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  • 21/03/2023

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Transcription
00:00 Yamina Tadjedine Fourneron, bonsoir. Vous êtes professeure d'économie à l'université de Lorraine.
00:06 Pourquoi c'était si important de sauver Crédit Suisse ?
00:10 Eh bien parce que c'est une banque dite systémique.
00:13 C'est le classement qui est fait par le Conseil de stabilité financière.
00:17 Ce qui signifie qu'au niveau mondial, on a estimé que si elle avait des difficultés,
00:22 et si notamment elle tombait en faillite, cela aurait des répercussions mondiales.
00:25 Est-ce que les investisseurs et les marchés vont être rassurés par ce rachat ?
00:29 Alors dans l'immédiat, certainement que oui, puisqu'en fait UBS est une banque solide.
00:37 Et puis comme vous venez de le mentionner avec le précédent interview,
00:41 eh bien derrière il y a aussi l'engagement de la Banque Nationale Suisse d'intervenir
00:47 s'il y avait des pertes à venir dans les prochains mois.
00:51 Vous me répondez oui à court terme et à moyen et long terme ?
00:55 Eh bien le problème c'est qu'à plus long terme, vous avez créé un mastodonte,
01:00 c'est-à-dire un énorme acteur, à savoir la réunion de deux banques systémiques,
01:05 donc de deux banques de très très grande taille, UBS et Crédit Suisse.
01:10 Et ça signifie que si d'aventure, dans dix ans vous avez une nouvelle crise bancaire,
01:15 eh bien vraisemblablement le gouvernement suisse ne pourra pas sauver ce nouvel acteur.
01:19 Il se pose aussi des questions sur ce nouveau géant bancaire, ses conséquences,
01:23 et notamment en termes d'emploi, est-ce que tous les emplois vont être maintenus ?
01:28 Alors il faut savoir que le Crédit Suisse avait déjà annoncé un certain nombre de suppressions d'emplois,
01:33 puisque c'est une banque qui allait mal depuis plusieurs années.
01:36 Donc vraisemblablement, on va devoir avoir de nouvelles annonces de suppression d'emplois
01:45 liées à cette fusion, puisque vraisemblablement un certain nombre de dossiers, de clients,
01:53 vont peut-être souhaiter partir ou être sortis ou être rassemblés,
01:59 puisqu'ils pouvaient avoir des comptes et chez UBS et chez Crédit Suisse.
02:02 Et donc dans ce cadre-là, on aura nécessairement des suppressions d'emplois.
02:06 On a évoqué Silicon Valley Bank et Signature Bank aux États-Unis, Crédit Suisse en Suisse.
02:13 Est-ce qu'il y a d'autres établissements qu'il va falloir surveiller ces prochaines semaines
02:17 qui risquent aussi de se retrouver dans la tourmente ?
02:21 Alors dans le cadre Crédit Suisse, c'est quelque chose qui était connu,
02:25 qui avait des difficultés depuis longtemps.
02:27 Là où il y aura sans doute une surveillance à avoir,
02:32 c'est les banques qui restent très liées, je dirais, aux nouvelles technologies.
02:39 Et puis celle qui avait pu en prendre des comportements à risque,
02:43 puisque c'est en partie ce qui a amené Crédit Suisse à la faillite,
02:47 c'est le fait d'avoir cherché des solutions dans un contexte d'augmentation des taux d'intérêt
02:52 pour maintenir les marges pour ses clients.
02:54 On a beaucoup mis en parallèle ces derniers jours, ces dernières semaines, la crise de 2008.
02:59 Est-ce que le secteur bancaire finalement a retenu les leçons du passé ?
03:06 Alors je dirais que malheureusement, on a des formes de myopie qui se redéveloppent
03:11 à chaque fois que vous avez une bulle spéculative
03:14 ou qu'il y a une forme d'engouement dans un nouveau secteur
03:17 avec derrière des perspectives de rendement élevées.
03:20 Et notamment, c'est le secteur des crypto-actifs qui a attiré beaucoup de capitaux à lui,
03:27 de façon légitime, parce qu'il y avait des innovations majeures derrière cela.
03:30 Mais on sait aussi que cela va entraîner des crédits qui ne seront pas remboursés à brève échéance.
03:37 Mais là, je dirais que le gros souci qu'il y a eu depuis 2008,
03:41 c'est qu'au fond, les banques centrales avaient maintenu des taux d'intérêt très très bas
03:46 pour maintenir des activités bancaires et financières et pour faire qu'elles s'en sortent bien.
03:51 Et à ce titre-là, je dirais que cette crise est intimement liée malgré tout à la crise précédente
03:59 et à la politique des banques centrales de maintenir des taux d'intérêt très bas
04:04 qui ont maintenu des transactions financières hasardeuses pour les banques.
04:09 Malgré tout, on est encore loin de 2008.
04:13 Oui, on n'est pas dans le même contexte de 2008.
04:16 Alors, on peut dire que la réglementation a changé,
04:20 mais aussi qu'au fond, cette exposition notamment aux risques liés au secteur des nouvelles technologies,
04:28 est moins partagée qu'en 2008 où véritablement toutes les banques étaient exposées aux produits titrisés.
04:36 Donc à ce titre-là, je dirais que la réglementation bancaire,
04:39 notamment européenne avec la mise en place de l'union bancaire et monétaire,
04:44 a créé un vrai filet de sécurité au niveau de l'union européenne pour les banques.
04:48 Et puis, je dirais que les autres banques européennes,
04:51 notamment les banques françaises, sont sans doute moins exposées que l'été,
04:56 par exemple la Silicon Valley Bank, au risque des nouvelles technologies.
04:59 Des informations rassurantes. Merci beaucoup Yamina Tadjadine Fourneron pour votre éclairage.
05:04 éclairage.

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