L'interview de Laurent Nuñez

  • l’année dernière
Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, était l’invité de Laurence Ferrari dans #LaMatinale sur CNEWS.

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Transcript
00:00 -Laurence, vous recevez ce matin le préfet de police de Paris.
00:02 -Bonjour Laurent Douniès.
00:03 -Bonjour.
00:04 -Merci d'être sur CNews ce matin pour évoquer ce qui s'est passé à Nanterre.
00:07 Peut-être d'abord un premier bilan de la nuit, une nuit d'heure et de violence à Nanterre.
00:11 Après la mort de ce jeune homme de 17 ans, tué par un policier à la suite d'un refus de tempérer.
00:15 Quel est le bilan de cette nuit ?
00:17 Est-ce que côté interpellation et côté blessé ?
00:20 -D'abord évidemment à la demande du ministre de l'Intérieur.
00:24 Donc j'avais bâti en tant que préfet de police, en lien très étroit avec le préfet des Hauts-de-Seine,
00:29 avec mes directeurs de service de police, un dispositif qui se voulait extrêmement réactif
00:34 puisque nous nous attendions à ce qu'il y ait des heurts la nuit passée à Nanterre.
00:40 Donc nous avions bâti un dispositif de police qui était extrêmement mobile
00:43 et qui a fait face à des petits groupes d'individus très mobiles
00:49 qui voulaient s'en prendre aux forces de l'ordre, voulaient s'en prendre au bien.
00:52 Et donc je tiens évidemment ce matin à remercier les forces de police,
00:58 les compagnies républicaines de sécurité, des gendarmes mobiles,
01:00 les forces de la préfecture de police qui se sont mobilisées toute la nuit.
01:03 -Il y avait combien de gens ?
01:04 -Ca fait 350 fonctionnaires de police, militaires de la gendarmerie qui étaient mobilisés,
01:09 essentiellement sur Nanterre et qui ont fait un travail remarquable pour éviter des débordements.
01:16 Donc ces petits groupes se sont engagés dans plusieurs quartiers de Nanterre
01:22 tout au long de la soirée et puis une partie de la nuit
01:24 puisque les derniers incidents se sont terminés à 3h30.
01:26 Et voilà, donc nous avons systématiquement poursuivi pour chasser ces petits groupes,
01:32 éviter qu'ils ne commettent des exactions graves.
01:35 Et il y a eu 24 interpellations.
01:38 -Et des blessés côté policiers ?
01:39 -Il y a eu 24 blessés légers parmi les forces de police et les militaires de la gendarmerie.
01:44 Et nous déplorons 42 véhicules brûlés.
01:48 Il y a eu deux ou trois engins également de poids lourd,
01:51 deux ou trois engins de chantier qui ont été brûlés, quelques cabanes également de chantier.
01:57 Et puis surtout les forces de l'ordre ont évité,
02:00 comme ont tenté de le faire un certain nombre de personnes,
02:03 ont évité que des personnes entre ou dégradent, brûlent des commerces ou certains bâtiments publics.
02:09 Et je veux à nouveau saluer leur action.
02:11 -Ce dispositif policier de 350 personnes sera pérenne ?
02:14 C'est-à-dire que ce soir, après-demain soir, il y aura encore d'autres ce type de dispositifs ?
02:21 -Evidemment, ce dispositif, il se prolongera autant que de besoin.
02:24 Mais moi, je veux aussi appeler au calme.
02:27 Il faut raison garder.
02:29 Je rappelle que dans l'affaire qui est à l'origine de ces violences,
02:35 des violences de la nuit à Nanterre...
02:36 -On ne peut pas parler d'émeutes urbaines, on est d'accord.
02:38 -Ce sont ce qu'on appelle des violences urbaines.
02:40 Donc je veux rappeler quand même que le fait qui est à l'origine des violences urbaines
02:44 donne lieu quand même à une enquête judiciaire qui a été confiée à l'IGPN
02:48 par le parquet de Nanterre et qui a été ouverte, je le rappelle,
02:52 pour homicide volontaire par personne dépositaire de l'autorité publique.
02:58 Donc je veux quand même rappeler les choses.
03:00 Donc voilà, la justice doit passer.
03:02 -Et appel au calme.
03:03 On verra ce que dit l'avocat de la jeune victime dans un instant.
03:06 Simplement, quand on revient sur les faits, sur ce qui s'est passé hier matin,
03:09 près de 8h30 à Nanterre, on voit sur la vidéo qui a été largement diffusée
03:14 sur les réseaux sociaux, un fonctionnaire qui se tient debout,
03:17 un conducteur en joue avec son pistolet.
03:19 Et quand le jeune homme redémarre, il a 17 ans, je le rappelle,
03:22 le policier tire à bout portant par-dessus la vitre baissée côté conducteur.
03:26 Quelle a été votre réaction en voyant ces images ?
03:28 Vous vous êtes interpellé, choqué par ces images ?
03:31 -Oui, d'abord, ma première réaction, ça a été d'abord de demander à la hiérarchie.
03:34 Ces fonctionnaires de police relèvent de mon autorité.
03:37 Ils réalisent des contrôles, notamment des contrôles routiers,
03:39 pour lutter contre les délits routiers, pour lutter contre des rodéos urbains,
03:43 notamment dans ce secteur.
03:45 -Il y en a beaucoup ?
03:46 -Et donc, oui, il y en a beaucoup. Il y en avait encore le week-end dernier.
03:48 Et donc, les policiers sont très mobilisés pour interpeller les auteurs de ces rodéos urbains.
03:53 Et cet équipage, ces deux motards, s'étaient vus assigner cette mission.
03:58 Donc, mon premier réflexe, évidemment, c'est de demander
04:00 dans quel contexte a eu lieu ce contrôle routier.
04:03 Donc, voilà, des individus, trois individus dans un véhicule
04:06 qui commettent des infractions. Ils sont contrôlés.
04:09 Il y a un refus d'obtempérer, un premier refus d'obtempérer.
04:12 Puis le véhicule est bloqué dans le flot de circulation.
04:14 Il y a le contrôle au cours duquel ce coup de feu est tiré.
04:19 Voilà, donc, je n'ai pas de commentaire à faire.
04:21 -Vous n'avez pas d'explication à suivre ?
04:23 -Je redis qu'évidemment, ce geste m'interpelle
04:26 et que l'enquête doit faire toute la lumière sur les circonstances de ce contrôle,
04:32 ce qui s'est passé juste avant, ce qui s'est passé dans l'habitacle.
04:35 Ça, c'est la justice qui doit le dire.
04:37 Évidemment, il faut respecter le principe de présomption d'innocence.
04:41 Quand j'entends parler, effectivement, des avocats de meurtre, d'exécution,
04:46 évidemment, ça me pose un problème.
04:48 Je crois que c'est fouler au pied le principe même de la présomption d'innocence.
04:51 Voilà, donc, la justice doit passer.
04:53 Il y a un geste qui interroge, qui interpelle.
04:56 Et la justice a déjà entendu ce fonctionnaire.
04:59 Moi, je n'ai pas le retour. C'est une procédure judiciaire.
05:01 Et donc, toute la lumière sera faite sur cette affaire.
05:04 Évidemment, s'il doit y avoir des sanctions,
05:06 elles seront judiciaires et administratives s'il le faut.
05:09 Mais s'il y a faute, il y aura sanctions.
05:11 Mais il faut respecter le principe de présomption d'innocence.
05:14 Ça me semble, évidemment, fondamental.
05:16 Et je veux dire évidemment, évidemment, qu'en tant que préfet de police
05:20 et au nom, évidemment, de l'ensemble des fonctionnaires de la préfecture de police,
05:24 j'ai une pensée, évidemment, pour la jeune victime de 17 ans
05:27 qui est décédée lors de ce contrôle.
05:29 Et évidemment, également, pour sa famille.
05:32 Est-ce que le policier incriminé est toujours en garde à vue, à votre connaissance ?
05:35 À ma connaissance, oui, il est toujours en garde à vue.
05:37 Il n'annonce pas. Il a d'abord été entendu comme suspect libre.
05:41 Et puis, il a été placé en garde à vue hier dans la journée
05:44 par le parquet de le procureur, M. le procureur de Nanterre.
05:47 Est-ce que, concernant la jeune victime de 17 ans,
05:50 ce jeune garçon qui s'appelle Naël,
05:52 est-ce qu'il avait d'autres infractions, déjà commis d'autres infractions, ou pas ?
05:56 Est-ce qu'il avait un casier judiciaire, ou pas ?
05:58 C'est au cœur des polémiques avec l'avocat de la famille.
06:01 Moi, Mme Ferrer, je ne suis pas compétent pour me prononcer là-dessus.
06:03 Je m'en refère simplement aux communiqués de presse du procureur de la République hier
06:09 qui signalaient que cet individu était effectivement connu,
06:12 notamment pour des précédents refus de tempérer.
06:15 Voilà, c'est la justice qui communique.
06:17 Moi, je ne peux que me contenter, et c'est même mon rôle,
06:21 aux communiqués du procureur de la République.
06:25 D'accord. D'autres personnes se trouvaient dans le véhicule.
06:27 Au moment des faits, un premier passager après la fuite.
06:30 Il y en a un deuxième qui est mineur, comme le conducteur qui a été arrêté,
06:33 placé en garde à vue. Son témoignage va être déterminant ?
06:36 Oui, ce sera un témoignage évidemment déterminant.
06:39 Oui, oui, ce sera déterminant, son témoignage.
06:42 La troisième personne, si elle est retrouvée,
06:45 évidemment, le témoignage des deux policiers sera aussi déterminant.
06:49 Les explications qu'ils vont donner seront évidemment déterminantes.
06:55 Vous l'avez dit, en tout cas pendant l'entreprise,
06:57 pendant l'entreprise qui a été placée en garde à vue,
06:59 des contrôles d'alcoolémie et de consommation de stupéfiants ont été réalisés.
07:02 Ils sont négatifs, c'est ça ?
07:04 Donc, il n'y a rien à chercher de ce côté-là.
07:07 L'IGPN a été également saisie.
07:10 Le problème, c'est le temps que va prendre l'enquête,
07:13 qui n'est pas le temps, évidemment, que souhaite la famille de la victime.
07:16 En combien de temps est-ce qu'on peut espérer avoir un résultat dans cette enquête ?
07:21 Ecoutez, moi, c'est une procédure judiciaire.
07:24 Je crois que tout le monde veut que ça aille très vite.
07:28 Le ministre de l'Intérieur l'a dit.
07:31 Moi, qui suis placé sous son autorité, le préfet de police, je le souhaite aussi.
07:34 Et je pense aussi que le parquet voudra aller vite.
07:36 Mais après, il faut respecter les droits des personnes, les droits de la défense.
07:39 Il y a des procédures judiciaires.
07:41 Elles valent pour tous et elles s'appliquent pour tous.
07:43 On va évoquer l'avocat de la victime, Yacine Bousreau,
07:46 qui a annoncé le dépôt de trois plaintes.
07:48 Une pour homicide volontaire visant le policier incriminé,
07:50 une autre contre son collègue.
07:52 Est-ce que vous comprenez ces procédures ?
07:54 À partir du moment où le procureur de la République
07:57 ouvre une enquête pour homicide volontaire,
07:59 j'avoue que j'ai un peu de mal à comprendre ces procédures.
08:02 Mais enfin, voilà, c'est pas non plus mon rôle de les commenter.
08:07 Tout le monde peut déposer plainte pour homicide volontaire.
08:12 Moi-même, j'ai été choqué d'entendre parler
08:15 les avocats de meurtre, je crois, d'exécution,
08:19 sur la voie publique, meurtre sur la voie publique, exécution.
08:22 Voilà, donc j'ai pas de commentaire à faire là-dessus.
08:26 Il faut s'en remettre à la justice de notre pays.
08:29 Mais attention aux propos excessifs qui peuvent être tenus
08:32 par les uns et les autres et qui finalement, au final,
08:34 reviennent à fouler au pied un principe fondamental
08:37 de notre État de droit, qui est quand même la présomption d'innocence.
08:40 Pour le policier incriminé.
08:41 Évidemment, évidemment.
08:43 Il a aussi, cet avocat, affirmé que les policiers avaient menti
08:46 et que leur première version, dans ce qu'ils ont dit
08:48 la première fois aux enquêteurs, était complètement contredit
08:51 par la vidéo, à savoir qu'ils n'étaient pas en légitime défense,
08:53 qu'ils n'étaient pas en danger au moment de ce contrôle.
08:55 Oui, mais c'est déjà une appréciation de ce qui s'est passé.
08:58 Donc voilà, moi, je n'ai pas de commentaire à faire là-dessus.
09:02 Les fonctionnaires, dans leur audition, diront
09:04 s'ils se sont sentis menacés ou pas.
09:06 Voilà, moi, je n'ai pas de commentaire à faire, encore une fois.
09:08 Il y a une enquête judiciaire.
09:09 Les fonctionnaires de police auront l'occasion de s'exprimer,
09:12 d'expliquer ce qu'ils ont dit.
09:15 Et voilà, donc je m'en remets vraiment à la justice.
09:17 Avant d'en venir à la polémique politique, cette fois-ci,
09:19 un mot des chiffres. Gérald Darmanin, hier, devant la représentation nationale,
09:23 a estimé qu'il y avait de plus en plus de refus d'obtempérer
09:26 dans notre pays, mais qu'il y avait, en revanche,
09:28 moins de tirs mortels et moins de cas de tirs mortels.
09:33 Est-ce que c'est des chiffres que vous corroborez ?
09:34 Oui, bien sûr. Non, non. Mais le ministre répondait
09:38 à une parlementaire qui considérait que la loi de 2017,
09:41 qui vise à encadrer les cas d'usage de l'arme administrative,
09:44 le ministre répondait à une parlementaire qui disait
09:47 que finalement, on avait donné plus de prérogatives,
09:51 plus de possibilités aux fonctionnaires de faire usage de leur arme.
09:55 Depuis 2017, le changement de la loi.
09:57 Depuis 2017, mais en réalité, ce sont des textes qui viennent
09:59 encadrer l'usage de l'arme administrative.
10:01 D'ailleurs, le cas de la légitime défense, qui, au cas d'espèce,
10:05 est celui qui va être interrogé. Légitime défense,
10:08 est-ce que les fonctionnaires étaient en danger ou pas ?
10:10 C'est ça qui va être interrogé. Ça existait avant la loi
10:13 et ça existe toujours depuis la loi.
10:15 Et puis la loi a prévu des cadres très spécifiques
10:17 d'utilisation de l'arme administrative.
10:19 Tout ça reste très encadré. Vous savez, un fonctionnaire de police
10:23 n'utilise son arme qu'en cas d'ultime recours.
10:26 Ultime, ultime, ultime recours. Le ministre a rappelé
10:29 que les refus d'obtempérer ont augmenté.
10:31 C'est plus 13% depuis 2016. Et l'utilisation des armes administratives
10:35 à l'occasion de ces refus d'obtempérer, c'est 0,5%.
10:40 Donc voilà, il y a très peu d'utilisation de l'arme administrative.
10:44 Il y a beaucoup de refus d'obtempérer et ça, c'est quand même pas normal.
10:47 Quand un policier demande à un véhicule de s'arrêter
10:50 pour être contrôlé, en général, on doit s'arrêter.
10:52 Il ne faut pas l'oublier. Alors, évidemment, évidemment
10:55 que l'usage de l'arme administrative dans le cas d'un refus d'obtempérer,
10:58 c'est toujours à éviter. C'est quelque chose à éviter,
11:01 surtout quand cela se traduit, comme hier, par le drame
11:05 que nous avons connu. Mais il ne faut pas oublier quand même,
11:08 il faut rappeler les choses parce que sinon, il n'y a plus de vivre ensemble,
11:11 il n'y a plus d'état de droit. Si quand un policier demande à un véhicule
11:14 de s'arrêter et qu'il refuse d'obtempérer, on a quand même un problème.
11:18 Et en tout cas, il y a une chose qui est certaine, c'est que moi,
11:20 comme préfet de police, et ce sont les instructions que me donne
11:22 le ministre de l'Intérieur, nous continuerons évidemment
11:25 à lutter contre les délits routiers, à lutter contre les rodeos.
11:28 Et nous continuerons à faire en sorte que des véhicules s'arrêtent
11:30 pour être contrôlés et verbaliser le cas échéant
11:32 quand ils commettent des infractions.
11:34 – Dans ces refus d'obtempérer, on a eu 13 morts depuis l'année 2022,
11:37 du côté de ceux qui commettent les refus, évidemment, sur ces 13 cas,
11:41 il y a eu 5 policiers mis en examen, les autres libérés sans poursuite.
11:45 C'est-à-dire qu'il y a des sanctions en cas de dérapage.
11:48 – Mais bien sûr, mais bien sûr, mais bien sûr, il y a des policiers
11:51 qui sont mis en examen pour homicide volontaire, dans le cadre
11:54 d'usage d'armes administratives, dans le cadre de refus d'obtempérer.
11:57 Les mots ont un sens, encore une fois, quand on parle d'exécution,
12:00 quand on parle de rétablissement de la peine de mort,
12:02 quand on parle de meurtre sur la voie publique, les mots ont un sens,
12:07 les mots ont un sens, les policiers sont très encadrés,
12:10 strictement encadrés, l'usage d'armes administratives,
12:12 il doit être proportionné, et évidemment, quand ils entraînent
12:15 des blessures, graves blessures, voire des blessures mortelles,
12:19 évidemment qu'ils doivent encore plus se justifier,
12:22 et qu'ils sont soumis à des poursuites pénales
12:25 quand il y a une faute de leur part.
12:27 Il faut vraiment le rappeler, puisqu'on a l'impression,
12:29 quand on entend, au cours de la journée écoulée,
12:33 les propos tenus par les uns et les autres,
12:35 on a l'impression que tout ça est mis de côté,
12:36 que ça n'existe pas, mais non, la réalité, c'est bien celle-là.
12:39 – D'accord, est-ce qu'il n'y a pas un problème de formation
12:41 des policiers au tir avec des armes à feu ?
12:43 3 tirs par an, est-ce que c'est suffisant ?
12:46 Certains d'entre eux ne les font pas,
12:48 est-ce qu'il n'y a pas aussi quelque chose à faire
12:49 du côté de la formation des policiers ?
12:51 – La formation des policiers au tir, c'est quelque chose
12:53 qui est très encadré, c'est 3 tirs par an, c'est 90 cartouches par an,
12:56 c'est quelque chose de très encadré, et nous veillons évidemment
12:59 à ce que les policiers respectent ces formations.
13:03 Je rappelle qu'en cas de refus d'obtempérer,
13:06 l'utilisation de l'arme administrative, ce sont des choses
13:09 qui se jouent parfois en un quart de seconde.
13:11 Donc voilà, la formation, ce n'est pas que la formation au tir,
13:15 c'est aussi la formation des policiers à la gestion du stress,
13:18 à la gestion des situations délicates, et beaucoup de choses ont été faites
13:22 et évidemment continuent d'être faites sur le sujet.
13:24 – Le policier incriminé aujourd'hui était Aguerry,
13:27 c'était un policier de terrain depuis longtemps ?
13:29 – C'était un brigadier de police de 38 ans,
13:33 dont les états de service n'appelaient pas d'observation,
13:35 oui c'était un policier… – Aguerry.
13:37 – Aguerry, oui je vous le confirme, en tout cas c'était quelqu'un
13:39 qui avait la confiance de sa hiérarchie.
13:42 – Vous avez été choqué, vous l'avez dit, notamment par les élus de la NUPES
13:45 qui ont fait parler de leur indignation, Olivier Faure,
13:48 refus d'obtempérer ne donne pas le permis de tuer,
13:50 Jean-Luc Mélenchon dit "la peine de mort n'existe plus en France,
13:54 aucun policier n'a le droit de tuer sauf légitime défense,
13:57 cette police incontrôlée par le pouvoir discrédite l'autorité de l'État,
14:01 elle doit être entièrement refondée".
14:03 – Non, alors moi évidemment je ne vais pas, moi je suis préfet de police,
14:07 je n'ai pas de commentaire à faire de propos tenus par des hommes politiques,
14:12 ce que je peux vous dire c'est que moi, comme autorité hiérarchique
14:15 sous l'autorité du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin,
14:18 moi ce que me demande le ministre c'est d'avoir un contrôle très strict
14:21 de la déontologie policière, on ne peut pas dire que la police
14:23 est incontrôlée dans notre pays, c'est très grave,
14:26 les mots ont un sens, je crois que depuis que,
14:30 en tout cas moi j'ai été nommé préfet de police,
14:32 j'ai démontré que je savais être ferme quand il y avait des fautes,
14:36 je savais sanctionner, mais on ne peut pas dire
14:38 que la police est hors de contrôle, c'est complètement faux,
14:41 elle est extrêmement contrôlée, dirigée, et il n'y a pas de laisser aller,
14:45 quand il y en a, quand il y a des fautes, il y a des sanctions,
14:48 et généralement elles sont assez sévères,
14:51 on ne peut pas parler d'un corps de police incontrôlé,
14:55 quand vous savez que plus de la moitié des sanctions
14:58 qui sont appliquées dans toute la fonction publique de l'État
15:01 concernent des policiers, donc on ne peut pas parler d'un corps incontrôlé,
15:05 ça me paraît un peu exagéré, encore une fois ce sont des propos politiques
15:08 où il ne m'appartient pas de les commenter, mais de témoigner
15:10 comme autorité hiérarchique des policiers que la police est très contrôlée,
15:14 et en tout cas pour la partie qui me concerne sur la préfecture de police,
15:17 sur Paris et les trois départements de Petite-Couronne,
15:19 je peux vous dire que la police est dirigée et contrôlée.
15:21 – L'acteur Omar Sy demande aussi une justice digne de ce nom
15:24 pour honorer la mémoire de cet enfant.
15:26 – Ce sera le cas, ce sera le cas, l'IGPN est saisi,
15:29 a déjà commencé ses investigations, encore une fois je rappelle
15:33 que le parquet a ouvert sur l'homicide volontaire
15:38 par personne dépositaire de l'autorité publique,
15:41 voilà je rappelle quand même, ça me paraît, c'est quelque chose d'extrêmement important.
15:46 – Qu'est-ce que vous redoutez pour les jours à venir monsieur le Préfet ?
15:49 Est-ce qu'on a évoqué le dispositif policier qui restera en place,
15:53 est-ce que vous redoutez un embrasement de Ananter mais dans les cités avoisinantes ?
15:58 – Je ne redoute rien, on sera évidemment présents de nouveau à Ananter
16:03 pour éviter des débordements, comme on l'a été cette nuit,
16:07 il y a eu certes eu des exactions mais les policiers ont été présents,
16:10 ont contenu ces débordements, moi j'en appelle au calme et à l'apaisement,
16:14 il faut faire attention à des propos qui finalement ne font que mettre de l'huile sur le feu
16:18 et au final ce sont mes effectifs sur le terrain qui se retrouvent à gérer des débordements,
16:23 alors même encore une fois qu'il y a une enquête judiciaire qui est ouverte,
16:26 qui est en cours, nous sommes dans un état de droit
16:29 et ce policier aura à répondre de ses actes,
16:32 on a l'impression quand on entend certains propos que tout ceci encore une fois est oublié
16:37 et puis l'autre difficulté que je vois à tout ça,
16:41 c'est qu'on a l'impression que la présomption d'innocence n'existe plus
16:44 et c'est quand même un problème, c'est un principe fort de notre droit français
16:49 mais je veux redire pour conclure que évidemment, encore une fois,
16:54 nous avons une pensée pour la famille de la victime et pour la victime elle-même,
16:59 ce n'est pas normal de mourir dans le cadre d'un contrôle routier à 17 ans,
17:03 ce n'est pas normal évidemment, nous y pensons aussi,
17:05 mais il faut aussi savoir raison garder, il y a une enquête judiciaire,
17:08 elle est ouverte et elle se déroule normalement.
17:10 Merci M. le Préfet de police d'être venu ce matin sur CNews,
17:12 à vous Romain Nézard pour la suite de l'actualité.
17:14 Merci.
17:16 [Musique]
17:20 [SILENCE]

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