font partie de l'alimentation asiatique,
08:05 et dedans il y a du collagène,
08:07 et il a été décrit des cas de sensibilisation collagène des méduses,
08:10 qui entraînent aussi des réactions anaphylactiques.
08:12 Mais les piqûres de méduses,
08:14 à part une envenimation massive sur une piqûre de plus de 50% du corps,
08:18 ne sont pas mortelles pour l'homme.
08:20 - D'accord. Vous disiez d'ailleurs,
08:23 suite à votre explication,
08:24 est-ce qu'on est tous au même niveau ?
08:26 Je m'entends, c'est-à-dire que
08:28 certaines personnes vont être plus ou moins sensibles à des piqûres
08:30 autres moustiques et compagnie,
08:32 ou des piqûres de guêpes,
08:33 ou même, on en a encore entendu parler ce matin,
08:35 malheureusement, de ce fameux frelon chinois, asiatique.
08:39 Est-ce que chaque personne va avoir la même réaction
08:42 suite à une piqûre de méduses, ou pas du tout ?
08:46 - Non, c'est difficilement prévisible.
08:49 Comme vous dites, avec les imménoptères,
08:51 il y a des gens qui vont pouvoir se faire piquer plusieurs fois
08:53 par des frelons, des abeilles, des guêpes ou des méduses.
08:55 Il ne se passe rien, ou des réactions locales.
08:58 Et en fait, l'allergie, il faut bien comprendre que
09:00 quand on devient allergique, c'est une rupture de la tolérance,
09:02 c'est-à-dire que l'organisme est censé tolérer
09:04 ses agents naturels, je ne veux pas dire étrangers,
09:07 parce que finalement, ça fait partie de notre nature,
09:09 de la nature de notre environnement en tout cas.
09:12 Mais à un moment, il y a des patients avec des prédispositions génétiques
09:16 qui vont développer des allergies.
09:18 Moi, quand je parle d'allergie, je parle d'anticorps qu'on appelle IGE,
09:21 peu importe, mais c'est ça qui donne l'allergie.
09:23 Et effectivement, à un moment, il peut y avoir une rupture de tolérance,
09:25 mais qui, à l'heure actuelle, n'est pas prévisible.
09:27 - D'accord.
09:29 Que faire lorsqu'on est piqué par une méduse ?
09:33 On a commencé à avoir des questions de ce type-là
09:35 sur la page Facebook de Sud Radio,
09:37 parce qu'on entend toujours tout et n'importe quoi
09:39 suite à des piqures d'animaux ou des morsures.
09:42 - Ouais, alors on oublie le pipi sur la page Facebook.
09:46 Il fallait que je le place, je suis désolé.
09:48 - Mais vous avez raison, ça a été placé aussi sur la page Facebook.
09:51 Stéphane nous dit "ne pas faire pipi sur les piqures de méduses".
09:56 - Ça sert pas à grand-chose.
09:57 En fait, encore une fois, comme le disait Philippe,
09:59 c'est vraiment des petits filaments et des trucs qui vont rentrer dans la peau.
10:02 La meilleure chose à faire, c'est prendre de l'eau salée,
10:05 parce qu'il ne faut pas prendre de l'eau non salée, de l'eau normale,
10:08 parce qu'il va y avoir une réaction osmotique
10:10 et ça risque de libérer encore plus de venin,
10:13 donc vraiment de l'eau de mer, du sable.
10:15 Faire un petit mélange et frotter la peau pour enlever les choses,
10:18 gratter avec un carton, une carte postale ou une carte bleue,
10:21 carte bancaire ou une carte de fidélité, peu importe,
10:23 pour vraiment essayer d'enlever ce qu'on a dans le derme.
10:25 Parce que c'est vraiment fiché, c'est planté dans le derme.
10:30 Donc il faut vraiment enlever ces filaments.
10:32 Et ensuite, ce n'est pas grave,
10:34 si c'est un membre, généralement c'est les membres inférieurs
10:36 ou les membres supérieurs qui sont touchés,
10:38 appliquer une crème cicatrisante.
10:40 Votre pharmacien, je ne vais pas donner de nom commercial,
10:43 mais votre pharmacien pourra vous renseigner,
10:45 mais une crème cicatrisante à base de zinc ou de cuivre.
10:48 Et si vraiment c'est important, avec des démangeaisons très gênantes,
10:51 le médecin traitant pourra prescrire des crèmes à base de corticoïdes.
10:57 D'accord.
10:58 J'aurais revenir vers vous, Philippe Lenilliot,
11:00 vous êtes directeur délégué adjoint et chef du service ingénierie
11:03 du parc naturel marin d'Iroise,
11:05 expert de biologie marine à l'Office français.
11:07 On a parlé des quatre espèces qu'on avait plutôt communément
11:11 sur nos côtes françaises, mais beaucoup d'entre nous
11:14 partent aussi à l'étranger, partent faire surtout les vacances d'été
11:17 un peu partout sur des zones magnifiques de la planète.
11:21 Y a-t-il des méduses dont il faut encore plus se méfier partout ailleurs ?
11:27 Oui, il y a des espèces dont les venins sont plus puissants,
11:30 peut-être que Sébastien Lecleu a des détails,
11:32 mais il est quand même très clair que nous,
11:35 ce qui nous importe très souvent, c'est de regarder quelles espèces.
11:40 Il y a une espèce, par exemple, qui n'est pas tout à fait une méduse,
11:43 mais qui se comporte un petit peu pareil,
11:45 c'est ce qu'on appelle la physalie,
11:47 qui a une voile qui se déplace à la surface de l'eau.
11:51 Celle-là a un polype qui est relié à des cellules urticantes
11:55 qui sont, avec un venin, très très puissants.
11:58 Donc là, effectivement, on a quelque chose dans les venins
12:03 qui ressemble à un neurotransmetteur,
12:05 c'est-à-dire qu'elles peuvent arrêter des fructions vitales
12:08 dès lors qu'elles sont injectées dans l'organisme.
12:11 Et c'est le cas aussi pour une méduse australienne,
12:14 Dieu merci, on la trouve essentiellement dans le Queensland australien,
12:17 et dans toute la mer de corail dans ce secteur-là,
12:20 c'est la porc's-chelichée,
12:22 qui est considérée pratiquement comme l'animal le plus dangereux des océans.
12:26 Ce n'est pas tout à fait les requins,
12:27 c'est plutôt les méduses qui sont les plus dangereuses.
12:29 Et là, cette toute petite méduse a des très très longs filaments
12:33 et elle produit un venin qui ressemble au neurotransmetteur,
12:36 qui fait battre le cœur.
12:37 Et donc là, si vous êtes piqué, vous risquez un arrêt cardiaque
12:41 qui est assez brutal.
12:44 Donc dès que les autorités australiennes en voient dans le milieu,
12:49 ils font sortir tout le monde de l'eau,
12:50 ils interdisent l'accès à l'océan sur des centaines de kilomètres,
12:56 par précaution.
12:57 Donc c'est quand même connu, renseigné,
13:00 que certaines espèces sont effectivement plus virulentes que d'autres.
13:03 Et c'est complètement lié au venin qu'elles produisent.
13:06 Donc certaines espèces, effectivement, sont plus dangereuses,
13:09 et d'autres, au contraire, sont complètement inoffensives,
13:12 ou en tout cas ont des darres, dont on parlait à Sébastien tout à l'heure,
13:16 qui sont trop petits et qui ne traversent pas le dernier.
13:20 Et donc du coup, vous n'avez pas forcément de piqûres douloureuses.
13:25 Sauf si vous vous mettez sur les muqueuses,
13:27 comme c'est expliqué très très bien,
13:29 c'est fiché dans les doigts.
13:31 Et si vous manipulez, si vous vous approchez des yeux ou des muqueuses,
13:34 ça peut être très problématique,
13:35 même avec des espèces considérées comme inoffensives.
13:38 - Oui, oui, oui.
13:39 Est-ce que l'on peut savoir, d'ailleurs, Philippe Lenilliau,
13:42 comme on a une météo normale et une météo des plages,
13:45 est-ce qu'il existerait une météo de l'arrivée des méduses ?
13:47 C'est-à-dire, est-ce que chaque commune ou chaque littoral peut annoncer
13:52 "Attention, on a des bandes méduses qui arrivent,
13:54 tel jour, essayez d'éviter la plage", etc. ?
13:56 Est-ce que ça existe ?
13:57 Parce que je sais qu'il existe une application du côté de la côte d'Azur qui prévient.
14:03 - Oui, qui prévient de leur présence, parce que c'est difficile quand même.
14:06 Il y a un ensemble de facteurs, vous avez compris,
14:09 qui font qu'à un moment donné, vous avez une prolifération de méduses.
14:12 Alors, vous pouvez avoir des conditions favorables,
14:14 mais ce n'est pas pour ça que vous avez une prolifération problématique pour la baignade.
14:18 Donc, il vous faut un certain nombre de conditions, de températures et de proies.
14:22 Les méduses, elles sont aussi en train de se nourrir.
14:27 Une méduse, c'est se nourrir pour se reproduire,
14:32 c'est ça, si vous voulez résumer la vie d'une méduse, c'est exactement ça.
14:36 Et donc, elle a besoin aussi de proies, donc l'abondance de proies,
14:40 les conditions de vent qui vont vous amener concentrer
14:43 des organismes pélagiques qui vivent dans la masse d'eau
14:46 et la température qui va avec.
14:48 Donc, tout ça sont des paramètres assez compliqués
14:50 finalement à croiser dans une météo des plages.
14:53 L'océanographie moderne permet de le faire, pourrait le faire,
14:56 mais elle n'est pas sollicitée pour cela.
14:58 Par contre, on peut dire qu'il y a des années ou des périodes à méduses,
15:02 et là, clairement, les périodes de canicule avec des vents réguliers
15:07 qui balayent le littoral, plutôt avec des vents d'est d'ailleurs sur la côte méditerranéenne,
15:13 parce que là, les vents actuels ont tendance à repousser au large les méduses.
15:18 Nous, c'était le cas en Bretagne,
15:20 on avait des situations très propices en juin dernier,
15:24 beaucoup moins maintenant, puisque c'est un peu plus agité,
15:27 un peu plus refroidi aussi, un peu plus dispersé par des régimes de vent
15:32 qui viennent avec des systèmes de fronts.
15:34 Donc, on a une année à méduses, on peut le dire,
15:37 mais dire à telle date, à tel moment, vous allez avoir une abondance,
15:41 ça c'est très difficile encore à faire,
15:43 en tout cas, on n'a pas les outils pour le faire actuellement.
15:47 - Vous parlez d'année à méduses,
15:48 ça veut dire que l'année dernière, je ne me souviens plus,
15:51 je n'ai pas allé en bord de mer du tout, pour être très honnête avec vous,
15:54 on est sur des années de plus en plus à méduses,
15:57 il y a le réchauffement, il y a le trafic des bateaux, est-ce que ça a joué aussi ?
16:02 - Non, pas vraiment.
16:03 Ce qui a joué vraiment, c'est qu'on les a un petit peu favorisés ces méduses,
16:08 en piochant dans les écosystèmes, en récupérant des animaux
16:12 qui sont en concurrence avec les méduses pour les croire,
16:14 en particulier les petits poissons comme la sardine, les anchois, les équis,
16:18 qui ont été beaucoup sur-exploités.
16:20 Et donc là, on laisse une place libre,
16:22 donc avec une production de zooplancton dont profitent les méduses.
16:26 C'est une des manifestations du changement global,
16:29 non pas forcément climatique, mais global.
16:31 On dit que, on parle de gélification des mers,
16:36 c'est quelque chose qui est identifié au niveau international
16:39 avec des abondances de méduses qui ont été observées maintenant
16:43 depuis 25 ans à peu près,
16:45 et de manière plus récurrente effectivement dans les dix dernières années.
16:48 On a besoin de plus d'observations encore pour pouvoir chiffrer
16:53 et donner des informations précises sur cette évolution.
16:56 Mais il y a 20 ans, les systèmes de refroidissement
17:00 de la centrale nucléaire de Gravelines étaient bouchés par des méduses,
17:03 et donc la plus grande technologie humaine,
17:07 ou la plus sophistiquée peut être bloquée par le plus simple des animaux.
17:12 - Mais alors pas de panique Philippe Lenilliot,
17:15 on n'est pas sur un avenir catastrophique de se dire que plus ça va aller,
17:18 puisqu'il y a moins de sardines, moins d'anchois, moins de tout ça,
17:21 plus de chaleur, etc.
17:23 On risque d'être avec des étés qui seront tout le temps envahis par les méduses ?
17:29 - C'est difficile à dire parce que le changement climatique n'est pas linéaire,
17:32 c'est-à-dire qu'il va passer par des seuils ou des phases
17:35 au-delà desquelles on va plonger vers quelque chose de complètement différent,
17:40 qu'on cherche aujourd'hui à déterminer,
17:43 pour savoir à quel moment, à partir de quelle température,
17:46 est-ce qu'on va basculer vers quelque chose de très différent,
17:49 dont font partie les méduses, c'est un avenir dont font partie les méduses.
17:52 Par contre ces changements, il va falloir s'y adapter,
17:55 donc les activités balnéaires devront forcément s'adapter
17:59 à des conditions qui peuvent évoluer avec des périodes
18:02 où on peut imaginer dans certains secteurs propices aux échouages de méduses,
18:07 donc des interdictions de médias de plus fréquence,
18:10 ça c'est dans le domaine du possible.
18:12 Dire quand, à quel moment, c'est ça qui est le plus compliqué aujourd'hui.
18:16 - Dernière question pour vous, Dr Sébastien Lefebvre,
18:18 allergologue, chef de service à l'hôpital Mercy de Metz,
18:21 c'est président du Conseil national professionnel en allergologie.
18:25 Mireille, sur la page Facebook de Soud Radio, nous dit
18:27 "le bicarbonate de soude est efficace pour la douleur suite à une piqûre de méduse".
18:32 - Pourquoi pas ?
18:37 Après le problème, c'est tous ces remèdes de grand-mère,
18:40 le jus de citron, le vinaigre,
18:43 et le bicarbonate de soude, oui ça va soulager,
18:46 mais c'est le mécanisme sur lequel ça soulage,
18:48 c'est-à-dire que le bicarbonate de soude c'est de la soude,
18:50 donc c'est une base, et ça risque d'abîmer plus la peau qu'autre chose,
18:54 donc peut-être ça soulage sur le coup.
18:56 Moi je me rappelle que ma grand-mère quand je me faisais piquer par des orties,
18:59 elle me mettait de l'oignon sur la peau, ça marche.
19:01 - Ou le vinaigre.
19:02 - Voilà, ça marche.
19:03 Enfin ça marche sur le coup, mais ça risque d'abîmer la peau,
19:06 encore une fois on balance soit du vinaigre qui est acide,
19:08 soit du bicarbonate qui est basique,
19:10 je ne suis pas fan.
19:12 - D'accord.
19:14 Donc pour conclure, on gratte bien comme vous nous l'avez dit,
19:17 la partie où on a été piqué avec une carte bancaire
19:20 ou tout type de carte comme ça, ou un peu d'eau dans du sable,
19:22 et on frotte et on gratte pour enlever les filaments,
19:25 et puis après on va à la pharmacie et on va chercher
19:27 une bonne crème à base de cuivre ou de zinc si j'ai bien écouté.
19:30 - Parfait.
19:32 - Je vous embrasse tous les deux, merci beaucoup de votre disponibilité,
19:35 vous nous avez amené de vraies connaissances supplémentaires
19:37 et un peu plus de compréhension sur ces fameuses méduses.
19:40 Merci à vous Philippe Lognino, vous êtes passionnant,
19:43 directeur, délégué adjoint, chef du service ingénierie du parc naturel marin d'Iroise,
19:47 bonjour d'ailleurs à toute la Bretagne,
19:49 expert en biologie marine à l'Office français de la biodiversité,
19:52 et à vous docteur Sébastien Lefebvre, allergologue,
19:54 chef de service à l'hôpital de Metz-Verrevay,
19:57 et président du conseil national professionnel en allergologie.

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