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Il y a les douleurs chroniques, un mal que 30% des Français connaissent
bien, selon le ministère de la Santé… Et il y a aussi les douleurs dites
neuropathiques qui, si elles sont moins fréquentes, concernent quand
même 7% de la population avec un pic entre 50 et 64 ans, indique
l’Inserm. Mais que sont ces douleurs, exactement ? Comment se
manifestent-elles ? Pourquoi est-on plus concernés après 50 ans… Et
puis surtout, comment les soulager ? Autant de questions auxquelles
nous allons tenter de répondre aujourd’hui en compagnie du Pr Nadine
Attal, cheffe de service au centre anti-douleur Ambroise-Paré, du Dr
Gérard Roussey, médecin généraliste et de Nathalie Deparis présidente
de l’AFVD, l’association française pour vaincre la douleur. Tout un
programme !

Pour en savoir plus sur les douleurs neuropathiques rendez-vous sur le site www.changepain.fr

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Transcription
00:00 [Musique]
00:09 Il y a les douleurs chroniques, un mal que 30% des Français connaissent bien,
00:13 selon le ministère de la Santé.
00:15 Et il y a aussi les douleurs dites neuropathiques,
00:18 qui si elles sont moins fréquentes, concernent quand même 7% de la population,
00:22 avec un pic entre 50 et 64 ans, indique l'Inserm.
00:27 Mais que sont ces douleurs exactement ?
00:29 Comment se manifestent-elles ?
00:31 Pourquoi est-on plus concerné après 50 ans ?
00:34 Et puis surtout, comment les soulager ?
00:36 Autant de questions auxquelles nous allons tenter de répondre aujourd'hui,
00:40 en compagnie du professeur Nadie Natal,
00:42 chef de service au Centre Antidouleur en Loire-de-Paris,
00:46 du docteur Gérard Rousset, médecin généraliste,
00:48 et de Nathalie Deparis, présidente de l'AFVD,
00:51 l'association française pour vaincre la douleur.
00:55 Tout un programme, et bonjour à tous.
00:57 Bonjour.
00:59 Alors professeur Natal, pour commencer, une question que tout le monde se pose,
01:04 qu'est-ce qu'une douleur neuropathique est ? Qui concerne-t-elle ?
01:08 Bonjour, alors une douleur neuropathique,
01:10 c'est une douleur qui est liée à une lésion ou une maladie du système nerveux.
01:14 Et cela donc concerne beaucoup de patients,
01:17 puisqu'il peut s'agir par exemple de lésions nerveuses dans un contexte neurologique,
01:22 par exemple dans le cadre des neuropathies diabétiques,
01:25 mais aussi très souvent de lésions nerveuses dans un contexte non neurologique,
01:29 et ça peut donc toucher tout le monde, puisque ces douleurs peuvent survenir,
01:32 notamment après chirurgie ou quand on a une hernie discale,
01:36 la simple sciatique, quant à l'échronique, c'est une douleur neuropathique.
01:40 Alors je me tente vers vous forcément, docteur Rousset,
01:43 en ville le médecin traitant est souvent le premier interlocuteur.
01:46 Comment diagnostique-t-on une douleur neuropathique
01:50 et quels vont être les symptômes qui vont être évocateurs de ce mal ?
01:54 La douleur neuropathique est complexe
01:56 et peut entraîner de façon importante une altération de la qualité de vie.
02:00 Elle est complexe pour le patient, elle est complexe pour le médecin,
02:03 et cette démarche n'est pas forcément simple.
02:07 La clinique qui évoque une douleur neuropathique,
02:09 ce sont des picotements, des brûlures, des engourdissements,
02:12 une sensation de chaud, de froid en alternance,
02:15 le simple drap par un signe du frottement devient très douloureux.
02:20 Autant de signes cliniques qui orientent vers cette douleur neuropathique
02:22 par opposition aux autres douleurs.
02:25 Le patient doit être reconnu dans sa souffrance
02:27 et c'est le devoir de médecin d'accompagner son patient
02:30 dans cette démarche diagnostique et thérapeutique.
02:33 Donc il faut absolument prendre en considération et croire le patient,
02:36 évidemment, docteur Rousset.
02:37 Alors une fois que vous avez posé le diagnostic,
02:39 ça va être quoi le protocole ?
02:42 À quoi doit-on s'attendre ?
02:45 On essaye de faire un bilan de la cause,
02:47 c'est ce qu'on appelle l'éthiologie,
02:49 pour mieux comprendre la cause de cette douleur
02:51 et ensuite apporter une réponse à la conséquence.
02:54 Est-ce qu'il s'agit d'une douleur isolée sur un doigt
02:57 ou une douleur beaucoup plus étendue ?
02:59 On va pouvoir avoir une réponse qui va être transdisciplinaire
03:02 où il y a une place pour le médicament
03:04 et il y a aussi une place pour l'approche non médicamenteuse.
03:07 Alors l'approche médicamenteuse,
03:08 est-ce qu'on parle là, par exemple, des centres antidouleurs ?
03:13 Peut-être pas au tout début,
03:15 sauf s'il s'agit de certaines circonstances.
03:17 Moi je pense à la douleur neuropathique
03:18 dans la post-chirurgie du cancer du sein,
03:22 qui est une réponse complexe avec des traitements
03:24 auxquels nous, médecins généralistes,
03:25 nous n'avons pas accès dans leurs prescriptions.
03:28 Il va falloir prendre la décision de solliciter rapidement
03:31 le médecin du centre antidouleur
03:33 pour une prise en charge rapide et adaptée.
03:35 Dans les autres cas,
03:36 on a des médicaments qu'on peut utiliser,
03:38 ce sont les médicaments de la gamme des neuroleptiques en particulier,
03:41 qu'il va falloir utiliser en titrant la dose,
03:44 c'est-à-dire en augmentant progressivement les doses
03:47 de façon à ce que le patient puisse accepter
03:49 ce traitement avec progressivité.
03:52 Alors justement, professeure Attal,
03:53 vous, vous connaissez bien ces centres antidouleurs.
03:57 Pouvez-vous nous expliquer à quoi s'attendre dans ces structures ?
04:01 Alors, les patients orientés vers les centres antidouleurs
04:03 sont ceux, effectivement, qui ne répondent pas bien
04:06 aux traitements de première intention
04:08 ou même de deuxième intention.
04:10 Ou alors, ce sont des patients
04:11 qui ont des douleurs neuropathiques complexes,
04:14 comme l'a dit mon collègue,
04:15 c'est-à-dire intriquées à des douleurs nociceptives
04:18 ou à une composante même un peu dysfonctionnelle, nociplastique,
04:22 ou alors des patients qui ont des comorbidités somatiques ou psychologiques.
04:26 Pour consulter une structure douleur,
04:28 il faut en faire la démarche,
04:29 c'est-à-dire que le médecin traitant
04:31 ou le spécialiste éventuellement doit faire un courrier
04:34 pour adresser le patient dans cette structure
04:36 parce que nous ne fonctionnons pas directement avec les patients.
04:39 Donc les patients, il y a en fait d'abord un premier courrier d'adressage
04:44 et après on prend un rendez-vous, on donne un rendez-vous au patient.
04:47 C'est pour ça que c'est un petit peu plus long, bien sûr,
04:49 que lorsque l'on veut prendre un rendez-vous avec son médecin traitant.
04:53 Et là, la prise en charge, elle durera plus ou moins de temps,
04:56 j'imagine, en fonction du profil, évidemment.
04:59 Alors la prise en charge, elle est très souvent multimodale.
05:02 Elle associe des techniques pharmacologiques,
05:04 des traitements pharmacologiques
05:05 et aussi des prises en charge non pharmacologiques
05:08 qui peuvent aller des techniques de modulation
05:11 à des techniques complémentaires.
05:13 Très bien. Alors, Nathalie de Paris, je l'ai dit,
05:17 vous êtes présidente de l'Association française pour vaincre la douleur.
05:21 Donc évidemment, la douleur des patients, vous la connaissez bien,
05:25 on vous en parle beaucoup.
05:27 Est-ce que vous pouvez me dire quels sont les impacts
05:30 qui perturbent le plus la vie des patients, justement,
05:34 qui sont concernés par ces douleurs neuropathiques ?
05:38 Eh bien, je dirais que la douleur,
05:40 elle impacte absolument tous les domaines de la vie des patients,
05:44 la vie professionnelle, la vie familiale, la vie intime aussi.
05:47 Comme l'a dit le Dr Ousset,
05:48 les douleurs neuropathiques sont difficiles à définir.
05:52 Le patient, souvent, manque d'informations.
05:56 Souvent aussi, vous l'avez bien dit, il n'y a pas de lésions,
05:59 on ne voit pas ce qui se passe.
06:01 Donc c'est extrêmement difficile de décrire ce que l'on ressent
06:04 et aussi de faire comprendre aux autres,
06:06 donc dans sa communication,
06:08 que l'on a mal et qu'on souffre,
06:10 donc ça a forcément un impact dans la relation aux autres.
06:14 Est-ce que pour vous,
06:18 et des témoignages que vous avez peut-être du terrain,
06:20 ces patients sont suffisamment bien orientés aussi ?
06:24 Est-ce qu'on peut dire que c'est bien fait,
06:28 que les choses sont bien faites,
06:29 ou peut-être qu'il y a encore de l'errance diagnostique ?
06:32 Non, bien sûr, il y a encore de l'errance diagnostique,
06:34 d'abord parce que tout dépend de l'endroit où vous vous situez.
06:37 Il y a forcément des zones en France qui sont sous-dotées,
06:40 même si on a beaucoup de centres antidouleurs.
06:42 La question, c'est que souvent le patient va consulter une première fois,
06:46 puis une deuxième, puis une troisième,
06:47 voilà, ça prend du temps,
06:49 et le temps de la médecine n'est pas le temps du patient,
06:51 donc lui il souffre.
06:53 Donc il y a beaucoup de pertes de confiance, je dirais,
06:57 dans les professionnels de santé,
06:59 et puis de replis sur soi et de maladies qui peuvent survenir
07:03 liées à cette errance diagnostique.
07:06 Je crois qu'on ne l'a pas trop dit, mais dans la plupart du temps,
07:08 il peut se passer plus d'un an
07:11 entre le moment où la douleur est diagnostiquée
07:13 et le moment où le patient est pris en charge dans ces centres antidouleurs,
07:17 où là, effectivement, on va les soulager de manière multimodale,
07:20 comme le disait le professeur Attal.
07:22 C'est un an, c'est vrai que quand on souffre,
07:25 ça paraît énorme, professeur Attal.
07:28 Est-ce que, je vous pose la même question, forcément,
07:31 quel regard vous portez, vous, en tant que professionnel de santé,
07:34 sur cette prise en charge ?
07:36 En fait, cette prise en charge, elle est effectivement très longue à mettre en route,
07:40 parce que, comme je le disais tout à l'heure,
07:42 ces patients, ils ne nous sont pas adressés directement.
07:45 Il faut d'abord commencer une prise en charge de médecine de ville,
07:48 qui, en général, comporte des médicaments
07:51 qui sont disponibles en pharmacie de ville,
07:53 et en cas d'échec seulement,
07:54 adresser le patient en structure douleur.
07:56 Mais je reconnais que nous ne sommes peut-être probablement
07:58 pas assez nombreux en France pour faire face à l'afflux de demandes,
08:02 et nous avons des délais de rendez-vous qui sont extrêmement longs.
08:04 Alors vous, docteur Rousset, en ville,
08:07 quel est votre sentiment aussi ?
08:11 Je pense qu'on peut toujours progresser.
08:12 Vous savez, en médecine,
08:14 on peut toujours optimiser à la fois ses connaissances et ses compétences.
08:18 C'est un principe permanent lorsqu'on exerce ce métier.
08:22 Et aujourd'hui, l'important, c'est déjà de reconnaître la souffrance du patient.
08:25 Ça, c'est essentiel, avec de l'empathie, avec de l'humain, en fait.
08:29 On peut reconnaître cette douleur sans pour autant être médecin,
08:31 pour que le patient se sente reconnu dans cette souffrance-là
08:34 et dans la douleur neuropathique, elle est particulièrement importante.
08:38 On a progressé par rapport à la douleur nociceptive et la douleur neuropathique.
08:43 On sait maintenant un peu comment les choses fonctionnent.
08:46 On a nos limites dans les bilans des causes de ces douleurs.
08:49 Il faut savoir le reconnaître et passer la main à nos confrères
08:52 qui ont plus d'expertise, plus d'expérience.
08:55 Mais aujourd'hui, je pense qu'on est dans la bonne voie.
08:58 Mais reconnaître la douleur du patient, à mon sens, c'est essentiel.
09:01 Et c'est une revendication du patient qu'il doit exprimer face à son médecin traitant.
09:06 Donc il faut communiquer, il faut parler quand on souffre.
09:09 Merci infiniment, Dr Rousset.
09:11 Merci Nathalie de Paris.
09:13 Merci professeur Nadi Nattal.
09:15 Merci à vous tous de nous avoir suivis.
09:17 Et je vous dis à très vite pour de nouvelles expertises santé.
09:20 Prenez soin de vous.
09:21 [Musique]

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