Réinjecter encore de l’argent dans les banlieues, est-ce la solution ?

  • l’année dernière
Les Vraies Voix avec Philippe Bilger, Tom Connan, Joseph Thouvenel et Farid Temsamani, porte-parole de Banlieue Plus.

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##LE_COUP_DE_PROJECTEUR_DES_VRAIES_VOIX-2023-07-05##

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Transcript
00:00 Les vraies voix Sud Radio, le code projecteur des vraies voix.
00:03 Et pour réduire les écarts entre les territoires et améliorer l'attractivité des banlieues,
00:07 la France consacre chaque année 10 milliards d'euros aux banlieues.
00:10 En 2012, la Cour des comptes déclarait que les plans banlieues étaient devenus une machine sans compteur.
00:16 Dix ans plus tard, les derniers événements dramatiques ont montré que la politique de la ville reste un échec, Philippe.
00:21 Oui, Cécile. Et d'ailleurs, comment ne pas se poser la question qu'avec près de 100 milliards investis dans les banlieues
00:28 depuis le premier plan qui datait de 1977, c'était sous Valéry Giscard d'Estaing,
00:32 les problèmes n'aient fait qu'empirer avec un taux de chômage deux fois plus élevé par rapport au reste de la France
00:37 et où 14% de la population est en situation d'illettrisme.
00:42 Est-ce que pour vous, plutôt que de mettre encore de l'argent dans un énième plan banlieue,
00:46 il ne faudrait pas revoir les méthodes, bref, tout refaire ou est-ce qu'il faut continuer à mettre de l'argent
00:51 dans tous les cas de figure ? On attend vos appels au 0826 300 300.
00:54 - Et on a fait appeler un expert qui est avec nous, Farid Temsamani, et là avec nous, porte-parole de Banlieue Plus.
01:00 Bonsoir, merci d'être avec nous. - Bonsoir.
01:02 - Philippe Bilger, d'abord un tour de table, si vous permettez, Farid, ce tour de table de cet injecté, injecté, injecté,
01:08 sans véritable politique. - En effet, je vais avoir un point de vue brutal et rapide, je l'espère.
01:15 - C'est pas votre genre. - Non, mais je serais ravi si Farid, pardon, je voudrais pas écorcher votre nom,
01:23 m'apportait une réplique pertinente, j'ai bien confiance, je vais être un peu péremptoire.
01:32 D'abord, j'ai l'impression qu'on ne fait que ça, injecter de l'argent dans les banlieues.
01:37 Deuxième élément, je ne suis pas sûr que cet argent, même s'il est bien utilisé, soit le remède qui permettra de guérir le mal
01:48 qui peut apparaître inguérissable dans certaines banlieues. Le trafic de drogue est en train de permettre l'emprise d'une minorité
01:58 sur une majorité nos deux gens. Troisième élément, quatrième, pardonnez-moi, j'ai le sentiment que lorsqu'on met en œuvre
02:06 une politique cohérente, à intervalles réguliers, des émeutes, des crises viennent détruire ce qui était fait pour les banlieues.
02:16 On en a eu un exemple, ce qui me laisse penser que peut-être les banlieues, dans leur part négative, ne désirent pas vraiment ces avancées et ces progrès.
02:27 Et enfin, je termine là-dessus, la banlieue, c'est comme la vie en réalité. Malgré l'état de certaines banlieues, il y a des réussites
02:38 exceptionnelles, des destins exemplaires, comme chez nous, comme ailleurs, et donc je me demande si on a raison de focaliser en permanence
02:47 sur les banlieues en disant "au fond c'est terrible, elles ont peut-être les mêmes réussites et les mêmes dégradations que pour le commun des gens".
02:57 - Tom Collins. - Oui, moi a priori, effectivement, ça me semble pas du tout être le sujet, en réalité, ça l'était sans doute,
03:04 et ça l'est sans doute encore en partie, mais moi, en tout cas, de ce que je vois et de ce que je pratique également, parce que je connais bien
03:08 notamment la partie nord de ces "banlieues", même si ça ne veut un peu rien dire, parce que si vous allez au Vézinay, dans les Yvelines ou à Saint-Denis,
03:16 c'est quand même deux expériences assez différentes, pourtant c'est bien deux banlieues, donc il faudra aussi un petit peu raffiner plutôt qu'utiliser ce terme-là.
03:21 Mais effectivement, il y a un développement, par exemple, des transports prodigieux, vous prenez la ligne 14, la ligne 12, qui se sont prolongées dans le nord de Paris.
03:28 Donc, par exemple, dans certaines banlieues, c'est d'ailleurs très bien, beaucoup de quartiers ont été rénovés, c'est des pays, des pays, pardon, des villes et des coins qui sont très attractifs,
03:38 moi je trouve, en tout cas, pour des gens, moi qui ai connu d'autres coins, d'autres banlieues, pour le coup, je trouve que c'est des coins qui sont attractifs, en tout cas pour certains.
03:47 En revanche, effectivement, il y a un problème, ça me semble quand même assez évident également dans ce que je pratique et dans ce que j'ai pratiqué, de mixité,
03:54 notamment de mixité sociale, ça me semble assez évident, concentrer les problèmes, concentrer les difficultés ou concentrer même la pauvreté,
04:01 quel que soit le type de difficultés, j'ose dire, qu'on peut rencontrer, ça, ça ne me semble jamais être bon, mais d'ailleurs, moi je le vois très bien, il y a un séparatisme aujourd'hui social,
04:09 il y a des ghettos de riches et des ghettos de pauvres, on va dire, vous allez au Batignolles à Paris, vous allez dans le 11e, qui sont des quartiers populaires, ça me fait bien marrer,
04:17 ça fait bien longtemps qu'ils ne sont plus populaires, à 14 000 euros ou 13 000 euros le mètre carré, vous pouvez repasser, parce qu'il y a encore des gens qui considèrent qu'ils habitent dans les quartiers populaires dans le 11e,
04:26 mais donc voilà, il y a des ghettos de riches, il y a des ghettos de pauvres, et ce séparatisme, c'est ça qu'il faut combattre, et remettre de la mixité partout.
04:32 - Joseph Thounel, faut remettre de l'argent ?
04:34 - Il faut remettre les choses dans l'ordre. La première des choses, c'est quand on nous dit qu'il y a des zones de non-droit, et effectivement, il y a des zones de non-droit,
04:40 c'est-à-dire où la police ne peut pas rentrer sans être elle-même protégée par la police, où les pompiers ne peuvent pas rentrer, où les médecins ne peuvent plus rentrer, du coup, les quittent.
04:49 La première des choses, c'est remettre un ordre normal et la sécurité. Après, sinon qu'est-ce qu'on fait ? On le voit, on balance de l'argent, on dit "j'ai mis tant de millions, c'est très bien, je suis content",
05:02 à quoi ont-ils servi ? Une partie est partie en fumée, une partie est détournée, il ne faut pas non plus se voiler la place, il y a quelqu'un que j'apprécie qui s'appelle le général Pierre de Villiers,
05:12 que j'ai vu il y a quelques jours, il s'occupe des banlieues comme d'autres. Que dit-il ? "Je n'ai aucune confiance dans les hommes politiques, je les ai vus, je les ai rencontrés, quel que soit leur parti, etc.
05:22 Je n'ai plus confiance dans ces gens-là."
05:24 Et puis, nous sommes dans une société qui se bâtit sur le matérialisme. Et ça, ce n'est pas la bonne réponse. Oui, on a besoin d'avoir des biens matériels, oui, on a besoin d'avoir des transports,
05:36 oui, on a besoin d'avoir une école, oui, on a besoin d'avoir une poste, mais enfin, en province, dans nos campagnes, je connais bien des territoires où il n'y a plus de transport, il n'y a plus de poste, il n'y a plus d'école,
05:47 et je n'ai pas vu qui mettait le feu.
05:49 - Il y a plus de mixité, précisément.
05:51 - Il y a peut-être plus de mixité.
05:53 - Et puis, un dernier point, quand même, le rôle négatif, et je ne le confonds pas avec l'islam, mais le rôle négatif de l'islamisme n'est pas à négliger,
06:04 parce que, eux, leur rôle, c'est de mettre le feu au bon lieu, c'est de déclencher la haine, de dire que la France, c'est mal, c'est mauvais, c'est pas bon, c'est pas bien,
06:12 et ça, ça entraîne des jeunes dans quelque chose qui est mortel pour notre société.
06:19 - Alors, Farid, tu aimes ça, Mangal ? Alors, vous avez une espèce de spectre assez large.
06:23 - Oui, qui va du vésiner à la courneuve.
06:25 - Exactement, en passant par les patignoles.
06:28 - C'est ça.
06:30 - Plus sérieusement, beaucoup de choses ont été dites, si je peux me permettre, on parle de quoi ?
06:36 On parle d'individus, d'êtres humains, qui vivent dans des territoires qui sont autres que la France, que ce soit en métropole,
06:42 mais également dans les territoires d'outre-mer, puisqu'on oublie, on néglige très souvent,
06:46 mais il existe également des quartiers populaires, dits quartiers populaires, pour pas appeler ça la banlieue,
06:51 effectivement, également dans les territoires d'outre-mer.
06:53 On a évoqué un certain nombre de chiffres.
06:56 Moi, ces chiffres-là, en fait, pardonnez-moi, je voudrais juste un peu les corriger,
07:02 on parle de 10 milliards par an, si je ne dis pas de bêtises.
07:04 Vous savez quel est le budget que l'État français consacre à la politique de la ville, en France, par an ?
07:09 La loi de finances de 2023, qu'on n'invente pas, qui est votée, c'est 150 millions d'euros.
07:14 Pour un peu plus d'un peu plus d'entre 5 et 6 millions d'habitants.
07:18 Ce qu'on le confout très souvent, dans ces milliards, et effectivement, vous avez raison de rappeler ces milliards-là,
07:22 c'est ce qu'on appelle la rénovation urbaine.
07:24 - C'est l'en-rue. - L'en-rue. L'en-rue, c'est quoi ?
07:26 Ce sont des gens, comme vous et moi, qui sont soit copropriétaires, soit locataires, qui payent des charges.
07:30 Donc cet argent-là, en fait, d'une certaine manière, tous les 10 ou 15 ans,
07:34 quand on refait la façade de son immeuble ou de ses fenêtres, moi, ça me paraît tout à fait logique.
07:39 Pour revenir, sans rentrer, je ferme l'apparentage sur le détail.
07:43 Les détails du chiffre, etc.
07:45 On a accumulé un certain nombre de tards, il faut le dire, dans notre pays, concernant ces territoires-là.
07:50 On a évoqué tout à l'heure l'aspect culturel, pour ne pas parler de religion,
07:54 mais c'est une réalité, par exemple.
07:57 L'habitant, la non-mixité d'un certain nombre de territoires,
08:01 on a mis, vous savez, on a mis presque 30 ans,
08:03 le plan de Jean-Louis Borloo, il date de 2003, si je ne dis pas de bêtises,
08:07 on a presque mis 30 ans, puisqu'on a évoqué tout à l'heure les premières...
08:09 - La Russie, c'est 20 ans, oui. C'est ça.
08:11 - C'est presque, voilà, c'est plus de 20 ans,
08:13 pour dire, ah ben finalement, peut-être qu'on va peut-être rénover un peu plus les immeubles.
08:18 Or, vous avez des bailleurs, pas forcément publics d'ailleurs, des bailleurs privés et publics,
08:22 qui se font un beurre extraordinaire sur ces habitants-là.
08:26 Et la difficulté, c'est que ça n'a jamais été, et je le dis humblement,
08:32 ça n'a jamais été une priorité politique, quels que soient les gouvernements qui se sont succédés.
08:38 On a fait des plans, parce qu'on fait ce qu'on appelle de l'artifice,
08:41 quand ça pète, malheureusement, eh bien on va saupoudrer ici ou là, etc.
08:45 Moi, ce que j'appelle, ce que l'on souhaite véritablement,
08:48 c'est qu'on prenne la mesure que, quand ça pète dans les banlieues ou dans les quartiers populaires,
08:53 ça ne concerne pas uniquement ces habitants-là, ça concerne l'ensemble de notre pays.
08:58 Lorsque vous êtes à l'étranger...
09:00 - Les banlieues, c'est dans toutes les villes, c'est à Toulouse, c'est à Bordeaux, c'est à Lille, c'est à Strasbourg...
09:05 - Moi, j'ai des amis qui m'appellent de l'étranger, qui vivent aux Etats-Unis, qui vont en Australie,
09:09 qui me disent "mais qu'est-ce qui se passe ? Ça fait vraiment mal".
09:13 Maintenant, il y a un certain nombre de tâches, soit on fait ce qu'on a fait depuis 20 ans, 30 ans,
09:17 c'est-à-dire qu'on va faire de l'affichage, on va mettre de l'argent, très mal utilisé.
09:22 Les différents rapports de la Cour des comptes, ils sont pléthores, ce n'est pas une nouveauté.
09:28 La politique de la ville de notre pays est un échec.
09:31 Ce n'est pas qu'ils critiquent...
09:33 - Mais une fois qu'on a fait ce constat, c'est quoi les solutions ?
09:35 - Exactement. Moi, ce que j'appelle au plus profond, c'est que ça soit une véritable cause nationale.
09:41 Mais cause nationale, pas que pour l'argent.
09:43 Parce qu'en réalité, vous savez, Aversy, les inspecteurs des finances, maîtrisent parfaitement le sujet,
09:47 savent exactement, à peu près, calibrer combien de parts du PIB il faudrait mettre pour que,
09:53 non pas sur une année, mais sur peut-être une à deux, trois décennies, peut-être corriger la chose.
09:59 Mais la réalité, c'est que ça n'a jamais été une volonté politique.
10:02 Que ça soit sous notre président actuel, mais également précédemment.
10:06 Mais il faut que ça dépasse que l'argent.
10:08 Il faut vraiment prendre en conscience que si on veut avoir in fine une cohésion nationale,
10:14 parce que la cohésion nationale, ça ne se décrète pas, c'est une conséquence d'un certain nombre d'actions.
10:19 Si on veut vraiment ça, il faut qu'on se retrousse les manches.
10:22 Je n'ai pas l'impression qu'on soit dans cette logique.
10:24 - Pour qu'on comprenne bien, les mesures.
10:26 Une première mesure qui, pour vous...
10:28 - Je vais vous choquer.
10:29 Moi, il y a une mesure qui me parle beaucoup, qui concerne l'habitat.
10:33 J'ai grandi dans un quartier qui s'appelle le Valfouret.
10:36 Le Valfouret, c'est la Mante-la-Jolie.
10:38 C'est quoi ? C'est comme dans d'autres quartiers de France,
10:41 c'est un certain nombre d'habitats qui ont été construits dans les années 60-70
10:45 pour des cadres, à l'époque, la Mante-la-Jolie, c'était essentiellement pour les cadres,
10:49 pour la suite des ouvriers, qui se sont complètement dégradés.
10:52 Quand vous avez des habitats qui ne sont pas positionnés,
10:56 qui ne sont plus conformes, et que vous avez des familles,
10:59 et là, on peut revenir sur l'aspect sociologique et même culturel des choses,
11:02 où vous avez 5-6 enfants par famille,
11:04 ou dans un 50-60 mètres carrés,
11:07 vous pensez sincèrement, avec les dégradations qui existent,
11:11 que ces gens-là, ces habitants-là, vont pouvoir s'épanouir ou quoi que ce soit ?
11:15 Bien sûr que non.
11:16 Et là, je n'ai pas évoqué l'éducation nationale,
11:18 je n'ai pas évoqué, puisqu'il faut aussi en parler, même si c'est un tabou,
11:21 le problème du rapport à la police et à la justice également, etc.
11:26 Donc moi, ce que j'appelle de mes voeux,
11:28 c'est que notre pays prenne véritablement conscience
11:31 que c'est un sujet qui n'est pas facile, qui est lourd,
11:34 mais dont les conséquences touchent l'ensemble des Français.
11:38 Et on a évoqué tout à l'heure le monde rural,
11:40 qui souffre tout autant, voire parfois même beaucoup moins de moyens.
11:44 - Le département le plus pauvre de France, c'est la Creuse.
11:46 - Complètement.
11:47 - C'est une scène de vie.
11:48 - Mais tout le monde pâtit des conséquences de ces émeutes-là, etc.
11:53 Et si nous ne fousons rien, vous savez, les émeutes,
11:56 elles sont de plus en plus violentes, on le voit,
11:58 on les a vues malheureusement ces derniers jours,
12:00 mais surtout, elles vont revenir.
12:02 Elles vont revenir.
12:03 Alors, aujourd'hui, on en parle un peu plus, pourquoi ?
12:06 Parce qu'elles se sont déplacées.
12:08 Elles étaient à l'époque très concentrées dans les quartiers populaires,
12:11 aujourd'hui, on s'aperçoit de quoi.
12:12 C'est qu'en fait, elles sont à peu près dispersées sur la France,
12:15 et surtout, elles touchent maintenant les centres-villes,
12:17 les pillages, etc.
12:19 Ça ne concerne pas que les quartiers populaires.
12:21 - On part au 0826-300-300, avec notre vraie voix du jour,
12:24 du Lot-et-Garonne.
12:25 Là, c'est vraiment la France périphérique,
12:27 comme on dit, la France rurale.
12:28 Rebonsoir, Paul.
12:29 - Oui, rebonsoir à tous.
12:31 Moi, justement, je voulais faire un parallèle avec la ruralité.
12:34 Moi, j'habite dans un petit village,
12:36 il faut une voiture, le médecin, il est à 8 km,
12:39 il y en a un pour je ne sais pas combien d'habitants.
12:42 Donc, pour avoir un rendez-vous, des fois, c'est trois semaines.
12:45 Pour avoir un spécialiste, c'est un an.
12:48 Et on ne casse rien, on ne brûle rien.
12:50 À un moment donné, moi, je pense qu'il faudrait prendre
12:53 vraiment le problème à bras-le-corps
12:55 et foutre des bulldozers,
12:57 raser toutes ces barres d'immeubles-là,
12:59 et ensuite, les gens, on les disperse.
13:03 Et ceux qui veulent s'intégrer, s'intègrent.
13:05 Ceux qui veulent casser, ils dégagent.
13:07 Et il faudra les traiter comme ils sont,
13:10 c'est-à-dire, si c'est des délinquants,
13:12 il faudra les traiter comme des délinquants, et ainsi de suite.
13:14 Parce que nous, on a vécu une chose en zone rurale,
13:17 quand ils ont dédoublé les classes dans les zones prioritaires,
13:20 on a été obligés de faire des regroupements pédagogiques
13:23 parce qu'il manquait d'enseignants.
13:25 Donc, on a des classes à 35 en zone rurale.
13:27 Personne ne se plaint.
13:29 Les gosses, ils prennent le bus,
13:31 parce que l'école du village n'existe plus.
13:33 On a fait une école au niveau communal.
13:37 Et tout est à l'avenant.
13:39 Aujourd'hui, la ruralité, elle souffre en silence.
13:41 Et quand les habitants de la ruralité voient ce qui se passe à ma lieu,
13:45 parce qu'on comprend que ça va mal dans les banlieues,
13:48 moi ça je l'entends,
13:49 mais je ne comprends pas pourquoi on va cramer des écoles.
13:52 Ça sert à quoi ? Ils ont quoi dans le cerveau ces jeunes ?
13:54 - Restez avec nous, Paul, merci pour votre témoignage.
13:56 Philippe Bilger dans le micro.
13:58 - Pardon d'être à nouveau simpliste,
14:00 mais il me semble que dans votre analyse,
14:03 je ne discute pas ça pertinent.
14:06 Je ne vis pas dans un quartier populaire, ni dans les banlieues.
14:09 Est-ce que vous n'occultez pas
14:12 le problème d'une minorité qui,
14:15 sans moralité,
14:17 étouffe et gangrène
14:19 les lieux où l'État fait beaucoup ?
14:22 Je veux dire, est-ce que
14:24 l'argument de notre auditeur n'est pas absurde ?
14:27 Dans des situations comparables,
14:30 eh bien, il y a des vies,
14:33 des quotidiennetés qui se déroulent à peu près correctement,
14:36 et d'autres, non.
14:39 Est-ce que ça n'est pas un problème moral ?
14:42 Est-ce que dans ce lot de cette minorité,
14:45 il n'y a pas malheureusement des Français
14:48 ne se considérant pas comme des Français
14:51 et ne vivant pas comme un cadeau, ce qui est fait pour eux ?
14:54 - Vous avez forcément un peu raison.
14:57 Moi, je ne suis pas dans l'opposition
15:00 des quartiers populaires et du monde de la ruralité.
15:03 - Mais ce que tu parles est touchant, c'est vrai.
15:06 - Mais c'est complètement vrai. On ne peut pas le nier.
15:09 Aujourd'hui, moi qui adore mon pays, lorsque je me balade
15:12 et lorsque je vais dans un certain nombre de territoires,
15:15 vous avez un certain nombre de fléaux qui sont quasiment les mêmes
15:18 que dans les quartiers populaires. Néanmoins,
15:21 ça touche beaucoup moins de personnes, en termes de population, de nombre,
15:24 et les fléaux se sont cumulés. - Ça touche peut-être le même nombre
15:27 de personnes, mais beaucoup plus ventilés sur le territoire.
15:30 - Exactement. Du coup, la concentration est moindre, d'une certaine manière.
15:33 Là, vous avez raison. Bien sûr, piller, voler,
15:36 c'est un problème moral avant tout. Et ça, ce n'est pas une question
15:39 de quartiers populaires ou pas de quartiers populaires.
15:42 C'est un problème d'éducation, de moralité. Vous avez complètement raison là-dessus.
15:45 Mais lorsque vous empilez les difficultés,
15:48 et c'est là-dessus qu'il faut bien mesurer,
15:51 il faut s'attendre qu'une minorité puisse déborder,
15:54 même si c'est trop d'alarme. - En fait, il faut régler les problèmes
15:57 derrière les autres. - Tout à l'heure, je voulais rebondir sur ce que disait
16:00 l'auditeur. Il a complètement raison sur une chose. Je ne l'ai pas terminé tout à l'heure
16:03 sur l'habitat, par exemple. Moi, je pense qu'il faut, à un moment donné,
16:06 avoir l'honnêteté et le courage de dire qu'à partir
16:09 de telle densité, nous ne pouvons plus, et donc, du coup, détruire
16:12 ce qui a pu être fait lorsque des élus
16:15 le font correctement.
16:18 Et malheureusement, vous avez un certain nombre d'élus, par clientélisme,
16:21 qui ne le font pas parce que, justement, détruire
16:24 un certain nombre de barges d'immeuble, c'est détruire un certain nombre d'électeurs.
16:27 Et donc, du coup, je pense qu'à un moment donné, il faut que l'État
16:30 prenne ses responsabilités. - Vous opposez les écolos aussi.
16:33 - Notamment, oui. - 0826-300-300, Sonia veut
16:36 réagir. Bonsoir, Sonia. - Bonsoir, Sonia, de Paris.
16:39 Sonia ? - Sonia, écoute.
16:42 - Oui, vous êtes mute. Bonsoir. - Oui, alors, bonsoir.
16:45 Moi, je suis issue de l'immigration. Il suffit de
16:48 d'immigrer. On était 8 enfants.
16:51 On a tous réussi. On a vécu
16:54 dans une cité. Moi, monsieur, je sais pas,
16:57 c'est Farid. - Farid Tamsemani. - Oui.
17:00 Votre discours, il est entendu, entendu,
17:03 réentendu. Ça allait dans les années 80, 90,
17:06 2000. Mais la victimisation de ces personnes-là,
17:09 ça suffit. Quand vous dites qu'il y a des personnes
17:12 qui vivent dans le 50 m2, qui ont 6 enfants, excusez-moi,
17:15 moi, j'ai fait 2 enfants parce que j'avais 50 m2,
17:18 j'en ai pas fait 6. Donc, à un moment donné, ça suffit.
17:21 Ça suffit. Les parents sont qui se responsabilisent.
17:24 Quand ils ont un appartement qui fait 50 m2, eh ben,
17:27 ils font 2 enfants, ils en font pas 6 pour bien les élever.
17:30 Pour bien les élever. Donc, maintenant,
17:33 cette victimisation constamment
17:36 de... Oui, ils sont mal...
17:39 Il y a pas les appartements.
17:42 Ça suffit. Moi, j'ai tout eu en France. J'ai tout eu.
17:45 On a tous réussi. On a vécu dans une cité et on faisait nos devoirs
17:48 sur la table de la cuisine. - Merci Sonia.
17:51 Restez... - Vous ne... Vous ne... Vous faites pas
17:54 en sorte, au lieu d'appuyer sur le fait que c'est des racailles
17:57 qui foutent le bordel et qui n'ont pas envie d'aller à l'école,
18:00 vous êtes en train de les...
18:03 d'abonder dans leur centre. Donc, on est plein de maghrébins
18:06 maintenant qui pensent comme moi. On en a marre de la victimisation.
18:09 Avançons ! Avançons ! - Merci Sonia.
18:12 Merci de rester avec nous. Farid, on est très en retard.
18:15 Je suis obligée de vous laisser répondre. - Bon, je pense qu'elle a mal interprété
18:18 mon propos. Je ne veux absolument pas dans la victimisation.
18:21 Je dénonce principalement justement la victimisation.
18:24 Là où il y a une réalité,
18:27 c'est que le sentiment d'appartenance à notre pays, il existe
18:30 de moins en moins. Et ça, c'est un véritable sujet. - Vous restez avec nous, Farid.
18:33 On fait une petite pause. On revient dans quelques instants. Ça sonne énormément.
18:36 On est au Standard avec Pierre qui nous appelle de Montpellier, 0826 300 300.
18:39 On est ensemble jusqu'à 19h avec les Vraies Voix.

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