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  • 15/03/2023

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00:00 Anna Kriti, bonjour. Vous êtes professeure d'économie à l'Université Paris Dauphine et directrice scientifique de la chaire Économie du climat.
00:08 On l'a bien vu. On l'a bien vu à l'instant. Il y a deux réalités qui s'affrontaient sur ce projet Willow, celle de l'urgence de la catastrophe climatique
00:16 et la promesse de l'autre côté d'emplois et d'indépendance énergétique pour les États-Unis.
00:22 Le gouvernement Biden a tenté de trouver une voie médiane en diminuant la taille de ce projet tout en l'autorisant tout de même.
00:33 Oui, tout à fait. On est sur une ligne de crête, c'est-à-dire à la fois essayer de ne pas se mettre à dos les fortes oppositions des ONG et en général
00:45 de la partie de l'Amérique qui croit toujours à l'importance de la diminution des gaz FTSR et puis les impératifs économiques qui sont un peu à l'ordre du jour,
00:56 la souveraineté énergétique et aussi une réponse quand même très court terme à des anticipations sur les prix du pétrole et donc aussi des produits dérivés,
01:07 des carburants. N'oublions pas qu'il y a la pression de l'inflation. Et donc l'idée, c'est de dire non seulement, comme vous l'avez mis en avant,
01:15 tout un secteur qui part avec ses promesses d'emploi, mais aussi la promesse d'avoir encore plus de pétrole et donc moins de tensions sur les prix.
01:26 Oui. Je parlais tout à l'heure de l'ambition affichée par Joe Biden de diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre des États-Unis en 2030
01:36 par rapport à 2005. Soyons tout à fait clairs avec ce projet, il n'y parviendra pas.
01:44 Disons que c'est d'autant plus difficile. Non seulement, on était parti avec l'administration de Biden avec les grands espoirs de pouvoir revenir en force
01:56 sur l'accord de Paris, sachant que les États-Unis partent de très loin avec la Chine. Il s'agit des pays qui polluent le plus au monde.
02:06 Donc la diminution, on va dire, les volumes sont tellement importants que chaque pas en avant peut être considéré comme une ambition intéressante.
02:17 Là, c'est vrai qu'on recule et il faudra qu'on passe à encore plus. Mais ce n'est pas dans la logique de la transition de dire qu'on peut toujours aller de l'avant
02:31 avec l'économie fossile et en même temps construire des éoliennes ou foncer sur les énergies renouvelables.
02:40 Il faut vraiment arrêter de nouvelles prospections comme Biden l'a promis, mais aussi de nouveaux forages.
02:48 C'est la préconisation du GIEC et de l'Agence internationale de l'énergie.
02:53 En dehors des émissions de gaz à effet de serre de ce projet, qui sont déjà inquiétantes, il aura aussi des conséquences sur la biodiversité de cet écosystème polaire ?
03:05 Oui, en effet. C'est une zone déjà très particulière. On est sur les permafrost, donc une zone qui est propice à l'existence d'espèces rares,
03:15 comme par exemple les caribous, qui seront donc très mises à mal avec cette opération.
03:21 On ne sait pas très bien s'ils pourront être déplacés ou complètement menacés d'extinction.
03:28 Et il y a aussi la communauté autochtone, bien qu'elle puisse à court terme apprécier l'investissement et la perspective de travail.
03:38 Il s'agit de populations très fragiles.
03:41 La guerre en Ukraine, les tensions géopolitiques, l'inflation, tout ça, ça rend impossible une mobilisation de toutes les énergies
03:48 pour empêcher ces nouveaux projets de forage dans le monde ?
03:54 La guerre en Ukraine a montré les limites aussi de notre modèle de croissance.
04:02 Malgré notre engagement sur la réduction des émissions, on a bien vu que la composante consommation d'énergie et son origine fossile
04:14 demeurent quand même un élément structurel.
04:17 Après, à cela se rajoute le problème de la contradiction, de dire "oui, on a besoin d'énergie, propre ou pas,
04:26 on reste quand même très dépendants du gaz et du pétrole".
04:32 Les États-Unis n'ont pas un problème de sécurité énergétique, ils sont quand même un pays qui exporte du gaz et du pétrole,
04:38 on l'a bien vu, ils sont venus à notre secours en Europe.
04:42 Mais le problème c'est aussi de rendre crédible cette transition et d'éviter les effets qui ne sont jamais faciles à affronter pour l'administration,
04:52 c'est-à-dire une transition qui coûte cher.
04:56 C'est là que les deux objectifs sont toujours difficiles à concilier.
05:00 Merci beaucoup Anna Kréti d'avoir été l'invité de France 24 ce soir.

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