Moscou laisse planer des doutes sur ses intentions concernant le nucléaire en Biélorussie
  • l’année dernière
Mais cette rhétorique russe récurrente « fait aussi augmenter la demande de dissuasion dans les pays de l’Otan », relève Jeffrey Lewis. « C’est essentiellement pour cela qu’on voit la Suède et la Finlande rechercher la sécurité via l’adhésion à l’Otan ».

Lundi, dans un communiqué, la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (ICAN), prix Nobel de la paix en 2017, a rappelé qu’une arme nucléaire « tactique » pouvait atteindre 100 kilotonnes, contre seulement 16 pour celle qui « a détruit Hiroshima et tué 140.000 personnes » en août 1945. Pour l’instant, il n’y a aucune trace de cette construction et il paraît assez peu probable que ce soit terminé en trois mois », explique à l’AFP Marc Finaud, vice-président des Initiatives pour le désarmement nucléaire (IDN). « On peut faire confiance à tous les satellites espions du monde pour scanner le territoire biélorusse » et faire la part des choses entre annonces et réalités, ajoute-t-il. Pavel Podvig, un expert russe indépendant, juge même « très improbable - de mon point de vue impossible - que de réelles armes nucléaires soient déplacées en en Biélorussie. »

Contradiction
Comme souvent, Poutine manie la menace nucléaire sans pour autant changer de doctrine. Et le fait qu’il l’utilise fréquemment entre en contradiction avec d’autres déclarations publiques qui rappellent le tabou de l’arme suprême. En janvier 2022, deux mois avant l’invasion de l’Ukraine, la Russie avait signé avec les quatre autres membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU une déclaration rappelant qu' « une guerre nucléaire ne pouvait être gagnée ».

La situation géopolitique mondiale a changé d’ère depuis. Mais Poutine a rappelé une position semblable il y a quelques jours avec son allié chinois Xi Jinping. « Les parties déclarent à nouveau qu’il ne peut y avoir de vainqueurs dans une guerre nucléaire, et que cette dernière ne doit jamais être déclenchée », ont-ils déclaré conjointement. Marc Finaud fait valoir par ailleurs que les deux hommes ont aussi rappelé « qu’aucune arme nucléaire ne devait être stationnée dans un pays étranger ». Poutine « viole la propre position constante de la Russie », souligne l’ancien diplomate.

Prudence des chancelleries occidentales
Comme à chaque saillie verbale de Vladimir Poutine sur le dossier, les chancelleries occidentales restent mesurées. « Nous n’avons aucune indication qu’il ait tenu son engagement ou qu’aucune arme nucléaire n’ait été transférée », a affirmé John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale. « Pour le moment c’est une annonce. Le risque d’emploi n’est pas immédiat », confirme Marc Finaud, même si chaque hypothèse de transfert d’une ogive nucléaire augmente le risque d’erreur, de piratage ou d’accidentnews
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