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  • 14/06/2023

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Personnes
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00:00 [Musique]
00:29 Madame, Monsieur, bonsoir. Nous vous proposons cette édition de Paris-Ci l'économie au lendemain de la tenue à Abidjan en Côte d'Ivoire, d'une nouvelle édition de l'événement baptisé Africa CEO Forum.
00:41 Un événement qui a connu la participation d'un bon nombre d'officiels et d'opérateurs privés du Cameroun, d'ailleurs conduit par le Premier ministre du gouvernement, le docteur Joseph Diangouté.
00:52 Là-bas, on aura parlé, entre autres, de la promotion des champions nationaux à l'échelle continentale. On devrait passer de 300 à 3 000. C'est énorme, dans une horizon de 10 ans.
01:05 Au Cameroun, l'actualité est marquée par le collectif budgétaire, avec un budget de l'État qui devrait désormais avoisiner les 7 000 milliards de francs CFA.
01:16 On est autour de 6 700 milliards de francs CFA, dans un contexte où le patronat doit trouver de la place pour accompagner les politiques publiques de développement.
01:28 Nous avons sur notre plateau des gens qui ont la capacité de parler de ces sujets-là, qui ont la prétention d'être champions nationaux également, et qui peuvent nous accompagner dans la réflexion que nous vous proposons ce soir.
01:40 On va commencer par vous, docteur Edi Moumongori. Vous êtes économiste. Bonsoir.
01:45 Bonsoir.
01:46 Sur le collectif budgétaire qui vient d'être décidé par ordonnance présidentielle, quel est le regard de l'économiste que vous êtes?
01:56 Déjà, c'est quand même quelque chose qu'il faut saluer parce qu'en fait, depuis, je crois, quatre ans, nous notons un recul du taux d'investissement net qui est parti de plus de 20 %, je crois, 24 % du PIB, à aujourd'hui 17 %.
02:20 Dans les pays qui vont vite, on le sait, on carbure quand même à 45-40 % du PIB. Voilà, donc c'est déjà quelque chose.
02:34 Il s'agit encore de relancer la reconstruction des zones sinistrées, ce qui veut dire investir. Il s'agit peut-être de relancer la consommation aussi avec les revenus qui ont été revus à la hausse de 5,2 %, et peut-être d'améliorer un tout petit peu la qualité et l'efficacité de la dépense publique avec les dépenses de consommation.
03:01 C'est une rengaine depuis plusieurs années, améliorer la qualité de la dépense publique.
03:05 Voilà, ça craignait un tout petit peu. Mais j'avoue que ce n'est pas ça qui, à mon avis...
03:13 On va quand même remarquer que c'est la sixième année consécutive qu'on procède à un collectif budgétaire au Cameroun.
03:18 Oui, ça c'est vrai. Ça veut dire en fait qu'il y a aussi certains événements dont nous ne maîtrisons pas totalement la portée ni la puissance qui ont des effets quand même sur nos économies.
03:36 On les connaît tous, ce n'est pas nécessaire de les citer, que ce soit la COVID ou la crise russo-ucranienne. Il y a plein d'autres événements qui perturbent quand même la programmation stratégique du développement des nations.
03:52 Très bien. À côté de vous, Roselyne et Kambi Sopo, bonsoir. Merci d'avoir accepté l'invitation de Paris Syndicat.
04:00 Alors vous êtes leader ou dirigeante de l'association des jeunes dirigeants du GECAM, je crois bien que c'est cette appellation-là.
04:08 Comment vous vous définissez dans le mouvement de relance de la croissance économique, après les explications du Dr Edimo, sur le croissement du budget de l'État?
04:18 Alors aujourd'hui, on a un pays qui, pour tous, on a besoin de transformer de manière structurelle notre économie. On a besoin de l'industrialiser. On a besoin de raviver des régions qui étaient sinistrées.
04:32 Donc comme le docteur le disait, il faut être capable de s'arrêter un moment, de s'asseoir, de se demander quels sont les besoins et de trouver les moyens de recueillir les fonds nécessaires pour pouvoir propulser notre pays.
04:45 Je pense qu'on a tous besoin d'améliorer le taux de croissance du pays et de l'industrialiser pour qu'on arrive à porter la voie du Cameroun dans le monde en termes de compétitivité.
04:56 Sur la reconstruction notamment des zones sinistrées, on est sur une voie assez positive avec le ministère de l'Économie qui nous a fait comprendre il y a quelques temps qu'on vient de bénéficier d'un fonds d'investissement chinois de 18 000 milliards de francs CFA.
05:12 Ce n'est pas bon signe ?
05:14 Alors tout à fait. Les journaux l'ont publié il y a quelques jours. La Silk Road Investment Fund a accepté d'accompagner le Cameroun à hauteur de 18 000 milliards de francs CFA, ce qui est un bon début.
05:28 Sachant que la SND nécessitait une enveloppe globale de 88 000 milliards, il faut arriver à trouver les fonds restants. Parce que les 18 000 milliards, c'est évidemment insuffisant pour arriver à faire tout ce qu'on a à faire.
05:43 Donc il faut qu'on redouble d'innovation, d'énergie, de dextérité pour arriver à recueillir les capitaux dont on a besoin.
05:50 Et peut-être pas de manière unique de faire appel à des investisseurs étrangers, mais réfléchir aussi au sein du pays pour arriver à mobiliser l'épargne pour qu'elle aille vraiment servir pour la reconstruction de notre pays.
06:04 Très bien. Je me retourne maintenant vers vous, professeur Théodore Marie-Fancy. Bonsoir.
06:09 Bonsoir.
06:10 Vous êtes le vice-président de Ecam, entreprise du Cameroun. C'est un mouvement patronal dans notre land, il y a un noeud économique.
06:17 Et lorsque on capte ce qui nous est venu d'Abidjan, faire la promotion des champions nationaux à l'échelle continentale, vous avez peut-être un regard sur ce que nous faisons au Cameroun, déjà?
06:29 Oui. Merci, M. Bilet, de m'avoir invité pour cet entretien.
06:35 M. Kingué.
06:36 M. Kingué, pardon. Je pense que le Cameroun fait un certain nombre de choses. Et vous avez parlé tout à l'heure du budget. Vous avez parlé du budget qui sort aujourd'hui. Nous sommes au mois de juin.
06:51 Et on peut se demander s'il y a une véritable programmation qui prend en compte les éléments. Parce qu'un budget, au mois de juin, il nous reste à peine cinq mois.
07:06 Parce qu'il faudrait, dès novembre, commencer à planifier ce qu'on fait pour l'année prochaine. Donc, il y a véritablement un problème de planification dans notre environnement.
07:18 Si on veut aller loin, si on veut des champions nationaux, si on veut une croissance, je pense qu'à un moment donné, il faut pouvoir planifier.
07:27 Mais si on fait un budget en juin, en fait, on ne fait pas un nouveau budget. On fait juste une amélioration en fonction de la conjoncture. Ce n'est pas nouveau.
07:39 Le budget n'est pas encore mis en place. Ça veut dire que nous sommes en juin. Il n'est pas encore opérationnel.
07:45 C'est des nouvelles perspectives qui ont permis de revoir à la hausse le budget de l'état du Cameroun pour le reste de l'année.
07:53 Est-ce qu'il est exécutif, le budget initial?
07:56 Certainement pas encore.
07:57 Je veux dire que les actions ne seront pas mises en route avant la fin du mois de juin.
08:02 Il y a un budget initial qui est mis en route depuis le mois de janvier.
08:05 Le budget n'a pas été disponible au mois de janvier. En général, nous savons bien que les lignes sont disponibles bien dans les années précédentes, à partir du mois de mars.
08:17 En général, c'est à partir du mois de mars qu'on commence à exécuter le budget, quand il sera disponible pour qu'on puisse l'exécuter.
08:25 Je pense que la programmation va être un élément indispensable si on veut avancer loin.
08:32 Je pense qu'on a un déficit de programmation aujourd'hui.
08:36 Si nous voulons parler de croissance, c'est ça que nous voulons rattraper.
08:40 Nous allons améliorer. Ça rentre dans la planification.
08:43 Ça rentre dans le fait de faire des bilans de ce qui est passé.
08:47 On ne pourra pas faire de planification si on n'a pas fait un bilan.
08:53 Nous allons revenir dessus si vous en avez convenance.
08:57 Vous êtes président de EECAM. Je dois le rappeler.
09:01 C'est un mouvement patronal qui fait beaucoup parler de lui.
09:05 C'est la dernière semaine au Cameroun, dans la perspective de la fusion.
09:09 EECAM, GECAM, ce n'est pas de ça que nous parlons ici.
09:12 On parle un peu de ce que peut le patronat dans la dynamique de l'émergence du Cameroun.
09:18 Les dernières nouvelles du patronat que nous avons eues, c'est la rencontre entre le nouveau directeur général des impôts et le GECAM.
09:27 Ça s'est passé à Douala il y a quelques jours.
09:30 On va voir quel est le poids économique du GECAM dans notre environnement.
09:35 Regardons ces deux reportages qui nous sont proposés par Chris Patricia Luluga et Jean-Paul Pondy.
09:41 Douala, la métropole économique du Cameroun, première source de recettes fiscales,
09:47 vient d'enregistrer la toute première visite officielle du tout nouveau directeur général des impôts.
09:52 En réponse à l'invitation du président du GECAM, Célestin Tawamba, Roger Atanas Meunabat,
09:59 a présenté au chef d'entreprise la vision de la direction générale des impôts.
10:04 Cette vision met l'accent sur la modernisation en rapport avec la politique fiscale de l'État
10:10 que l'administration des impôts est chargée de mettre en œuvre.
10:14 L'objectif des réformes à engager consiste à mettre sur pied un système fiscal plus solide et plus solidaire
10:22 de manière à satisfaire les attentes des différentes parties prenantes.
10:27 Dans ce partenariat gagnant-gagnant, Roger Atanas Meunabat a rappelé que le GECAM reste un acteur stratégique.
10:35 Les échanges avec le patronat camerounais ont permis de mettre en valeur la qualité de la relation de partenariat
10:43 qui existe entre le secteur public et le secteur privé.
10:47 Ses membres se recrutent dans le secteur industriel à travers le SINDUSTRIECAM,
10:53 les assurances à travers l'ASAC, les banques avec l'APECAM.
10:57 Le GECAM recrute même dans les microfinances et les PME.
11:01 En somme, toutes de grandes entreprises au sens de la législation nationale avec un nombre d'emplois de 100 personnes au moins.
11:08 Ainsi perçu, le GECAM peut se présenter comme la fêtière des fêtières.
11:12 Avec un chiffre d'affaires qui dépasse annuellement les 3 milliards hors taxes,
11:16 il est l'un des plus grands pourvoyeurs des recettes fiscales de l'État.
11:20 Le poids économique du GECAM en termes d'emplois, c'est un minimum de 100 000 emplois avec tous ses effectifs.
11:26 Minimum, ça peut faire 300 milliards d'impôts payés à l'année.
11:29 Si sur le milliard qu'ils ont fait en termes de chiffre d'affaires à la fin,
11:33 on se retrouve en bottom line avec 20% qui serait donc le résultat.
11:37 Ça fait 200 milliards. Si vous tapez maintenant 30% de 200 milliards, vous voyez très bien que 10% de 200 milliards, ça fait 20 milliards.
11:45 Donc 30%, on est autour de 60 milliards maintenant en termes d'impôts sur l'activité et enfin maintenant l'impôt sur le revenu.
11:52 Bien plus, le GECAM recrute dans certaines sociétés relevant du portefeuille de l'État,
11:57 à l'instar de CAMERCO, l'Autorité portuaire nationale, le chantier naval et industriel du Cameroun et CAMTEL.
12:04 C'est donc l'organisation patronale la plus importante du Cameroun.
12:08 De ce fait, le GECAM est l'interlocuteur majeur dans les échanges État-privé et même avec les partenaires techniques et financiers.
12:17 Voilà, après c'est tellement de gens pour le ponder sur le poids économique du GECAM dans notre environnement,
12:35 je voudrais vous interroger Théodore Marie Fancy, de votre point de vue, qu'est-ce que le patronat représente au Cameroun ?
12:45 En termes d'emploi, en termes de création de richesse, en termes de contribution aux réussites fiscales ?
12:51 Non, je peux dire qu'en termes de contribution, je pense que l'économiste nous donnera certainement plus d'éléments,
12:59 mais je regarde en termes de patronat de représentativité, de crédibilité, je pourrais plus parler de ça.
13:06 Je peux dire valablement que le poids du secteur privé est relativement faible.
13:11 Quelques exemples, nous avons un business Cameroun Forum, CBF, Cameroun Business Forum,
13:21 qui devait, à mon avis, être une structure de véritable dialogue.
13:27 Aujourd'hui, si vous regardez comment il fonctionne, c'est une rencontre annuelle qui est un peu une grande messe,
13:32 où certaines propositions sont faites, où des résolutions sont formulées, mais il n'y a pas de véritable suite.
13:40 Il y a deux ans, le CBF s'est fait sans le JICAM, parce que le JICAM insistait pour que ça soit devienne une organisation imposante,
13:49 qui pourrait représenter le secteur privé.
13:52 Aujourd'hui, il n'y a véritablement pas une véritable représentativité.
13:59 Je ne peux pas dire que le secteur privé a un poids pour véritablement impulser et accompagner.
14:05 C'est du point de vue de l'échange secteur privé-secteur public, ou alors c'est du point de vue de la contribution,
14:11 j'allais dire au quotidien, de l'activité du secteur privé?
14:15 Non, le secteur privé fait ce qu'il a à faire, il produit la richesse au quotidien.
14:21 C'est sa mission en tout cas.
14:23 Sa mission, c'est de produire la richesse. Et le faire au mieux.
14:26 Le problème, c'est qu'il veut accompagner. Aujourd'hui, il faut qu'il accompagne l'État dans l'amélioration de la croissance.
14:32 Pour qu'il puisse le faire, il faudrait qu'il impulse l'État dans l'orientation des stratégies
14:40 et qu'il soit partie prenante dans les décisions importantes que l'État peut prendre pour favoriser ce développement.
14:46 Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
14:48 Je prends le cas de la PME. Il y a beaucoup de discours qui sont faits sur la PME.
14:52 Nous revenons sur vous tout à l'heure. Le temps de faire parler le docteur Edi Mouangori.
14:57 L'état du dialogue public-secteur privé aujourd'hui, est-ce que vous avez partagé cet avis du vice-président de ECAM?
15:08 Le dialogue n'est pas suffisamment structuré ou alors il oublie un peu une partie du secteur privé?
15:15 Oui, je crois. Je pense. Je crois que je souscris à ce qu'il a dit.
15:22 Parce qu'en fait, véritablement, aucun pays du monde ne s'est levé sans qu'il y ait un dialogue écroi, sérieux, profond,
15:35 entre les milieux d'affaires et ceux qui mettent en route la politique publique.
15:40 On a pourtant vu dans ce reportage le crise partisane au Lougan, l'échange entre la Direction Générale des Impôts et le GECAM.
15:46 Ça s'est passé à Douala, dans les locaux du GECAM.
15:49 Absolument, sauf que, véritablement, on a toujours le sentiment que ce que veut le secteur privé est un peu à l'antipode des préoccupations de l'État pour ce qui est du Cameroun.
16:09 En fait, il n'est pas facile de naviguer aujourd'hui dans nos économies sans qu'il y ait cette symbiose.
16:19 Il ne s'agit pas de bavarder seulement, il s'agit de scrupturer, de faire en comble.
16:25 C'est pour cela que ce forum devrait, à mon sens également, être une instance qui travaille de manière permanente,
16:38 qui a un programme détaillé.
16:42 Nous voulons atteindre ce positionnement dans le classement "doing business".
16:53 Dont on s'est fait une religion vraie il y a quelques années.
16:56 Nous voulons gravir 4, 5, 10 étapes en tel nombre de temps.
17:01 Et pour cela, nous devons travailler.
17:03 Je crois qu'il y a un autre problème, c'est qu'au niveau de l'État même, nous allons vers quelque chose.
17:12 Nous voulons décoller, donc ils disent émerger.
17:16 Vraiment, nous regardons tout dans le monde.
17:21 Mais notre espérance nous a enseigné qu'en général, on dédie souvent tout un ministère à ce genre de business.
17:32 De cible.
17:34 C'est-à-dire qu'en fait, il devrait y avoir, au-delà des ministères que nous avons ici aujourd'hui, économie, finance,
17:42 qui font leur tâche.
17:44 Une instance qui s'occupe spécialement de ces questions d'émergence,
17:50 et qui ne peut le faire qu'en partenariat avec eux.
17:55 Parce qu'en fait, l'État est là pour produire les infrastructures.
18:00 Oui, bien sûr.
18:02 Vous avez parlé du "down business", on ne va quand même pas baller les 150 réformes qui ont été faites
18:10 à travers justement des échanges entre privé et public, sur la base du "down business".
18:15 Peut-être qu'on ne va pas en venir dessus pour éviter de faire la polémique.
18:18 Mais sur ce que le patronat veut, peut et doit pouvoir faire, Rosine et Kambi,
18:25 dans quelle perspective vous vous situez aujourd'hui ?
18:30 L'État doit faire définir une politique d'émergence par la transformation culturelle de notre économie.
18:38 Il s'agit bien de cela.
18:39 Donc le cap est fixé.
18:41 On y va avec quel patronat ?
18:44 Si je m'en tiens à la thématique de l'émission qui nous a été communiquée,
18:49 je pense que c'était "quel patronat pour l'émergence du Cameroun".
18:53 Donc ce thème-là montre déjà une divergence, parce que la thématique de l'émergence,
18:58 je crois qu'elle n'a réellement pas été intégrée par le patronat.
19:02 Qu'est-ce que l'émergence ?
19:05 Qui a défini l'émergence ?
19:07 Qui a décrit les caractéristiques de cette émergence ?
19:12 Est-ce que le patronat a été associé au concept de l'émergence ?
19:20 Je ne pense pas. Je pense que c'est une notion lointaine.
19:23 On nous a annoncé ça en 2035, mais plus les années avancent, plus on se rend compte qu'on se rapproche,
19:29 mais les résultats ne sont pas apparents.
19:32 Donc rien que le thème montre une divergence entre le patronat et l'État dans sa volonté de transformer notre économie.
19:42 Donc ça, c'était le premier point.
19:45 Maintenant, en ce qui concerne le patronat de manière générale...
19:49 Est-ce que vous pensez qu'on doit vraiment vous laisser dire ça ?
19:53 Que le patronat n'a pas été associé dans l'élaboration de la politique actuelle de notre économie, la SND30 ?
20:00 Il me semble quand même que, parce que je suis observateur de la scène publique,
20:04 il y a eu un certain nombre de consultations qui ont été faites avant de produire le document dit SND30.
20:12 Alors, nous n'allons pas rentrer dans une polémique, mais plusieurs patrons se présentent.
20:18 Ils se plaignent de ne pas avoir été associés à cette démarche.
20:22 Donc ça, c'est la première chose.
20:24 Il y a vraiment une divergence sur la notion d'émergence.
20:27 Où est-ce qu'on veut aller ? Quel est le cap que le Cameroun se fixe ?
20:30 Quand on se fixe un cap, on travaille de concert avec le secteur privé.
20:34 Ce n'est pas l'État qui va créer de la valeur, c'est le patronat qui crée de la valeur.
20:39 Donc il faut que le patronat soit en phase avec les stratégies qui sont mises en place.
20:42 Si je prends l'exemple du CBF, qui depuis trois ans n'a pas lieu,
20:47 il n'a pas lieu parce que le patronat se plaint d'être informé des réformes du CBF,
20:54 juste avant l'organisation de l'événement.
20:57 Donc ce sont des choses qui sont difficiles à admettre de la part du patronat.
21:01 Il n'y a pas une concertation profonde en amont de l'organisation de ces événements.
21:09 C'est ça qui crée une relation de défiance, une absence de confiance,
21:13 et ça rend complètement le dialogue.
21:16 Et comme on en est là aujourd'hui, le dialogue secteur privé-État est rompu.
21:21 Pourtant il s'agit de deux parties qui doivent travailler main dans la main.
21:25 L'État étant en charge de mettre en place les conditions favorables à l'épanouissement de nos entreprises.
21:30 Absolument, améliorer l'économie.
21:32 Et le secteur privé étant en charge de créer de la valeur, de créer de la richesse,
21:36 pour améliorer les conditions de vie des populations.
21:39 Donc on fait face à cette situation-là, qui j'espère sera résolue le plus tôt possible.
21:44 Alors, je me retourne vers le vice-président de ECAM.
21:49 Que pensez-vous qu'il fallait en faire pour restaurer un climat de confiance,
21:53 pour que nous ayons le patronat que nous souhaitons pour accompagner l'émergence du CAM,
21:58 pour nos côtés des pouvoirs publics ?
22:00 Je pense qu'il faut donner au dialogue secteur privé, secteur public, un véritable contenu.
22:05 Il ne faut pas que ce soit du discours.
22:07 Je viens de dire, on ne va pas rentrer dans la polémique, je ne sais pas qui a évalué le 2SE.
22:14 Parce que pour passer au SND30, il faudrait quand même faire un bilan.
22:19 Je disais l'autre jour que dans le livre blanc du JICAM, publié en 2020, dont les résultats sont encore vrais aujourd'hui,
22:30 on parlait des faiblesses structurelles.
22:32 S'il y a des faiblesses structurelles, qui restent structurelles, non conjonctuelles, si on ne les résout pas, on ne peut pas avancer.
22:39 Et le SND30 parle de transformation structurelle de notre économie.
22:44 Oui, mais le DSM avait parlé de transformation structurelle.
22:49 Est-ce qu'il y a eu transition de transformation structurelle ?
22:53 Aujourd'hui, nous voulons accompagner, le secteur privé veut accompagner l'État dans son développement.
23:00 Est-ce que vous êtes d'accord avec moi que la politique de développement à la PDI n'existe plus, ou bien il n'y en a plus, n'est pas été mis à jour ?
23:08 Quel est le plan industriel de développement qui existe, qui permettrait à un investisseur prioritaire de choisir un secteur pour s'investir ?
23:17 On n'est pas d'accord. Je veux dire que le secteur se débrouille pour avoir des indications.
23:22 À moins que vous ne gênez pas l'information.
23:25 Non, non, on ne va pas...
23:26 Donc si nous voulons un secteur fort, je dis qu'il faut rétablir ce dialogue.
23:31 Ça veut dire que donner la place, permettre au patronat de la place qu'on voudrait bien lui donner.
23:39 Penser que le secteur privé est important, ce qui n'est à mon avis pas le cas aujourd'hui.
23:45 Je pense qu'on saupoudre un peu, il y a beaucoup de discours, mais sur le terrain, on est loin.
23:51 L'année dernière, on a eu cette révélation du directeur général des impôts, alors qu'on était en pleine perturbation dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest,
24:01 que le chiffre d'affaires, du manque d'affaires avait quand même évolué entre 2021 et 2022, je crois, dans un moment que vous dites assez austère.
24:17 C'est quand même...
24:20 Il faut donc corriger les zones d'affaires.
24:22 Si ça arrive à manquer, ça veut dire que si on a un environnement meilleur, on devrait multiplier ça par un nombre.
24:29 Oui, allez-y.
24:30 Si on dit que le chiffre d'affaires a évolué entre 2021 et 2022, il s'agit de quelle entreprise?
24:37 Il s'agit de quelle entreprise réellement? On a un secteur privé qui est constitué...
24:41 Le directeur général des impôts de l'époque s'est adressé au GECAM.
24:45 Ce sont des statistiques qui n'ont pas été réfutées.
24:48 On s'adresse à un secteur privé qui est constitué à 98% de très petites et de petites entreprises qui ont du mal à passer le cap, à se structurer.
25:01 Donc si le GECAM est constitué aujourd'hui essentiellement de grandes entreprises, et c'est d'ailleurs le reproche qui est fait à cette organisation patronale à laquelle j'appartiens,
25:10 c'est de ne travailler pour le moment qu'avec les grandes entreprises.
25:14 Donc si on s'en tient à l'évolution du chiffre d'affaires de ces grandes entreprises, évidemment il y aura une hausse.
25:20 Est-ce que ce rapport a été inclusif? Est-ce qu'il a inclus la très petite, la moyenne entreprise et même la petite entreprise?
25:29 Est-ce que toutes ces entreprises-là ont été étudiées pour évaluer quel est le niveau de croissance qu'elles ont eu?
25:35 Donc on ne peut pas seulement s'intéresser à des entreprises qui ont déjà pignon sur rue, qui sont structurées.
25:42 On devrait s'intéresser aussi aux autres qui ont besoin d'accompagnement.
25:45 Votre réflexion m'incite cette question à l'égard du Dr Edimu, le GECAM qui ne fonctionne qu'avec les grandes entreprises,
25:52 et qui a donc besoin d'intégrer les petites et moyennes entreprises.
25:56 Est-ce que c'est ce qui aurait pu justifier, on en est encore là, un projet de fusion GECAM/GECAM pour prendre en compte
26:04 les intérêts des petits aux côtés des grands?
26:07 Écoutez, c'est un impératif. Si nous voulons atteindre ce que nous prétendons atteindre, ce n'est pas avec 10 entreprises,
26:19 ni avec, parce que le GECAM, ce n'est pas 1 000 entreprises.
26:25 C'est à peu près 450 entreprises?
26:29 Oui, mais 450 qui n'ont pas toute la capacité de bouger.
26:35 Mais il y a peu à peu qui comptent quand même l'essentiel des unités de production.
26:43 Qui font en principe, en réalité, l'économie?
26:46 Dans tous les pays du monde, elles sont associées, surtout lorsque vous êtes sur le point de vous ouvrir au marché continental,
26:56 comme c'est le cas aujourd'hui. Vous vous ouvrez à un marché continental pour gagner quoi?
27:02 Face aux Égyptiens, face aux Nigériens, si au départ les PME ne sont pas mis en niveau, mis en connexion avec les plus grandes entreprises.
27:16 Donc, je salue, j'avoue que ça m'a touché vraiment directement le jour où j'ai appris qu'il y a eu un rapprochement.
27:24 Je me suis dit qu'il se passe quand même quelque chose au Cameroun.
27:28 Parce que jusqu'ici, combien d'entreprises sont mises à niveau au Cameroun?
27:34 Estimées être mises à niveau, peut-être une dizaine.
27:37 Nous avons la chance d'avoir sur le plateau le vice-président de ECAM.
27:42 Est-ce que vous pensez que cette perspective va donner finalement au Cameroun un patronat uni, fort, puissant, crédible,
27:50 aux côtés du gouvernement et des partenaires techniques et financiers?
27:53 Je pense que c'est la voie unique.
27:57 Bon, je suis...
28:00 ECAM se dit...
28:02 Ce patronat qui est à la fois grande entreprise, multinationale et la PME qui est quand même en émergence au Cameroun.
28:08 Non, il n'y a pas de développement sans développement de la PME.
28:12 Aujourd'hui, c'est factice.
28:14 C'est comme ça.
28:15 Du moins, si on peut se développer sans PME, ça veut dire qu'on devrait...
28:19 On est au ciel.
28:21 On a besoin d'un tissu de PME renforcé, accompagné, et c'est eux qui vont assurer le développement de demain.
28:30 On a parlé du libre-échange. On parle aujourd'hui du Made in Cameroun.
28:35 Qui fait le Made in Cameroun? C'est la PME.
28:39 C'est la PME.
28:40 C'est la PME qu'il faut accompagner.
28:41 Et les grandes entreprises, la relation entre les petites et les grandes, c'est indispensable.
28:50 Parce que c'est ça qui va assurer un véritable développement.
28:53 Vous êtes une PME. Si je suis PME au JICAM, donc j'appartiens à une association où mon partenaire, grande entreprise, est...
29:04 Le dialogue est bien plus facile.
29:07 Je peux citer un élément. Dans une association, on pourrait par exemple parler d'éthique.
29:13 Entre nous, membres d'une association professionnelle, nous pouvons définir un cours d'éthique en disant, sans aller dans la loi...
29:22 Je prends un exemple simple.
29:23 Imaginons que dans cette association, on dise que les factures sont payées à 60 jours.
29:28 Je prends un exemple simple.
29:29 Vous ne pouvez pas faire passer cette loi aujourd'hui de factures payées à 60 jours au niveau de l'État.
29:34 L'État fait trois ans sans payer.
29:36 Donc, l'État ne signera jamais une loi sur le délai de facture.
29:41 Mais dans une association professionnelle, on peut dire, entre nous, respectons-nous.
29:47 Imaginez quelle impulsion cela va faire dans la PME quand vous allez savoir que les donneurs d'ordres, les grandes entreprises du JICAM,
29:57 peuvent se discipliner pour soutenir la PME en payant leurs factures à 60 jours.
30:02 Vous allez entendre qu'il y a un boom.
30:05 Donc, il y a des actions énormes.
30:08 On a une partie de la réponse à notre question de départ.
30:11 Quels patronats voulons-nous pour notre émergence ?
30:13 Je voulais rebondir sur l'intervention du Dr Fancy pour dire qu'il y a quand même des choses qui se font.
30:19 Il y a le projet de fusion qui est louable parce qu'il faut fédérer tous les patronats pour être un peu plus efficaces.
30:26 Il y a une initiative récente du JICAM qui a permis de créer ce qu'on appelle le cercle des jeunes dirigeants du JICAM.
30:32 L'idée étant de créer...
30:34 Donc, vous êtes la présidente ?
30:35 Non, je suis la présidente.
30:36 L'idée étant de créer une passerelle entre les jeunes dirigeants et les grands dirigeants tels que le Dr Fancy.
30:42 Leur permettre de se connecter, de travailler ensemble, de discuter,
30:46 bénéficier de l'expérience des grands dirigeants comme eux.
30:49 Et eux bénéficier du regard neuf, de la fraîcheur d'esprit que nous avons et de l'aspect futuriste que nous avons.
30:55 Nous sommes plus tournés vers le futur.
30:57 Donc, on peut leur apporter aussi notre expertise.
31:00 Donc, il y a des choses qui se font.
31:02 Maintenant, en espérant qu'elles soient encadrées, qu'elles soient portées,
31:07 je pense que le patronat est vraiment en mouvement en ce moment et on espère que des résultats suivront.
31:12 Voilà, merci beaucoup.
31:14 On a une première partie, réponse à la question du départ de cette édition du Parasite l'économie.
31:21 Quel patronat pour l'émergence du Cameroun aux côtés des pouvoirs publics ?
31:25 On comprend qu'on a besoin d'un patronat uni, d'un patronat fort, d'un patronat crédible
31:31 auprès des pouvoirs publics et des partenaires techniques et financiers.
31:35 C'est à mieux.
31:36 On va donc revenir sur une autre perspective dans un court instant.
31:55 Alors, je vais reprendre avec vous, Rosine et Kambi Sopo, de ce patronat dont vous rêvez,
32:02 qui fait la belle passerelle entre la fraîcheur d'esprit que vous êtes et l'expérience que les autres sont.
32:11 Alors, quels enjeux vous placez pour accompagner les politiques publiques ?
32:17 Je vais vous faire un petit dessin.
32:21 On a la promotion du Made in Cameroun, on a les défis, les enjeux de la ZLECAF,
32:29 on a la contestation de l'ordre économique mondial tenu par Bretton Woods,
32:34 menacée par les BRICS avec une banque qui est en émergence.
32:38 Alors, dans tout cela, vous voyez qu'il y a des enjeux au plan local, au plan sur-régional et au plan international.
32:44 Comment devez-vous vous définir maintenant ?
32:47 Pour moi, le patronat est constitué d'hommes.
32:51 Ce sont des hommes qui se rassemblent et qui ont une volonté commune,
32:54 qui est celle de servir leur pays, de servir le Cameroun.
32:58 C'est ça, réellement, ce qui devrait nous guider en tant que jeunes dirigeants ou grands dirigeants.
33:04 Il faut des personnes qui ont à cœur de servir la communauté,
33:09 faire croître le pays et accompagner les pouvoirs publics dans une politique plus globale.
33:15 Une fois qu'on a ces personnes-là, il faut un patronat qui est agile.
33:20 Le patronat, aujourd'hui, doit servir de laboratoire au gouvernement.
33:25 C'est-à-dire que le patronat doit travailler en amont et proposer des politiques au gouvernement
33:30 pour que le gouvernement puisse appliquer des textes de loi qui sont en phase avec les besoins du patronat.
33:36 Pour ça, on a parlé du dialogue tout à l'heure.
33:38 Il faut un dialogue très étroit entre les deux parties.
33:41 Mais aussi, il faut une relation de proximité entre le patronat et ses membres.
33:47 Le patronat doit régulièrement consulter ses membres, discuter, échanger,
33:52 pour prendre le pouls de l'économie et véritablement adopter une posture de réponse aux attentes des membres.
33:59 Ça, c'est important.
34:00 L'autre partie, c'est l'autonomie du patronat.
34:03 Il faut que le patronat se comporte comme une entreprise.
34:06 Le patronat, aujourd'hui, a besoin des cotisations de ses membres.
34:09 Et pour cela, il faut une proposition de valeur intéressante pour les membres,
34:13 sans laquelle ils ne seront pas enclins à payer la cotisation.
34:17 Donc, il faut avoir une proposition de valeur qui ait de nature à aider les membres à avancer, à croître et à grandir.
34:24 Je pense que c'est un ensemble de choses que le patronat doit mettre en place.
34:29 Il faut qu'il soit innovant, il faut qu'il soit agile, il faut qu'il soit tourné vers le monde,
34:33 parce que la mondialisation, aujourd'hui, est compétitive, évolutive.
34:36 Et donc, il faut qu'on prenne tous ces aspects en compte.
34:39 Ça, c'est le défi du patronat au plan structurel.
34:41 C'est ce que j'ai envie de dire, Thédorée Marie-Fabrice.
34:44 C'est au plan structurel.
34:45 On va dépasser cela, non ?
34:47 Non, je pense que c'est des préalables.
34:49 Si le patronat, lui-même, vis-à-vis de ses membres, n'a pas de crédibilité, n'a pas de valeur ajoutée,
34:54 il n'est pas fort lui-même, ça veut dire qu'il est soutenu, il est vide, il n'a pas d'ancrage.
35:00 Je dis, mais ça passe.
35:04 Si le patronat, je veux dire que c'est une institution, si l'État, si ce n'est pas des patrons,
35:11 je dis souvent que je ne suis pas un patron, parce que je ne suis pas respecté dans la société.
35:15 Vous êtes vice-président d'un mouvement patronal.
35:17 Comment vous défendez votre patronat ?
35:19 C'est pour ça qu'on a préféré dire Ecam, entreprise du Cameroun.
35:22 Je suis vice-président des entreprises du Cameroun.
35:25 Je ne suis pas patron. Quand on est patron, on veut être des patrons.
35:30 Vous avez parlé d'ailleurs du MEDEF.
35:33 MEDEF est consulté de façon régulière pour chaque décision qui concerne l'industrie, qui concerne le social, qui concerne...
35:40 Ce n'est pas le cas. Ce n'est pas une réunion en passant par le directeur des impôts qui va monter, qui a un dialogue.
35:47 C'est vrai, c'est déjà ça, il faut l'apprécier.
35:49 Mais ce n'est pas ça qui fait la relation de confiance entre le secteur privé.
35:57 On parlait tout à l'heure du CIBIEF.
36:00 Ça devrait être une relation permanente, logée au premier ministère, de façon régulière, avec des consultations.
36:08 Même plus des consultations.
36:10 On a parlé de ça. On va, le patronat, sur le plan structurel, vous avez dit un peu.
36:15 Mais un patronat d'action ou un patronat de revendication, docteur Edimou?
36:22 Oh, écoutez...
36:24 Dans le contexte actuel.
36:25 Véritablement, quand on regarde...
36:26 Dans une économie qui a besoin de se projeter vers l'extérieur, satisfaire une demande nationale et pourquoi pas s'exporter.
36:33 C'est difficile, c'est difficile.
36:37 D'ailleurs, on a plus le choix. On doit s'exporter.
36:39 C'est difficile de part et d'autre. En fait, la situation que nous vivons s'explique pas par la mauvaise volonté de l'État nécessairement,
36:49 mais par la situation d'éclatesse d'action où l'État se trouve.
36:56 Il faut toujours garder présent à l'esprit que les politiques purement fiscales sont le problème entre les deux, entre le patronat et l'État.
37:11 L'État se nourrit de l'activité au quotidien des entreprises, d'une manière ou d'une autre.
37:18 Maintenant, quand vous fiscalisez très fortement, naturellement, les entreprises ont un as à reculer.
37:28 Mais on comprend que dans le contexte actuel, l'accès aux fonds est très, très difficile pour l'État.
37:38 Donc l'État... Je crois que c'est ça le problème.
37:42 L'État veut bien travailler avec, mais il n'a pas les coups de France pour le faire, parce qu'en fait, lui-même ne voit pas clairement les choses.
37:54 Pourquoi? Parce que nous sommes dans une décennie de l'argent rare.
38:03 Il y a l'enjeu de la promotion du "Made in Cameroun". Et vous qui dites que l'économie est faite de la PME, c'est une question qui est un combat de la PME.
38:16 Vous avez dit tout à l'heure, M. Biley, action ou revendication. Je pense que le secteur privé veut agir. Il revendique aujourd'hui.
38:26 Qu'est-ce qui l'empêche d'agir?
38:27 Qu'est-ce qui l'empêche d'agir? Parce que l'environnement ne lui est pas favorable.
38:30 Vous avez parlé tout à l'heure, j'ai parlé des...
38:33 Il ne sera jamais favorable à 100% autant que...
38:35 Non, je veux dire, qu'est-ce que le secteur privé... Vous pensez que le problème d'énergie au Cameroun ne peut pas être résolu?
38:43 Ah, les projets?
38:44 C'est pas l'État qui peut... Il n'est pas obligé d'attendre l'État. Que l'État s'assoie avec le secteur privé et dise en face exactement qu'on discute ensemble.
38:53 Il y aura les investisseurs. L'infrastructure au Cameroun, les investisseurs peuvent faire les routes.
38:59 Donc il y a l'État. Vous avez parlé tout à l'heure de lever de fonds les obligations. L'État n'a pas trouvé.
39:05 Ça veut dire que l'État n'est pas crédible. On ne donne pas l'argent à quelqu'un qui n'est pas crédible.
39:08 Est-ce qu'il manque vraiment de l'argent?
39:11 Fouillez les dépôts à terme dans les banques.
39:14 Si la banque, si l'État était crédible, cet argent irait à l'État pour faire ses choses.
39:20 Mais l'État s'assoie avec le secteur privé et considère que le dialogue est ouvert et qu'on discute sur les investissements qui sont nécessaires pour développer l'économie.
39:32 Le secteur privé peut faire des routes. On peut trouver les moyens.
39:36 Est-ce que l'environnement le permet à un opérateur de faire l'autoroute d'Ouala et Bafoussam?
39:44 Si un opérateur veut aujourd'hui, est-ce que ce sera possible?
39:48 Il y a méfiance des deux côtés.
39:51 Un secteur privé fort va peut-être, je le souhaite, amener l'État à plus de considération du secteur privé qui produit la richesse.
40:04 Je pense qu'on veut bien accompagner...
40:07 L'État assure un échange vrai, franc et fructueux entre le privé et le public pour construire les routes, pour faire le baie de Cameroun aussi, pour produire de la patate.
40:17 Tout à fait. Il faut que l'État et le secteur privé s'asseillent.
40:22 Cette absence de dialogue nue à tout le monde, M. Olivier.
40:26 Il faut qu'ils s'asseillent sur la même table, qu'ils discutent et qu'ils s'entendent sur la stratégie et le cap vers lequel on doit.
40:33 On souhaite se tourner pour qu'on arrive ensemble à trouver des solutions pour développer notre pays et le rendre compétitif.
40:40 Si chacun réfléchit de son côté, ça ne peut pas être optimal.
40:44 Donc on doit impérativement s'asseoir, discuter.
40:48 Il faut que l'État écoute la voix du secteur privé et que le secteur privé aussi écoute la voix de l'État qui a ses contraintes, ses problèmes à gérer.
40:57 Donc tout ça doit être pris en compte pour qu'on arrive à trouver un consensus à partir duquel tout le monde est d'accord et tout le monde se met au travail.
41:04 Et pendant que vous êtes dans ce blocage apparemment réel, le marché lui est envahi par les investisseurs étrangers, Dr Edi Mouhé.
41:13 Oui, les banques sont sur liquide, très sur liquide.
41:19 Elles peuvent mettre des fonds à la disposition plus facilement des entreprises parfois que de l'État.
41:28 Donc un partenariat public-privé où on a l'impression, ces banques locales et même celles de l'extérieur, qu'il y a en effet un échange.
41:42 Mais je continue à dire que c'est le contexte général.
41:46 Ce n'est pas que l'État manque cette volonté, mais l'État est dans une situation inconfortable.
41:54 Et il ne voudrait pas nécessairement qu'on lui donne peut-être le pion.
41:59 C'est l'impression que j'ai souvent.
42:02 Mais je suis en même temps très heureux parce que ce qui nous a été indiqué depuis le 29 mai me rend tout à fait souriant
42:12 avec cette approche de la route de la soie qui apporte une bouffée de chilisienne.
42:21 C'est vrai, ce n'est pas tout le financement.
42:24 Il faut encore prouver à peu près 60 milles milliards de francs, comme que l'État, le secteur privé et d'autres opérateurs peuvent prouver.
42:34 Et je suis sûr peut-être que si les Chinois restent comme ils l'ont souvent été, assez rapide à mettre les choses en place,
42:44 et quand vous voyez l'étendue des enveloppes et les secteurs qui sont pris en compte, moi ça me fait plaisir.
42:52 Si les Chinois peuvent donc dérouler ces opérations rapidement,
42:57 je suis sûr que ce climat entre l'État et le secteur privé, je le rappelle encore, c'est ça le point de départ de la transformation de la Chine.
43:09 La Chine ne serait pas arrivée là où elle est s'il n'y avait pas un dialogue si profond, si continu sur la durée,
43:18 avec des entreprises qui étaient prêtes souvent à reculer, à souffrir certaines choses, mais il y avait le dialogue.
43:28 L'objectif était clair, nous voulons aller là, mais nous ne pouvons pas aller seuls.
43:33 L'État a déjà mis en place une masse critique de stocks d'infrastructures, déjà elle était là,
43:41 et les barrages, les routes et tout le reste, les niveaux de salaire sont suffisamment bas, compétitifs, pour attirer suffisamment d'investisseurs.
43:52 Maintenant, il faut que le secteur privé entre en jeu, et que les PME profitent du fait que le niveau de salaire est suffisamment bas
44:06 pour qu'on connaisse ce qu'on a connu là. Parce qu'il faut bien le rappeler, en 1990, il y a 30 ans, la Chine ne pèsait pas 2% du PIB mondial.
44:18 Et à la même année, les États-Unis étaient à 22%. Et en l'espace de 30 ans, la Chine a multiplié le revenu par tête d'habitant par 25.
44:31 Et les États-Unis ont multiplié le leur par 10 en deux siècles. Vous voyez que la Chine est allée très vite,
44:37 au point de rattraper les États-Unis en termes de PIB global, déjà en 2015, 2016, et aujourd'hui elle est passée devant.
44:47 Mais c'est à la base, et c'est important, c'est parce qu'il y a eu ce dialogue qui est permanent,
44:55 et je comprends que là-bas nous sommes dans un parti unique, un parti État, où l'entreprise est obligée de...
45:03 De fonctionner avec l'État. Dans la perspective de l'émergence que nous visons tous avec le 7 février,
45:09 tout naturellement il y a quand même des questions d'innovation. Vous êtes responsable des jeunes dirigeants du GICAM,
45:19 quels sont vos faits d'armes dans l'innovation entrepreneurelle aujourd'hui ?
45:25 Alors le cercle des jeunes dirigeants a deux mois d'existence, donc c'est vraiment tout nouveau.
45:30 C'est tout nouveau.
45:31 Donc on aura le temps de vous faire montre de notre savoir et de notre expertise en tant que jeunes.
45:38 Mais moi je suis dirigeante d'une fintech qui est dans l'économie numérique,
45:42 donc on fait tout ce qui est digitalisation de services financiers.
45:45 Donc l'objectif pour nous réellement c'est de réduire l'inclusion financière qui est un problème dans notre pays.
45:51 On a le taux de bancarisation qui est très faible.
45:53 Réduire le déficit d'inclusion financière pour aller un peu plus haut.
45:57 Tout à fait, c'est-à-dire inclure le plus de personnes dans la financiarisation de l'économie.
46:02 Donc on a un taux de bancarisation qui est faible, entre 15 et 20%.
46:05 On a un secteur de l'informel qui est très important.
46:08 Donc l'objectif pour nous c'est de rendre accessibles et abordables les services financiers pour le plus grand nombre,
46:14 pour qu'ils puissent avoir accès à cet accompagnement.
46:16 Parce qu'aujourd'hui les PME, de quoi elles souffrent ?
46:19 Elles souffrent du manque d'accompagnement.
46:21 Manque d'accompagnement pourquoi ?
46:23 Parce que les banques n'ont pas de données nécessaires pour les accompagner.
46:26 Elles fonctionnent dans l'informel, donc pour les accompagner il faut une base qui n'existe pas.
46:31 Donc il faut les financiariser pour que les banques soient à même de les accompagner sur la base de données de transaction.
46:37 Donc c'est notre défi.
46:38 D'accord, c'est votre défi.
46:39 Et le vôtre aujourd'hui c'est quoi ?
46:41 C'est de mettre ensemble tout naturellement les petits et les grands dans une même assiette ?
46:46 Nous souhaitons que ce soit possible parce que les petits ne peuvent pas se développer sans les grands.
46:53 Aujourd'hui on est des petits.
46:55 Vous avez tout le secteur des boissons naturelles, on met d'une camomille.
47:02 La seule unité qui fait les bouteilles aujourd'hui peut-être en verre c'est le sucre à verre.
47:07 Imaginez qu'il y ait une relation meilleure, ça peut favoriser cela.
47:12 La seule unité qui fait l'emballage classique c'est Ycrafon.
47:15 Vous avez tous ces PME qui font la course pour aller au Nigeria chercher le plastique dans l'informel.
47:21 Il y a moyen d'améliorer le Made in Cameroun en assistant ces PME-là.
47:28 Donc notre défi, et c'est ce qu'on a cru à ICAM qui était notre volonté, c'est de permettre à ces PME de faire un pas.
47:36 Mais ce qu'il s'est passé, ce qu'on observe, c'est que presque tous ceux qui ont les moyens,
47:43 ou les institutions et les personnes qui interviennent sur la PME, sont des gens qui ne connaissent pas la PME.
47:50 Ceux qui ne connaissent pas la PME, ils ne savent pas ce que c'est qu'un problème de trésorerie,
47:57 c'est parce que c'est un problème de rencontrer un inspecteur des impôts, ils ne savent pas.
48:02 C'est souvent, peut-être des grandes entreprises, j'y peux dire qu'il a quelques PME aujourd'hui, mais c'est un consommateur.
48:12 Il faut connaître la PME. Et je pense que ICAM connaît la PME, mais n'a pas les moyens de sa politique d'accompagner les PME.
48:20 Vous avez souvent dit que l'ICAM a la connaissance.
48:23 Non, l'ICAM a les moyens.
48:25 Mais n'a pas la connaissance.
48:27 La PME a la connaissance.
48:29 Alors, nous allons mettre bientôt un terme à cette édition de Paris 6 l'économie,
48:35 qui est enregistrée dans les locaux de l'hôtel Faya, Faya Hôtel, ici à Douala.
48:41 Qu'on remercie d'ailleurs.
48:43 On a compris que la PME, ou alors le secteur privé, a besoin d'être mis en confiance aux côtés des pouvoirs publics,
48:52 pour accompagner les politiques publiques de développement.
48:55 Merci beaucoup d'être venu sur notre plateau. Merci, merci, Dr Edimo.
49:02 Je vais vous proposer de sortir par ce reportage qui nous vient de Crévis,
49:06 sur les perspectives de compétitivité du port autonome de Crévis, qui est un flouant de notre économie.
49:13 Il y a peut-être des points critiques qu'il faut corriger dès maintenant,
49:16 pour lui donner la pleine mesure de ce que les pouvoirs publics lui ont assigné comme mission.
49:23 Merci et bonsoir.
49:26 Cette délégation interministérielle qui a visité le port autonome de Crévis,
49:31 était notamment constituée des secrétaires généraux des ministères des finances, transports et travaux publics.
49:38 Pendant deux jours, ces experts ont fait le tour complet du complexe industriel-portueur de Crévis,
49:44 les deux terminaux polyvalents et à conteneurs, les travaux de la deuxième phase du port de Crévis,
49:50 et les zones logistiques atténantes au port, l'autoroute Crévis-le-Labyrinthe,
49:54 une connectivité terrestre longue de 38,5 km,
49:58 qui permet de fluidifier l'évacuation des marchandises du port en eau profonde de Crévis.
50:04 A travers donc cette visite sur le terrain et de nombreux échanges avec le directeur général de Patrisse-Mellon,
50:10 ses collaborateurs et l'ensemble des acteurs de la place portuaire de Crévis,
50:15 ces experts ont pu évaluer le niveau des activités opérationnelles et techniques
50:20 qui ont cours dans le périmètre portuaire de Crévis,
50:23 parmi les sujets au cœur de cette visite des secrétaires généraux des ministères impliqués dans l'activité portuaire,
50:30 la question de la connectivité terrestre du port à son interlande,
50:34 avec notamment la deuxième phase de l'autoroute Crévis-Edeya après l'achèvement de la tranche Crévis-le-Labyrinthe.
50:41 Autre question, l'extension des terminaux, dans le double souci de pouvoir public d'accroître les capacités d'accueil des navires,
50:48 et aussi d'anticiper sur la saturation des installations portuaires.
50:53 D'autres préoccupations aussi importantes que celles évoquées plus haut,
50:57 le développement d'une zone industrielle intégrée de 1 500 hectares,
51:00 pour au moins 50 000 emplois directs, sans oublier ici l'attraction des investisseurs privés et autres.
51:07 Le fait qu'il soit descendu sur le terrain pour nous, c'est déjà une preuve que le gouvernement est très attentif à ce que nous faisons ici,
51:15 et évaluer les difficultés que nous rencontrons. Nous pensons que cette activité était importante.
51:22 La plateforme portuaire des Crévis tourne donc à plein régime.
51:26 Les travaux de la deuxième phase du port et au niveau de la zone logistique atténante avancent considérablement.
51:32 En bonne place ici, le secteur de l'industrie cimentière, le secteur de la minoterie, celui des équipements industriels,
51:39 sans oublier aussi le secteur du bois avec la création de nombreux ports secs en bourreau.
51:44 le monde.
51:46 C'est...